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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 02/08/2013 à 08:52
» Dernière mise à jour le 22/04/2018 à 23:07

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 7 : Croisée des chemins
Hier, les Républicains nous ont infligé une sérieuse défaite. Bien des hommes et des Pokemon sont morts. Pour attiser encore plus la rage de nos sujets, mon ami ne cesse de répéter qu'Arceus est avec nous, et que notre quête est juste.

Il est vrai que nous avons rencontré le Créateur, et qu'il nous a bénis. Mais s'il est de sa volonté que nous triomphons, alors pourquoi sommes-nous en train de perdre ?




*****




Deornas passa la matinée et le dîner en compagnie du duc Isgon, avant que ce dernier ne quitte la capitale. Le prince espérait trouver en sa compagnie une distraction aux paroles menaçantes que Nirina lui avait adressées. Si elle savait - ce qui était très probable - que Deornas avait aidé Shinobourge à fuir, elle le tenait littéralement par les couilles, selon cette bonne vieille expression tant utilisée par le duc Isgon. Si elle décidait de ne pas l'emprisonner ou pire, ce n'était pas par faute de preuve. Nirina était la reine, elle n'avait besoin de preuve pour quoi que ce soit. Sans doute espérait-elle qu'il devienne un de ses fidèles soutiens, et si jamais il s'avisait de faire un pas de travers, Deornas était bon, au mieux, pour la guillotine, au pire, pour servir de repas à Sire Squablarto.

De son côté, le duc Isgon, loin des soucis de Deornas, s'adonnait à réduire efficacement la réserve de bière brune du prince. Le duc avait toujours été un bon vivant, aimant la bonne chaire, l'alcool, les combats et surtout les femmes. Isgon avait deux enfants légaux, issus de son mariage avec sa femme, mais l'on disait que tout le duché de Rimerlot croulait sous le nombre de ses bâtards. Mais si Isgon avait beaucoup d'enfants illégitimes, du succès avec les gueuses et de cicatrices gagnées en combat, il y avait quelque chose dont il était totalement dépourvu : la prudence. Depuis le début du repas, il n'avait cessé de déverser sa bile sur la reine et sa politique cruelle. Et plus les pintes de bières descendaient, plus ses propos étaient virulents.

- Elle est totalement folle, Arceus nous garde ! Si ça continue, vous allez vous retrouver avec une révolte sur les bras ! Les gens d'en dessous ne vont pas se laisser cracher dessus comme ça plus longtemps. Il y a une limite à ce qu'un homme peut endurer avant de se rebeller, fut-il le dernier des gueux !

Deornas se félicitait qu'Isgon ait congédié ses serviteurs. Si jamais les propos du duc tombaient entre de mauvaises oreilles, ce serait sûrement en deux morceaux qu'Isgon irait rejoindre sa maisonnée à Rimerlot, si toutefois Nirina ne décidait pas d'accrocher sa tête à une pique sur les remparts du palais, comme elle semblait en avoir pris la mauvaise habitude. Nirina faisait preuve d'une grande délicatesse pour ses amis les corbeaux, qui avaient, depuis le commencement de son règne, tant de repas faciles.

- Il faut agir tant que nous le pouvons encore, poursuivit le duc en agitant sa cuisse de poulet devant Deornas comme une arme. Si on attend, tout le royaume sera à feu et à sang.

- Et qu'est-ce que vous suggérez, mon oncle ?

- Débarrasser le trône de Nirina, bien sûr ! Et de ce démon de Ryates, par la même occasion.

- Vous avez conscience que vos propos sont...

- De la trahison ? Du complot ? Et alors, que diable ?! Que valent les serments à un tyran, dis-moi ? Si l'on écarte ces deux là, on pourra mettre le jeune Alroy sur le trône. Un enfant sera facilement manipulable et modéré. Ou mieux, te bombarder roi toi-même, par le cul d'Arceus ! Tu es le petit-fils de Festil le Conquérant, après tout, au même titre que Nirina. Sois certain que le Rimerlot te soutiendrait. Et les gens du peuple également. Ils préfèreront un usurpateur bon et juste à un tyran légitime.

