Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Les contes de Rapsode l'Aède de Feather17



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 14/11/2014 à 15:32
» Dernière mise à jour le 14/11/2014 à 15:52

» Mots-clés :   Conte   Hoenn   Humour   Poésie

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Les devoirs du Téras
Il était une fois un homme prénommé Balourd l'Horrifiant. Il tirait son nom de son poids qui attirait la convoitise de tous les arbres de Cosmos et de son fort caractère qui l'aidait à se faire craindre de toute la population. Balourd l'Horrifiant habitait une cabane de bois qui tenait en biais, l'humidité ayant rongé toute la partie sud des planches moisies. Nul n'osait s'approcher de sa résidence car tous craignaient Balourd l'Horrifiant.
Tous sauf un Téras qui ne connaissait point l'existence de cet homme. Un jour, il descendit la Colline Brûlée (1) et s'arrêta devant la cabane en bois. Ce jour-là, Balourd l'Horrifiant était parti pêcher du rougeot, son mets préféré. Fatigué par sa longue marche, le Téras entra dans la demeure et se reposa sur le sol de la cabane de Balourd. Car le Téras avait couru depuis le sommet de la colline Brûlée, pourchassé par un prédateur redoutable. Le Téras s'endormit paisiblement lorsque son prédateur retrouva sa trace. Il entra dans la cabane de Balourd l'Horrifiant et s'approcha lentement du Téras sans défense. Celui-ci sentit sur sa tête le souffle chaud de son prédateur et se réveilla en sursaut, surpris par la présence de son ennemi. Le prédateur attaqua le Téras qui se défendit vaillamment. Le combat dura quelques instants, assez longtemps du moins pour permettre au prédateur de réduire la cabane en tas de cendre et de prendre la fuite, bien malgré lui, en laissant derrière lui le Téras sain et sauf.
Ce qui avait fait fuir le prédateur, c'était la gigantesque masse grasse de Balourd l'Horrifiant qui était revenu de sa partie de pêche avec plus d'une dizaine de rougeots. En découvrant son domicile réduit en un tas de cendre et le petit Téras au milieu des restes de sa cabane, Balourd l'Horrifiant entra dans une colère sans pareille. Le pauvre Téras innocent prit peur et tenta de prendre la fuite mais Balourd l'Horrifiant le rattrapa rapidement, bien décidé à le punir pour l'acte qu'il n'avait point commis. Balourd l'Horrifiant décida que le Téras devrait reconstruire sa cabane seul pour pouvoir être libre.

Le lendemain matin, après avoir avalé sa dose de nectar de Melissa (2), Balourd l'Horrifiant amena le Téras prisonnier au sommet de la montagne près de laquelle il vivait. Il lui expliqua alors la nature de sa mission. Le Téras allait devoir trouver la forêt Clémente et rapporter du bois qui allait servir à la construction de sa cabane. Après quoi, Balourd l'Horrifiant laissa le pauvre Téras seul dans la montagne, ficelé à l'aide d'une épaisse corde à l'arbre le plus gros des alentours.
Le soleil avait presque touché terre lorsqu'un hurlement grave retentit. Le Téras paniqua en reconnaissant la voix de son prédateur et il se mit à becqueter le cordage qui le retenait prisonnier. Les pas du prédateur se faisaient de plus en plus bruyants et le Téras fut secoué de tremblements. Enfin, le prédateur apparut devant le pauvre Téras coincé. Il fut attaqué une nouvelle fois par son ennemi et, sous le choc de sa tête en métal contre l'arbre, le Téras fut enfin libre. Il prit la fuite, pourchassé une seconde fois par son prédateur, et arriva au bord d'une falaise. Devant lui, le précipice était tellement profond qu'on n'en voyait point de fin. Le prédateur arriva à son niveau. Le Téras rassembla tout son courage et déploya ses petites ailes qu'il battit à toute vitesse. Le Téras s'envola de la falaise et atterrit dans une forêt. Ce fut ainsi que le Téras eût appris le courage.

