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Les contes de Rapsode l'Aède de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 14/11/2014 à 15:50
» Dernière mise à jour le 14/11/2014 à 15:50

» Mots-clés :   Conte   Hoenn   Humour   Poésie

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Le démon de la plus haute tour
Il était une nuit où le vent glacial soufflait rudement, emportant avec lui toutes les feuilles dorées que la nature avait rejetées. Un philosophe, dont le cœur était noble et dont l'intelligence était sage, et qui détenait le nom de Prud'Homme, car prud'homme il était (1), se mit en tête de traverser les contrées éloignées afin d'en découvrir toutes les richesses qu'elles y possédaient. Au cours de son épopée, et en compagnie de son jeune fils, il en arriva à mettre pied sur un petit îlot qui l'intrigua. La nuit y semblait plus épaisse qu'ailleurs et le froid plus perçant. Jamais il n'avait visité de village moins accueillant que celui-ci, ce qui le poussa à en rechercher la cause. À la suite de ses investigations, les quelques habitants qu'il avait croisés lui avaient fait part d'une étrange histoire sur l'Îlot des Effrois, car c'est ainsi qu'il était nommé. L'on racontait que l'Îlot était hanté par un démon venu de la nuit qui désirait s'emparer des lieux afin d'en faire sa terre. C'est ainsi qu'à chaque nuit de chaque lune, un enfant disparaissait à jamais, emmené par le démon qui se débarrassait petit à petit des habitants. Les corps des enfants étaient alors retrouvés dans la plus haute tour de l'Îlot des Effrois (2) d'où jaillissaient chaque nuit des sons de cloche afin de prévenir la populace de son acte. Jusqu'à ce jour, huit enfants en avaient été les victimes. Doutant fort de la véracité de cette légende, le philosophe Prud'Homme décida d'enquêter à ce sujet et attendit la nuit suivante pour observer les évènements.

La première nuit, lorsque la lune s'installa sur son trône, il régnait un calme absolu dans l'Îlot des Effrois. Le peu d'habitants s'en était barricadé au chaud dans leurs chaumières et rien ne laissait présager l'existence d'une telle légende. Le philosophe Prud'Homme avait confié son fils au maître de vérité (3) du village et s'impatientait d'acquérir la vérité sur cette histoire. Alors que l'obscurité du ciel s'épaississait davantage, une ombre sur une muraille attira son regard. Intéressé par cet évènement, il se convainc à la suivre. C'est alors qu'après une lieue de marche, il arriva au centre du village, au pied de la plus haute tour. Mais aucune âme ne se montrait. Il comprit alors qu'il était vain de croire en cette histoire et abandonna ses recherches.
Lorsque la lune laissa sa place au soleil, et que le philosophe Prud'Homme déjeunait au nectar de Melissa en compagnie du maître de vérité et de son fils, un homme vint les interrompre en toute précipitation. D'après ses dires, un de ses fils manquait à l'appel. Le philosophe Prud'Homme suivit le maître de vérité qui s'était empressé de quitter sa chaumière sans prendre le temps de changer de pardessus. Ils se rendirent au pied de la plus haute tour et le maître de vérité y pénétra, seul. Lorsqu'il ressortit, et que la populace les avait rejoints, il tenait dans ses bras le corps ensanglanté d'un enfant. Cette nuit retentirent neuf sons de cloche, une pour chacune des neuf victimes du démon.

La seconde nuit, convaincu par les faits du matin, le philosophe Prud'Homme s'était résigné à rester éveillé toute la nuit devant la chaumière afin de percer le mystère des meurtres. Il avait laissé à nouveau son fils au maître de vérité et était prêt à toute confrontation contre l'homme qui assassinait les enfants. Car, en effet, il ne portait aucune croyance à la légende du démon. Alors que la clarté de la lune s'estompait davantage, une ombre sur le mur de la chaumière attira son regard. Reconnaissant l'évènement de la veille, il se mit à la suivre discrètement, silencieusement. Après une lieue de marche, il arriva au centre du village, une nouvelle fois au pied de la plus haute tour. Tirant son courage par sa cape (4), le philosophe Prud'Homme pénétra dans la tour, résolu à décrypter les incidents. Il régnait une atmosphère austère et une ambiance angoissante. Il visita prudemment la tour de bas en haut mais aucune âme n'y demeurait. Il comprit alors qu'il était vain de croire en cette histoire et abandonna ses recherches.
Lorsque la lune laissa place au soleil, et que le philosophe Prud'Homme entretenait la jeunesse de son fils en participant à ses loisirs, le maître de vérité revint de sa marche matinale, toujours vêtu de son pardessus tâché par le temps. C'est alors qu'une jeune femme entra dans la chaumière en toute hâte et prévint la disparition de son enfant. Sans prendre le temps de se concerter, le philosophe Prud'Homme et le maître de vérité s'élancèrent jusqu'au centre du village, au pied de la plus haute tour. Cette-fois, le philosophe Prud'Homme accompagna le maître de vérité dans l'antre de la tour et y découvrit le corps ensanglanté d'un enfant, sur le marbre du sol. Cette nuit retentirent dix sons de cloche, une pour chacune des dix victimes du démon.