Deornas secoua la tête. Folies. Mais pourtant, Deornas n'était pas dupe. Il voyait bien où allait les mener Nirina. Vers le conflit et vers des morts, de plus en plus de morts. Deornas pouvait-il abandonner son peuple seulement parce qu'il trouvait que la couronne ne lui sied point ? Mais devrait-il affronter son père pour cela ? Car en tant que Haut Protecteur, Sire Astarias avait fait le vœu sacré de toujours servir le roi légitime, en l'occurrence, la reine.

- Viens à Naglima avec moi, insista Isgon. Tu n'es pas en sécurité ici. Nirina est peut-être folle mais pas stupide. Elle sait que tu représentes son seul danger. De là-bas, on pourra réfléchir à un moyen de la faire tomber...

- Si je m'enfuyais avec vous, Nirina aura la preuve que je complote contre elle, et vous mettra dans le même sac que moi. Vous voudriez mettre Padreis en danger ? Jamais il n'acceptera votre plan. Il est trop ami avec Nirina.

- Justement. Même si je trahis, Nirina ne lui fera rien.

Deornas n'en était pas si certain. Certes, Nirina avait bel et bien de l'affection pour le fils d'Isgon, et ce depuis la plus petite enfance. Il était le seul, sans doute. Mais Nirina n'était pas du genre à laisser ses sentiments passer avant la trahison.

- Il faut... Il faut que j'y réfléchisse, mon oncle, fit piteusement Deornas. On ne peut décider d'un Coup d'Etat sur un coup de tête, surtout plusieurs barils de bière...

- Allons bon, tu crois que ton illustre ancêtre, Castel le Fondateur, avait réfléchi des années avant de se dresser contre les dirigeants de l'Ancien Monde ? Le pouvoir, il n'y avait aucun droit légitime, mais il l'a pris, pour ses convictions.

La pensée de Castel Haldar occupa Deornas tandis qu'il regagnait ses quartiers au palais. Isgon lui avait dit qu'il partirait ce soir, et Deornas comptait le rejoindre avant, avec sa réponse, qu'elle fut positive ou négative. Bien sûr, le duc était toujours partant pour une petite guerre. Il ne s'amusait jamais autant qu'avec sa hache entre les mains, le visage plein du sang de ses ennemis. Mais Deornas n'était pas comme ça. Il n'aspirait qu'à une vie calme, tranquille, de paix et de sérénité. S'il avait eu le choix, il aurait préféré ne pas venir au monde en tant que prince.

Mais pourtant, en dépit du danger, il avait bien aidé Shinobourge à s'enfuir. Parce que le Pokemon était son ami. Par conviction, donc. S'il avait risqué sa vie pour un ami, ne pouvait-il pas en faire autant pour tout son peuple et son royaume ? Bien qu'il ne s'en sente pas digne, il était en effet le petit-fils du grand Festil le Conquérant, le plus grand roi que Cinhol ait eu depuis le légendaire Castel lui-même. Le sang des Haldar coulait dans ses veines autant que dans celles de Nirina. Dès qu'il ouvrit la porte de ses appartements, Deornas sut que quelque chose clochait. Et l'impression se confirma quand il vit cinq gardes en armure devant lui. Tous avaient leurs épées sorties.

- Prince Deornas, dit l'un d'eux. Par ordre de la reine, vous êtes en état d'arrestation pour trahison.

Deornas fut plus surpris qu'effrayé. Si elle avait depuis le début compté le capturer, pourquoi diable Nirina lui avait-elle susurré ses menaces à l'oreille ce matin ? Ou alors elle avait changé d'avis entre temps. La reine était connue pour être assez lunatique.

- Veuillez nous remettre votre épée, altesse, dit le garde.

- Je ne crois pas non, répondit calmement Deornas en l'empoignant.

- Résister est inutile, altesse. J'ai cinq autres hommes dehors qui vous attendent. Faite donc face à vos responsabilités avec honneur, comme un vrai Haldar.

- Je connais le sort réservé à ceux que Nirina qualifie de « traitres ». Mourir au combat me parait mille fois préférable.

