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Au revoir Kalos de Fregia



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Informations

» Auteur : Fregia - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 18:00
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 18:00

» Mots-clés :   Aventure   Kalos   Présence de personnages du jeu vidéo

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Nouveau Programme
« Couaf ! Couaf ! »

Les aboiements de Fifi la Couafarel résonnèrent dans l'entrée alors que la créature canine se précipitait vers le radiateur le plus proche, suivie de près par Aurel, aussi trempé que son Pokémon. Il pleuvait des cordes dehors et un violent orage avait éclaté dans la matinée. Ce n'était pas un temps à sortir, mais malheureusement c'était aussi la météo préférée de leur troupeau de Wattouat. Rien ne plaisait plus à ces pelotes de laines électriques que de s'ébattre dans les collines avoisinantes quand le tonnerre grondait.

Retirant bottes et manteau dégoulinant de pluie, il s'empara d'une des serviettes que son père avait du laisser à son attention sur un portant de l'entrée et en lança une autre sur Fifi, afin de la sécher. Cela fait il se dirigea paisiblement dans la cuisine pour se préparer une tasse de café bien chaude et de prendre sa collation de midi. Aujourd'hui, ses parents étaient partis pour un marché à Port Tempères et il mangerait donc seul.

Une fois des restes rapidement réchauffés, la gamelle de sa fidèle Couafarel bien remplie et son café servi, il se laissa lourdement tomber sur une chaise et avisa le courrier qui avait été laissé sur la table ce matin. Factures et prospectus composaient naturellement la grosse partie du tas, mais une enveloppe blanche attira tout de suite son attention et c'est avec précipitation qu'il la déchira pour en tirer quelques feuilles de papier bleu et de multiple photos des paysages et Pokémons si exotiques d'Alola.

« Cher Aurel

Merci pour ta lettre, je suis désolée que mon silence t'ait inquiété et heureuse de lire que tout va bien pour toi, la ferme et la famille. Ou peut-être devrais-je me désespérer de constater que rien ne change de part chez nous. C'est aussi pour ça que je suis heureuse d'être partie, même si tu me manques, évidemment. De mon côté, tout va bien, j'ai une excellente nouvelle à t'annoncer ainsi que plusieurs petites anecdotes à te raconter. Mais d'abord, je t'avais promis de t'expliquer en quoi consiste mon travail avec le professeur Euphorbe, commençons donc par là.

Normalement spécialisé dans l'étude des capacités pokémons, ses dernières études portent pourtant sur un nouveau pokédex, dans la lignée des plus grandes sommités scientifique comme le professeur Chen, justement. L'originalité de son projet consiste en l'utilisation de Motisma. Ce Pokémon de type électrique et spectre a la capacité unique de pouvoir posséder différents objets, tels des machines à laver, des tondeuses, des ventilateurs, des fours ou des frigos (oui, il a l'air très branché électroménager), pour accéder au fonctionnement de ces machines et acquérir de nouvelles capacités. Nous essayons donc de créer un modèle aussi pratique pour les dresseurs que pour nos petits fantômes électroniques, qui eux doivent être dressés en adéquation à ce nouvel usage. Je t'aurais bien envoyé quelques croquis et dessins pour que tu aies une idée de ce à quoi ressemble notre modèle, malheureusement il n'est pas encore fini et même si le professeur n'y voit pas d'objection, je préfère garder cela secret pour le moment.

Euphorbe s'occupe lui-même de la conception du MotismaDex, il est assisté par Lilie, une enfant blonde, timide et secrète dont je ne m'explique pas encore la présence dans ce laboratoire : elle ne semble ni adulte, ni autochtone, mais bon, elle ne dérange personne après tout. Quant à moi, mon travail se focalise surtout sur l'un des Motisma (quelques photos de mon petit protégé sont ci-jointes), nous sommes plusieurs scientifiques à tenter différentes techniques pour leur apprendre à intégrer la nouvelle machine, utiliser ses différentes fonctionnalités et venir en aide à l'utilisateur. Franchement, l'expérience est intéressante et j'apprends beaucoup, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que nous devrions confier ce travail à des dresseurs de Pokémon plus chevronné. Tu ne peux pas imaginer à quel point ces spectres sont farceurs, dissipés et insolents, les faire obéir est une gageure, les faire entrer dans l'appareil qu'on leur désigne en est une nouvelle, mais une fois qu'ils sont dedans, c'est encore pire !

