Imprévus
Imprévus
Il y avait un silence lourd sur le pont du navire et pourtant on entendait l'équipage occuper à leur tâche quotidienne habituellement, mais personne ne semblait se promener sur le pont. Pour Oniric et son Dimoret, cela allait être facile de se glisser aux cuisines sans faire de bruit, par contre l'uniforme d'un blanc pur de la fondation d'Aether n'était pas discret du tout. C'est pour cette raison que le Pokémon de type ténèbres se chargea d'amener le groupe à la place de son dresseur. Il y avait une chance qu'ils voient les gardes du navire à leurs postes, mais il y avait autant de chance qu'ils aient été mis hors d'état de nuire. S'il ne croisait pas la sécurité à leur poste habituelle, cela lui donnerait un autre excellent indice qu'ici quelque chose de pas net se tramait. Habitué à la chasse, Dimoret se mouvait dans l'ombre avec facilité et même le clair de lune éclairait difficilement et plus correctement. Seulement Oniric avait l'air d'une grosse tache blanche sur un fond noir et il était heureux de voir que les gardes se trouvaient à leur poste. Il perdit ce sentiment de bonheur, car les deux hommes de la sécurité étaient profondément endormis et il fut facile au dresseur de reconnaitre les effets d'une attaque Hypnose. Loin de perdre espoir, il brassa suffisamment un des hommes pour le forcer à se réveiller. Même l'attaque réveil forcé d'un Roudoudou n'aurait pas fait mieux et le garde se réveilla enfin pour répondre à ses questions.
— Alors, vous vous êtes enfin réveillé? Vous pouvez me dire ce qui s'est passé?
— Je me suis endormi? J'ai de la misère à me souvenir, mais je crois avoir vu une femme. Une jeune femme... vêtue étrangement et qui disait des mots bizarres comme la sista. Je n'ai pas eu le temps de l'avertir de surveiller son langage que nous avons été attaqués par-derrière.
— Avez-vous toujours vos Poké Ball avec vous? Je suis sûr qu'on vous les a dérobés pendant que vous dormiez.
— Vous avez raison... Comment vais-je faire pour arrêter cette voleuse sans l'aide de mes Pokémon?
— Restez ici avec votre ami et tentez de le réveiller. Une fois que cela sera fait, essayez de contacter les autorités sans vous mettre dans le trouble. Moi et mon Dimoret allons tenter de trouver les responsables.
— Je suis content de voir que la réputation de la fondation d'Aether est vraie. Vous êtes vraiment les anges d'Alola, dit le garde qui prenait maintenant Oniric pour un saint.
C'était étrange, car habituellement on le prenait pour un des méchants dus à ses vêtements sombres. Pour une fois, le dresseur avait le véritable sentiment d'être un héros et il devait avouer qu'il appréciait. Après s'être assuré que l'homme soit capable de rester debout, il partit vers la cuisine avec son meilleur ami toujours en tête.
