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Au revoir Kalos de Fregia



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Informations

» Auteur : Fregia - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 17:57
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 17:57

» Mots-clés :   Aventure   Kalos   Présence de personnages du jeu vidéo

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Arrivée à Mele Mele
C'était un froid matin d'hiver dans la campagne proche de Yantreizh , il faisait beau et le givre couvrait la végétation d'un fin voile scintillant dans la lumière rasante de l'aube. Il était encore tôt, mais cette partie de la région de Kalos était connue pour son activité rurale toujours florissante et les fermes aux alentours bruissaient d'activités diverses. Dans une grange moderne, entre machinerie flambant neuve et bottes de foin soigneusement empilées, les meuglements impatients des Ecrémeuh dans leurs boxes indiquaient l'heure de la traite. Aurel s'activait avec tranquillité autour des créatures bovines, vérifiant avec des gestes pétris par l'habitude la santé et le moral de chaque Pokémon, ainsi que l'état de l'équipement. Enfin il inspecta la cuve qui récoltait le lait, vérifiant qu'elle était bien fermée et reliée à toutes ses bêtes, avant d'enclencher le système.

Cela fait, il se laissa tomber sur un tabouret et s'empara de la bouteille d'eau laissée à côté de lui. Tout en buvant quelques gorgées il gardait un œil attentif sur ses protégées meuglant de soulagement ; tout avait l'air de fonctionner comme prévu, il allait pouvoir prendre une pause en attendant que la cuve soit pleine. D'un geste vif il retira la charlotte qui couvrait ses boucles rousses, ébouriffant ses cheveux tenus trop longtemps en arrière. Il étira son long corps massif et lâcha un bâillement qui s'acheva en un profond soupir. Aurel se sentait fourbu ce matin, ce qui n'était pas habituel : ses journées étaient harassantes, certes, mais il avait toujours eu un sommeil de plomb qui lui permettait de bien récupérer. Seulement, il y a quelques jours de cela, une amie des plus précieuses s'était envolée pour une région qui lui était aussi lointaine que méconnue et l'inquiétude l'avait tenu éveillé jusque tard et rendu ses nuits bien moins reposantes.

Il lâcha un grognement et frotta ses yeux bleus alourdis de cernes sombres. Ce matin, il aurait du troquer la bouteille d'eau fraiche pour un bon café, mais Aurel était un homme d'habitude et la pensée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Il jeta un nouveau coup d'œil aux Ecrémeuh : elles avaient l'air bien, au moins sa fatigue n'affectait pas encore son travail. Une pression humide dans le creux de sa main détourna soudainement son attention du groupe de bovidés rose. Il reposa sa bouteille à ses pieds et considéra l'animal à la fourrure blanche hirsute assis auprès de lui, son long museau noir blotti dans sa paume. Sa queue touffue remuait doucement, indiquant son plaisir d'être auprès d'un être humain, à moins que ce soit la fierté de pouvoir déposer une enveloppe blanche sur ses genoux. Aurel caressa affectueusement la Couafarel qui lui rendait ainsi service et récupéra doucement la lettre :

« Je te remercie, Fifi.
- Couaf ! »

Le Pokémon, ravi d'avoir accompli sa mission, gratta vigoureusement derrière ses grandes oreilles tombantes, bailla, puis s'allongea au pied du tabouret. Aurel, tout en flattant distraitement la fourrure emmêlée, considérait la lettre avec attention. Elle venait de la lointaine région d'Alola, de l'île Mele Mele, pour être exact. Un frisson d'excitation parcourut l'échine du jeune homme, alors qu'il déchirait fébrilement le papier pour en tirer quelques fines feuilles bleus clairs soigneusement pliées autour de plusieurs photos. Un sourire ravi illumina le visage carré du jeune homme qui jeta un dernier coup d'œil aux Ecrémeuh et à la machinerie de la grange, avant de se plonger avidement dans le déchiffrage de la petite écriture serrée de Sélène, chercheuse expatriée et précieuse amie.

« Cher Aurel

Tout d'abord, excuse-moi pour avoir tardé à t'écrire, d'autant plus que cette lettre risque de mettre plusieurs jours à te parvenir et te connaissant tu dois t'inquiéter plus que de raison. J'en suis véritablement désolée, mais il s'est passé tellement de chose depuis mon arrivée à Mele Mele !

A vrai dire je ne sais même pas par où commencer et quand je repense aux derniers jours je frétille d'impatience et d'excitation sur ma chaise. Commençons donc par ce qui t'importe le plus en premier lieu, j'en suis sûre : je vais bien, personne ici n'a tenté d'en finir avec mon existence et ni ma maladresse, ni la précipitation que tu me reproches si souvent n'ont eu raison de moi, pour le moment.