Par exemple, le professeur a ajouté une nouvelle fonction qu'il a baptisé Pokéscope. C'est un appareil photo qui repère les Pokémons et analyse les clichés ainsi pris, afin d'en avoir de la meilleure qualité possible pour les recherches. Naturellement, avoir une intelligence dans la machine devrait faciliter grandement la sélection et l'envoie des différentes images, mais mon Motisma adore prendre n'importe quoi en photo, tant que c'est sans intérêt scientifiquement parlant ! Enfin, je ne suis pas honnête, l'un de ses passe-temps favoris, quand il accepte d'entrer dans le Pokédex, c'est effectivement de prendre un Pokémon en photo : Elise, et tu connais sa passion pour le type électrique. Autant te dire que ces derniers jours ont été riches en course-poursuites effrénées à travers le laboratoire et crises de panique de la part de mon Goélise à l'entente des cris enthousiastes de Motisma.

Et c'est là qu'intervient mon excellente nouvelle ! Elle a pris la forme de Raphaël Chen déboulant dans le bâtiment un début d'après-midi il y a quelques jours pour discuter avec Euphorbe. Je n'étais pas vraiment concernée, les deux professeurs se rencontraient souvent et j'étais bien plus préoccupée par mon manque de progrès avec le Pokéscope, jusqu'à ce qu'ils viennent vers moi :

"Tu as un Tauros avec toi c'est bien ça ? m'a demandé Euphorbe. Je t'ai vu le nourrir et le brosser quelque fois, il a l'air docile et bien dressé."

Sur le coup, j'ai rougi en hochant timidement la tête ; j'étais persuadée qu'il allait me reprocher mon avancement plus que médiocre quant à l'apprentissage de Motisma. Sauf que Rodéo est infiniment plus facile à éduquer que ce maudit petit fantôme ! Cependant, à ma grande surprise, les deux professeurs se sont regardés, m'ont souri et Chen m'a annoncé :

"J'ai besoin d'un Tauros pour briser quelques rochers qui obscurcissent l'accès à un site qui, je pense, abrite un Feunard et sa portée. Je voudrais pouvoir les étudier sans trop les perturber et je pense qu'un autre Pokémon, même aussi imposant que Tauros, les troublera moins qu'un véhicule. Est-ce que toi et ton compagnon accepteriez de m'accompagner là-bas ?"

J'étais abasourdie ; je ne m'attendais pas du tout à une telle proposition. Alors oui, j'aurais préféré que ce soit des créatures aquatiques, mais je n'allais pas faire la difficile : du travail de terrain c'est toujours bon à prendre et ce serait toujours mieux que de me prendre la tête avec mon fantôme farceur. Ô joie ! Seulement, un petit problème subsistait, telle une ombre disgracieuse sur le tableau idyllique que je peignais déjà dans ma tête : Rodéo n'a jamais déblayé des rochers et je n'étais pas certaine qu'il le puisse et encore moins qu'il le veuille. Quand j'ai évoqué mes craintes auprès de mes mentors, ils se sont regardés un instant, puis ont souri avec indulgence, un peu comme devant un petit garçon qui prétend que jamais il ne voudra embrasser une fille parce que c'est répugnant.

"T'en fais pas cousine !"

Ah, oui, c'est comme ça que le professeur Euphorbe appelle... Un peu tout le monde, en fait. J'ai beau lui dire que ça me parait étrange, puisque je ne suis pas sa cousin. Soit il ne m'entend pas, soit il ne m'écoute pas, soit il oublie (voir les trois à la fois, j'ai l'impression que son cerveau à une façon de fonctionner totalement à part de toute logique). Sans me laisser le temps de lui rappeler que je préférerais qu'il m'appelle Sélène, il a poursuivi en ces mots :

"A Alola, on utilise souvent les Tauros pour nous aider à traverser les terrains rocailleux, ça a jamais posé de problème. Même si ton Rodéo est encore jeune, on va tenter de vous faire enfiler l'équipement et on va voir ce que ça donne. S'il ne veut pas, tant pis, on trouvera autre chose. Il y a une route pas trop difficile, mais avec ce qu'il faut de caillasse pour la pratique, je t'y amène demain avec ton partenaire !"

