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Les Enfants des Astres de Kloana



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Informations

» Auteur : Kloana - Voir le profil
» Créé le 27/10/2016 à 11:44
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 21:20

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Présence de transformations ou de change

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01. La nuit où tout a basculé
Le soleil déploie ses rayons orangés à travers le ciel. Ses reflets colorent les quelques nuages blancs qui recouvrent certaines parties du ciel. La chaleur est toujours pesante malgré l’intensité réduite des rayons de l’astre. Le croissant de lune commence à se dessiner à l’horizon, tandis que le soleil se meurt derrière l’océan. Une vue typique de la région d’Alola : Soleil et Lune se partagent le ciel pendant quelques minutes, chaque jour, avant que la nuit n’engloutisse l’archipel et ses habitants. Une brise tiède caresse les joues de deux enfants, un frère et une sœur, des jumeaux âgés de treize ans. Les cheveux blonds du garçon et les longs cheveux argentés de sa sœur ondulent sous le vent chaud. Tout deux rentrent de l’école des dresseurs. Inscrits depuis l’âge d’onze ans, les deux jeunes adolescents sont considérés comme des prodiges, puisqu’ils ont même sauté une classe. Leurs Pokémon, qui ont déjà évolués, sont à leurs côtés. Le Matoufeu du garçon marche tranquillement à ses côtés tandis que l’Efflèche de la jeune fille est posé sur son épaule.

Après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivent enfin chez eux. Chacun monte directement dans sa chambre, pose ses affaires, avant de redescendre voir leur mère. Assise dans la salle à manger, la femme semble occupée à trier des papiers. Quand elle voit ses deux enfants arriver, elle leur demande avec le sourire s’ils peuvent aller chercher du pain pour le dîner. Ronchonnant un peu, ils acceptent néanmoins d’y aller. Se rhabillant et prenant le porte-monnaie que leur tend leur mère, les deux jumeaux repartent en ville. Le vent toujours tiède fait onduler les feuilles des arbres. Le trajet jusqu’à l’épicerie la plus poche est silencieux ; un malaise semble régner entre eux.
Ils croisent certains de leurs camarades qui leur lancent des regards moqueurs, surtout à l’adresse de la jeune fille. Ses cheveux argentés atypiques ne passent pas inaperçus et attisent la méchanceté et les moqueries des autres. Les deux jumeaux continuent leur chemin en les ignorant. Une fois arrivés à l’épicerie, ils font rapidement leur achat et repartent sans rien demander de plus.

Le chemin du retour est tout aussi silencieux que l’aller. Le frère lance quelques regards furtifs vers sa sœur. La jeune fille ne prête aucune attention à son frère pendant plus de la moitié du trajet, jusqu’à ce qu’elle s’arrête brusquement. Le garçon la regarde d’un air surpris : pourquoi s’est-elle arrêtée subitement ? Les yeux dorés de la jeune fille viennent se plonger dans les yeux grisés de son frère ; celui-ci remarque son inquiétude à travers ceux-ci. Elle détourne son regard puis baisse la tête, avant de prononcer d’une douce voix :

« -Dépêchons-nous de rentrer, Sander. J’ai un mauvais pressentiment. »

Le jeune garçon fronce les sourcils. Qu’est-ce qui pourrait bien inquiéter sa sœur, Mana ? Il ne lui en demande pas plus ; si elle en sait davantage, elle le lui dira. Mais la jeune fille demeure silencieuse. Sander remarque à quel point elle est tendue. Il ferme les yeux, tourne son visage vers le Soleil, et prend une profonde inspiration. Son cœur s’accélère tandis qu’il fait le vide dans sa tête, se concentrant sur les rayons solaires. Ses joues se réchauffent progressivement, jusqu’à ce qu’il ressente un grand frisson. Il rouvre les yeux et se tourne à nouveau vers sa sœur, qui le regarde de ses yeux impassibles.

