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Magical Girl de Flageolaid



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Informations

» Auteur : Flageolaid - Voir le profil
» Créé le 18/03/2017 à 23:08
» Dernière mise à jour le 18/01/2019 à 17:08

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Unys

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Ch 11 : Aurore
Aube du deuxième jour – Quarante-deux heures restantes

« Merde, j’ai pas sauvegardé ! »

Lymnesine se leva subitement, en sueur. Ouf, ce n’était qu’un rêve !
Reprenant son souffle, l’adolescente examina les lieux, curieuse de savoir où elle avait bien pu passer la nuit. Elle découvrit l’intérieur d’une grange, éclairée par les premiers rayons du soleil filtrant à travers les interstices des murs, formés de planches de bois. Au sol, elle aperçut des humains et des Pokémons qui roupillaient paisiblement sur de la paille. Parmi eux, son frère Etherion.

Autour d’elle, Gott, Chrys et Ewart émergeaient difficilement d’un sommeil peu réparateur, réveillés par le cri de la Magical Girl. Cette dernière les examina avec condescendance ; le Fouinar et le Galeking semblaient mal en point après la soirée arrosée de la veille.
Parmi les boni non négligeables offerts par la magie, l’immunité à la gueule de bois demeurait probablement un des plus appréciés. Quel plaisir de pouvoir s’enivrer sans subir de détestables conséquences le lendemain ! En revanche, la magie restait inefficace contre les trous de mémoire dus à l’abus d’alcool.
Aussi, Lymnie frotta longuement sa chevelure pleine de paille en tentant de se souvenir des évènements de la veille postérieurs à vingt-deux heures. C’était peine perdue.

Abandonnant ce projet ambitieux, la magicienne sortit un carnet vert et un crayon de la poche intérieure de sa tunique.
Les mages de Rivustel possédaient tous le pouvoir de rêver de l’avenir ou du passé. En règle générale, ces songes se manifestaient entre cinq et six fois par mois pour le magicien moyen.
Dans le cas de Lymnesine, cette faculté était tellement exacerbée qu’il ne se passait pas une nuit sans que l’adolescente ne fasse au moins un rêve montrant une vision exacte du passé, du présent ou du futur, concernant Rivustel ou le Pokémonde, dans sa timeline ou dans une réalité alternative.
Pour ne rien oublier, Lymnie notait chaque matin tous les détails de ses songes dans des carnets depuis son entrée au collège Helen Magus. Elle avait fini son trentième calepin la semaine précédente.
Gottfried s’installa à côté d’elle et entama la discussion, pendant que la jeune fille se livrait à ce rituel matinal :

« Oh mes aïeux, quelle gueule de bois ! marmonna-t-il. Cela me rappelle les années soixante-dix.
- De quel siècle ? demanda Lymnesine sans quitter son carnet des yeux.
- Je ne sais plus. Tu as rêvé de quoi la nuit dernière ?
- D'un Opermine qui traversait la galaxie sur une météorite avant de se transformer en Arceus en arrivant sur notre planète.
- Tes rêves tiennent moins bien l'alcool que toi ! ricana le Fouinar millénaire.
- Grave ! Juste après j’ai eu une vision du présent en direct : j'ai joué à un jeu vidéal toute la nuit !
- Terrible…
- Ouais, c’était Vetroïdmania, en plus ! Sauf que j’ai oublié de sauvegarder. »

Tout en parlant, Lymnesine termina d’écrire les résumés de ses songes. Elle traçait ses lettres en italiques, en dessinant des boucles larges et en espaçant assez peu ses mots. Est-ce que ce détail anodin dévoilait des secrets concernant la personnalité de la Magical Girl ?
L’adolescente rangea son carnet en remuant les épaules : quelque chose la démangeait dans le dos, une sorte de picotement ou de brûlure très légère. Cette sensation désagréable englobait l’entièreté du dos, comme si quelqu’un lui avait raclé l’épiderme avec une spatule.
D’un geste de la main, Lymnesine créa une surface lisse et brillante au sol, plus ou moins ronde. Elle aurait très bien pu se servie d’un miroir ou d’une flaque d’eau claire, mais il n’y en avait pas dans la grange. Puis d’un claquement de doigts, la zone polie s’éclaira pour afficher… un gros plan sur son œil droit !