Nirina aurait aimé que Deornas se rende sans faire d'histoire, de façon que personne au palais ne soit au courant ? Eh bien, elle allait être drôlement déçue ! Deornas se fendit contre le chef des gardes. Tous les autres reculèrent, en posture de combat. Ce que Deornas attendait. Il avait beau savoir manier une épée, il se savait pas de taille à lutter contre cinq hommes à la fois. Aussi, il sortit précipitamment de sa chambre et referma la porte derrière lui, qu'il bloqua avec son épée. Le choc derrière lui apprit que les gardes s'étaient cognés dessus.

Bon, déjà cinq en moins. Ils mettraient sans doute un moment à réduire la porte en lambeaux. Le hic, c'était que Deornas n'avait plus son arme. Et s'il sortait de la tour par la porte d'entrée, il croiserait obligatoirement les cinq autres gardes qui l'attendaient. À la place, il se faufila dans l'une des fenêtres, et descendit la tour par l'extérieur. Il avait toujours été un bon grimpeur, et les parois offraient pas mal de points où s'appuyer. Une fois en bas, il quitta l'enceinte du palais, poursuivit par le son des cloches d'alarme, et sans doute bientôt de toute une escouade de la garde royale. Sa seule chance de survie : se cacher dans les niveaux inférieurs, là où les gardes seraient aussi paumés que lui.


***


Adam avait conscience d'être allongé sur le sol, dans l'obscurité, sa main serrant toujours celle de Leaf. Mais il avait encore plus conscience de sa douleur à l'épaule, déchirée par l'attaque de ce Metali. Sans se soucier d'où elle se trouvait le moins du monde, Leaf appela son Grodoudou pour qu'il lance une attaque Balance sur Adam. Grodoudou sacrifia de ses PV pour soigner quelque peu la blessure d'Adam. Celui-ci sentit ses chairs se refermer et la douleur diminuer, mais il ne pouvait toujours pas bouger son bras gauche.

- M...Merci, fit difficilement Adam.

- Ça ne sera pas suffisant. Il te faut un médecin !

- On ne peut pas retourner là-bas, protesta Adam. Astarias nous y attend. On lui a volé son anneau, il est donc bloqué dans notre monde.

Leaf regarda enfin autour d'elle. Ce n'était pas le même quartier que celui dans lequel Adam était venu la première fois. Celui-là était plus propre, plus éclairé. Au loin, les deux jeunes gens pouvaient apercevoir quelques passants, dans une autre rue.

- Alors c'est ça, Cinhol ? demanda Leaf, impressionnée. On se croirait vraiment dans une ville du moyen-âge...

- Vu comment était fringué cet Astarias, rien d'étonnant.

- Il nous faut te trouver un médecin. Tu peux te lever ?

- Quoi, dans cette ville ?! Même si on en trouvait un, tu penses qu'on passerait inaperçu dans le coin ? Je te rappelle que la reine locale veut notre peau, juste parce que ce fichu Pokemon m'a donné ce fichu anneau !

Il s'enleva l'anneau d'Astarias du doigt et le lança violement sur Shinobourge. Celui-ci le rattrapa au vol avec une dextérité impressionnante, et lança à Adam un regard sévère, comme celui que l'on donne à un gamin en faute. Adam poussa un juron qui aurait sans nul doute fait s'évanouir Sophia.

- Gardons notre calme, dit sagement Leaf. La première des choses à faire est...

Elle s'interrompit quand le bruit de cloches leur parvint d'en haut.

- Elles sonnaient aussi la première fois que je suis venu, fit Adam. Selon le clochard, elles annonçaient la mort de la précédente reine. Peut-être que la nouvelle est aussi morte. Ça ne me déplairait pas, si elle veut ma tête.

Shinobourge secoua la tête pour réfuter cette affirmation. Il avait l'air inquiet, et avec un couac autoritaire, leur fit signe de le suivre tandis qu'il s'engageait dans une allée adjacente. Leaf aida Adam à se relever mais celui-ci maugréa :

- Pourquoi on devrait suivre cette bestiole qui ne nous a attiré que des ennuis ? Qu'il parte, et bon débarras !

- Il nous a sauvés contre Astarias, répliqua Leaf. Puis s'il vient d'ici, il connait mieux les lieux que nous. Je pense qu'il faut lui faire confiance. Ce n'est pas comme si nous avions le choix, de toute façon...