La tierce nuit, le philosophe Prud'Homme décida de s'attaquer personnellement au démon, car maintenant il y croyait, et demanda l'aide du maître de vérité. Malheureusement, avec cette victime en plus, ce-dernier perdait la foi et, accablé par tant d'horreur, son teint avait pâli et sa peau semblait transparente, comme transpercée par la mort des innocents jeunots. C'est ainsi que le philosophe Prud'Homme se rendit directement au pied de la plus haute tour, prêt à se placer dans le chemin du responsable de ces crimes. Alors que l'oppression de la nuit s'intensifiait davantage, une ombre sur le sol poussiéreux attira son regard. Il attendit que l'ombre s'approchât mais elle semblait faire le tour de la plus haute tour. Horrifié par la compréhension de l'existence d'une autre entrée, le philosophe accéléra le pas et suivit l'ombre. Il découvrit un passage dans la pierre d'un mur et s'y glissa. Il y régnait un froid torride et une obscurité aveuglante. Au bout du chemin, il accéda enfin dans la tour par un couloir étroit et crasseux. Une toile d'araignée s'entremêla dans ses cheveux, une plante de courges se jeta dans ses pieds et il tomba à la renverse sur le marbre froid. C'est alors que deux yeux rouges transpercèrent les ténèbres. Affolé, le philosophe Prud'Homme se releva d'un bond et se jeta sur son ennemi. Mais il ne fit que le transpercer et retomba au sol. Les yeux rouges avancèrent vers lui. Affolé, le philosophe Prud'Homme ne prit point le temps de remarquer les tâches de sang sur la cape du démon et s'enfuit de la tour.
Lorsque la lune fut chassée par le soleil, et que le philosophe Prud'Homme se remettait de ses émotions en racontant ses péripéties au maître de vérité qui semblait de plus en plus blanc et proche de la mort, un couple de jeune parents vint à leur rencontre et affirma, paniqué, que leur plus jeune fille était introuvable. Comprenant le pire, le philosophe Prud'Homme et le maître de vérité accoururent au pied de la plus haute tour où le reste de la populace manifestait sa peur, et pénétrèrent, non sans panique, dans l'antre. Le corps ensanglanté d'une petite fille gisait sur le marbre du sol. Le maître de vérité se laissa tomber d'effroi. Cette nuit retentirent onze sons de cloche, une pour chacune des onze victimes du démon.

La quarte nuit, le philosophe Prud'Homme décida de quitter l'Îlot des Effrois. Mais une tempête s'annonçait et aucun pêcheur ne s'accorda à lui prêter une barque. Le philosophe Prud'Homme préféra alors rester auprès de son jeune fils, car prud'homme il était. Alors que la lune entière brillait de mille éclats, et que le vent soufflait de mille bourrasques, et que l'obscurité se déployait de mille forces, et que le philosophe Prud'Homme regardait son fils sombrer dans ses rêveries les plus intimes, une ombre sur le sol de la chaumière attira son regard. Il observa avec terreur les deux yeux rouges se glisser dans la chaumière et le son d'une cape glissant sur la paille frissonna à son oreille. Le philosophe Prud'Homme, qui savait que son jeune fils était le prochain, se dressa brutalement entre l'ombre et son jeune fils et s'apprêta à défendre son sang. Il se jeta à nouveau sur le démon en criant de terreur mais le transperça de nouveau. Le démon disparut en emportant avec lui son jeune fils. Tétanisé par l'horreur, le philosophe Prud'Homme courut sans prendre le temps de prévenir le maître de vérité vers la plus haute tour dans laquelle il accéda par le passage qu'il avait découvert. Mais cette fois-ci, il avait amené un feu avec lui, car tout sage savait que le feu éloignait les démons. Au centre des ténèbres, les deux yeux rouges enveloppaient le corps de son jeune fils. Il découvrit avec épouvante le sang couler du cou de son jeune fils à la bouche du démon qui semblait se colorer et perdre sa transparence. Le philosophe Prud'Homme se lança sur le démon et bouta le feu à sa cape tâchée de sang. Le démon se débarrassa de celle-ci et le philosophe reconnut le pardessus. Terrorisé, il regarda le corps du maître de vérité se consumer sous les flammes. Mais le corps ensanglanté de son jeune fils gisait sur le marbre du sol. L'âme du démon ne sut où aller et, détruit par la mort de son enfant et n'ayant plus rien à perdre, le philosophe Prud'Homme décida d'être l'hôte de l'âme du démon afin de mettre un terme à ces horreurs. Le philosophe Prud'Homme se barricada dans la plus haute tour et condamna les issues afin que plus jamais le démon n'en sorte.

Cette nuit, comme toutes les autres nuits qui suivirent, retentirent douze sons de cloche, une pour chacune des douze et dernières victimes du démon.


Notes de M. Marco


1. Le philosophe Prud'homme : voici peut-être le seul être humain décris d'une manière positive par Rapsode l'Aède. Mais la raison me paraît évidente : un aède est une sorte de philosophe qui écrit pour déverser un savoir. En d'autres mots, Rapsode l'Aède se décrit comme sage et intelligent. Peut-être a-t-il bien fait de ne pas ajouter modeste ?