La magicienne jura à voix basse. Elle détestait les sorts qui demandaient trop de concentration et de précision. La magie d’Hyper Vision permettait d’observer ce qui ne pouvait l’être à partir d’une surface réfléchissante.
Après un second juron, Lymnie essaya de visualiser mentalement son dos dans son intégralité, puis claqua à nouveau des doigts. Cette fois-ci, on vit apparaître la Terre vue de l’espace. Ewart pouffa de rire devant la maîtrise que son amie avait de ses pouvoirs.
Cette dernière lui adressa un regard noir – cela pourrait être le nom d’un futur chapitre – avant de claquer une troisième fois des doigts. Comme on dit, la troisième fois c’est la bonne !
Ceux qui ont eu leur permis au quatrième ou cinquième essai confirmeront que la phrase ci-dessus pue l’arnaque. A nouveau, la surface n’afficha pas le dos de Lymnie, mais ses pieds nus, tels qu’ils étaient dans les bottines de la jeune fille. Le plan avait quelque chose de sensuel, comme si Tarantino tenait la caméra.

Ce ne fut qu’au huitième essai que l’anti-prodige réussit à cadrer son dos nu. Ce qu’elle vit lui rappela qu’elle adoooooorait l’art.
Au-dessus de sa fesse gauche, Kyogre émergeait des flots tumultueux avec une grâce terrifiante. Un soin particulier avait été apporté à son œil doré et méprisant, cerné de rouge, rivé sur son adversaire.
Baignant dans les flammes, Groudon occupait toute la moitié droite du dos de la jeune fille jusqu’à hauteur de l’omoplate. Le Pokémon légendaire faisait face à son Némésis, les bras écartés et la gueule ouverte, debout sur un promontoire rocheux bravant la mer déchaînée.
Enfin, perçant les cieux depuis l’épaule gauche, Rayquaza se tenait auréolé de lumière au-dessus des deux rivaux, prêt à les arrêter. Son corps onduleux formait des boucles à travers lesquels passaient des rayons clairs, contrastant avec le reste de la scène bien plus sombre et offrant une présence messianique au Pokémon Cieux.
Après plusieurs minutes passées à contempler cette œuvre d’art, le visage de Lymnesine se fendit d’un sourire triste. Son père allait la tuer !

« Ton père va te tuer, lui souffla Gottfried.
- Je sais.
- Existe-t-il un sort pour supprimer ce tatouage ? s’enquit Chrystosmus.
- Oui, mais je n’arrive pas à l’utiliser.
- Ton père va te tuer, répéta le Fouinar.
- Même si je le pouvais, je n’effacerai pas ce tatouage. Il est trop beau, ce serait criminel.
- Yakusoku wa iranai.
- N’empêche que ton père va te tuer !
- Lymnie ? bafouilla une voix. Qu’est-ce que tu fous là ? »

L’adolescente baissa son regard vers son frère, allongé dans la paille. Son état de fraîcheur équivalait celui d’un zombie sans bras, difficile de déterminer alors s’il était réveillé ou s’il parlait dans son sommeil.
Une sorte de spasme manqua de propulser Etherion en position debout, mais faute d’équilibre, le jeune bûcheron s’écroula dans la paille.

« Mais il est pas droit le sol ou quoi ? fit-il d’une voix inaudible. Ouais, je disais, t’es là depuis quand, soeurette ? Même pas tu me dirais bonjour !
- Etherion, on a passé la soirée ensemble.
- N’importe quoi ! Je me suis bourré la gueule avec mes potes, hier soir !
- Nous étions également présents, ajouta le Galeking d’une voix étrangement douce.
- Ha ha, je vous faisais marcher, avoua Etherion avec un grand sourire.
- Crétin, soupira sa sœur.
- Au fait, papa va te tuer. Je suis sûr qu’avec ses sens super aiguisés de daron psychopathe, il a déjà ressenti la présence de ton tatouage.
- Merci pour ton soutien. Si c’est comme ça, je me casse ! »

Lymnie attrapa son sac et quitta la grange, sans un mot.
Elle revint dix minutes plus tard, vêtue d’un pantalon beige, d’une tunique verte sans manche et d’une veste rapiécée. Elle s’était changée dans un fourré, à l’abri des regards. La Magical Girl avait mis ses affaires sales dans la Magicball de Gottfried. Il n’aurait qu’à se débrouiller pour la lessive.
Lymnie en avait également profité pour se recoiffer. Ou plutôt se décoiffer, compte tenu du résultat final.
Avant de quitter définitivement la grange, Lymnesine étreignit une dernière fois son frère. Elle lui promit de revenir le voir sur le chemin du retour. Puis elle frappa du pied Jean-Bobby, qui dormait encore, et s’en alla accompagnée de ses mauvaises troupes.
Il n’était pas encore sept heures du matin. La Magical Girl comptait atteindre l’entrée de Kezerkastel pour huit heures.