Autant te dire que je n'ai pas dormi cette nuit-là. Enfin si, j'ai somnolé un peu, mais pas beaucoup. Le lendemain, Elise, Rodéo et moi, nous retrouvions le professeur au pied du chemin. Il avait amené avec lui tout un équipement, harnachements et combinaisons aux couleurs criardes visiblement destinés à notre entrainement. Inquiète, mon Goélise piaillait en planant en cercle autour de nous et je pouvais clairement sentir la nervosité de Tauros une fois sortie de sa Pokéball. Il grattait le sol, soufflait par ses nasaux et s'agitait nerveusement, sans violence aucune (ce n'est décidément pas dans son caractère), mais suffisamment pour nous faire comprendre au professeur et à moi qu'il n'était pas à l'aise avec notre programme de la journée.

A deux, nous avons massé et pansé le jeune bovidé, à la fois pour échauffer ses muscles, vérifier son état de santé global et l'apaiser. Rodéo semblait apprécier les attentions et très vite il a pris son parti de la situation et nous a laissé installer l'équipement sur son dos et boucler les différentes ceintures sécurisant l'assise. Une fois tout cela fini et la combinaison enfilée, est venue la phrase tant redoutée :

"Bien ! Tu es un bon garçon Rodéo, tu seras parfait. Maintenant Sélène, grimpe sur son dos, il est prêt."

Le Pokémon, oui, certainement, mais est-ce que quelqu'un m'a demandé si j'étais prête, moi ? Bien sûr que non. J'ai essayé de me rassurer, ce n'était pas la première fois que je chevauchais une créature, mais jamais sur la terre ferme et l'idée d'éclater des rocher se faisant ne me disait rien du tout. Mais je me suis finalement hissée sur la selle malgré mes hésitations et une fois sur le dos de Rodéo, je me suis trouvée étrangement bien. Sa jeunesse lui offre un pelage très doux et je sentais distinctement sous mes cuisses la chaleur et la puissance de son corps musculeux, mais aussi une certaine impatience.

Le professeur souriait en m'indiquant la marche à suivre. Mon Tauros et moi-même écoutions avec attention, comme deux élèves sages et soucieux de réussir un tout nouvel exercice. Tapotant la toison dorsal de ma monture, je lui parlais gentiment pour lui expliquer une nouvelle fois ce que j'attendais de lui. Ce n'est pas tant que j'avais peur qu'il ait mal compris les instructions, qu'une façon de les intérioriser. Je poussais un dernier soupir avant de serrer mes cuisses contre les flancs de Rodéo et de l'envoyer au galop face à un rocher.

La première fois, nous y sommes allés trop lentement et il a rué devant l'obstacle. La seconde fois, il a pilé net, m'envoyant valser dans les gravas (béni soit la combinaison protectrice que j'avais enfilé). Ce n'est qu'au troisième essai que ses cornes ont perforé la roche, avant de l'éventrer en plusieurs gerbes minérales qui se sont éparpillées partout autour de nous. En dehors de quelques égratignures et un rythme cardiaque en perdition, je n'avais rien et mon partenaire non plus. Euphorbe a applaudi dans notre dos, alors que je retentais l'expérience sur d'autres rochers innocents. Le professeur a même eu la gentillesse de nous prendre en photo, j'espère que tu apprécieras la forme olympique du Pokémon que tu m'as si gentiment offert (tu vois qu'il n'y a pas besoin d'être une fille de fermier pour gérer un Tauros) !

J'appréciais l'expérience de plus en plus, je m'amusais énormément et profitais vraiment de mon premier vrai moment de complicité avec Rodéo, dont la timidité naturelle m'avait plutôt poussé à le délaisser quelque peu depuis que j'étais à Alola. Mais cette bonne patte ne m'en tenait apparemment pas rigueur, ou alors le plaisir de déblayer des rochers comptaient plus que l'ennui des derniers jours à ses yeux. Mais alors que tout se passait pour le mieux, Elise se mettant même à voleter autour de nous malgré son appréhension initiale, Rodéo pila à nouveau très soudainement, m'envoyant cul par dessus tête dans un tas de rochers.

