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Back in black [OS] de orca



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» Auteur : orca - Voir le profil
» Créé le 23/11/2015 à 21:09
» Dernière mise à jour le 09/08/2016 à 19:49

» Mots-clés :   Drame   One-shot   Présence d'armes

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Chapitre Unique
Je ne me rappelle pas bien du début de mon existence. J'ai de vagues souvenirs d'une usine, de gens en blanc avec des masques et des charlottes, de milliers de créatures identiques à moi.
Puis il y eut un long voyage où nous fûmes enfermés dans un container, d'abord en camion puis dans un immense bateau, puis encore dans un camion -C'est du moins ce que j'avais deviné par rapport aux bruits extérieurs et au tangage-.
Nous eûmes fini par échouer dans un magasin où nous fûmes exposés dans un rayon où les gens passaient, nous regardaient, nous câlinaient et parfois nous achetaient.

Mon histoire commence dans ce magasin. Je n'étais à l'époque qu'une peluche Farfuret comme les autres avec une douce fourrure bleu foncé, de longues griffes et une belle plume rouge sur une de mes oreilles et trois autres qui me servaient de queue.

Un jour une dame blonde me saisit, me regarda et m'acheta. Elle m'enferma ensuite dans un carton pendant quelques jours, peut-être des semaines, tout cela est si lointain maintenant.
Quand je sortis c'est une petite fille qui m'accueillit avec un grand sourire, je me rappelle très bien de ce jour, il neigeait dehors et un grand sapin décoré se trouvait dans la pièce.
La petite fille se nommait Philippine, elle avait des cheveux blonds coupés au carré et des yeux noisette presque orange.

Les mois qui suivirent je fus la peluche la plus heureuse du monde. Philippine jouait sans cesse avec moi, j'étais devenu son doudou.
Elle m'emmenait à l'école avec elle, je connaissais tous ses amis, elle me posais sur la table à la cantine, j'écoutais avec bienveillance leurs discussions.
Dans tous ses moments difficiles j'étais là pour la consoler, elle me confiait tous ses secrets.
Elle m'avait même donné un nom, mais pas moyen de m'en rappeler.
Nous coulâmes des jours paisibles pendant des mois entiers, mais au bout d'un moment, Philippine arrêta de jouer avec moi, elle passait devant moi sans me voir, j'étais posé sur l'étagère de sa chambre à attendre qu'elle veuille bien jouer avec moi, mais rien, elle me saluait à peine quand elle passait devant moi pour aller à l'école où elle ne m'emmenais plus.

Puis il y eut ce jour, ce jour maudit, où Philippine revint vers moi et m'attrapa. J'étais tout heureux, nous allions enfin jouer comme autrefois ! J'étais impatient. Philippine monta avec sa mère dans la voiture et me posa dans un carton rempli d'objets en mauvais état et d'autres jouets sur ses genoux.
Nous parcourûmes un long chemin avant d'arriver dans un grand terrain aux abords de la ville, Philippine commençait à fouiller le carton et attrapa un premier objet qu'elle envoya au loin.
On jouait donc à un jeu de lancer . Chouette ! Nous jouions souvent à de tels jeux autrefois. Elle lança tous les objets au loin jusqu'à ce que je reste seul dans le carton. Elle me saisit, me regarda en souriant, puis me jeta au loin avec force. Quel beau vol plané ! Je l'entendis rire, elle devait être fière de moi.

J'atterris dans la terre sèche du terrain la tête vers le ciel. J'attendais qu'elle vienne me chercher pour recommencer. Au lieu de ça j'entendis la voiture démarrer et s'éloigner. Ça devait être une blague, c'était sûrement une blague.
J'attendis longuement, pendant des jours, exposé au vent et à la pluie, je m'inquiétais, où était passée Philippine ? Et si elle n'avait pas vu ou j'étais retombé . Et si elle m'avait perdu . La tristesse m’envahis, mon amie m'avait perdu, elle devait sûrement être en larmes et je ne pouvais pas la consoler.

Deux années étaient passées, j'étais toujours étendu au même endroit, dans la boue, entouré de plantes sauvages et de champignons sans espoir de voir Philippine revenir, mon chagrin perdurait, toujours aussi intense que le premier jour.

