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Tableau d'un voyage de Jelani



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Informations

» Auteur : Jelani - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 00:08
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 00:21

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Peux-tu voir le rayon de lumière peint au dernier plan ?
La musique douce, l’éclairage chaleureux et les regards bienveillants que me réservent les clients et le personnel du café me donne envie de ne plus ressortir de ce café qui m’apparait comme une bulle protectrice dans ce monde affreux.

N’ayant pas d’occupation à l’instant, le propriétaire vint s’installer à côté de moi.

« -as-tu un endroit où dormir ce soir ? Si ce n’est pas trop indiscret évidemment » dit-il.

Face à mon silence gêné, il continua :

« Autrement, tu pourrais rester dormir ici, on accueille souvent des sans-abris ici. Pas tous, tout le temps car on n’a pas la place pour accueillir tout le monde…mais on fait comme on peut à notre échelle »

Touchée, je lui répondis alors que je n’oublierai pas et n’hésiterai pas à revenir.

« Vous n’avez pas l’air d’être du coin, vous auriez besoin d’autre chose par hasard ? » demanda-t-il.

« À vrai dire, je veux exercer comme peintre et j’aimerai montrer mes travaux à Artie…et à des acheteurs potentiels aussi, mais j’ai du mal à me repérer ici et je ne suis pas sûre de trouver la galerie d’art toute seule. » avouai-je.

A ces mots, le guitariste qui n’était plus entièrement concentré sur sa musique visiblement cessa de jouer pour venir s’installer à ma table lui aussi.

« -Désolé patron, mais c’est intéressant de rencontrer d’autres artistes, dit-il avec un sourire, moi je serai ravi de la guider jusqu’à la galerie. »

Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans la rue de Volucité guidée par le musicien qui connaissait la ville par cœur et ne manquait pas d’anecdotes à raconter sur chaque lieux. Il me laissa devant la galerie avec une petite tape sur l’épaule, un clin d’œil et un grand sourire.

« C’est à toi de les envouter maintenant camarade » lança-t-il.

Avec appréhension, je fis mon entrée dans la galerie. Observant les tableaux, j’en appréciais la majesté et la maitrise exceptionnelle du peintre. Je me sentais alors d’un niveau si inférieur à celui des artistes exposés ici que j’eus honte. Mes tableaux aux paysages ternes et tristes pouvaient-ils réellement être comparés à tant de splendeur. L’air me manquait. Avais-je fait tout cela pour rien ? Une voix s’éleva à quelques pas de moi :

« -Bonjour jeune fille, besoin d’aide ? »

Je me retournai aussitôt avec un cri paniqué et reconnus l’homme pour l’avoir vu sur des photos. Artie. Mon modèle. Mes pensées se bousculèrent à une vitesse folle dans ma tête. Il m’était impossible de lui montrer mes travaux, pas de regards moqueurs ou de pitié. Je ne veux ni l’un ni l’autre. Par pitié. Je n’ai pas le niveau, pas encore, je ne peux pas et, sous le regard surpris d’Artie, je fuis encore une fois.

Une fois allongée contre un mur, deux rues plus loin, je respirai de nouveau en prenant bruyamment de grandes goulées d’air. Tentant ainsi de me remettre de mon coup de folie. L’avenir est à nouveau sombre au loin. Impossible de retourner à la galerie qui était pourtant le dernier but qu’il me restait et incapable de soutenir le regard du guitariste qui me questionnera forcément si je retourne à la Mélodie du Répit ce soir. Je ne peux supporter mon échec. Je ne connais pas d’autres lieux pour m’héberger à Volucité mais par chance, la journée n’est pas encore trop avancée. Il est temps de reprendre la route dans ce cas. Je n’ai plus de destination précise mais certains philosophes diraient que c’est à ce moment que commence réellement le voyage. Je n’ai plus beaucoup d’argent mais je refuse de rentrer chez moi après cet échec et de devoir arrêter la peinture à cause de la pression parentale. Je sais à présent que je ne peux pas vivre de la peinture, tout du moins pour l’instant, mais il est hors de question que je cesse de peindre. Il faudra que je gagne ma vie autrement. J’ai beaucoup de chance que mes parents n’ai pas prévenu la police de ma fugue, de peur sans doute que cela ne puisse ternir ma réputation future dans leur noble petite société, mais je ne puis m’empêcher de penser avec tristesse en me rappelant les divers problèmes que j’ai rencontré que mes parents préfèrent une bonne réputation à la vie de leur fille.

Lentement, je me remis debout non sans difficultés pour me diriger vers la sortie de la ville. Il faisait chaud et les glaces m’attiraient beaucoup mais je ne pouvais pas gâcher l’argent qu’il me restait et préférai alors m’acheter une bouteille d’eau au distributeur juste avant les portes de Volucité. Moins agréable quand on aurait voulu une glace parfumée à la place mais consommable en plusieurs fois et réutilisable.