Le vol vers l'île a été atrocement long, j'étais si fébrile avant de partir et durant tout le trajet que je n'ai pas réussi à dormir ni la veille, ni dans l'avion. En plus, tu connais Elise, ce fichu Goélise déteste rester dans sa Pokéball, alors tu imagines quand je lui ai demandé de s'y tenir tranquille pendant plusieurs heures. Il m'a fallu des trésors de patience pour la convaincre que c'était soit la boule bicolore honnie, soit rester à Kalos à la ferme avec toi, soit chez mes parents ou pire que tout pour cet oiseau de malheur : le transfert par PC. En comparaison, le jeune Tauros que tu m'as offert en partant a été un exemple de calme et de discrétion : il n'a pas eu l'air de vouloir sortir de tout le voyage et pas plus en arrivant. J'ai toujours vu ces créatures bovines comme des êtres musculeux et violents, mais celui-ci m'étonne par sa timidité. Je me demande si tu as bien fait de lui donner le nom de "Rodéo", qui exprimait bien plus d'action que ce à quoi j'ai eu droit depuis qu'il a intégré ma très petite équipe.

Quand nous sommes enfin arrivés, Elise a à peine eu le temps d'étirer ses longues ailes, que déjà nous étions embarqués dans les folles idées du professeur Euphorbe, l'homme dont je t'ai parlé et qui m'a invitée à venir à Alola, justement. Car, à ma grande surprise, cet éminent scientifique m'attendait sur le tarmac. Lunettes de soleil très colorées sur le nez, teint bronzé, cheveux sombres retenus en chignon sous une casquette, à vrai dire si la blouse ouverte sur son torse halé n'avait pas été celle d'un laboratoire, j'aurais vraiment eu du mal à imaginer que cet homme était un expert des capacités Pokémon.

Mais Euphorbe a l'air de consommer l'art de surprendre. Car sitôt atterrie, sitôt saluée et immédiatement fourrée dans une voiture puis dans un bateau. Je n'ai même pas eu le loisir de poser mes affaires ! J'étais donc là, dans mon jean et ma chemise de ville, ma valise sur mes genoux, assise au fond d'une petite embarcation à moteur, à me demander si c'était un rêve ou une blague d'un goût douteux. J'étais si secouée que je ne me suis pas tout de suite aperçue que l'homme qui nous servait de capitaine à bord n'était autre que Raphaël Chen.

Si ce nom te semble familier, mon cher Aurel, c'est normal, car il n'y a pas scientifique plus célèbre que le professeur Samuel Chen. L'homme qui pilotait notre embarcation et qui lui ressemblait de nom autant que de physique (le bronzage et un certain relâchement capillaire en plus), n'était autre que son cousin et il n'est pas moins brillant que son estimé confrère (ce doit être familial). Si le professeur Euphorbe s'intéresse plutôt aux capacités des Pokémon, ce professeur Chen-ci se passionne d'avantage pour les sous-espèces endémiques aux îles d'Alola. L'archipel, éloigné de tout continent, abrite certes des Pokémon d'espèces présentes dans d'autres régions du monde (notamment Kalos), mais ici, elles ont une apparence, un type et des capacités parfois très différentes des spécimens que nous sommes habitués à voir.

"Ton truc c'est les Pokémon aquatiques, c'est ça ? Alors j'ai pensé qu'une balade en mer juste après l'atterrissage serait exactement ce qu'il te fallait ! Haha !"

C'est à ces mots prononcés par Euphorbe que j'ai compris que ce n'était ni un rêve, ni une blague, seulement la manifestation d'un esprit cruellement insouciant pour un scientifique de renom. Les types eau ne sont pas "mon truc" comme il dit, c'est ma spécialité, mon domaine de recherche de prédilection et j'ai passé des années à les étudier sur le terrain et à l'aquarium de Roche-sur-Gliffe. J'allais m'élever contre cette nonchalance, quand quelque chose attira mon attention.

Depuis que je l'avais laissé hors de sa pokéball, Elise s'en donnait à cœur joie et si, personnellement, cette virée en mer me laissait pantoise, mon oiseau marin semblait exulter de joie. Elle virevoltait entre les vague, planait au dessus de nos tête, s'élevait haut dans les airs pour mieux piquer dans l'eau. Ses jeux duraient depuis un moment déjà, si bien que je n'y prêtais plus trop attention, mais son attitude avait soudainement changé. Elle s'était figée en vol stationnaire, quelques mètres devant nous, fixant l'eau en penchant la tête d'un air intrigué. Je me levai sans la lâcher des yeux. Dès qu'elle sentit mon attention, elle descendit en piqué et remonta tout aussi rapidement, une petite créature dans son long bec jaune.