Adam acquiesça de mauvaise grâce. Bien lui en prit, car dès qu'ils furent dans l'autre rue, une patrouille de gardes passa non loin de l'endroit où ils se trouvaient auparavant. Ils suivirent Shinobourge, en s'arrêtant quand il leur fit signe de s'arrêter, et en tournant quand il tournait. Bien qu'il ne fut jamais venu ici, Adam avait l'impression que l'endroit lui était familier, qu'il avait toujours connu cette ville et ces rues. Ce qui était une idée des plus absurdes, et signe que toute cette agitation ainsi que la douleur à son épaule commençaient à agir sur son pauvre cerveau.

- Fais preuve d'un peu plus de bonne volonté, de grâce. C'est ton destin d'être ici.

Adam sursauta. Ce n'était pas Leaf qui avait parlé, et il n'y avait personne à coté d'eux. Leaf ne semblait ne rien avoir entendu, pourtant, Adam reconnaissait cette voix. C'était celle de l'homme aux longs cheveux blonds qu'il avait aperçu dans son rêve brumeux après être rentré de Cinhol la première fois. Il en était certain, sa voix venait de résonner dans sa tête. Était-il en train de devenir totalement fou ? La voix dans sa tête ricana agréablement.

- Tu n'es point fou, mon ami. C'est le monde qui est fou.

- Mais qui êtes-vous ?!

Adam se rendit compte qu'il venait de parler à haute voix, et Leaf le regarda, inquiète.

- À qui tu parles ?

Adam secoua la tête. En plus d'être probablement fou, voilà que Leaf allait le prendre pour tel, à présent. L'arrivée d'un homme qui le percuta au croisement d'une rue le dispensa de répondre. Adam tomba et Shinobourge se plaça immédiatement devant lui, face au nouvel arrivant, qui balbutia :

- Sire... Shinobourge ?!

Adam se releva. L'individu était noblement vêtu, aux cheveux bruns en boucles. Il semblait essoufflé. De toute évidence, Shinobourge le connaissait, car il bondit sur lui comme pour lui donner l'accolade. Adam n'avait jamais vu ce Pokemon si froid si démonstratif. L'homme était abasourdi. Il dévisagea Leaf et Adam, et le fut encore plus.

- Mais... que faites-vous là ? Pourquoi êtes-vous revenu ? Et ces jeunes gens ? Ce sont des habitants de l'Ancien Monde ? Que se passe-t-il donc ?

Shinobourge baragouina dans son langage étrange à toute vitesse et l'inconnu ne sembla pas saisir grand-chose. Vu que le Pokemon semblait faire confiance à cet étranger, Adam décida d'en faire de même. Ils avaient besoin d'allié.

- Nous sommes bien de ce que vous appelez l'Ancien Monde, dit-il en se relevant. Le canard ve... euh... Shinobourge m'a un jour donné un anneau qui m'a amené ici. J'ai eu peur et je ne l'ai plus utilisé, mais mon amie et moi, on a été attaqué par un chevalier d'ici et son Pokemon qui voulait notre tête pour votre reine. Shinobourge est parvenu à lui voler son anneau, et j'ai mis le mien pour fuir et amener tout le monde ici. Voilà, en gros, notre situation.

Leaf lui montra l'anneau d'argent qu'ils avaient pris à Astarias. L'homme semblait encore plus décontenancé que tout à l'heure.

- S'il vous plait, aidez-nous, demanda Leaf. Nous ne comprenons rien à ce qui nous arrive...

Apparement, l'inconnu aussi, mais il acquiesça tout de même.

- Je me nomme Deornas. C'est moi qui ai aidé Sire Shinobourge à quitter le palais, mais je n'aurai jamais pensé qu'il reviendrait, accompagné de deux habitants de l'Ancien Monde. J'aimerai vous aider, mais je suis moi-même pourchassé par la reine, en ce moment.

Shinobourge désigna quelque chose en hauteur, sans doute les cloches, puis Deornas, comme pour signifier « C'est pour toi, tout ce bordel ? ».

- Oui, acquiesça Deornas. Nirina a découvert que je vous avais porté assistance. Ses gardes sont à mes trousses.

