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Brothers of Sun and Moon de Goldenheart



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Informations

» Auteur : Goldenheart - Voir le profil
» Créé le 21/10/2016 à 17:10
» Dernière mise à jour le 30/10/2016 à 09:53

» Mots-clés :   Absence d'humains   Drame

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Zénith
"Allez, Yûki ! Attrape !"

La boule de mousse s’éleva dans les airs, si haut qu’elle parut presque toucher les nuages. Un court instant, sa silhouette sphérique masqua la lumière du disque ardent qui brûlait dans le ciel, provoquant une mini-éclipse aux yeux du petit Pokémon.

Yûki prit appui sur ses pattes arrière, releva la queue, tendit les muscles du dos. Et sauta.

Comme au ralenti, il sentit le vent soulever sa fourrure brune et blanche tandis que ses pattes battaient l’air. Il aimait cette sensation de légèreté qui s’emparait de lui lorsqu’il quittait le sol. Cependant, il n’avait pas le temps de l’apprécier, cette fois-ci. Toute son attention était focalisée sur la boule de mousse, qui grossissait à vue d’œil. Il tendit les pattes pour l’attraper…

…mais manqua sa cible.

Le petit Rocabot atterrit brutalement sur le sol, partant dans un magnifique roulé-boulé qui lui donna le tournis.

"Ha ! Encore loupé ! T’es trop nul, Yûki !
- Maaais ! protesta le jeune Pokémon en crachant de la poussière. C’est pas juste ! Le soleil m’a ébloui !
- Tu parles ! Dis plutôt que t’es pas doué !"

Yûki s’ébroua, et toisa son frère d’un œil noir.

Bien qu’ils fussent de la même portée, Yûki et son frère Yami n’avaient absolument rien en commun. Brutal, arrogant et bagarreur, Yami était l’exact opposé de son cadet, plus calme, réservé et – il fallait l’avouer – un peu froussard. Les yeux bleus-gris de l'aîné étaient surmontés d'une fine cicatrice, qui lui donnait un air canaille, alors que les prunelles bleu clair de Yûki inspiraient plus la douceur d'un lac tranquille.

Le petit Rocabot entreprit de lécher sa fourrure brun clair souillée par la poussière, tandis que son aîné continuait de le railler :

"Un Ronflex aurait sauté plus haut !
- T’es méchant, Yami ! Arrête de te moquer de moi !
- Roh, allez ! Tu vas pas pleurer non plus, hein ? P’tit pleurnichard !"

Yûki, vexé, lui tira la langue et lui tourna le dos. Son frère en profita alors pour lui sauter dessus. Les deux louveteaux roulèrent au sol en se donnant des coups de pattes, griffes rentrées.

"J’suis pas un pleurnichard !
- Bah prouve-le ! Essaie de me battre !"

Bien vite, l’amertume de Yûki se dissipa, remplacée par une joie toute innocente tandis qu’il tentait de déséquilibrer son aîné. Même s’ils étaient aux antipodes l’un de l’autre, les deux frères partageaient une complicité rare, une de celles que l’on ne pouvait observer que chez deux êtres se connaissant parfaitement, et unis par ce lien si puissant qu’était celui de la fraternité.

Rapide comme l’éclair, Yami faucha les pattes de Yûki, et le petit Rocabot se retrouva étalé par terre, le museau dans la boue.

"Beurk ! geignit-il. C’est dégoûtant !
- Mais quelle chochotte ! On dirait une femelle, à te préoccuper de ta fourrure sans arrêt !
- Qu'y a-t-il donc de mal à prendre soin de son apparence ?"

Surpris, le jeune Rocabot se retourna pour voir leur mère s'avancer vers eux. Évoluant avec volupté entre les fougères, la belle Lougaroc les rejoignit d'un pas tranquille, sa fourrure d'un blanc immaculé semblant étinceler sous les rayons du soleil.

"Prends donc plutôt exemple sur ton frère, qui n'aura pas à affronter la redoutable toilette que je vais t'infliger, jappa Imala avec un clin d'œil malicieux.
- Oh non, pitié…, marmonna Yami."

Mais avant qu'il ne puisse s'échapper, Imala prit son protégé par la peau du cou, et entreprit de donner de puissants coups de langue à sa fourrure sale et emmêlée.

"Héééé !! Arrête ! Tu m'embrouilles tous les poils !
- Bien fait ! aboya Yûki. T'avais qu'à pas jouer les durs !
- Attends un peu que je sorte de là… Tu perds rien pour attendre !"

Imala interrompit un bref instant la toilette de son fils pour grogner doucement.

"Allons, ça suffit tous les deux. Vous devez être gentils l'un envers l'autre.
- C'est Yami, y fait rien que m'embêter ! couina Yûki de sa voix haut perchée.
- Quoi ?! N'importe quoi, je…
- Assez."