A peu près au même moment, Everett Lokoms, encombré de ses bagages, s’éloignait à grands pas de l’auberge du Sharpedo Rieur.
Plus jamais le brave notaire n’irait dormir dans un établissement accueillant des Wizards. Ces mages imbus d’eux-mêmes n’avaient cessé de se chamailler toute la nuit pour déterminer lequel d’entre eux était le plus fort, grâce au pouvoir de l’amitié naturellement.
Pressé de rentrer, Lokoms choisit l’itinéraire le plus simple pour gagner le quartier aisé de la capitale, qui s’avérait également être le plus rapide pour rejoindre le château.
Il va de soi que Lymnesine n’empruntera pas ce parcours. Tant pis, sa journée n’en sera que plus mouvementée !



Dans une forteresse sombre, bâtie aux confins de la zone hivernale de Rivustel, un réveil maléfique sonna subitement, brisant le silence machiavélique qui régnait jusqu’alors dans la diabolique chambre de Casus Belli.
Le son, bruyant et répétitif, émanait d’une horloge massive fixée au mur. Une boule de feu fusa pour éteindre l’insupportable réveil. L’habitude prise d’user de la magie pour stopper la sonnerie matinale laissait des traces noires sur le mur, tout autour de la pendule salement amochée.
Repoussant ses draps, Casus Belli se mit en position assise et fixa les aiguilles en face de lui d’un air monstrueusement fatigué. Après mûre réflexion, le vil personnage décida de se recoucher cinq minutes.

Quarante-deux minutes plus tard, l’ultimage de l’hiver se releva, vit l’heure et jura longuement. A contrecœur, Casus Belli quitta son lit, enfila sa robe de chambre et ses chaussons, avant de se traîner hors de la pièce.
L’ultimage avait la flemme d’utiliser un sort de téléportation pour se rendre directement dans la cuisine, mais après quelques minutes à déambuler dans les corridors et escaliers sans fin de son manoir, il changea d’avis.
Dans la grande cuisine du rez-de-chaussée, les laquais présents sursautèrent en le voyant apparaître, puis se mirent à préparer le petit déjeuner de leur maître en quatrième vitesse. L’un d’eux, un Branette servile, tendit le journal à l’ultimage qui s’installa à table.

« Bonjour, Maître ! s’exclama le Pokémon Marionnette en exécutant une obséquieuse révérence. J’espère que vous avez passé une bonne nuit.
- Trop courte.
- Vous m’en voyez terriblement navré, Maître. Permettez-moi de vous rappeler votre emploi du temps de ce jour.
- J’écoute, soupira Casus Belli, le poing contre la joue.
- Alors ce matin, rédaction du discours de victoire pour marquer la réussite de votre plan génial. Ensuite à midi, déjeuner avec vos généraux. Puis réunion pour finaliser les derniers détails de la conquête de Rivustel…
- Non, annule la réunion ! Je commence à saturer.
- C’est vous le boss ! »

Le sourire du Branette s’effaça lorsqu’il comprit son erreur. Il n’eut que le temps d’adresser un regard suppliant à l’ultimage avant que celui-ci ne vaporise avec sa magie. Plus que tout au monde, Casus Belli exécrait l’emploi de mots anglais.
C’est pourquoi il en avait interdit l’usage à son personnel, sous peine d’exécution sommaire. Cela s’appliquait également à toute utilisation abusive du mot « juste ».
Au début, les larbins de Casus Belli avaient eu un peu de mal à s’accoutumer à cette règle, provoquant un taux de rotation d’effectifs – le turnover – supérieur à celui de la grande distribution. Mais chacun avait rapidement pris de bonnes habitudes à l’oral afin de préserver son espérance de vie.
Il y eut toutefois un mot qui posa longtemps problème : weekend. Parler de « fin de semaine » ou de « repos hebdomadaire » ne venait pas naturellement, chez personne. Les délégués du personnel et les syndicats proposèrent donc un compromis à Casus Belli qui, après moult négociations, finit par accepter.
L’accord autorisait les laquais à utiliser le mot « Huiquaine » pour désigner le Samedi et le Dimanche. Il fallait toutefois prononcer le h aspiré et tout en omettant de placer un d à la fin du mot. Une sanction non létale était prévue pour ceux qui faisaient l’erreur de dire « Houiquaine », multipliant les ITT parmi les employés de l’ultimage.

