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Brothers of Sun and Moon de Goldenheart



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Informations

» Auteur : Goldenheart - Voir le profil
» Créé le 21/10/2016 à 17:18
» Dernière mise à jour le 30/10/2016 à 10:16

» Mots-clés :   Absence d'humains   Drame

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Pleine Lune
Le ciel teintait sa voûte d'or et de rouge tandis que le soleil descendait lentement derrière l'horizon, ligne infinie couronnée de nuages ocre.

Au cœur de la forêt, au sommet d'une colline exposée aux rayons de l'astre de feu, un groupe de Pokémon entonnait un long chant mélodieux, leurs hurlements faisant vibrer harmonieusement l'air.

C'était la première fois que Yûki et Yami assistaient à la Cérémonie du Crépuscule.

Lorsque le disque ardent disparut complètement, et que le ciel se fut légèrement assombri, Imala rejoignit ses petits, parfaitement dissimulés derrière les fourrés.

"Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?
- Ouah… souffla Yûki. C'était trop bien !
- Mouais, bof…, lâcha son frère. A quoi ça vous sert de hurler comme ça ? En plus, t'avais pas dit que les Lougaroc étaient des solitaires ? Pourquoi vous êtes tous rassemblés au même endroit ?"

Imala plissa les yeux d'un air réprobateur.

"Mon fils, tu ne m'as pas écoutée lorsque je vous ai parlé du code d'honneur. Ouvre bien grand tes oreilles : chaque soir, lorsque le soleil descend derrière l'horizon, tous les Lougaroc de la forêt se réunissent ici, sur la Colline Astrale, pour rendre hommage à Solgaleo.
- Mais pourquoi ?
- Pour le remercier de veiller sur nous, et souhaiter son retour à la fin de la nuit. D'ailleurs, nous devrions rentrer sans tarder. Allez, mettez-vous en route."

Yami garda le silence, tandis que Yûki galopait devant eux, posant des tas de questions à sa mère. Contrairement à son frère, cette cérémonie l'avait laissé sans voix. Tous ces Lougaroc réunis au même endroit, et qui unissaient leurs chants sous l'œil de Solgaleo… Jamais il n'avait eu aussi hâte de grandir afin de prendre part à cet événement, lui aussi.

Et qui sait ? Même s'il était obligé de partir, peut-être qu'il aurait ainsi la possibilité de revoir sa mère et son frère tous les soirs ? Oui, c'était obligé. Tous les Lougaroc devaient respecter cette exigence. Il en allait du code d'honneur. Or, les Lougaroc étaient des Pokémon honorables. N'était-ce pas ce que leur répétait leur mère jour après jour ?

Une fois revenus à leur tanière, les trois Pokémon se blottirent les uns contre les autres. Malgré son excitation, Yûki s'endormit rapidement, la tête pleine de rêves où lui et sa famille chantaient en cœur à la gloire de Solgaleo.


~*~*~*~

Yûki fut tiré de son sommeil par de petits coups de pattes dans les côtes. Il entrouvrit péniblement des paupières lourdes comme la pierre, et aperçut son frère penché au-dessus de lui, qui lui intimait de se réveiller rapidement.

"Mmh… ? Qu'est-ce qui se passe… ? bailla le petit Rocabot.
- Allez, lève-toi, Parecool ! On part en exploration !"

Yûki tourna la tête vers l'entrée de leur tanière ; vu d'ici, l'extérieur apparaissait d'un noir total.

"En… en pleine nuit ?
- Shhh !! Moins fort ! lui souffla Yami. Tu vas réveiller maman !
- Mais… mais on a pas le droit de sortir, la nuit ! chuchota Yûki d'un air apeuré.
- On reviendra avant que le soleil soit levé. Maman en saura rien ; allez, dépêche-toi !"

Sans attendre de réponse, il se faufila à l'extérieur. Bien que terrifié, Yûki le suivit. Si jamais il arrivait quelque chose à son frère, il s'en voudrait toute sa vie de ne pas l'avoir retenu.

Le petit Rocabot s'arrêta à l'entrée de la tanière, et huma un instant l'air de l'extérieur. Il était étrangement froid ; rien à voir avec la douceur qu'il connaissait en pleine journée. Prudemment, il mit une patte dehors, puis une deuxième. Après une ultime vérification, il sortit complètement, avec l'impression de commettre une grosse, grosse bêtise.