Sans même qu'Imala eusse besoin de hausser la voix, les deux louveteaux se turent, l'air penaud. La Lougaroc sourit, et reprit sa tâche – sans que Yami ne proteste, cette fois. Yûki, se sentant à l'écart, trottina jusqu'à eux et s'assit, attendant patiemment son tour.

"Ecoutez, mes petits, dit Imala entre deux coups de langue. Un jour, vous serez de grands et valeureux Lougaroc. Et un jour viendra où vous devrez quitter cette tanière, et partir à la conquête de votre propre territoire."

A ces mots, Yûki se raidit, oreilles baissées. Sa mère ne parut pas le remarquer et poursuivit :

"Mais cette vie de solitaire ne doit en aucun cas vous détourner du code d'honneur, et de ses enseignements. Ou que vous soyez et quoi que vous fassiez, n'oubliez jamais de respecter vos pairs, les Pokémon diurnes qui vivent sous la lumière de Solgaleo.
- Solgaleo ?" répéta Yûki sans comprendre.

Imala esquissa un sourire, et relâcha Yami. Le Rocabot aux yeux gris fila à l'autre bout de la tanière et s'ébroua, l'air contrit.

Imala s'assit, et invita ses protégés à s'approcher. Câlin, Yûki vint se blottir contre la chaude fourrure de sa mère, tandis que Yami, ronchon, restait légèrement en retrait.

"Vous avez désormais plus de deux printemps, annonça la Lougaroc. Il est grand temps pour vous de connaître l'histoire de notre peuple, le peuple des Pokémon diurnes."

Avisant au dehors le soleil brillant à son zénith, Imala entama son récit :

"Il y a fort longtemps, alors que ce monde venait tout juste de naître, deux Pokémon se sont battus pour en prendre le contrôle. L'un d'entre eux possédait d'immenses ailes, noires comme le charbon ; son nom est Lunala. L'autre, à l'opposé, irradiait d'une vive lumière incandescente, et apportait chaleur et vie partout où il passait. Celui-là se nomme Solgaleo.

Solgaleo et Lunala voulaient tous deux s'installer dans ce monde, et y vivre en paix. Seulement, leurs pouvoirs étaient bien trop contraires, bien trop contradictoires, pour qu'ils puissent y cohabiter. Alors Solgaleo et Lunala s'affrontèrent, afin de déterminer qui aurait le droit de rester vivre sur cette terre.
Les deux divinités rassemblèrent chacun une armée de Pokémon, et partagèrent leurs pouvoirs avec eux. Ceux qui furent dans le camp de Solgaleo reçurent la vigueur et la puissance ardente du feu ; les autres devinrent aussi froids et robustes que la glace.

Les deux armées se retrouvèrent sur une île solitaire, dépourvue de toute forme de vie. Ainsi, chacun pouvait s'affronter sans retenue.
- Combien de temps dura le combat ? demanda Yami, visiblement intéressé par cette partie-là de l'histoire.
- Ah, il n'y avait pas encore de notion de jour et de nuit, à l'époque, mon petit Yami. Le Soleil et la Lune n'étaient même pas encore présents dans le ciel.
- Quoi ? s'étonna Yûki. Mais comment c'est possible un truc pareil ?
- J'y viens. Laissez-moi continuer."

Les deux Rocabots se turent et écoutèrent, attentifs.

"L'affrontement fut sanglant. Des dizaines…non, des centaines de Pokémon moururent lors de cette grande guerre. Et ceux qui survécurent aux assauts de l'ennemi finirent vaincus par la fatigue, le manque de repos et, par-dessus-tout, le désespoir. Personne, dans aucun des deux camps, ne savait comment allait se terminer ce conflit, ni s'il allait seulement avoir une fin.

Au final, ne restèrent plus que deux Pokémon, qui continuèrent inlassablement de se faire face, sans jamais que l'un ne cède devant l'autre. Ces Pokémon n'étaient autres que Solgaleo et Lunala eux-mêmes. Ceux qui avaient déclenché cette guerre continuaient à se livrer un combat sans merci, insouciants du sort de leurs armées harassées et décimées. Et le pire était que ni l'un, ni l'autre ne paraissait prêt à rendre les armes.

Mais au final, l'épuisement finit par avoir raison de Solgaleo et Lunala, et tous deux, sous le feu d'une ultime attaque, moururent en même temps, laissant la guerre s'achever sans vainqueur.

Déboussolés par l'horreur de la guerre et par la perte de leurs leaders respectifs, les rescapés des armées de Solgaleo et Lunala ne savaient comment reprendre une vie normale. Ils avaient tous tant perdu, et l'île sur laquelle avait eu lieu l'affrontement était complètement détruite, ses morceaux disséminés de part et d'autres de la colline sur laquelle avaient péri les deux combattants.

