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A l'aube du pouvoir (T.1) de Raishini



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Informations

» Auteur : Raishini - Voir le profil
» Créé le 11/03/2013 à 19:28
» Dernière mise à jour le 16/11/2013 à 14:46

» Mots-clés :   Fantastique   Hoenn   Présence de poké-humains   Sinnoh

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Chapitre 26 : ... avant le calme
Jérémie échangea un regard surpris avec Mathilde puis articula :

- Ah... ah bon ?

- Tu es son portrait craché, assura la vieille dame en opinant. Au fait, d'où venez-vous ? ajouta-t-elle en changeant brusquement de sujet. Vous n'êtes pas du village, cela se voit. Et vous ne semblez pas savoir où aller. En ce cas, vous pourrez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez ! De toute façon, je n'ai pas beaucoup de clients en ce moment, ça ne peut pas me faire de mal.

Légèrement troublé par cette confession, Jérémie s'agita sur son siège. Une fois encore, Mathilde se chargea de briser la glace :

- Nous sommes originaires de Hoenn. Mais nous nous sommes perdus après un long voyage et nous ne savons pas comment retrouver notre groupe.

- Je comprends, dit Olivia sur un ton anodin. En plus les lignes sont rompues momentanément à cause du vent qui a soufflé sans discontinuer. Il serait inutile d'utiliser votre Pokénav. Mais ce n'est pas grave, j'ai largement assez de chambres. Vous êtes ensemble, non, vous prendrez donc la même ?

Ce fut un moment extrêmement pénible, et Jérémie parvint tant bien que mal à convaincre Olivia que ce n'était pas le cas. La mine presque déçue, celle-ci remarqua :

- Dommage, vous allez bien tous les deux. Dans ce cas, tu iras dans celle d'à côté... euh...

- Jérémie, dit aussitôt le garçon pour lui éviter de chercher plus longtemps. Et mon amie c'est Mathilde.

- Ta petite amie tu veux dire, déclara Olivia d'un ton polisson. Dans ce cas, voilà un problème de réglé.

Plus rouge qu'une pivoine, Mathilde évita le regard de la dame et joua avec sa cuillère dans le bol de thé. Jérémie trouvait Olivia singulièrement grivoise, mais dans le bon sens du terme. De plus, elle avait un côté " rigolote " comme l'aurait dit Cyril.

Par contre, il trouvait étonnant qu'elle n'ait pas émis de réserve quant aux explications de Mathilde sur leur présence dans les environs. Le prétexte n'était pourtant ni original, ni infaillible. D'autre part, elle avait parfois ce petit regard en coin qui donnait la sensation d'être passé aux rayons X.

- Juste comme ça, comment s'appelle votre fils ? finit par demander Jérémie, n'y tenant plus. Peut-être que je le connais...

Il s'arrêta, conscient d'être certainement allé trop loin. Mais Olivia le démentit à nouveau en répondant d'une voix guillerette :

- Il s'appelait Hélia, Hélia Marchal. Et puis c'est tellement étrange de constater votre ressemblance, j'ai l'impression de le revoir plus vieux que lorsqu'il vivait sous mon toit. Tu as quel âge ?

- Quinze ans, répondit Jérémie d'un air absent.

- Je t'en aurais donné quatorze, dit Olivia en pouffant. Mais tout de même... Hélia n'avait que quatre ans lorsque je l'ai vu pour la dernière fois, il y a vingt-sept ans de cela, et pourtant je le reconnais largement à travers toi. Tu as le même nez, les mêmes yeux, la même chevelure ébouriffée...

Interdit, Jérémie écoutait la vieille dame ressasser le souvenir de son fils adoré. A l'en croire, il aurait disparu il y a de cela vingt-sept ans. Non, ce ne pouvait pas être le même Hélia Marchal...

D'après son père, il n'avait plus de grands-parents. Impossible donc que cette vielle dame...

- Et il avait toujours cette tendance à regarder le ciel en rêvassant, acheva Olivia avec nostalgie. Où qu'il soit, j'espère qu'il s'en soit sorti.

Lorsqu'elle eut terminé, Mathilde lança un regard en biais à Jérémie, dont les mains tremblaient. Le garçon y lut l'incompréhension.

Oui, lui non plus, il ne comprenait pas.

Pokémon #257
La nuit s'installa en drapant le ciel d'une couverture sombre et étoilée. Le clair de lune filtrait largement à travers les fenêtres à croisillons de la chambre, baignant la pièce d'une clarté enchanteresse.

Couché sur le dos, les mains croisées et les yeux rivés vers le plafond, Jérémie songeait avec envie à ceux qui ne connaissaient pas de problèmes.