2. L'Îlot des Effrois : pendant mes recherches géographiques, il m'a été donné l'opportunité de visiter de nombreuses fondations de villes et villages. Lorsque j'ai reconnus les fondations de celles qui devaient appartenir à un très ancien campanile, j'ai de suite pensé à ce conte. D'après mes enquêtes, l'Îlot des Effrois devrait être l'île sur laquelle le Mont Mémoria a été bâti il y a de cela deux siècles.

3. Le maître de vérité : ce personnage est à nouveau issu d'une influence du passé grec antique de Rapsode l'Aède. Dans la Grèce Antique, le maître de vérité avait le devoir de répandre le savoir à la population. Ils sont les ancêtres des religieux de nos jours.

4. Tirant son courage par sa cape : ceci est la meilleure traduction depuis le grec ancien que j'ai pu produire. Rapsode l'Aède réalise une personnification du courage en le décrivant comme un être qui, paradoxalement, n'aurait pas de courage et qu'il faudrait tirer longuement pour qu'il daigne vous suivre. De nos jours, l'expression a muté vers « prendre son courage à deux mains ».


Commentaires de M. Marco


À la suite de mes nombreuses lectures, Le démon de la plus haute tour reste à ce jour un de mes contes préférés, si pas mon préféré. J'imagine Rapsode l'Aède confronté à un pokémon de type spectre, car c'est ainsi que devaient être perçus ces pauvres pokémons en ces temps, et en inventer un conte d'horreur qui met bien en avant ses points de vue. En effet, en tant que philosophe aède, Rapsode éprouve une haine sans égale envers les maîtres de vérité qu'il conçoit comme charlatans distribuant de fausses vérités. Rapsode indique alors aux hommes de son temps que les maîtres de vérité ne sont rien d'autre que de monstres sans pitié qui sont prêt à vous enlever ce à quoi vous tenez le plus au monde, afin que la population les évite, ce qui n'est pas très fair-play pour un philosophe, je dois bien l'avouer.

À propos du pokémon spectre décrit dans ce conte, nous ne pouvons que nous reposer sur notre imagination pour en définir l'identité, car Rapsode l'Aède ne nous donne que très peu d'informations à son sujet. Au fil de mes recherches et des discutions passionnantes que j'ai eu la chance de tenir avec de nombreux confrères, j'ai recensé une liste d'une quinzaine de pokémons différents qui pourraient tenir la vedette dans ce conte. Outre les pokémons classiques tels que Tenefix ou Fantominus, certains spectres de ma liste se détachent grâce à leurs particularités. Ectoplasma, par exemple, est connu pour son côté terrifiant et sa tendance à se cacher dans des endroits sombres et abandonnés. De plus, ses deux grands yeux rouges dont il se sert pour effrayer les passants correspondent à la perfection à la description du démon de ce conte. Ces « deux yeux rouges » peuvent aussi s'appliquer à Feuforêve, ce pokémons qui détient des sphères rouges dont il se sert pour effrayer les humains. Mais en mon sens, Feuforêve ne correspond pas assez bien au personnage du conte.
Le meilleur candidat pour remplir le rôle de démon est, pour moi, le Skelenox. Outre ses deux yeux rouges, Skelenox est un pokémon spectre nocturne qui se cache dans les endroits retirés de la civilisation lorsque le soleil se lève. Il a été prouvé qu'il détenait une soif insatiable pour le sang et de très anciennes peintures murales le représentent à la poursuite de ses proies. De plus, les légendes urbaines répandent la rumeur selon laquelle il emporterait les enfants désobéissants une fois la nuit tombée. Je pense sincèrement, et mes innombrables années d'études en seront témoins, que ces légendes que les parents racontent à leurs enfants pour les faire obéir proviennent de ce très vieux conte que Rapsode l'Aède a écrit bien avant l'apparition de notre nouvelle civilisation. D'après moi, le conte Le démon de la plus haute tour aurait été tellement populaire qu'il aurait traversé les siècles en tant qu'outil à disposition des parents afin de faire régner l'ordre au sein de leur foyer. Il est d'ailleurs même très probable que Rapsode l'Aède ait rencontré lui-même un Skelenox étant donné que les scientifiques affirment que cette espèce est apparu sur Terre bien avant l'être humain.

Enfin, j'écrivais un peu plus tôt que ce conte était l'un de mes préférés, et je sens que cela vous étonne. En effet, là où de nombreux enfants insomniaques en pleurent toutes les nuits, j'ai eu la chance de ne connaître ce conte que dans un âge assez avancé. Et, ayant moi-même un Skelenox comme fidèle compagnon, le démon décrit dans cette histoire ne m'effraie donc pas plus que cela. Néanmoins, depuis que j'ai pris connaissance de ce conte, j'ai beaucoup plus de mal à rendre visite à mes défunts compagnons de voyage au Mont Mémoria. Mais cela ne m'empêche pas de raconter ce conte les soirs d'Halloween, lorsque les enfants ne demandent qu'à être terrorisés et que le clocher du village sonne les douze coups de minuit !