- Il n'y a nulle part où se cacher ? demande désespérément Leaf.

- Si. Si nous nous rendons chez le duc Isgon, il nous hébergera et nous cachera. Mais il habite à la Citadelle, à coté du Palais, et toutes les rues sont bloquées, et j'ai toute une escouade derrière moi...

- Reculez, ordonna Leaf.

Elle sortit une de ses Pokeball et appela son Florizarre. Deornas cligna des yeux, comme s'il n'avait jamais vu un Pokemon de sa vie. Leaf ordonna à son monstre de plante de boucher la rue avec d'énormes racines qui sortirent du sol au commandement de Florizarre.

- Prodigieux... murmura Deornas. On m'avait bien dit que bon nombre des habitants de l'Ancien Monde possédaient des Pokemon, mais...

- Chez vous aussi non ? coupa Adam. Le gars qui nous attaqué, bah il avait un Metali. C'était la première fois que j'en voyais un, du reste...

Deornas hocha la tête, comme gêné.

- Ce chevalier que vous avez affronté... c'était mon père. Sire Astarias, des Quatre Hauts Protecteurs. Seuls eux et la reine possèdent des Pokemon, à Cinhol.

Adam fut soulagé de cette révélation. Si c'était le cas, ils auraient bien moins de problèmes que prévu pour se défendre. Mais s'ils étaient tous aussi fort que le Metali d'Astarias, ce n'était pas gagné non plus. Mais dans le cas présent, grâce aux Pokemon de Leaf et au sens de l'orientation de Shinobourge, ils parvinrent sans trop de difficulté à semer leurs poursuivants, à les piéger, pour au final rejoindre la demeure de ce fameux duc Isgon. Un grand sauvage à l'immense barbe noire, qui jura ses grands dieux à l'écoute des histoires de chacun.

- Castel bien aimé... Des habitants de l'Ancien Monde ! Je n'aurai jamais cru en voir de mon vivant !

Adam commença à trouver agaçant que tout le monde ici les prennent pour de fameuses curiosités. Mais bon, il était vrai que si quelqu'un d'une autre dimension arrivait un jour dans le monde réel, il ferait aussi l'objet de quelques attentions.

- Et vous vous en êtes tirés vivants face à Astarias ? Reprit le duc. Ce n'est pas un maigre exploit. Ah, par Arceus, il doit être bien finaud, le chevalier, seul sans son anneau, poireautant dans l'Ancien Monde le temps que Nirina daigne envoyer un autre Haut Protecteur le chercher ! J'aimerai bien voir sa tête maintenant ! Ah ah !

- Mon oncle, il y a des sujets plus importants que la tête de mon père, protesta Deornas.

- Moui moui... Bah, faut que tu quittes Cinhol maintenant, c'est certain. T'as deux possibilités. Soit prendre l'anneau de ton père pour te réfugier dans l'Ancien Monde, en vivant dans la peur qu'un des Hauts Protecteurs finisse par te trouver. Ou venir avec moi à Naglima, et organiser la révolte.

- Je ne suis peut-être pas un grand chevalier comme mon père, mais je ne suis pas un couard. Je n'irai pas me terrer dans l'Ancien Monde. J'irai avec vous en Rimerlot.

Le duc eut un grand sourire.

- À la bonne heure ! Mais on attendra quelque jours de plus. Si je filais maintenant alors que tout le monde te cherche, ça attirerait l'attention. Tu peux rester chez moi planqué, en attendant. Le pauvre bougre de garde qui prétendra inspecter ma demeure n'est pas encore né, foi d'Isgon !

Adam se racla la gorge. Il avait un peu l'impression que ces types les avaient oubliés, avec leurs histoires de complots.

- Euh... et nous ?

- Je pense que vous pouvez rentrer dans votre monde, répondit Deornas. Mon père ne tentera plus rien maintenant qu'il n'a plus d'anneau. Il attendra de subir le mécontentement de la reine et ses nouveaux ordres.

Shinobourge se fit entendre. Il parla dans son langage Pokemon, que, chose étrange, Deornas sembla quelque peu comprendre.