Avec nervosité, Yûki inspecta les alentours. Tout était exactement comme dans les légendes que leur racontait Imala : d'un noir d'encre. Impossible pour lui de distinguer quoi que ce soit dans cette pénombre. Soudain, un buisson remua devant lui.
Yûki laissa échapper un jappement effrayé. Il se serait sans doute enfui à toutes pattes s'il n'avait pas reconnu à temps l'odeur de son frère. Les yeux de ce dernier apparurent devant Yûki, tels deux petits soleils perçant l'obscurité.

"Allez, pleurnichard ! Viens, on a pas beaucoup de temps."

Sur ces mots, il s'enfonça dans la forêt.

"Y-Yami… ? Attends, attends-moi !"

Sans réfléchir, Yûki s'élança sur les traces de son frère, et pénétra à son tour dans la forêt.

Une fois au milieu des arbres, il perdit aussitôt tous ses repères. Les arbres, le sol, les feuilles… tout lui apparaissait noir ou gris. Où étaient donc passés les belles couleurs dont il avait l'habitude ? Et pour couronner le tout, il faisait atrocement froid. Comme Yûki regrettait déjà la chaleur de leur tanière !

Pourquoi j'ai accepté de faire ça… ? Il faut pas sortir la nuit, sinon Lunala va nous voir et nous punir d'avoir enfreint le code d'honneur !

Cela dit, Yûki serait d'autant plus coupable s'il ne ramenait pas son frère à la raison.

Tiraillé par le doute, Yûki ne perçut pas à temps la présence qui s'approchait de lui. Alors quand la tête luisante du Spododo surgit des fourrés près de lui, Yûki hurla et décampa à toutes pattes.

Croyant s'être tiré d'affaire, le petit Rocabot s'arrêta un peu plus loin, le cœur battant. Soudain, le hululement d'un Brindibou le fit sursauter, et il dérangea un groupe de Sonistrelle, qui prit brutalement son envol dans un concert de pépiements.

Paniqué, Yûki s'enfuit de nouveau à l'aveuglette, les entrailles nouées par la sourde impression d'être un étranger dans ce monde inconnu, où tout se ressemblait. A mesure qu'il avançait, des bruits étranges lui parvenaient : craquements, cris, glapissements. Ne pas connaître la nature ni l'origine de toutes ces manifestations stressait Yûki au plus haut point. Il aurait donné cher pour pouvoir se boucher les oreilles, afin de ne plus entendre ces sons terrifiants. Mais cela aurait signifié devoir s'arrêter ; or rester seul et immobile au cœur des ténèbres ne l'enchantait guère plus.

Alors Yûki courut, de plus en plus vite. Les ténèbres l'oppressaient. Il n'avait qu'une envie : sortir d'ici et retrouver la lumière bienveillante de Solgaleo. Il courut à perdre haleine, manquant plusieurs fois de trébucher sur une racine invisible, ou de hurler quand une branche basse lui frôlait la tête de ses doigts squelettiques.

Tout à coup, les arbres disparurent, et la vision de Yûki s'éclaircit. Le louveteau se stoppa net, haletant. Son petit cœur battait si fort qu'il avait peur qu'il ne se décroche. Autour de lui, des odeurs évasives flottaient dans l'air. Yûki les reconnut ; c'étaient celles des Lougaroc qui étaient venus célébrer la Cérémonie du Crépuscule. En se concentrant bien, il réussit même à repérer l'odeur de sa mère.

Ainsi donc, il était arrivé à la Colline Astrale ? La présence au sommet de la butte de l'immense rocher qu'il avait aperçu ce soir-là lui confirma qu'il avait deviné juste.

Il leva les yeux ; la voûte céleste s'étirait au-dessus de lui, vaste étendue noire parsemée de myriades de petits points lumineux. Yûki écarquilla les yeux. Qu'étaient donc ces lumières ? Elles n'avaient rien à voir avec celle, chaude et intense, de l'œil de Solgaleo…

"Ohé, Yûki !"

L'intéressé fit volteface. Yami était à quelques longueurs de queue de lui, son pelage sombre faiblement éclairé par la lumière de…

Mais oui, au fait, la lumière de qui ? Comment Yûki pouvait-il voir son frère, ou même la colline, alors qu'il ne voyait presque rien dans la forêt ? Tandis qu'il se posait la question, le Rocabot aîné trottina vers lui.