Une nuit il se passa quelque chose de très étrange. C'était une nuit magnifique, la lune était rousse et brillait dans le ciel comme une braise géante, la voie lactée et ses millions d'étoiles resplendissaient de mille feux, les Mucioles et Lumnivoles volaient à basse altitude pour faire leur parade amoureuse, les Nosferapti fendaient le ciel à la recherche d'insectes nocturnes et les Noarfang hululaient d'une voie spectrale.
C'était une sensation que je n'avais jamais ressentie auparavant.
Je me mis d'un seul coup à ressentir ce qui se passait autour de moi, le froid de la nuit, l'eau glacée qui me mouillait, la dureté d'une pierre coincée sous moi. Je sentais de l'énergie dans mes bras meurtris, je commençais à cligner des yeux, à sentir les parfums des fleurs alentour, à me rappeler de ce pour quoi j'étais ici à avoir des souvenirs de Philippine, de ma création, des jeux, de quand elle m'avais perdu : Je prenais vie ! Je n'arrivais pas encore à me lever ni à bouger, mais ce n'étais qu'une question de temps.

Une heure plus tard j'étais debout à contempler ce monde, je pouvais bouger, me mouvoir et enfin savoir à quoi ressemblait cet endroit dont je ne voyais que le ciel. C'était un endroit étrange en tout cas, l'odeur était pestilentielle et des montagnes d'ordures de dizaines de mètres se dressaient à l'horizon, sortant des plantes sauvages qui poussaient dans cette friche sinistre. Je me demandais aussi ce qui avait pris à Philippine de vouloir jouer ici. En repensant à cette époque mes yeux devinrent humides et une lourde goutte salée coula le long de ma joue en coton, ma première larme.

J'écumais tristement cette zone étrange où toutes sortes d'objets et d'épaves jonchaient les sols, canapés, voitures, sacs-poubelles et d'autres jouets, leurs propriétaires les avaient-ils perdu également ?

Ainsi commençait une vie d'errance, je voulais retrouver ma maîtresse, mais par où commencer ?
Je me déplaçais surtout de nuit car la lumière gênait mes yeux devenus très sensibles après ces deux années à regarder le soleil.
J'errais dans la région à la recherche de Philippine, parcourant les différentes villes, sans succès. J'ai risqué ma vie de nombreuses fois, j'ai franchi des rivières sur des embarcations de fortune, j'ai traversé des 4 voies, j'ai escaladé des obstacles, j'ai rampé dans des buses et des déversoirs

Un soir, à la nuit tombante, je suis arrivé dans une ville proche de l'océan où un immense port de commerce se trouvait, j'errais près d'un bassin où je vis un gigantesque porte container amarré, un bateau énorme de cent mètres de long remplis de grandes boîtes métalliques. C'était un de ces bateaux qui m'avaient emmené sur ce continent. Je regardais ce colosse d'acier encore quelques instants avant de repartir.
Un peu plus tard j'arrivais sur des pontons au raz de l'eau passant près de pêcheurs trop occupés à surveiller si un Magicarpe mordait à leur hameçon pour me remarquer. Je me suis assis près d'un pilier qui soutenait une digue pour regarder l'océan, éclairé par un lampadaire. Je voyais des Sancokis brouter les algues et les ascidies qui poussaient sur le pilier, des bancs de Remoraids qui passaient juste sous la surface à la recherche de plancton et un Serpang en maraude qui nageait en rasant le fond.
Je voulus regarder juste au-dessous de moi s'il y avait des poissons, au moment de regarder l'eau je sursautais brusquement en voyant une créature horrible : mon reflet !
Je n'y avais pas pensé, mais tout ce temps passé dans le terrain vague m'avait transformé en quelque chose d'horrible. La nature et la tristesse m'avaient transformé en un monstre.