Revenu plus grand de son apprentissage, le Téras comprit qu'il avait trouvé le lieu que Balourd l'Horrifiant lui avait décrit. Et effectivement, la Forêt Clémente produisait un magnifique bois que le Téras trouvait fort solide. Mais il fallait en ramener assez pour construire la cabane de l'homme sinon, il risquerait de le punir à nouveau. Le Téras se mit à entreprendre l'abattoir d'un très grand chêne mais il s'avéra qu'un autre prédateur vivait sur cet arbre. Celui-ci défendit son domicile à corps et âme et fit fuir le Téras en l'attaquant violemment. Le Téras décida qu'il était bête de devoir renoncer si près du but et réfléchit à une solution pour éloigner le prédateur pendant qu'il couperait sa maison. Une idée lui vint alors en tête.
La lune s'était réveillée lorsque le Téras revint dans les environs de l'arbre habité. Il se mit alors à siffloter un doux air mélodieux et le prédateur, niché dans son arbre, se réveilla lentement. Il sortit la tête de son nid et aperçut une petite ombre au pied de l'arbre. Le Téras avait construit une copie conforme du prédateur à l'aide de branches et de feuillages derrière laquelle il se cachait vaillamment. Le prédateur, dont le cœur battait à présent pour son double, descendit de son arbre et suivit le Téras caché dans sa création. Il arriva dans une rivière et attendit que le prédateur le rejoigne dans l'eau. Comme il était à prévoir, le prédateur ne savait point nager et le Téras s'envola de la rivière sans un seul regard vers le prédateur qui sombrait dans l'eau. Ce fut ainsi que le Téras eût appris la ruse.

Revenu plus grand de son apprentissage, le Téras retourna auprès du chêne qu'il entreprit d'abattre. Il lui fallut plusieurs lunes avant d'en arriver à bout. Le chêne finit par se briser et tomba aux pieds du Téras. Il restait néanmoins un problème : comment allait-il le transporter de la Forêt Clémente à la Colline Brûlée ? Il usa de toute sa ruse pour inventer un système de cordage avec lequel il tira le tronc du chêne jusqu'au précipice. Encore fallait-il s'envoler jusqu'à la montagne.
Le Téras eut alors une dernière idée. Il s'envola brusquement et prit soin de se placer face au précipice et à son arbre. Il battit alors des ailes de telle sorte qu'il arriva à provoquer un vent si puissant que le chêne s'envola de la falaise et se déposa sur la montagne. Le Téras, épuisé par cet effort, rejoignit son arbre qu'il poussa une dernière fois de toutes ses forces. Le chêne se mit alors à rouler et à rouler jusqu'à arriver dans la vallée où se trouvait l'ancienne cabane de bois réduite en cendres. Ce fut ainsi que le Téras eût appris la puissance.

Balourd l'Horrifiant revint de la pêche au rougeot et découvrit avec ébahissement l'énorme chêne et le Téras, qu'il ne reconnut point tout de suite. Il ordonna alors au Téras de le découper en planche et de construire une nouvelle cabane encore plus grande que l'ancienne. Mais le Téras était épuisé et pensait que la promesse de liberté devait être tenue. Son intelligence lui fit alors comprendre que jamais l'homme ne le laisserait tranquille. Alors, rassemblant tout son courage, il griffa avec force l'homme qui tomba au sol. Le Téras s'envola et disparut de la colline où il ne retourna plus jamais.
Balourd l'Horrifiant se releva, fier de lui. Il avait réussi à transformer le petit Téras sans défense en un intelligent Téras fort et courageux.


Notes de M. Marco


1. La Colline Brûlée : d'après les plans de Hoenn que Rapsode l'Aède avait dessiné, la Colline Brûlée se trouverait dans les alentours de la Vermilava actuelle (anciennement appelée Volcanum par la colonie romaine que le peuple, guidé par Rapsode l'Aède, chassa très vite). On peut remarquer que le dessin de cette montagne se trouve en plein centre de notre île (dont la forme et les dimensions correspondent toujours aux cartes de nos jours) alors qu'il n'en existe aucune aujourd'hui. Mais les scientifiques les plus férus qui ont étudié avec précision pendant des années chaque carte laissée par le poète affirment que l'environnement qui se trouve à proximité de la Colline Brûlée est exactement le même que celui dessinant les pourtours de notre Vermilava. Ainsi, ils en ont déduit qu'elle était l'ancêtre du Mont Chimné que nous connaissons tous pour sa chaleur étouffante.