"T'as vu ça ? C'est trop beau, tu trouves pas ?"

Du museau, il lui indiqua le ciel. Yûki renifla, et leva de nouveau la tête. Ces lumières… il y en avait tant ! Impossible de toutes les compter. En promenant son regard, le petit Rocabot aperçut soudain un disque, semblable au soleil, mais d'une extrême pâleur.

La Lune ! C'est l'œil de Lunala !

"C'est la lune… murmura Yami en écho aux pensées de son frère. La nuit, quand Solgaleo dort, y'a un autre dieu appelé Lunala qui observe la terre depuis le ciel. C'est bien ce que maman a dit pas vrai ? Et tous les petits points qui l'entourent, ce sont des étoiles."

Yûki gémit doucement, à la fois impressionné et terrifié. La Lune et les étoiles… L'œil et les ailes de Lunala. L'idée que le Pokémon divin était en train de les surveiller glaça les sangs du petit Rocabot. Ils ne devaient pas être ici ! Cet œil blanc, incapable d'apporter la moindre chaleur, et encore moins autant de lumière que celui de Solgaleo, ne protégeait que les Pokémon nocturnes. Des Pokémon diurnes comme eux n'avaient rien à faire dehors la nuit ; Yûki préférait de loin observer le monde avec toutes ses couleurs, et se languir de la chaleur agréable du soleil. Leur place n'était pas ici, pas en pleine nuit.

"Euh… Yami… ? chuchota le petit Rocabot. On devrait peut-être rentrer, maintenant ?"

Hélas, son frère ne l'écoutait absolument pas. Les yeux de Yami brillaient du même éclat que ces fameuses "étoiles", tandis qu'il se dévissait le cou pour embrasser le ciel du regard.

"Yami ! insista Yûki. On devrait pas être ici… Si Lunala nous voit, ça va barder. Il faut qu'on…
- Pff ! Lunala n'existe pas, idiot ! Pas plus que Solgaleo. C'est que des histoires à dormir debout pour effrayer les louveteaux pleurnichards de ton espèce."

Yûki ouvrit de grands yeux sidérés. Comment son frère osait-il profaner le nom de leur divinité protectrice ?

"Bien sûr que si, ils existent ! Et Lunala risque de se fâcher si on reste plus longtemps dehors ! C'est contraire au code d'honneur !
- Rah, mais arrêtez tous avec ce fichu code ! C'est pas deux phrases balancées par un imbécile de Pokémon ancestral qui vont m'empêcher d'aller où je veux !"

Contrarié, Yami se dirigea vers la colline, ignorant les mises en garde de son jeune frère. Mais une fois arrivé au sommet, le jeune Rocabot se figea.

"Y-Yami ? appela Yûki en contrebas. Qu'est-ce qui se passe ?"

Le louveteau aîné leva la queue pour lui intimer de se taire. A pas feutrés, Yami longea le grand rocher qui trônait au sommet de la colline, les sens aux aguets.
Inquiet de voir son frère se coporter aussi bizarrement, Yûki le rejoignit derrière le rocher.

Et là, ce qu'il vit le laissa sans voix.

Un immense rassemblement de Pokémon se tenait au pied de la Colline Astrale, et regardaient tous vers le ciel. Non, pas vers le ciel ; mais plutôt vers un autre Pokémon, une sorte de grand renard à la fourrure aussi sombre que la nuit, qui formait une crinière descendant le long de son dos.

"C'est des Pokémon nocturnes…, murmura Yami. Mais qu'est-ce qu'ils font… ?"

Yûki n'en savait rien, et n'avait franchement pas envie d'en savoir plus. Si les Pokémon nocturnes rassemblés ici les repéraient, c'en serait fini d'eux avant même que Lunala puisse intervenir.

"Il faut qu'on parte, Yami ! le pressa-t-il. Tout de suite !
- Attends ! grogna son frère, il se passe quelque chose…"

Le grand Pokémon à la crinière prit place sur un petit rocher, comme s'il voulait se placer encore plus haut qu'il ne l'était déjà par rapport à ses congénères, et parla d'une voix claire et forte :

"Mes amis, la nuit est enfin venue. Cette nuit où nous prendrons notre revanche sur les Pokémon diurnes !"

Des vivats accueillirent cette entrée en scène. Toujours cachés, Yûki et Yami échangèrent un regard surpris.