La boue avait noirci ma fourrure.
Mes griffes originales étaient tombées mais de nouvelles mains griffues s'étaient formés à même mon bras.
Mes yeux exposés au soleil sans pouvoir se fermer souffraient d'une horrible conjonctivite, ils étaient injectés de sangs, rouges comme deux rubis.
Mes 3 queues avaient étés complètements décomposée par les vers et un champignon jaune en forme d'étoile avait poussé à la place, trouvant sûrement dans la mousse qui composait mon intérieur un substrat assez nutritif, pas étonnant je devais être bourré de terre.
La plume rouge de ma tête était maintenant complètement noire et tombait lamentablement vers le bas.
Au milieu de ma tête avait poussé une excroissance dure.
Mais le pire c'était ma bouche : A la place de la bouche cousue en fil noir que j'ai eu à ma fabrication il y avait une grande bouche aux dents jaunes de métal avec une tirette de fermeture éclair à son extrémité.
J'avais pris vie, mais je ne ressemblai pas à une créature biologique. Plutôt à quelque chose de mort et spectral. Et si c'était ça . Et si j'étais mort sans être passé par la case vie .
Après tout je n'avais pas bu ou mangé depuis le début de ma prise de conscience et cela ne me gênait pas le moins du monde.

J'étais donc un spectre à présent, une créature de l'ombre. La mort m'avais changé en Pokémon, mais quel Pokémon... Une abomination. En voyant ce monstre je commençai à sentir mon chagrin tourner en colère, Philippine aurait quand même put essayer de me retrouver, ça ne lui aurait pris que quelques minutes et ça m'aurait épargné tout ces tourments, je serais sur une étagère certes, mais au chaud et avec un toit sur la tête, en voyant que je commençai à en vouloir à ma maîtresse que j'aimais je m'assis sur le quai en me lamentant, contemplant ce que j'étais devenu à cause de cette sortie en voiture il y à maintenant trois ans. En tout cas, avec cet aspect monstrueux, Philippine ne voudrais plus de moi, c'est sur. J'ai décidé d'abandonner mes vaines recherches et me suis mis à errer sans but.

C'est un mois après que j'ai rencontré quelqu'un qui allait changer ma vision des choses à jamais.
J'errais tranquillement dans une zone industrielle quand j'entendis des bruits de poursuite.
Un Miaouss était en train de courir pour sa vie, attaqué par une bande de Magnétis.
Il tentait en vain de leur échapper, mais leur maîtrise de la lévitation leur permettait de le rattraper peu importe ou il allait.

Je voulais l'aider, mais impossible, je n'étais qu'une stupide peluche incapable de la moindre attaque.
Excédé par mon inutilité je me plantais un vieux clou rouillé qui traînait sur le sol pour me punir de mon inutilité, persuadé que c'était de ma faute, j'avais envie de faire souffrir ces lâches de Magnétis!
Au moment où je me suis transpercé j'ai senti une puissance ténébreuse monter en moi, je pensais à de la colère, quand soudain je vis un des Magnétis se mettre à tourner sur lui-même comme s'il avait mal. Une minute après cela recommença, puis ça se reproduisit en moyenne toutes les minutes jusqu'à ce qu'il tombe K.O. Cela se produisit à nouveau sur les 2 Magnétis restants jusqu'à ce que la bande complète soit vaincue.
Sur le coup je n'ai rien compris.
J'ai retiré l'aiguille et je suis allé voir si le Miaouss allait bien. Il m'a dit ne rien avoir de grave, puis nous avons parlé.

- Je te remercie de m'avoir sauvé, sans toi ces Magnétis m'auraient foudroyé.- Me dit-il

- Sauvé ? Je n'ai rien fait, c'est les Magnétis qui sont devenus comme fous.

- Non, c'est bien toi, ce n'est pas un de ces Goélises qui peuplent la zone qui aurait utilisé une attaque Malédiction, tu m'a tout l'air d'un spectre, il est normal que tu maîtrises cette attaque.

Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? J'étais devenu un Pokémon et tout Pokémon qui se respecte à des attaques et capacités !

- Eh bien qu'est-ce qu'il y a ? Tu as avalé ta langue .- Dit Miaouss me rappelant à la réalité.

- Oh ! Ah oui excuse-moi, j'étais perdu dans mes pensées.

- Eh eh, je ne t'en veux pas, t'inquiète ! Dit moi tu es nouveau dans le coin . Je ne t'avais jamais vu ici.