Arrivé aux cuisines, Oniric commença à entendre des échos de voix et le bruit familier de la vaisselle qu'on cassait suivi des chaudrons qu'on jetait au sol. Dimoret prit de l'avance puis il lui fit signe avec ses mains pour lui faire comprendre combien de personnes se trouvaient dans la pièce. Sa main droite montrait trois doigts et la main gauche n'avait qu'un seul doigt, alors il lui était facile de penser qu'il y avait trois adversaires puis une seule victime. Ce langage des signes développé au cours de ses aventures était utile et remarquable, mais seules quelques membres de son équipe pouvaient le faire. De toute façon, ses autres Pokémon n'étaient pas discrets et un peu trop grands pour cela. La cuisine avait plusieurs entrées, mais le dresseur n'y était jamais allé et c'est à peine s'il connaissait les dispositions de la pièce. Pour cette fois, il allait devoir improviser et il suivit son Dimoret jusqu'à une cachette d'où il pouvait observer la scène. Un serveur amenait de la nourriture à une bande de voyous vêtus de noir avec plusieurs ornements représentant des crânes blancs. Ceux-ci étaient assis sur une table au milieu de tous les fourneaux, réfrigérateurs et vaisselier de la pièce. À leur aptitude de bandits, leurs vêtements semblables et aux Poké Ball à leur ceinture, on devinait facilement que c'était des sbires d'une organisation criminelle inconnue. Ces hors-la-loi se croyaient souvent tout permis, mais il était d'une lâcheté commune à leur espèce. Une confrontation en duel Pokémon suffira à les faire détaler comme une bande de Laporeille effrayée. Oniric n'avait pas le temps de se permettre des affrontés un à un dans un endroit aussi clos sans avoir le risque de ravager cette partie du navire. Dimoret avait déjà compris les intentions de son maitre et il commença à se glisser de l'autre côté de la pièce proche d'un immense vaisselier. En pointant celui-ci, son meilleur ami avait déjà compris qu'il suffirait d'en faire tomber une assiette pour attirer l'attention vers lui. Le dresseur attendit que le serveur retourne aux comptoirs après avoir servi d'autre boisson aux bandits assis à la table du centre. Quand la victime de ces criminelles l'aperçut, il put y lire une lueur d'espoir et il dut faire le signe de garder le silence avant qu'il se met à crier de joie. L'homme comprit qu'il devait continuer à jouer le jeu tant que le signal de la révolte n'aurait pas été donné. Il remplit son cabaret de dessert puis il retourna auprès de ses clients malpolis. Le serveur devait être un mauvais comédien, car les trois hommes remarquèrent rapidement que quelque chose de louche avait changé son altitude.
— Hein! J'ai un truc entre les dents pour que tu souries ou parce que j'ai raté une farce?
— Ouais, je suis sûre qu'il a mis un truc dans la nourriture et qu'il rigole en nous imaginant le manger. C'est quoi, tu as craché dans nos coupes? Parle donc sinon on va te montrer qu'on ne rigole pas avec les Skull.
— Je suis désolé, monsieur. Je repensais... à la jolie fille auxquelles étaient réservés ces plats. Elle aurait eu ses gâteries préférées pour demain midi.
— Tu étais mieux de donner une bonne raison. Quel était ce bruit? Lancèrent les Skulls en entendant le bruit de la vaisselle tombé aux sols.
Les trois hommes se tournèrent vers l'armoire dont la porte était à demi ouverte et d'où on voyait Dimoret s'amuser à faire tomber son contenu. C'est à cet instant qu'Oniric saisit un des grands plateaux à servir qu'il utilisa pour assommer un des hommes et le serviteur l'imita immédiatement pour obtenir le même résultat. Les deux hommes tombèrent aux sols assommés et le dernier bandit eut juste le temps de se retourner avant de recevoir une attaque Balayette de la part de Dimoret. Le dernier Skull défonça carrément la table sous la force de l'impact et son meilleur ami laissa échapper un petit rire, car il avait frappé un peu fort. Maintenant qu'ils s'étaient chargés d'éliminer les agresseurs du serveur, il suffisait maintenant de se mettre à l'interroger. Bien sûr, il fallait aussi ligoter et bâillonner ces hommes pour ne pas les retrouver son chemin et il reçut de l'aide pour ce genre de tâche.
Le serveur eut l'immense plaisir de mettre les liens des Skulls très serrés et il ne se gêna pas non plus pour mettre une couche épaisse de papier collant sur leur bouche. Oniric l'interrogea pendant ce temps et il ne réussit qu'à obtenir une histoire censée seulement après que l'homme se soit remis de ses émotions. Le dresseur lui demanda même de répéter comme il n'était pas trop sûr d'avoir tout compris.
— Alors, tu peux me dire ça de manière claire cette fois-ci?