"Depuis des siècles, poursuivit le renard sombre, notre peuple s'est vu contraint de vivre dans l'obscurité, le froid, et la misère. Et quand venait le jour, nous devions nous terrer au fond de nos trous, et laisser ces insupportables Pokémon diurnes s'approprier ce qui fut, le temps d'une nuit, notre territoire !"

Des cris courroucés s'élevèrent de la foule de Pokémon. Le Pokémon à la crinière leva une patte pour intimer le silence.

"Bien sûr, chaque nuit, les rôles s'inversent de nouveau. C'est un partage équitable du monde, me direz-vous… Mais il n'en est RIEN !"

Yûki, effrayé par cette brusque montée de ton, aurait bien failli trahir leur présence si Yami ne lui avait pas plaqué une patte sur le museau à temps. Pendant ce temps, le Pokémon à la fourrure sombre poursuivit :

"Eh oui, ils tentent tous de nous leurrer avec ces histoires de pacte sacré, de code d'honneur et de partage équitable… Mais pouvez-vous me dire où est l'équité ? Les nuits sont courtes, mes amis. Bien trop courtes. A peine avons-nous pu profiter des merveilles que nous offre Mère Nature qu'il faut déjà retourner se cacher, Solgaleo chassant notre déesse Lunala sans aucune vergogne afin de nourrir et réchauffer ses petits protégés ! Mais qu'en est-il de nous ?! Les Pokémon diurnes nous dénigrent, et se servent de leur fichu code d'honneur pour nous imposer leur loi, et prendre tout ce qu'ils veulent, sans nous laisser ne serait-ce qu'une miette de ce monde !"

Les cris de colère redoublèrent d'intensité, si bien que le Pokémon à la crinière noire dut presque hurler pour se faire entendre :

"Mais s'ils pensent que nous leur sommes inférieurs, ils ont tort. Ce monde est aussi le nôtre, et nous ne laisserons jamais les Pokémon diurnes se l'approprier ! Alors levons-nous, mes amis ; levons-nous face à cette oppression, et battons-nous pour reconquérir nos droits ! Lunala m'a parlé ; cette nuit, nous reprendrons le contrôle de ce monde !"

Les vivats emplirent la colline toute entière, vaste concert de grognements, de battements d'ailes, et autres cris en tous genres. Mais au milieu de cette cacophonie, émergea un leitmotiv :

"Gloire à Kuro ! Gloire à Lunala ! Gloire à Kuro ! Gloire à Lunala !"

Yami était partagé entre l'effarement devant ce à quoi il venait d'assister, et l'inquiétude de voir son frère de plus en plus en peine de maîtriser sa peur. Le museau toujours prisonnier de la patte ferme de Yami, Yûki se débattait contre cette peur qui s'insinuait dans tous ses membres, et lui donnait les larmes aux yeux.

Celui que tous acclamaient, et qui se nommait Kuro, leva un poing vengeur vers le ciel.

"En route, mes amis ! Partons rendre la monnaie de leur pièce à ces maudits Pokémon diurnes ! Partons à la reconquête de notre liberté !"

Le cri enthousiaste qui suivit fut la goutte de trop. Même Yami ne put empêcher le hurlement de terreur de franchir les babines de son frère, et de résonner au-dessus des vivats de la foule.

Celle-ci cessa aussitôt son brouhaha.

Alors chacun put voir les deux Rocabots derrière leur cachette de fortune, les yeux écarquillés de terreur pour l'un, de stupeur pour l'autre.

Le silence se fit.

Puis le dénommé Kuro gronda, d'une voix caverneuse :

"Des espions… Des Pokémon diurnes ! Attrapez-les !!"

Comme libérés d'un enchantement, les Pokémon nocturnes passèrent à l'assaut d'un seul et même mouvement, se ruèrent droit vers les deux frères.

"VITE ! COURS !!"

Yami dut pousser son frère pour que celui-ci sorte de sa torpeur et détale à toute allure. Derrière eux, un véritable torrent de Pokémon nocturnes se lança à leur trousses, détruisant tout ce qui se trouvait sur leur passage.

"ALERTE ! cria Yami tandis qu'ils louvoyaient entre les arbres, dans un vain espoir de semer leurs poursuivants. LES POKÉMON NOCTURNES NOUS ATTAQUENT ! FUYEZ !!"