- Oui, en effet je suis arrivé ce soir, quand j'ai vu ces Magnétis t'attaquer, je me suis planté un clou dans le ventre en m'en voulant de ne pas pouvoir t'aider et ça à déclenché cette malédiction. Mais, pourquoi te voulaient-ils du mal ?

- Le maire de cette ville pense que les Pokémons errants sont vecteurs de maladies et peuvent être dangereux pour les humains. Il a donc créé une brigade de dresseurs pour réguler notre population, ils utilisent des Magnétis et Magnétons pour nous traquer et nous tuer, il les a choisis pour leur résistance et leur capacité de lévitation. Après, les brigades de régulation ne sont qu'un danger parmi d'autres, la vie dans la ville est dangereuse, il y a toute sortes de Pokémons dangereux qui rôdent. Certains sont sauvages comme les Smogos ou les Tadmorvs et d'autres sont comme moi des Pokémons errants, des Persians, des Malosses, des Medhyénas, des Chaffreux, des Aligatueurs même qui rodent dans les égouts. Nous nous entre-tuons pour nous nourrir, telle est la loi de la nature.

- C'est atroce, moi, étant un spectre je n'ai pas besoin de me nourrir, car je suis déjà mort, mais je suis rongé par la tristesse. Autrefois j'étais une simple peluche, j'appartenais à une petite fille, mais un jour nous sommes allés jouer dans un terrain vague et elle m'a perdu. Ensuite deux ans après j'ai pris vie, je suis devenue cette créature immonde et j'ai perdu tout espoir de la revoir.

- Je ne te trouve pas immonde tu sais, tu as juste été forgé par la nature, regarde-moi, j'ai aussi de nombreuses cicatrices. Moi mon histoire commence il y a deux ans, j'ai été abandonné par ma maîtresse, une petite fille gâtée qui m'a reçu comme cadeau d'anniversaire. Elle m'a aimé deux semaines puis s'est désintéressée de moi. Deux semaines après mon adoption j'ai été jeté à la rue ou j'ai appris la survie. Enfin, tout cela est fini, maintenant je ne suis plus un être aimé, juste un maillon de la chaîne alimentaire. Ne parlons plus de tout ça, viens avec moi, nous allons nous trouver un endroit pour passer la journée à l'abri.

Nous nous sommes abrités dans un vieux carton ou nous nous sommes blottis l'un contre l'autre pour nous tenir chaud. Miaouss s'est vite endormi, quant à moi, j'étais très confus. Dans ma tête tout se recollait, ma discussion avec Miaouss m'avait fait découvrir des choses que j'aurais préféré ne pas savoir.
Mon histoire ressemblait à la sienne en tout point : j'avais été aimé pendant une longue période, puis j'avais subi ensuite un désintéressement de la part de Philippine.
Et puis une décharge publique... Drôle d'endroit pour jouer avec son doudou... J'avais juste été jeté avec les encombrants, la voilà la vérité. Je me rappelle mieux de son rire maintenant, quand elle m'a jeté... Un rire de peste ! En plus la voiture était partie plutôt vite.
Tout ça pour arriver à cette conclusion : Philippine m'avait abandonné !

Comment avais-je pu être aussi naïf ? Le voile de gentillesse qui m'aveuglait avait brûlé, je sentais la folie s'emparer de moi à présent.
J'écumais de rage, j'avais de la haine en moi, une envie de tuer Philippine, de lui faire payer mes marches dans la boue, mes chutes dans les rivières, ma transformation en spectre, les froides nuits d'hiver, le vent, la grêle.
J'ai finit par trouver le sommeil vers 17 heures.

Par la suite Miaouss et moi avons passé une année ensemble à écumer la région, nous étions devenus de très bons amis, malgré mon cœur envahi par l'ombre j'avais le plus profond respect pour lui. J'ai pu développer mes attaques grâce à lui, il m'avait même fourni une arme : une baïonnette de Mauser 98k qu'il avait trouvé oubliée après une brocante-trocante. Je le défendais de tous les prédateurs qui voulaient notre peau et j'avais en échange un partenaire des plus loyaux.

