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Expérience n°198 de oska-nais



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Informations

» Auteur : oska-nais - Voir le profil
» Créé le 15/12/2016 à 17:19
» Dernière mise à jour le 17/04/2017 à 17:59

» Mots-clés :   Action   Kalos   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 1
Après m’avoir longuement observé, sondé de ses yeux froids et calculateurs, il me reposa au sol. Je voulais regarder autour de moi, mais, là encore, j’en étais incapable. Une force supérieure m’en empêchait, et j’aurais donné cher pour savoir laquelle et comment la contrer. Soudain, la voix sèche, autoritaire mais pourtant posée -si posée que cela en devenait terrifiant, comme si il avait déjà eu à affronter des situations pareilles- résonna à mes oreilles, me faisant tressaillir intérieurement :
“Viens ici, Absol. Dis moi, es-tu prêt à me servir, à assouvir les moindres des mes volontés bien mieux que ton prédécesseur, Mewtwo ?“

À ma grande surprise, je m’entendis répondre “Oui, Maître. “ d’une voix sans vie, presque aussi mécanique que les engins présents dans la salle. Cela m’effraya. Je ne savais pourquoi, mais j’avais le sentiment oppressant que ce qui venait de se passer n’avait rien d’habituel, ce que tentaient à prouver les impressions affolées et effrayées des hommes en blouses blanches derrière Giovanni. Mon hypothèse se confirma quand la dame que j’avais vue précédemment chuchota à l’oreille de Giovanni :
“Mais… Monsieur… Il n’était pas censé avoir la faculté de parler…“
L’intéressé partit d’un rire tonitruant que personne, ni moi, ni même les scientifiques ne comprîmes, et quand il se fut calmé, hoquetant encore quelque peu, comme si il venait de faire une bonne blague, il finit par répondre, avec cet air suffisant et goguenard de gamin qui vient d’avouer une bêtise et que l’on ne peut pas gronder :

“J’ai pris… disons… quelques libertés sur le programme défini au départ, pendant votre pause déjeuner, bien que je pense que vous la passiez plus à bavarder amicalement qu’à discuter sérieusement de l’avancée de vos recherches ou à manger en silence. N’ai-je pas raison ?“

Un employé, au garde-à-vous, répondit : “Oui, monsieur… euh…Non, monsieur nous ne nous laisserions pas l’occasion de vous décevoir, monsieur. La crainte se lisait dans son regard, laissant à penser que leur vie n’était pas aussi florissante qu’on aurait bien voulu le croire… J’éprouvais de la pitié pour eux, un bref instant… Avant de me ressaisir.

D’après le peu de ce que j’avais compris, c’étaient eux qui m’avaient mis dans cette situation peu avantageuse, et ils ne semblaient pas disposés à m’en tirer. Je ne pouvais pas me permettre la moindre once de doute quant à leur malhonnêteté, qui était bien moindre pourtant comparée à celle de leur maître Giovanni, qui avait l’air bien plus cruel et ambitieux.

C’était, à n’en point douter, le chef. Celui-ci laissa planer une poignées de secondes où la tension était palpable, où la sueur perlait sur les fronts et où tout le monde retenait son souffle, en attente du verdict, qui finit, après une attente qui parut être interminable, par le rendre :
“Oh, mais je l’espère bien, d’ailleurs, je vais raccourcir votre temps de pause, pour que vous consacriiez plus de temps à nos projets, et moins à d’inutiles distractions qui pourraient retentir sur l’efficacité de vos travaux. Me suis-je bien fait comprendre ? Et, si vous n’obéissez pas où que vous traînez, mon Persian viendra se charger de vous mordiller les mollets“

Des murmures de protestations s’élevèrent à travers la salle, sans que personne n’osât le contredire. Ah ! Ajouta-t-il N’aviez-vous pas remarqué, Melody, qu’il ne servait à rien de chuchoter en présence d’Absol, car il entendrait de toute manière ?