La volée de sable que je me pris lorsque je fus parvenue de l’autre côté me confirma que mon choix était le meilleur. On peut donc parfois gagner à être raisonnable. Voilà qui serait difficile à accepter sans le contexte.

Après la pluie, le sable. J’en ai déjà assez d’être privé de la vue. C’est le sens le plus important pour moi et je ne puis m’imaginer appréhender le monde sans. Comment faire pour trouver mon chemin dans ce désert ? Le sable dans mes yeux me fait pleurer à la fois de douleur et de désarroi.

« - J’ai de quoi t’aider moi, petite. Juste 450 pokédollars et je t’offre des lunettes pour le sable. Ce n’est pas très cher… Juste un peu plus élevé que le prix d’une limonade, c’est une bonne affaire, hein ? » fit alors une voix à mes côtés.

Effectivement, si on oublie qu’une limonade coute déjà bien chère pour mon budget, ça aurait pu être tentant. Très tentant.

Un peu plus tard, je pus continuer avec plus d’aisance mon voyage à l’aide de mes nouvelles lunettes. Quand on a vraiment besoin de quelque chose, le prix devient secondaire. Enfin, je crois. Je n’ai pas vraiment eu l’impression d’avoir le choix.

Il y a des maisons au bout de la route et d’autres semblent en construction. Y’a-t-il réellement des personnes qui vivent là ?

Du coin de l’œil, je vis un mouvement étrange près d’un des bâtiments. En m’approchant, je vis que ce qui avait bougé était un genre de morceau de carapace ou de roche et que celui-ci tremblait. Ignorant les risques possibles au profit de la satisfaction de ma curiosité, je mis mes mains de chaque côté de l’objet non identifié afin de le soulever. C’était lourd, bien plus que ce que je pensais et rapidement je sentis une faible résistance s’ajouter au poids. De petites pattes blanches sans doigt tentaient vainement d’agripper ce qui devait être sa carapace afin de la retenir. J’enfonçai alors mes pieds plus solidement dans le sol afin d’y mettre toute ma force. Je pus enfin soulever la carapace du sol en comprenant immédiatement que ce ne serait pas pour longtemps. Je penchai ma tête de côté pour voir quel pokémon pouvait se cacher dessous.

« Salut toi, ce n’est pas la peine de te cacher, tu sais. Je ne te ferai aucun mal. » Lui dis-je

Je vis alors que ce pokémon ressemblait à une étoile d’un jaune de chrome légèrement orangé et que ce que j’avais pris pour des pattes étaient les branches de l’étoile. Les yeux, du même blanc que les branches, tourbillonnaient. Je n’avais jamais entendu parler d’un tel pokémon à Unys. Peut-être appartient-il à un dresseur étranger ? En tout cas, il semblait toujours terrorisé. A moins que ces tremblements soient normaux chez cette espèce ? Il faudrait que je puisse l’emmener à la ville la plus proche. Je pourrai sans doute y retrouver son dresseur.

Je pris un de mes sacs et y fit de la place pour la jolie petite étoile.

« Tu veux bien venir avec moi ? Je vais t’aider à retrouver ton dresseur qui doit beaucoup s’inquiéter pour toi. »

Après un petit regard adorable, elle se mit à flotter, les débris de sa carapace à sa suite, pour s’installer ensuite confortablement dans mon sac. Je lui souris puis, sans me poser de questions, remit mon sac sur mon dos. Le poids me rappela un détail. Si la petite étoile peut flotter, pourquoi je dois trimbaler son poids ? Avec un soupir, je repris la route. J’avais bien envie de rencontrer le dresseur de cet étrange et attachant pokémon. Il devait avoir de passionnantes histoires à raconter sur sa région que je pourrai mettre en image.

Lorsque nous arrivâmes dans le lieu de transition entre la route et Méanville, à l’abri du sable, l’étoile sortit de mon sac et flotta à mes côtés à nouveau recouvert de sa carapace. Cela ne semble étonner personne malgré que le pokémon soit étranger à la région d’Unys. Etrange. Il y a beaucoup de monde autour de moi. J’imagine que c’est parce que Méanville est une ville de loisirs et qu’une partie de la population de Volucité doit se rendre ici pour s’amuser…à l’entrée de la ville se trouvait quatre magnifiques fontaines à l’eau bleu cristalline. Ainsi qu’une foule encore plus importante.