Pourquoi avait-il toujours été tenu dans le secret ? Pourquoi devait-il apprendre les choses si violemment, par la force impitoyable du hasard ? Pourquoi... ne lui avait-on rien dit, tout simplement ?

Ruminer de telles pensées lui minait considérablement le moral. Il en voulait à son père, il en voulait au monde entier d'avoir fait de sa vie ce qu'elle était actuellement. Pour rien au monde, il n'aurait souhaité que les choses prennent cette tournure. Si seulement il pouvait simplifier son existence, modifier un élément qui la rendrait parfaitement normale...

- Toi non plus, tu n'arrives pas à dormir ?

Il fut surpris de voir Mathilde adossée à sa porte. Elle aussi était pensive, à en juger le regard étrange qu'elle posait sur lui.

- Comme tu peux le constater, dit le garçon en parvenant à sourire.

Savoir Mathilde présente à ses côtés dans chaque situation difficile le réconfortait énormément. Mais cela ne l'empêchait pas complètement de déprimer. Il y avait tant de choses qu'on lui avait dissimulées, tant de choses qu'il voulait mais ne pouvait faire...

Mathilde parut deviner le trouble qui l'agitait car elle déclara :

- Bah tu sais, je l'aime bien ta grand-mère, elle est super ! Et même si Hélia n'a pas jugé bon de t'en parler, je suppose que c'est pour de bonnes raisons. N'oublie pas la promesse qu'il t'a faite la dernière fois.

Ces propos pleins de bon sens eurent le don de rassurer Jérémie. Oui, c'est vrai que son père ne lançait jamais de promesses en l'air. Il les tenait toujours. Quant à Olivia, elle avait sous-entendu que son fils lui avait été enlevé il y a vingt-sept ans de cela. Par conséquent son père ne devait conserver presque aucun souvenir d'elle, ou du moins la croire morte. Oui, ce devait être ça.

- Mathilde ? dit Jérémie, prit d'une envie soudaine.

- Oui ?

- Est-ce que tu peux chanter encore une fois la berceuse de ta mère ?

Le garçon sut aux paroles mélodieuses envahissant l'air que sa demande était acceptée. Doucement mais sûrement, Mathilde entonna ce chant si cher aux oreilles de Jérémie. Elle s'était approchée de lui en posant les mains et le visage sur son oreiller. Jamais son regard d'azur n'avait paru si pénétrant et resplendissant.

Jérémie soupira tandis qu'il s'enfonçait dans un état de plénitude tout simplement délectable. Des bribes de mots lui parvenaient à mesure qu'il sentait la tension s'évaporer et une décontraction totale s'emparer de son corps. Le lit ne lui avait jamais paru si moelleux et délicat...

Pokémon #257
- Allez, debout gros fainéant !

- Qqqquuuooii ? croassa Jérémie en sentant un plumeau lui chatouiller le nez.

- Oh, décidément, tu es vraiment comme mon petit Hélia... Un véritable loir !

Jérémie ouvrit des yeux vitreux et aperçut Olivia affairée à dépoussiérer toute la chambre autour de lui. Des nuages grisâtres le firent éternuer tandis que des moutons volaient en tous sens.

- Au fait, je le disais bien que toi et ton amie vous faisiez la paire, remarqua Olivia en lui adressant un regard malicieux. Quand je me suis levée, elle était à moitié endormie contre toi ! Alors ? ajouta-t-elle sur un ton faussement réprobateur. Si ce n'est pas une preuve ça !

Complètement désarçonné par cette annonce, Jérémie se leva machinalement et promena un regard flou sur ce qui l'entourait. Devant son silence affecté, Olivia reprit :

- Dis-moi, tu n'es pas très bavard. Fichtre, tu es la copie conforme de Hélia ! Au fait, si tu cherches Mathilde, elle est allée faire un tour dehors. Vas-y, de toute façon je vais être très occupée à faire le ménage, ajouta-t-elle avec un faible sourire.

- Non, laissez-moi vous aider, c'est le mieux que je puisse faire pour vous remercier de votre hospitalité, même si on vous a déjà payée, intervint Jérémie avec un entrain nouveau. Vous verrez, il paraît que je suis une fée du logis !

La vieille dame le gratifia d'une expression charitable. Puis celle-ci se mua en un regard calculateur et Olivia lui tendit un balai :

- Dans ce cas... corvée de balayage !

Toute la matinée durant, Jérémie nettoya, frotta, cira, récura et arrangea. Après ce lot de tâches longues mais gratifiantes, il émergea en sueur et observa le résultat de ses efforts avec satisfaction. Olivia lui porta une brève accolade à l'épaule et déclara :

- Merci bien, c'est du bon boulot ! La salle de bain est à l'étage, deuxième porte à droite, ajouta-t-elle en agitant la main devant son nez. C'est pas que tu pues le phoque, mais quand même.