De forme allongé, recouvert d'écailles bleues sur le dos, grises sur le ventre, blanches sur les flancs et la tête, le poisson qu'elle avait ramené était l'un des plus petits Pokémon aquatiques que j'ai jamais vu, pour ne pas dire le plus petit (j'ai joint à ma lettre une photo d'Elise avec sa proie, tu auras une bonne idée de sa taille et de son apparence). En tout cas, si tu trouves Magicarpe pathétique, alors tu aurais du voir cette minuscule chose s'agiter désespérément avec ses grands yeux tout brillant. Mais le plus étonnant ce n'était pas la découverte, pour moi, d'une toute nouvelle espèce de type eau, non. Ma surprise vint de la réaction horrifiée d'Euphorbe, qui après quelques minutes de flottement, se jeta sur Elise pour lui faire lâcher sa prise, tandis que notre capitaine du jour faisait immédiatement demi-tour. J'ai essayé de les rassurer en leur expliquant qu'Elise avait l'habitude de pécher pour moi et que je lui avais apprit à me ramener ses proies sans leur faire le moindre mal. Mais rien n'y fit, ils voulaient rentrer immédiatement.

Sur le retour, ils m'expliquèrent que si ce Pokémon (appelé Froussardine) ne payait pas de mine seul, les bancs formés par ses créatures étaient capables d'attaques coordonnées absolument terrifiantes. Ce talent particulier en faisait l'une des espèces les plus dangereuses des eaux d'Alola. Même isolé, un individu n'en était pas moins dangereux (d'où notre départ précipité), car ils sont connus pour appeler leurs congénères en nombre, qui n'hésiteront pas à attaquer ensemble pour défendre l'un des leurs. Je comprends que tenter l'expérience en pleine mer aurait été périlleux, mais je suis tout de même très déçue de ne pas avoir pu assister moi-même aux assauts de la forme "banc" de Froussardine ; ce serait si enrichissant pour mes recherches !

En tout cas, ce retour express m'aura au moins permis de pouvoir enfin déposer mes affaires et de les mettre à sécher, car pour la plupart elles étaient trempées. Heureusement, j'avais enveloppé le matériel plus fragile entre plusieurs couches de vêtements, autrement je crois que j'aurais été bonne pour tout racheter ici ou faire de multiple emprunts au laboratoire. De toute façon je n'ai même pas eu le temps de me plaindre ni de m'installer davantage, un assistant a déboulé dans le petit studio qui m'a été alloué dans le complexe scientifique de Mele Mele. Il m'a aussitôt entraînée avec lui pour commencer le travail, alors que j'étais toujours dans mes vêtements de voyage, restés humides par le tour en bateau auquel j'avais eu droit plus tôt.

Il y a tellement de choses à faire entre les recherches du professeur Euphorbe et celles du professeur Chen ! Je suis le plus souvent dans l'équipe du premier, mais parfois nous collaborons ou nous changeons de groupe, selon les besoins. Quoiqu'il en soit cela a bien pris trois jours avant que je trouve le temps de t'écrire et ma lettre est déjà si longue ; je vois que je me suis affreusement étalée. Je te raconterais plus en détail l'objet de nos travaux dans ma prochaine missive, car je manque de temps pour t'en conter davantage. Encore désolée de te laisser te languir ainsi, j'espère que tout le monde va bien à la ferme et que tu ne t'ennuies pas trop sans moi.

Je t'embrasse depuis une paillasse de laboratoire en désordre,

Ta chère Sélène à qui tu manques beaucoup ! »

A la lettre étaient jointes quelques photos du paysage prises d'avion et d'autres plus anecdotiques. A ces dernières s'ajoutaient une photo de groupe, visiblement pris par le dénommé Euphorbe, avec le professeur Raphaël Chen et, entre les deux hommes bronzés, le visage pâle couronné de longs cheveux sombres de Sélène, faisant la moue. Enfin, la photo d'Elise gonflant ses plumes de fierté avec son tout petit Froussardine dans son bec avec en arrière plan les deux professeurs, les yeux écarquillés d'horreur et de surprise.

Souriant, le jeune homme replia délicatement la lettre et la remit dans son enveloppe avec les photos. Tapotant ses lèvre du bout de celle-ci, il grattouilla le crâne velu du Couafarel à moitié endormi. Il pourrait répondre à son amie ce soir après le dîner, au moins il ne la ferait pas attendre, lui. Cependant, il avait encore des corvées à faire et la cuve venait tout juste d'être remplie pour la journée. D'un vif mouvement de rein il projeta son corps lourd et engourdi du tabouret, s'étira et partit s'occuper de sa machinerie, sous le regard ensommeillé de Fifi.