2. Le nectar de Mélissa : ce nectar était un mets très apprécié dans l'antiquité de notre région composé de la production de miel d'Apitrini que l'on disposait sur du pain avant de le tremper dans le vin et de l'avaler en une bouchée. Importée depuis la région de Sin-o, le nectar de Mélissa entrait souvent dans la composition de remèdes (il était employé surtout par les naïfs qui croyaient dur comme fer qu'il pouvait les débarrasser de leurs boutons d'acné) et restait à un prix très abordable d'après certaines gravures représentant des paysans qui s'en délectaient.


Commentaires de M. Marco


Nous pouvons tout d'abord remarquer dans ce conte une différence de style effarante entre les deux « légendes » sur la création de Hoenn et ce conte-ci (qui ressemble beaucoup plus à celui de Babillon le bavard et le cèpe qui papotait, mais qui inclut un peu plus d'actions néanmoins). Dans les dernières années de sa vie, Rapsode l'Aède aurait pris un chemin un peu plus narratif. Fort de son succès, il aurait profité de sa popularité pour écrire des contes remplis de péripéties pour plaire au plus grand nombre de ses lecteurs.

Venons-en au contenu à présent. Le Téras décrit dans cette histoire ressemble beaucoup à un Etourmi ou un Roucoul plutôt idiot. Idiot car il se laisse subordonner par Balourd l'Horrifiant et s'entête sur un arbre habité alors qu'il en existe des milliers d'autres libres. Au fur et à mesure de ses apprentissages, le Téras semble se transformer. Pour reprendre l'expression de Rapsode l'Aède, il revient plus grand. Rapsode l'Aède serait donc en train de nous décrire l'évolution de l'Etourmi/Roucoul qui devient un Etourvol/Roucoups en devenant courageux et un Etouraptor/Roucarnage en devenant rusé.

Le Téras rencontre deux prédateurs différents. Le premier possède, d'après Rapsode l'Aède, une tête en métal. Mon hypothèse serait qu'il s'agit d'un Galegon assez féroce qui, pour une raison que je l'ignore, ne put pas supporter la présence d'Etourmi dans son entourage. Le second prédateur vit dans le chêne. Il s'agirait ainsi d'un pokémon insecte vivant dans le bois Clémenti. Aucune étude approfondie n'a pu démontrer avec certitude la véritable espèce de ce pokémon, j'aime donc à penser qu'il s'agissait d'un Ningale. Mais vous avez le droit d'imaginer une toute autre sorte de pokémon, peut-être même un pokémon dont la race se serait éteinte par le passé.
Bref, le Téras rencontre un homme, encore une fois laid et féroce, comme tous les humains des contes de Rapsode l'Aède. Mais cette fois, l'homme aide le pokémon à évoluer et à devenir fort. Nous avons donc en face des yeux la première version officielle d'un dresseur de pokémon ! Rapsode l'Aède voudrait donc nous faire comprendre qu'il ne faut pas réduire les pokémons en esclavage juste parce qu'ils sont idiots au départ mais les élever afin qu'ils grandissent et ressemblent à des hommes. Pour le conteur, l'homme est intelligent et doit déverser son savoir à ceux qui n'en bénéficient pas.

Lorsque j'étais un enfant, et cela remonte ma foi à fort longtemps, j'ai eu cet étrange cauchemar la nuit où maman m'avait raconté ce conte. J'ai revu le Galegon m'attaquer pendant des heures dans mon sommeil et un Etourmi m'a sauvé. Depuis ce jour, je fuis toute présence de Galegon et de sa famille. Je n'ai encore jamais rencontré d'Etourmi, je n'en ai vu qu'en photo jusqu'à présent. Que voulez-vous, le voyage d'Hoenn à Sinnoh est long, même pour une personne âgée telle que moi. J'espère que mon Etourmi, quel qu'il soit, sait que je pense souvent à lui et je le remercie de m'avoir sauvé du Galegon. Même si ce n'était qu'en rêve...