— Si vous le voulez, monsieur. Ces hommes sont arrivés ici avec leur Pokémon et ils m'ont menacé de demander à leur Rattata de me grignoter les glands si je ne les servais pas. Graignant pour ma masculinité, je me suis empressé de leur obéir même quand ils ont rappelé leur sournois Pokémon dans leur Poké Ball. Je ne suis qu'un simple serveur qui n'a aucun Pokémon pour se défendre. Je n'ai même jamais participé à une seule bataille même amicale. Ai-je bien fait, messieurs?
— Oui, tu tenais à la vie et on ne peut pas te demander de faire l'impossible, alors tu as bien fait. Maintenant que cela est réglé, tu ne les aurais pas entendues discuter pendant qu'il te forçait à les servir. Même des bouts de phrase pourraient se révéler plus utiles que tu penses.
— Je crois qu'ils ont parlé d'un sujet qui pourrait fort vous intéresser. Ils ont énoncé le fait que cette opération était un blitz destiné à voler le plus de Pokémon possibles avant que les intervenants puissent les attraper. J'ai un doute que ces hommes étaient ici pour surveiller cette entrée.
— L'entrée... s'ils veulent des Pokémon. Le meilleur endroit pour trouver des Pokémon est le centre Pokémon qui se trouve à l'arrière du navire. Si les portes sont verrouillées, les seuls moyens d'y entrer sont par les couloirs de maintenance de la salle des machines et de la cuisine.
— Comment avez-vous pu deviner cela? J'imagine que la fondation d'Aether s'est préparée à l'éventualité d'une attaque sur leur itinéraire de transport.
— Ce n'est pas du tout cela, je lis toujours les plans d'évacuation quand je passe du temps dans un endroit fixe. Allez porter ces Poké Ball aux gardes pour qu'ils puissent se défendre s'ils sont capables de se faire obéir d'eux. Je vais essayer d'arrêter ces criminelles ou de vous faire gagner du temps jusqu'au lever du jour.
— Monsieur, vous êtes un homme honorable, dit le serviteur en faisant une légère courbette en montrant ainsi sa gratitude.
Oniric lui sourit pour montrer qu'il était content d'avoir donné son aide et se dirigea vers la sortie des cuisines afin de pouvoir continuer sa tâche. Le dresseur avait la ferme intention d'empêcher ces hommes de commettre ces méfaits et cela importait peu s'il devait se mettre lui-même en danger. En tant qu'adorateur de Pokémon, il ne voulait pas voir la tristesse dans les yeux de ces gens quand ceux-ci découvriront la perte de leur fidèle ami. Selon la carte du navire qu'il avait mémorisé lors de son arrivée, il n'avait qu'à suivre ce couloir jusqu'au restaurant se trouvant face au centre Pokémon. Comme d'habitude, cela n'allait pas être aussi facile qu'espérer une fois arriver sur place.
Dimoret sentit la présence d'une troupe de personnes quand ils se rapprochèrent du restaurant et il en avertit immédiatement son ami. Oniric sut qu'il aurait surement affaire à une résistance et il put confirmer son hypothèse en regardant par l'entrebâillement de la fente d'une porte. Ces hommes qui se nommaient les Skull étaient aussi accompagnés de femmes vêtues bizarrement comme eux. En plus d'avoir des vêtements douteux ornés de crâne, les coupes de cheveux de ces gens étaient aussi colorées qu'une perruque de clown et de mauvais gouts. Oniric n’avait plus vraiment honte de porter l'uniforme de la fondation d'Aether comme il venait de trouver quelque chose d'encore pire. Cette gang de bandits avait bougé les tables du restaurant de manière à dégager la zone pour permettre à un Pokémon des plus étrange de combattre. Le dresseur n'avait jamais vu cette espèce et il doutait fort que les Skulls veuillent lui donner un résumé complet de ce nouveau Pokémon, alors il allait devoir se contenter de ce qu'il voyait. Le Pokémon en question ressemblait à un gros Ursaring obèse au corps noir et à la tête rose et blanche. N'ayant aucun signe d'appartenance à un type particulier, le dresseur en lui croyait avoir affaire à un type normal ou combat. Derrière la porte, il avait de la misère à voir combien d'adversaires il aurait à combattre, mais Dimoret montra quatre doigts de sa main pour l'aider. Même s'il était en surnombre, Oniric avait assez confiance à son équipe pour tenter le coup. Cette fois-ci, il ne tenta pas une approche discrète, car ses Pokémon auraient assez d'espace pour combattre et il voulait savoir aussi à quel genre d'adversaire il avait affaire. S'il ne réussissait pas à les combattre, il ne se gênerait pas pour s'enfuir et aller trouver du renfort ailleurs. Avant de penser à agir en lâche, il fallait tester l'opposition et il ouvrit tout simplement la porte pour faire acte de présence. Cela prit un moment avant qu'ils remarquent sa présence et Oniric avait réussi à prendre position devant le Pokémon adverse. Le dresseur était un véritable pilier de volonté et les Skulls découvrirent un nouvel adversaire beaucoup plus dangereux que les simples employés du navire.