Cette belle amitié fut stoppée par une nuit d'hiver. Nous marchions dans la neige en pleine ville quand un grand coup fut porté à Miaouss par un agresseur invisible. Il chut, inconscient dans la neige. J'ai reçu à mon tour une attaque, un poing formé de plasma noir me frappa en plein corps, m'envoyant à deux mètres. Je me relevais quand notre agresseur apparut. Un grand nuage de fumée violette avec une gueule béante et deux yeux méchants avec deux autres nuages de gaz formant des mains de chaque côté de son corps. Vu son aspect et ses capacités c'était sûrement un spectre lui aussi.

Je n'eut pas le temps de réagir qu'il m'envoya un autre coup de poing, m'envoyant au tapis. A nouveau je me relevais et l'attaquait avec une attaque Ball'Ombre, elle traversa son corps fait de gaz sans lui faire de mal, pour riposter il m'envoya également une Ball'Ombre, mais avec plus de succès, n'étant pas immatériel comme lui je la reçu de plein fouet.
Une fois de plus amoché je me relevais déterminé à défendre mon ami. A bout de force je lançais une ombre portée sur le spectre je le fis à peine vaciller.
A peine remis de ses émotions il grogna, fonça vers moi à toute allure et me décocha un troisième poing ombre, cela me mit à terre, il s'approcha ensuite de moi et sortit de sa bouche une immense langue rose faite de chair, contrairement au reste de l'entité avec laquelle il me lécha, elle devait contenir une sorte de venin paralysant car je fut immobilisé, cloué au sol.

Après cela il me regarda avec mépris et s'avança vers Miaouss, je voulais me lever et le combattre, mais cette affreuse paralysie était bien trop forte, même crier était impossible.
Le Pokémon s'approcha de Miaouss et déforma ses mains gazeuses pour en envelopper mon ami. Pendant un instant de la fumée bleue électrique émana du corps de Miaouss, le Pokémon spectre la rabattit entre ses deux mains et la porta à sa bouche pour l'avaler laissant le corps de Miaouss sans vie.

Une fois son manège terminé il me regarda fixement, l'air bouleversé, il s'approcha de moi et me donna un peu de cette fumée bleue, je ne voulais pas y toucher, mais il me forçat à en avaler comme s'il voulait me convaincre de quelque chose.
À peine avalée, je me mis à avoir des visions étranges.

Tout d'abord un voile de fumée bleue m'enveloppa puis le décor changea, j'étais dans une cage sombre et crasseuse avec des milliers de bébés Miaouss, un homme l'ouvrit et m'attrapa pour me jeter dans un carton avec d'autres Miaouss.

Voile de fumée

J'étais à présent dans un magasin, toujours enfermé dans une cage.

Voile de fumée

Je revoyais l'instant où Philippine me sortait de mon paquet cadeau.

Voile de fumée

La même Philippine me caressait comme autrefois.

Voile de fumée

Cette fois-ci Philippine me pourchassait, je fuyais, elle m'envoyait un grand coup de pied, mes efforts de fuite étaient vains et elle me rattrapait toujours.

Voile de fumée

J'étais au milieu d'une rue enneigée en train de me languir.

Voile de fumée

J'étais poursuivi par les Magnétis de la zone industrielle.

Voile de fumée

J'étais avec ... MOI !?

Je venais de comprendre, ce que je voyais n'était pas une série d'hallucinations due à un effet de cette fumée fumée, c'était les souvenirs de Miaouss, je voyais maintenant passer les moments vécus avec lui pendant cette année, mais de son point de vue.
J'avais, au cours de mes errances, écouté des conversations de dresseurs un peu alcoolisés à la terrasse d'un bar qui racontaient la légende d'un Pokémon spectre se nourrissant de la vie des autres, Spectrum, mais je pensais qu'il n'était qu'une légende. Il existait donc réellement et en mangeant la vie de Miaouss il avait dû voir nos conversations sur les abandons et me montrer la réalité.
Philippine avait donc également possédé Miaouss et s'en était débarrassée comme de moi car il ne voulait pas se prêter à ses caprices.