L’intéressée, qui se trouvait être la personne féminine que j’avais entendue parler à plusieurs reprises, osa répondre, ce qui lui attira des regards horrifiés de ses collègues. Craignaient-ils, tout comme moi, la colère de la personne ignoble qu’était leur chef ? Me ré intéressant à la conversation, je l’entendis dire d’une voix forte, regardant son patron bien en face: “Si monsieur, je l’avais remarqué.“

Nous nous attendions tous à ce que Giovanni pique une crise de colère mais, détruisant résolument nos persuasions, il pouffa légèrement. Et annonça : “Savez-vous ce à quoi je pense, Melody ?

L’intéressée répondit : “J’aurais bien été en peine de savoir ce à quoi peut bien réfléchir un cerveau si brillant et pourtant si profondément mauvais et malhonnête que le vôtre monsieur.“

Que croyait-elle ? Qu’elle, elle était moins malhonnête que lui, peut-être ? Cela dit, je l’admirais. Son courage lui faisait honneur. Giovanni ne releva pas la pique et répondit :

“Je pense que cet Absol et toi, vous feriez la paire. Ce qu’elle répondit alors me permit de mettre la patte sur un des indices qui me permettraient de comprendre mieux les cerveaux complexés des scientifiques autour de moi :

“Moi ?!! Avec ce… Monstre ? Mais vous n’y pensez pas !

Giovanni, qui essayait de garder un faciès neutre, mais que le coin de sa bouche légèrement relevé trahissait, lui répondit : “Oh, si, justement, j’y pense… Puis, il ajouta, son sourire qui s’élargissait nous donnant presque l’impression d’entendre son rire machiavélique résonner dans la pièce et se répercuter sur les murs pour parvenir à nos oreilles : “Ah… Et, méfie toi, les murs ont des oreilles… Ou dans le cas présent, les Pokémon… “ ce faisant , il me darda un regard appuyé, faisant bien comprendre que c’était de moi qu’il parlait.

*************
Melody resta un instant au garde-à-vous, puis, une fois qu’elle fut sûre qu’il était bien parti, elle s’affaissa comme une poupée de chiffons, expiant de fatigue, mais rassurée de ne pas avoir subi le courroux de leur chef. Les autres l’imitèrent bientôt, tout aussi épuisés. Ma création n’avait pas dû être de tout repos.

Puis Melody me demanda : “Exp… Absol, viens ici !“ J’aurais bien voulu venir, mais comment ?
Quelqu’un murmura à l’oreille de Melody : “Ça ne sert à rien, tu sais, il a été conçu pour n’obéir qu’au boss et seulement à lui.“

Melody soupira, dépitée.

Un scientifique, plus enjoué, au visage dont la barbe blonde ne parvenait pas à cacher les traits enfantins, s’approcha et passa sa main devant mes yeux, qui refusaient obstinément de bouger. Il dit : “Eh ho ? Le pokémon ? Il y a quelqu’un là dedans ?

Alors là, il m’agaçait. Melody prévint la personne qui se moquait de moi : “Fais attention ! Ce n’est pas prudent ! Celle-ci répondit, hilare : “Mais non, tu vois bien, il ne m’arrivera rien ! Il est parfaitement in… Argh !

Je ne revenais pas de ce que je venais de faire. Il m’énervait tellement que j’avais agi sans réfléchir. Des marques rouges s’imprimaient dans la chair de sa main. Pas très profondément, mais assez pour qu’il se tienne la main en serrant les dents.

“Mais ça fait un mal de ponchien !

“Je t’avais prévenu, comme d’habitude, pourtant, mais tu ne veux jamais m’écouter.“ se plaignit Melody. Enfonçant un peu plus le clou et me révélant par la même occasion une information précieuse : “Je t’ai dit et répété mille fois que, quand le maître s’éloigne, son influence sur l’expérience n°198 diminue ! Imbécile ! Tu l’as bien méritée, cette morsure !
Voici ce que j’en retins :
un : Melody (et ses compagnons aussi, sûrement) ne se priveront pas de m’appeler expérience n°198 en l’absence de Giovanni.
deux : J’étais ce qu’on appelait un Pokémon, et les scientifiques avaient l’air de considérer cela comme moins que rien.
Trois : Je n’étais pas entièrement contrôlé.

Soudain, je me rendis compte que la position debout n’était pas des plus confortable et je m’allongeai avant de bailler et de m’assoupir. Longtemps, les regards appréhensifs des scientifiques qui avaient sans doute peur que je me réveille hantèrent mon sommeil.