Malheureusement, ceux qui entendirent son appel ne furent pas assez rapides, ou pas assez réveillés pour échapper au flot de Pokémon qui vint les agresser jusque dans leurs tanières.

Menés par Kuro le Zoroark, les Pokémon nocturnes mirent leur plan de conquête à exécution. Ici, des Efflèches et des Noarfang chassaient des Picassaut et des Roucoups de leurs nids. Là, des Nidoking et des Rattatac tuaient Argoustes et Mangloutons, et piétinaient, détruisaient leurs habitations sans retenue.

Yûki et Yami, eux, ne pensaient qu'à fuir, encore et toujours. Seulement, à un moment, l'aîné pila net, laissant Yûki lui rentrer dedans.

"Pourquoi tu t'arrêtes ?! s'écria le plus jeune, complètement affolé.
- C'est un cul-de-sac !"

Hélas, il avait raison. Devant eux, le chemin s'arrêtait en une immense paroi rocheuse et escarpée, bien trop haute pour espérer être escaladée rapidement.

Derrière eux, de lourds bruits de pas se firent entendre, de plus en plus proches.

"Passe devant petit frère, ordonna Yami. Moi, je vais retenir les autres.
- Quoi ? Non ! Ne me laisse pas tout seul, Yami !
- Discute pas et fais-le ! Perds pas ton temps à pleurnicher pour une fois, et monte ! Je te rejoindrai quand tu seras là-haut, alors fais vite !
- Non ! protesta le petit Rocabot, les larmes aux yeux. Je veux pas t'abandonner !"

Une lueur étrange passa dans les yeux gris de Yami. Puis, sans prévenir, il utilisa sa tête pour pousser son frère par le derrière, l'obligeant à s'agripper aux aspérités de la roche.

"Yami !
- Fais pas ta chochote, frérot ! fit semblant de plaisanter l'aîné. Ils peuvent pas m'avoir ; mais si tu montes pas là-haut, je pourrai pas te protéger ! Alors dépêche !"

A contrecœur, Yûki réussit à se hisser sur un étroit promontoire, lorsqu'un Nidoqueen pénétra dans la combe, et fit face à Yami.

"ATTENTION !"

Tétanisé, le jeune Rocabot voulut s'enfuir, mais ses pattes ne lui obéissaient plus. Le Nidoqueen leva une lourde patte griffue…

… avant d'être frappé par un puissant Ultralaser.

"Yûki ! Yami !"

Une silhouette svelte, élancée, s'interposa entre le Pokémon nocturne et les deux Rocabots. Ces derniers sentirent le soulagement les envahir lorsqu'ils reconnurent cette odeur si familière.

"Maman !
- Filez, les enfants ! Je m'occupe de lui !"

Avant que Yami ait pu protester, Imala le poussa du museau, exactement comme lui avait fait avec Yûki quelques secondes plus tôt. Une fois ses deux fils hors de danger, la Lougaroc put se concentrer sur son adversaire. La Nidoqueen rugit, et se rua sur la louve, toutes griffes dehors. Imala l'évita d'un bond gracile, avant de se mettre à tourner autour de son opposant, et de se démultiplier. Déstabilisé par cette attaque Reflet, le Pokémon Poison resta immobile, ne sachant quelle copie viser.

Imala choisit cet instant pour lancer un puissant Eboulement, qui ensevelit la Nidoqueen. Le Pokémon nocturne poussa un dernier hurlement de rage, avant de se taire définitivement. Haletante, Imala jeta un œil à la falaise, pour vérifier où en étaient ses petits.

Son cœur manqua de s'arrêter.

Yûki et Yami, perchés sur une plateforme plutôt instable, étaient encerclés par une nuée de Cornèbre. Yami défendait bravement son frère, distribuant Jet-Pierres et coups de griffes aux volatiles qui s'approchaient trop près.

"Les enfants ! Baissez-vous !"

Usant de sa vue perçante malgré l'obscurité ambiante, Imala libéra un Ultralaser qui frappa les oiseaux de plein fouet. Tandis que ses rejetons la félicitaient et l'encourageaient, la Lougaroc les incita à reprendre l'ascension le plus vite possible. Déjà, un nouveau groupe de Cornèbre revenait à la charge, bien décidé à faire tomber les jeunes louveteaux.

Imala ne perdit pas une seconde, et prit appui sur la falaise pour attraper quelques oiseaux dans sa gueule, et les lancer sur leurs congénères. Elle repéra le groupe ainsi déséquilibré, visa, et utilisa de nouveau Ultralaser.