— Putain! Qui es-tu pour venir jusqu'ici venir nous déranger? Nous avons déjà assez de misère avec tous ces touristes et voilà que ce dresseur se pointe.
— Il a l'air de vouloir se battre. Crois-tu être assez fort pour vaincre mon Chelours, mauviette? Si tu y arrives, mes trois amis seront là pour t'écraser.
— Incapable de m'affronter tout seul? On va voir si vous êtes dignes d'avoir des Pokémon, dit Oniric en regardant droit dans les yeux de son adversaire.
Celui-ci ne s'attendait pas à être regardé de la sorte et il ordonna immédiatement à son Chelours d'attaquer Dimoret. Malgré les encouragements des Skulls, le Pokémon adverse jugea un moment son adversaire et il amorça le combat avec une attaque morsure en se jetant de tout son poids sur Dimoret. Face à un adversaire aussi lent, le Pokémon d'Oniric eut beaucoup de temps d'enchainer une balayette directe sur le museau du Chelours. Celui-ci ne semblait pas apprécier le coup et son dresseur lui donna l'ordre d'enchainer avec une attaque griffe tandis qu'Oniric continuait à garder le silence. Ce n'était pas la première fois qu'il ne disait pas un seul mot pendant un duel et ce n'était pas parce qu'il ne savait pas quoi dire. Le lien unissant le dresseur et son meilleur ami était assez fort pour que les mots ne soient plus utiles pour s'exprimer. La manière de combattre sans dire un mot d'Oniric hérita au plus haut point le Skull qui se mit à l'insulter comme si cela avait pu le déconcentrer. Par contre, cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas répliquer à ces insultes.
— Vas-tu parler, espèce d'avorton? Tu ne dis même pas un ordre à ton Pokémon. Tu n'as jamais participé à un véritable combat.
— Je n'ai pas besoin de crier des ordres à tue-tête pour diriger mes Pokémon, lança sèchement Oniric. Il me suffit d'un claquement de doigts pour te mettre hors d'état de nuire. Si tu insistes autant à entendre les attaques que mon Pokémon va faire. Dimoret! Éclat de glace!
— Chelours, Plaquage! Cria son adversaire à son Pokémon.
Son Chelours se jeta sur Dimoret et celui-ci eut le temps d'envoyer son attaque avant que son adversaire tombe sur lui. Le Pokémon des Skull ne se releva pas et Oniric aperçut son meilleur ami qui se dégageait de la masse inconsciente étendue sur lui. Le dresseur s'aperçut immédiatement les signes de la paralysie. Même si son Dimoret semblait encore capable de se battre, il allait être trop lent pour pouvoir attaquer en premier. Le Skull rappela son Pokémon dans sa Poké Ball et ses trois collègues s'avancèrent avec un sourire sadique pour faire comprendre au dresseur qu'il allait souffrir. Oniric sut à cet instant que rien ne serait facile.