Spectrum me regarda une dernière fois, l'air compatissant et désolé et il disparut lentement en me fixant de ce même air. Il n'avait tué et combattu que pour survivre, il n'était pas mauvais en sois, comme tous les Pokémons errants que l'on combattait avec Miaouss. La vie de ces Pokémons était très cruelle, tous avaient été rejetés par leurs maîtres.
Qu'il s'agisse d'Ecayons gagnés dans des fêtes foraines qui finissent dans la cuvette des toilettes, d'Arbok dont la présence devient encombrante en évoluant ou de Caninos laissés sur le bord des autoroutes pendant les vacances.
J'étais toujours paralysé, mais je bouillais de rage comme la nuit où j'ai rencontré Miaouss. J'avais une envie de tuer ignoble, je serrais mes dents de toutes mes forces en attendant la fin de la paralysie.

Quand se fut terminé l'aube se levais, le soleil dardait ses rayons à l'horizon et le ciel était d'une délicate couleur rosée.
Je me suis levé péniblement, j'ai saisi ma baïonnette et après avoir enterré le corps de Miaouss et l'avoir pleuré une dernière fois en me préparant à repartir j'eus une impression de déjà-vu en regardant les maisons blanches aux toits de tuiles orange.
J'étais dans la rue d'où je venais.
Un large sourire se dessina sur mes dents dorées, j'étais si près du but, de ma vengeance.

Je marchais dans la neige traînant mon lourd couteau derrière moi, Seuls cent mètres me séparaient de mon but ultime, soldat au désespoir s'enfonçant dans la neige boueuse jusqu'à la moitié du corps, j'avançai.
J'arrivais dans le jardin, ce jardin ou j'avais vécu tant de moments merveilleux avec ma maîtresse. Les larmes commencèrent à me monter aux yeux, je tremblais fébrilement, un horrible mélange de nostalgie et de rage, cette dernière était la plus forte.

J'escaladais la fenêtre et regardais l'intérieur, rien n'avait changé, le grand sapin était toujours là, de nouveaux paquets se trouvaient à son pied, la photo ou on me voyait dans les bras de Philippine était au mur elle aussi à côté d'une deuxième où elle tenait Miaouss. J'étais en sanglots à présent, enragé, prêt à détruire sa vie comme elle avait détruit les nôtres.

Je la vis entrer dans la pièce, voulant sûrement ouvrir son cadeau en avance.
La rage au ventre j'ai envoyé une attaque psychique pour faire exploser la vitre, j'ai sauté sur le paquet qu'elle s'apprêtait à ouvrir, baïonnette levée, aveuglé par la colère, je pleurais de grosse larmes en même temps.
Elle hurla.
Je l'apostrophais ;

- Alors tu te souviens de moi Philippine . La poupée Farfuret que tu avais abandonnée sur ce terrain vague il y a maintenant quatre ans ! J'ai aussi rencontré ton Miaouss pendant mes voyages et devine quoi . Il est mort aux premiers rayons du jour tué par un Spectrum !

- Je... je... je suis désolée, je croyais qu'il s'en sortirait et toi tu étais juste un jouet.- Bégayait-elle.

- Le temps n'est plus aux regrets maintenant, je t'aimais plus que tout, tu étais ma vie, tout ce que j'avais et tu m'as trahie. Vois comme la tristesse puis la haine m'ont défiguré pendant ces années à errer à ta recherche de zones industrielles en décharge. Prépares-toi à subir mon courroux et à voir ton cœur servir d'étui à ma lame ! Pour moi, pour Miaouss ! Adieu mon amie ! Le sang des innocents laisse des traces !


C'est terminé, mon âme noire a enfin accompli le but pour lequel elle a été créée, je suis abattu, en pleurs recroquevillé sur moi-même, j'ai tout perdu, ma maîtresse et Miaouss.
Au désespoir je rattrape ma baïonnette et la lève une dernière fois avant de me la planter de toutes mes forces dans le ventre « Malédiction » !
Du sang noir s'écoule de mon ventre, la douleur est insupportable, je sens que la vie qui m'a été donnée pour accomplir ma tâche funeste me quitte, ma vue baisse, mon cœur se glace, mon âme plonge vers l'abîme.

Ça y est, mes derniers Pv m'ont quitté je revois une dernière fois ma vie avant de m'écrouler au sol : l'usine, le container, Philippine, Miaouss, Spectrum, les jeux, la décharge et même ce nom que Philippine m'avais donné et qui était enfoui dans le Maelström de mes souvenirs : BRANETTE !