Mais son attaque fut stoppée net par un Vibrobscur surgi de nulle part.

"Navré, Lougaroc, mais je ne te laisserai pas décimer mes soldats plus longtemps."

Imalal se retourna d'un bloc. Derrière elle, un Zororark sortit de l'ombre, et s'avança sous la lumière blafarde de la lune.

"Notre plan… Non, notre destin est de nous emparer de cette forêt. Toi et les autres Pokémon diurnes ne pourrez rien y faire. Le monde appartient désormais aux Enfants de la Lune !
- Peu importent vos motivations, jamais je ne te laisserai toucher à un poil de mes enfants !
- Comme c'est touchant, l'amour maternel…, ricana le Zoroark. Mais sache qu'il n'y aura de place ni pour toi, ni pour tes mioches dans le nouveau monde ! Le monde que je vais construire, un monde où Lunala régnera en seule maîtresse !"

Ahurie par ces propos extrémistes, Imala réagit trop tard et reçut partiellement l'attaque Vibrobscur dirigée sur elle.
Le choc ébranla la falaise, manquant de déstabiliser Yûki et Yami.

"Maman ! s'écria l'aîné après avoir repoussé un ultime Cornèbre. Elle affronte le type de tout à l'heure !"

Yûki, plus terrorisé que jamais, se pencha légèrement pour apercevoir la scène.

Geste qu'il regrettera toute sa vie.

Furieuse, Imala se jeta sur son adversaire, crocs découverts. Le Zoroark resta immobile jusqu'à la dernière seconde. Puis il sauta, laissa Imala atterrir lourdement sur le sol. Et frappa.

Tout ce que le cerveau de Yûki enregistra par la suite, ce fut l'image de griffes acérées tranchant le corps de sa mère, libérant une gerbe de sang écarlate.

"NOOOOOOON !!!"

Yûki mit un temps à comprendre que c'était lui qui venait de hurler. Quoique, pas seulement lui. Yami aussi avait assisté à la scène. Lui aussi avait vu leur mère se faire tuer.

"T'aurais pas dû faire ça…"

Yami… Non, arrête !

Les mots qui se formèrent dans l'esprit tourmenté de Yûki ne franchirent jamais ses babines, ou du moins pas à temps. Déjà Yami avait sauté, et fonçait sur le Zoroark, les yeux remplis de larmes de rage.

"TU VAS ME LE PAYER !!!"

Indifférent, le Pokémon à la fourrure noire intercepta le Rocabot en plein vol, et le lança sans mal contre la falaise. Yami s'écroula, le visage en sang.

"YAMI !
- Va-t-en, Yûki…, haleta celui-ci. Va-t-en, tout de suite. Je vais me le faire…
- Oh… mais c'est qu'il est courageux, ce petit, railla le Zoroark. Mais j'ai autre chose à faire que de jouer avec toi, alors hors de ma vue, microbe !"

Yami sauta, espérant atteindre de ses crocs le point vital situé dans le cou du Pokémon nocturne.

Mais il fut fauché en plein vol.

"YAAAMIIII !!!!"

A travers un rideau de larmes, Yûki perçut le rouge carmin qui s'étendait en une large flaque autour du corps meurtri de son frère. Le Zoroark renifla avec mépris, et leva ses yeux perçants vers le petit Rocabot. Celui-ci, en les croisant, sentit une peur indicible lui étreindre la poitrine.

Il n'entendit pas l'ordre donné par le Zoroark. Mais il vit les Cornèbre et leur bec acéré foncer sur lui.

"Va-t-en ! Fuis !"

Ne sachant plus si cette voix était réelle ou imaginaire, celle de sa mère ou de son frère, Yûki grimpa en toute hâte les dernières longueurs de queue qui le séparaient du sommet. Dans sa précipitation, il fit tomber quelques pierres, qui entraînèrent avec elles d'autres cailloux, de plus en plus gros. Au final, ce fut un glissement de terrain qui emporta les volatiles, bien imprudents d'avoir rasé la falaise pour atteindre leur proie.

Une fois arrivé au sommet de la falaise, Yûki ne s'arrêta pas. N'écoutant plus que sa peur, il prit la fuite, abandonnant derrière lui sa forêt natale en proie à un chaos sanglant, sous l’œil blanc et froid de la pleine lune.