« - Je ressens la même chose. lui dit-il enfin. Retournons à la maison, Mana.
- Alors, tu le sens aussi? lui demande-t-elle. Qu’est-ce que ça signifie ?
- Je l’ignore. Mais nous en discuterons plus tard, quand on sera rentrés. »

Il prend sa main, et l’entraîne à grands pas. Troublé, il resserre son étreinte ; les frêles doigts de la jeune fille le rassurent un peu. Après tout, elle est la seule à le comprendre vraiment. Elle a deviné quelles sont ses angoisses, juste en le regardant dans les yeux. Il en est toujours ainsi. Inséparables depuis leur naissance, les deux enfants se comprennent l’un l’autre et partagent les mêmes ressentis. Un lien spécial les unit et Sander l’a compris depuis bien longtemps, tout comme Mana. La jeune fille, distante avec les autres enfants et même avec ses parents, n’ouvre son cœur qu’à son frère. Il est le seul vers qui elle se tourne lorsque l’inquiétude ou le chagrin l’accablent. La couleur argentée de ses cheveux font qu’elle est crainte et méprisée des autres enfants. De plus, sa nature mystérieuse et solitaire ne l’aide pas à se faire des amis. Il est même arrivé que certains s’en prennent à elle ; heureusement, Sander a toujours été là pour la défendre. Il ne peut abandonner sa sœur. Même si elle l’énerve assez souvent et le prend de haut, quand il la regarde, Sander ne peut s’empêcher de vouloir la protéger. Plus petite et plus légère que lui, Mana n’en est pas moins dégourdie. Sander le sait, et c’est donc pour cela qu’il s’est juré de toujours veiller sur elle.

Des nuages gris menaçant ont envahi le ciel quand les jumeaux rentrent enfin chez eux. Bientôt l’orage éclaterait. Un premier éclair apparaît brièvement à travers les nuages avant que le grondement du tonnerre retentisse. Un vent violent vient secouer les arbres, emportant les fines gouttes qui ont commencé à tomber. Sander est étonné ; il est rare qu’il pleuve en cette saison. Sans comprendre pourquoi, il a l’impression que cet orage naissant confirme ses doutes et ceux de Mana. Il entend le « bon retour à la maison » chaleureux de sa mère et son cœur se réchauffe quelque peu. Il monte les escaliers et s’affale dans son lit après avoir fermé sa porte. Le jeune garçon pousse un long soupir. Il ferme les yeux et écoute la pluie qui commence à tomber dehors. Il fait sombre dans sa chambre, et Sander repense à ses doutes. Une atmosphère étrange flotte autour de la maison. Sans l’expliquer pourquoi, Sander se sent vulnérable dans sa propre chambre. Il se redresse et regarde à sa fenêtre. Peut-être est-ce la pluie qui le rend si nerveux ? Après tout, il pleut très peu souvent à Alola, le Soleil règne quasiment toute l’année. Il se dit que ce doit être l’absence de l’astre qui est responsable de sa nervosité. Des coups soudains à sa porte le tirent de ses pensées ; Mana l’appelle d’une faible voix. Il lui ouvre la porte, et découvre la jeune fille, les larmes aux yeux. Elle se précipite contre lui en tremblant, appelant toujours son nom.

« - Qu’est-ce qu’il y a, Mana ? demande-t-il, inquiet.
- L’orage… lui dit-elle finalement. »

Sander se souvient maintenant que sa sœur a toujours eu peur de l’orage. Il soupire, avant de la faire entrer. Ils s’assoient sur le lit, Mana entourée des bras de son frère. Un éclair surgit dans le ciel, puis le tonnerre gronde quelques secondes après. Un bruit fracassant résonne dans les oreilles des jumeaux. A cet instant, le ciel semble se déchirer sous leurs yeux. Les nuages noirs l’ont entièrement recouvert, faisant tomber un vrai déluge depuis plusieurs dizaines de minutes. La jeune fille se presse davantage contre son frère. Mana a toujours détesté l’orage, depuis que des enfants stupides l’ont enfermée toute seule dans une sorte de petite cabane en bois, perdue à travers les bois, un jour d’orage. Elle se souvient de la terreur qu’elle avait ressentie dans cet abri de fortune, recroquevillée dans un coin et grelottant de froid. Alors qu’elle se met à trembler de plus en plus, l’étreinte de son frère se resserre. Il a visiblement compris qu’elle est en train de repenser à ce souvenir douloureux. De sa main droite, il caresse sa longue chevelure argentée pour l’apaiser. La respiration de la jeune fille se fait de plus en plus calme et elle ferme les yeux. Les jumeaux restent ainsi, l’un contre l’autre, sans se soucier du reste.