Un garçon à la peau noire se précipitait dans la foule. Tentant d’en remonter le cours, il se faisait sans cesse bousculer et il regardait dans ma direction. Intriguée, j’entrai moi aussi dans la foule pour tenter de le rejoindre. Quand je fus à sa portée, il m’attrapa par le poignet et guidés par lui, nous sortîmes de la foule. Je l’observai alors plus longuement. En plus de sa peau basanée, il avait de longs cheveux bruns, presque noir, et des yeux dorés.

« Merci d’avoir retrouvé mon météno, dit-il, Angra a l’air adorable mais c’est un petit farceur et il a voulu s’échapper… »

« Je l’ai retrouvé sur la route entre ici et Volucité, à l’abri du sable derrière une maison. Il tremblait, c’est grave ? » M’inquiétai-je.

« Non, c’est normal. Angra a peur du sable. Il n’a pas à le craindre vu qu’il a le type roche mais pourtant il le craint. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. » me rassura-t-il avec un sourire.

« Dis, tu sais pourquoi il y a autant de monde ici ? C’est peut-être habituel mais comme je ne suis jamais allée à Méanville auparavant… » le questionnai-je.

« Tu n’es pas au courant ? Il y a un festival culturel qui prend place dans cette ville depuis une semaine déjà ! Chaque jour une région est mise à l’honneur et aujourd’hui c’est Alola, la région d’où je viens, qui est sous les projecteurs ! Je suis éleveur là-bas et je suis venu exprès pour tenir un stand ici et y montrer une partie des pokémons que j’élève chez moi. Si tu veux, tu n’as qu’à venir voir mon stand. Au passage, je m’appelle Mainyu. Enchanté.» me répondit-il avec un grand sourire chaleureux.

« J’en serai ravie Mainyu, moi je m’appelle Meredith et je suis peintre. Sans renommée et sans argent mais peintre quand même. » J’avais un petit sourire triste en disant cela.

Il eut un petit rire, sans méchanceté avant de me répondre :

« Si tu y crois et que tu n’abandonnes pas, ce genre de chose s’arrangera forcément, Meredith »

Il me reprit par poignet, pour que l’on ne se perde pas dans la foule. Durant le trajet jusqu’à son stand, je vis que la foule était composée de personnes aux profils très divers. Les différentes régions du monde pokémon s’étaient toutes données rendez-vous ici, à Méanville afin de partager leurs différences, leurs cultures, leurs rires, leurs contes et légendes. Leurs rêves aussi. Cela me parut merveilleux. Les habitants d’Alola semblaient avoir amené un bout de paradis avec eux.
Sur le stand, je fis connaissance avec les pokémons emmenés par Mainyu. Tout d’abord, un deuxième météno de couleur bleu aigue-marine du nom de Spenta. Jumeau sage du premier visiblement puisque c’est lui qui était chargé de surveiller les autres pendant l’absence du propriétaire. Un petit insecte volant, blanc et doré à l’aura féérique qui cherchait à attirer l’attention sur lui par son vol gracieux. Mainyu m’apprit que c’était un bombydou. Un petit banc de pokémon poisson bleu marine, blanc et gris argent aux yeux larmoyants faisait des ronds dans un aquarium au fond duquel reposaient de somptueux coquillages exotiques avec une étrange créature ovale, avec des yeux et des protubérances roses sur un corps couleur cachou, brun presque noir. Quelque chose tira sur le tissu de mon bas de pantalon. Un autre pokémon ressemblant à une peluche Pikachu se trouvait là. La tête tombait de côté et faisait plutôt peur, ce n’est qu’en regardant plus bas que je vis les véritables yeux du pokémon qui avait l’air sur le point de pleurer.

« Ça, c’est un Mimiqui. Ils ont besoin de beaucoup d’amour » me dit Mainyu.

Du coup, je me suis baissée et je lui ai fait un calin. Je le sentis m’entourer de ses bras à son tour. Un malaise m’envahit. Je ne me souviens pas lui avoir vu des bras pourtant…

Je fus sur le stand de Mainyu toute la journée pour l’aider à surveiller les pokémons car il avait visiblement besoin de quelqu’un avec lui mais ce fut très agréable. J’ai été baignée dans la culture fabuleuse d’Alola grâce aux anecdotes que Mainyu me racontait à moi et ainsi qu’à ceux qui passaient sur le stand ainsi que les discussions qu’il tenait parfois avec d’autres habitants d’Alola avec lesquels il s’était lié lors du festival et qui venaient le voir.
Je pris une décision pendant cette journée. Une folie de plus peut-être mais je n’en étais plus à les compter.

«- Mainyu, quand tu repartiras à Alola. Est-ce que tu pourras m’emmener avec toi ? » lui ai-je demandé alors que nous rangions le stand.

« -Si tu m’aides dans mon élevage » répondit-il après une longue hésitation.

« - marché conclu »