Etourdie, déboussolée, la première chose que je perçus fut une sorte d'aboiement diffus, comme si j'avais la tête sous l'eau. Puis, alors que les jappements se faisaient plus net, j'entendis les mugissements courroucés de mon Pokémon, les piaillement de l'autre et la voix du professeur en fond, à peine audible à cause de la ménagerie ambiante. Quand je parvins enfin à y voir clair, un spectacle des plus particuliers se déroulaient devant mes yeux : face à Rodéo, le défiant par force grognement, se trouvait une petite créature canine. Elle avait un pelage allant du beige sur le ventre le cou et la queue, au brun du bout de son museau, de ses pattes et de ses oreilles tombantes, en passant par la couleur sable du reste de son corps. Les piques rocheux sortant de sa collerette de fourrure épaisse témoignait du type roche de ce Rocabot, un autre Pokémon endémique d'Alola (tu en verras sur les photos que j'ai joint à ma lettre). Ce n'est pas une espèce rare et j'en avais déjà vu des spécimens apprivoisés en ville, mais aucun d'aussi imposant et belliqueux : cette boule de fourrure menaçait quand-même ouvertement un jeune Tauros et même la résistance de la roche couplé au caractère tenace du Pokémon ne pourrait l'aider face à une charge de Rodéo.

Pourtant, fidèle à sa pugnacité, il continuait à gronder, aboyant furieusement au mufle du bovidé, sans égard aucun pour les piaillements d'Elise ou les paroles apaisantes du professeur. J'ai fini par me lever, saisissant mon Tauros par la bride pour le détourner de ce sac à puce agressif qui, malgré la docilité de mon compagnon, continuait à japper de plus belle, montrant les crocs. J'ai simplement tendu mon bras vers Elise pour qu'elle s'y pose et qu'elle ne soit pas tentée par l'idée de régler son compte à ce petit roquet. Le professeur s'est approché de moi et m'a indiqué, sans quitter le Pokémon sauvage des yeux, de monter sur le dos de mon Tauros et de rentrer.

Ce n'est qu'une fois au laboratoire et débarrassée de la combinaison que j'ai pu constater les bleus et égratignures que m'avaient value cette rude journée. Rodéo, de son côté, semblait fatigué mais sans plus ; aucune blessure, pas même un bobo. Je n'avais rien de vraiment grave, rassure-toi ; rien qui ne m'empêche de partir dans quelques jours. Je vais donc participer à l'expédition ! Je suis dans un tel état d'excitation tu n'imagines même pas ! Bon, certes, sur la fin de notre entraînement, je suis à nouveau partie dans les roses (c'était plutôt de gros rochers pointus que des roses, certes), mais si nous ne rencontrons pas de Rocabot enragé, il n'y aura pas de problème, non ?De toute façon il faut que je prenne part à cette expédition. J'ai eu le temps de regarder quelques documents sur les Goupix et les Feunard d'Alola, ils ne sont pas de type eau, mais ils sont fascinants ; des tas de légendes circulent autour de ces espèces, particulièrement Feunard. De plus je n'en ai jamais vu, ni ici, ni ailleurs. Comme tu le sais c'est loin d'être une espèce commune à Kalos et même leurs lointains cousins Zorua, Zoroark et Evoli ne sont pas exactement monnaie courante de par chez nous.

Je t'écrirai de nouveau quand je serai revenue de l'expédition. Ainsi, j'aurai plein de choses nouvelles à te raconter !

Prends soin de toi Aurel, j'espère que vous vous portez au mieux chez toi et qu'il ne fait pas un trop mauvais temps,

Je t'embrasse,

Sélène. »

Délicatement, il replia les feuilles et les rangea dans l'enveloppe, inspectant les différentes photos en avalant son repas. Il y avait de nombreuse images certainement prises par le Motisma dont s'occupait Sélène, beaucoup étaient floues, mal cadrées et beaucoup d'autres montraient un Goélisé paniqué tentant de fuir le flash du fantôme farceur. D'autres photos montraient Sélènes chevauchant Rodéo, les deux avaient l'air heureux, complices et débordant d'énergie, surmontant ensemble leur pudeur naturelle. Aurel était heureux de lui avoir confié le jeune Tauros timide, qui ne se plaisait guère au milieu du troupeau. La dernières image notable était celle avec le courageux petit Rocabot, qui faisait face à la montagne de muscles bovins. Elise, qui était juchée sur les cornes, ailes écartées tentant vainement d'ajouter à la menace, rendait la scène encore plus cocasse. Le canidé était plus mignon qu'effrayant, particulièrement face à un Tauros.

Il bailla, s'étira et lava son assiette avant de ranger chaque papier dans l'enveloppe avec soin. Il était content d'avoir eu autant de nouvelles de son amie, il se sentait tout léger, prêt à affronter l'orage et les Wattouats surexcités avec sa fidèle Couafarel, c'était toujours moins dangereux à ses yeux que de déblayer un chemin rocheux sur le dos d'un Tauros.