Le crissement de griffes sur sa porte interrompt leur étreinte. Sander part ouvrir la porte et laisse entrer son Matoufeu, suivi par l’Efflèche de sa sœur. L’oiseau se précipite dans les bras de la fille tandis que le chat se frotte aux jambes du garçon. D’un regard, le frère et la sœur décident de descendre pour rejoindre leur mère. Peut-être que leur père est rentré, également. En s’approchant de la cuisine, ils entendent leur mère parler au téléphone. Sa voix est faible, trahissant son inquiétude et son désespoir. Sander ne parvient pas à entendre exactement ses mots, mais quand il l’a vue lâcher le combiné et s’effondrer à genoux, il n’a pas hésité un instant. Se précipitant vers elle et lui demandant ce qu’il se passe, il détecte la peur qui arrache le ventre de la femme. Mana les a rejoint en larmes, complètement paniquée par l’état de sa mère.

« - Mamaaaan ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Maman !! Implore la jeune fille entre deux sanglots.
- Votre père… il est… il est mort…parvient à articuler la femme après plusieurs minutes.
- Non, c’est impossible… »

La voix de Mana est étranglée par ses pleurs. Sander sent les larmes lui monter aux yeux, mais il n’a pas le temps de pleurer. La mère vient de se lever et a attrapé ses enfants. Elle les entraîne dans leur chambre, ne leur laissant pas le temps de comprendre. Puis elle leur ordonne de mettre quelques affaires dans un sac avant de redescendre dans la cuisine. Sander exécute les ordres de sa mère avant d’aller aider sa sœur, toujours sous le choc de la nouvelle. Ses yeux rougis témoignent de la douleur qu’elle éprouve. Machinalement, elle met quelques vêtements dans son sac rose, supportée par son frère. Une fois sa tâche accomplie, ils retrouvent leur mère qui tient une mallette noire à la main droite, un sac à dos gris à la main gauche. Elle donne la mallette à sa fille et le sac à son fils. Ses yeux laissent échapper des larmes que les deux enfants remarquent. Elle les embrasse sur le front, avant de les conduire en direction de la chambre matrimoniale.

« - Ouvrez cette porte, immédiatement !! »

Des coups violents à la porte d’entrée, suivis de cris retentissent à l’extérieur de la maison. La mère sort d’un tiroir une carte magnétique. Puis elle demande à Sander de l’aider à pousser l’armoire, où se trouve une entrée scellée. Elle ouvre leur échappatoire avant de pousser ses enfants à l’intérieur.

« - Maman ? Pourquoi tu ne viens pas ? demande Mana, tremblante.
- Mes chéris… Faites attention à vous… Et n’oubliez pas que votre père et moi, nous vous aimons de tout notre cœur…
- Maman, qu’est-ce que ça veut dire ? lui répond Sander, la voix mal assurée.
- Sander… Prends soin de ta sœur, je compte sur toi, mon grand.
- Maman, non… Reste avec nous… La jeune fille tente d’attraper le bras de sa mère, mais est retenue par son frère, qui commence à l’entraîner vers le fond.
- Non ! Sander, lâche-moi !! Maman !
- Au revoir, mes enfants. Je vous aime… »

Avant que la porte ne se referme, les deux jumeaux ont eu le temps de voir des hommes entrer dans la pièce et pointer une arme vers leur mère. Le coup de feu a retentit quelques secondes après que l’accès ait été à nouveau scellé. Les pleurs de Mana se sont accentués, et continuent de résonner pendant leur ascension à travers la galerie sombre. Heureusement, dans le sac de leur mère, Sander a pu y trouver une lampe. Sa sœur agrippée à son bras, ils s’enfoncent jusqu’à déboucher sur une grotte, au cœur de la forêt où ils habitent. La pluie s’est transformée en un fin crachin. Bientôt, celle-ci se calmera et les rayons de Lune parviendront à se libérer des nuages noirs. Les deux enfants s’effondrent au sol, le cœur en lambeaux et sous le choc des évènements. Tout s’est passé à une vitesse fulgurante. Sander laisse ses émotions s’exprimer : des larmes salées coulent sur ses joues. Ses yeux croisent ceux de sa sœur ; elle aussi continue de pleurer. Mana s’approche de lui, hésitante, et Sander la prend dans ses bras. Elle répond à son étreinte, tout deux hurlent leur peine, leurs cris retentissent dans la grotte pendant que le tonnerre éclate dans le ciel. Après une vingtaine de minutes, ils parviennent à se calmer et la jeune fille s’endort dans les bras de son frère, épuisée d’avoir autant pleuré. Sander observe sa sœur endormie en essayant de rassembler quelques pensées cohérentes dans son esprit.
Et tout ce qu’il parvient à comprendre, c’est que leur vie, non leur destin même, a basculé en cette nuit funeste.