Attristé par cette scène, Dialga, le Pokémon maître du Temps lui-même, décida d'intervenir. Appelant aux pouvoirs divins de son père Arceus, il réussit à ramener à la vie Solgaleo et Lunala. Seulement, ces derniers ayant manqué de détruire le monde par leur aveuglement et leur égoïsme, Dialga choisit de les punir. Voici ce qu'il leur dit :

« Regardez ces Pokémon que vous avez condamnés à s’entretuer, juste pour assouvir vos intérêts. Regardez-les bien. Car à partir de maintenant, vous aurez pour tâche de veiller sur eux, et de les guider vers un avenir meilleur. Et vos pouvoirs vous y aideront. »

Honteux de leur conduite, et infiniment reconnaissants envers Dialga de leur avoir rendu la vie, Solgaleo et Lunala acceptèrent le marché, et quittèrent la terre pour se réfugier dans le ciel.

Ainsi naquirent le jour et la nuit. Le jour, Solgaleo illumine le monde de sa lumière vive et chaleureuse, et surveille ceux qui l'avaient suivi durant la guerre depuis le ciel, sous l'apparence d'une immense boule de feu ; ce que l'on a appelé plus tard "Soleil". Puis quand vient la nuit, Solgaleo cède sa place à Lunala, qui étend ses ailes obscures sur la terre, et la plonge dans l'obscurité. Afin que ses protégés ne se perdent pas, elle garde un œil sur eux, un œil bien loin d'émettre autant de lumière que le soleil, mais qui illumine la nuit et guide les Pokémon nocturnes. Cet œil a été baptisé "Lune"."

Imala se tut, et observa ses petits. Yami commençait à doucement somnoler à côté de son frère, qui la fixait de ses yeux brillants.

"Ouah… Alors le soleil c'est…c'est Solgaleo ?" demanda timidement le petit Rocabot, nerveux de briser le silence solennel qui s'était installé dans la tanière.

Imala hocha la tête, et caressa tendrement un Yami assoupi du bout de la queue.

"Ou du moins son œil, répondit-elle. Tout le long du jour, Solgaleo veille sur les Pokémon diurnes et les protège. Mais quand Lunala vient prendre sa place, les Pokémon nocturnes sortent de leur tanière et vivent à leur tour leur vie au dehors. C'est une sorte de partage du monde, tu comprends ?"

Yûki acquiesça lentement, la tête remplie d'images incroyables de Pokémon lumineux et d'autres, plus sombres et menaçants, se battant les uns contre les autres.

"Et pour répondre à ta question de tout à l'heure, reprit Imala, étant donné que c'est Dialga, le maître de Temps, qui a stoppé le conflit et confié le monde à Solgaleo et Lunala, il a été décidé de compter le temps en termes de jours et de nuits.
- Mouais, bailla Yami, mais dans ton histoire, là… Au final, les Pokémon diurnes et nocturnes, y se voient plus les uns les autres ?
- Bien sûr que non ! gronda Imala. Les Pokémon diurnes et nocturnes ne sont pas faits pour vivre ensemble. Tout comme Solgaleo et Lunala n'étaient pas faits pour cohabiter sur la même terre. Nos ancêtres ont hérité du pouvoir de ces Pokémon ; par conséquent tout les oppose, et cet équilibre ne doit en aucun cas être brisé. C'est la première règle du code d'honneur."

Yami afficha un air dubitatif. Yûki, quant à lui, hésitait entre la peur des Pokémon nocturnes, qui vivaient la nuit pendant que lui dormait, et l'étonnement de voir sa mère si sérieuse à ce sujet. Cependant, Imala se radoucit bien vite, et attira ses petits tout contre elle afin qu'ils puissent profiter de sa chaleur.

"N'oubliez jamais, les enfants, leur murmura-t-elle. Tant que vous resterez fidèles à vous-mêmes, et au code d'honneur, Solgaleo veilla sur vous et vous guidera de sa lumière.
- Mais maman..., gémit le petit Rocabot. Moi je veux pas partir, et vous quitter tous...
- Et tu recommences..., soupira Yami. Un pleurnichard comme toi survivrait pas deux secondes tout seul !"

Imala fit taire son rejeton d'un regard, et lécha tendrement la fourrure rocailleuse du cadet.

"Allons, Yûki, ne t'en fais pas. Même si nous ne sommes plus à tes côtés, nous resterons avec toi par la pensée."

Yûki gémit encore, sentant ses paupières s'alourdir. La voix réconfortante de sa mère lui parut de plus en plus lointaine.

"Et n'oublie pas : nous vivons tous sous la lumière de Solgaleo. Il te protégera toujours, et te guidera lorsque tu te sentiras perdu. Quoiqu'il arrive, tu ne seras jamais seul, Yûki..."

Bercé par les coups de langue réguliers de sa mère, Yûki finit par se détendre, et s'enfonça dans un sommeil profond.