En attendant qu’on lui serve son bol de lait chocolaté rempli de céréales, Casus Belli déplia son journal et survola les titres.
La Gazette du Mal rapportait toutes les nouvelles liées aux activités maléfiques de l’ultimage de l’hiver, qui demeurait l’unique actionnaire et acheteur de ce quotidien, imprimé en un seul exemplaire chaque matin. Il s’agissait du moyen privilégié par Casus Belli pour faire remonter les informations jusqu’à lui. Pas bête quand on y pense !
Un Kecleon hypermétrope déposa le petit déjeuner devant son maître et repartit sans un mot.
Le vilain méchant pas beau continua de feuilleter le journal tout en attaquant le premier repas de la journée. Sans qu’il ne sache pourquoi, un article attira son attention. Le paragraphe en question évoquait, sans entrer dans les détails, la déroute subie par l’équipe A de Bonifacio, ainsi que par le Smogo en personne, face à une Magical Girl anonyme, ayant vraisemblablement échoué à l’examen final de magie.
Les traits déjà sévères de Casus Belli se durcirent davantage à la lecture de cette chronique. Il avala son petit déjeuner d’un coup et disparut.

Au premier étage de la forteresse, Pamelo et Jessico, les deux sbires privilégiés de l’ultimage, se promenaient dans les couloirs vides en discutant. Pamelo était un Sépiatroce qui ressemblait à un humain, tandis que Jessico était un humain ressemblant à un Sépiatroce.
Les deux amis se racontaient leur soirée de la veille :

« Par la voie, ta femme finalement t’a traîné jusqu’au théâtre pour regarder sa pièce à la con ? ricana Pamelo.
- Ouais, elle m’a emmené voir La Vaututrice chauve, maugréa son compère.
- C’était comment ?
- Complètement qu’est-ce que la baise ! Je n’ai rien compris à l’histoire, à supposer qu’il y en ait une. Et toi, tu es sorti hier ?
- Non, je suis resté à la maison. Je sors ce soir, je vais regarder l’allumette de ballepied avec mes frangins.
- Quelle chance ! s’exclama Jessico. Tu me raconteras demain ? »

La conversation stoppa net quand les deux larbins virent leur maître avancer droit vers eux, l’air contrarié. Pamelo et Jessico se mirent au garde-à-vous et attendirent les ordres.
Ils ne purent s’empêcher de constater mentalement que leur patron portait encore sa robe de chambre et sentait le chocolat. Il pourrait faire un effort quand même pour paraître terrifiant en toute occasion.
Casus Belli dut deviner leurs pensées, car il introduisit ses paroles par un long « Mwahahahahaha ! » à vous glacer le sang.

« Où se trouve le Quatuor actuellement ? interrogea l’ultimage.
- Ses membres sont déployés autour de la capitale, maître ! répondirent en chœur les deux lascars.
- Qu’ils se rendent à Kezerkastel pour surveiller une sale fouineuse nommée Lynmesine Hepserides !
- Il en sera fait selon vos désirs, maître !
- Si jamais cette gamine se mêle de nos affaires, il faudra s’occuper de son cas ! »

Point culture – Le saviez-vous ?
Le mot « cas » désignait autrefois le vagin en argot. Il a probablement muté par la suite en « con », terme usité jusque dans les années 70, dont on conserve le reliquat aujourd’hui à travers le verbe « déconner ». Ainsi, à l’avenir, quand vous entendrez l’expression « s’occuper de son cas », vous ne manquerez pas de vous esclaffer de façon puérile, comme au lycée quand votre prof de maths vous demandait d’indiquer le point G dans un repère orthonormé.
Par ailleurs, l’argot ancien employait le mot « vit » (n.m.) pour indiquer le pénis. Le terme reste encore utilisé aujourd’hui dans certains calembours littéraires. Petite mise en garde, si jamais on vous propose de l’eau-de-vit, dans le doute refusez, on ne sait jamais.



Vers huit heures, Lymnesine franchit la muraille entourant la montagne sur laquelle était bâtie la capitale. La Magical Girl n’eut qu’à montrer l’anneau marqué des armoiries du collège Helen Magus pour que les gardes la laissent passer.
Naïvement, elle se dit que sa mission arrivait à son terme. Elle serait au château avant midi pour délivrer son message. Ensuite, elle aurait la paix, accompagnée d’un séjour gratis dans le Pokémonde ! Lymnie sourit béatement à cette idée.

En réalité, les emmerdes n’allaient plus tarder à commencer.