- Je crois que Sire Shinobourge dit qu'il restera ici pour attirer l'attention sur lui. Ainsi, la reine n'aura plus de raison d'envoyer ses Hauts Protecteurs à sa recherche dans l'Ancien Monde.

Adam était perplexe. Lui n'avait juste compris que « couac kwaaaa couac ouac ». Mais que le fichu canard vert reste ici lui allait très bien.

- Vous êtes sûr, Sire Shinobourge ? Lui demanda Deornas. Vous avez toujours voulu quitter Cinhol, et maintenant vous choisissez de rester ?

Le Pokemon hocha la tête, le désignant lui, puis la hache d'Isgon. Ce dernier sourit.

- Je crois qu'il veut nous faire savoir qu'il compte se battre à tes cotés, Deornas.

Shinobourge hocha la tête. Apparement étonné et ému, Deornas hocha la tête.

- Très bien. Duc Isgon, Sire Shinobourge... vous avez tout deux en moi une confiance que je n'ai pas. Mais je vais faire de mon mieux pour combattre la tyrannie de Nirina et prétendre au trône que je veux conquérir.

- Voilà qui est parlé, mon gars ! Explosa Isgon avec une énorme tape sur le dos qui manqua faire défaillir le pauvre Deornas.

Adam se demanda vaguement si tout le monde était cinglé dans ce royaume. Voilà que ces deux types parlaient de fomenter un Coup d'Etat à eux seul comme si de rien n'était, et même, comme le duc, en rigolant. Adam n'avait qu'une envie : rentrer chez lui, se faire soigner son épaule, et ne plus jamais entendre parler de ce royaume. Ce fut Leaf qui résuma sa pensée, un peu plus diplomatiquement.

- Alors nous vous souhaitons bonne chance dans votre quête. La reine a tenté de nous tuer, donc on ne peut que vous soutenir. Mais ce monde n'est pas le nôtre.

- Oui, vous n'auriez pas dû être là, affirma Deornas. Je ne comprends pas pourquoi Sire Shinobourge vous a donné l'anneau...

Le Pokemon ne répondit pas, se contentant de regarder Adam d'un regard pénétrant, qui le força à détourner les yeux.

- Quoi qu'il en soit, un don est un don, et il est à vous maintenant, poursuivit Deornas. Toutefois, j'aimerai, si vous l'acceptez, que vous me remettiez l'anneau de mon père. Fomenter une rébellion n'est pas une tâche des plus aisées, et si nous avions un moyen de disparaître à volonté, ça nous aiderait.

Adam haussa les épaules, et remit à Deornas l'anneau d'Asterias. Avec un, il en avait assez. Et avec un peu de chance, il ne s'en servirait plus jamais.

- Espoir fou, mon jeune ami, fit la voix dans sa tête.

Adam la fit taire en se cognant le crâne. Geste visible de tous et qui inquiéta visiblement les deux hommes de Cinhol.

- Bon, eh bien... fit Deornas, gêné. Merci de votre aide, habitants de l'Ancien Monde. Sans vous, nul doute que les gardes de Nirina m'auraient eu. J'espère un jour avoir la chance de visiter le monde de mes ancêtres.

- De vos ancêtres ? Répéta Leaf.

- Nous venions tous de là-bas, il y a longtemps. Cette cité fut bâtie dans votre monde, il y a cinq cent ans, avant le cataclysme qui l'envoya ici. Votre peuple se souvient-il encore de Castel Haldar, mon ancêtre, et le fondateur du royaume ?

- On sait qu'il était un dresseur s'étant rebellé contre notre pays, répondit Adam, se remémorant ce qu'il avait appris d'Anis. Nos dirigeants n'aiment toujours pas en parler. Son nom est entré dans la légende.

- Voilà qui est bon à savoir.

Ce fut l'heure des adieux, et Adam fut obligé de saluer le canard vert. Après tout, même si tout était de sa faute, ce Pokemon l'avait bel et bien sauvé face à Astarias. Et il lui avait donné, sans raison apparente, un anneau extrêmement précieux. Tout cela valait bien un petit au revoir. Pour autant, il espérait ne plus jamais le revoir.

- Encore un espoir fou, dit la voix quand Adam remit son anneau au doigt, la main de Leaf dans la sienne, repartant dans leur monde.