Pouffant à cette remarque, Jérémie la remercia à son tour et gagna la pièce qu'il rêvait de redécouvrir depuis le début de ses mésaventures. Le sol et les murs se couvraient d'un magnifique carrelage couleur bleu de givre ; en face de lui, des rideaux tendus sur leur tringle semblaient n'attendre que son arrivée pour être tirés.

Jérémie se frotta les mains avec régal. Il allait enfin être propre comme un sou neuf.

Pendant environ une heure, il s'amusa à tester la gamme de shampoings et de gels douche qu'Olivia entreposait sur un rebord de la baignoire. Avec une nonchalance presque juvénile, il joua à éclater les bulles, souffla dans l'eau pour la faire écumer, se prêta à une séance d'apnée...

C'était peut-être puéril mais ces petits passe-temps le rassuraient et surtout, il en ressortait bien portant. Tous les remords et tensions semblaient lavés en même temps que la saleté dont il était maculé. Un bain ordinaire en apparence, mais salvateur et savoureux à bien des égards.

Enfin, il dénicha un rasoir dans une poche de son sac et entreprit de se débarrasser d'une barbe naissante trop encombrante à son goût.

Jérémie sortit de la pièce gai comme un pinson, ravi de s'être laissé à un tel moment de détente.

- Je t'ai amené des affaires qui appartenaient à mon frère, informa Olivia en l'approchant au bas de l'escalier. Vous avez le même gabarit, elles devraient t'aller. Pendant ce temps je peux recoudre tes habits déchirés si tu veux. En tout cas, tu es franchement mieux comme ça ! ajouta-t-elle en lui pinçant la joue affectueusement. Quoique, j'aurais éventuellement pensé à rafraîchir tes cheveux...

- Non merci, ça ira, dit Jérémie de bon cœur en prenant les affaires soigneusement pliées qu'Olivia lui tendait. Et merci pour la proposition, je vais vous passer mes affaires. J'avoue que j'y tiens beaucoup.

Quelques minutes plus tard, il revenait après avoir enfilé le T-shirt blanc, le jean de toile bleue et les chaussettes rayées. Avec un sourire, il confia à Olivia sa veste, son pantalon et son écharpe, laissant le reste sur une table basse au cas où.

- Je vais dehors, annonça Jérémie en chaussant des baskets noires. N'hésitez pas à venir me parler si vous avez besoin de quelque chose.

Sous les salutations de la vieille dame, Jérémie sortit prendre l'air. Il se demandait pourquoi Olivia se montrait si généreuse à son égard... Peut-être la ressemblance avec son père jouait-elle un rôle ?

Cette fois-ci, le vent était doux et frais juste ce qu'il fallait sous un soleil radieux. Le garçon
aimait particulièrement sentir la brise souffler dans ses cheveux par une telle chaleur. C'était vivifiant.

Il chercha Mathilde du regard et finit par la trouver sous un pommier, auscultant minutieusement une statue aux glyphes complexes. Elle exhalait une subtile odeur de citronnelle et ses cheveux avaient retrouvé leur éclat. Quant à ses anciens habits, elle les avait troqués contre un débardeur bleu ciel et un pantalon en cuir noir, semblable au sien. Jérémie constata également qu'elle avait paré sa chevelure d'un magnifique lys pour compenser la perte de sa rose.

- Voilà donc où tu étais, dit-il en lui faisant signe. Tu n'as pas peur qu'on te reconnaisse ? Et qu'est-ce que tu cherches à faire exactement ? Tu sais lire les glyphes maintenant ?

La scène évoquée par Olivia flotta entre eux l'espace d'un instant et laissa place au silence. Finalement, Mathilde consentit à reprendre la parole :

- Non, je ne fais que les contempler, ils sont si fascinants. Pour ce qui est d'être reconnue, je doute encore que nos avis soient parvenus dans la ville vu le temps qui régnait jusque là. Et toi, quand vas-tu te décider à lui avouer la vérité sur tes origines ?

Jérémie pinça les lèvres. Entre ce secret là et celui qu'il dissimulait à propos de Tobias, il commençait à être lourdement chargé. Il n'avait pas raconté à Mathilde qu'il avait rencontré son père en chemin, et il n'avait pas parlé du sien à Olivia non plus. Si on ajoutait à cela les questions qu'il se posait encore sur le passé de Mathilde, il était vraiment difficile pour lui de garder le silence.

Déjà qu'elle avait durement accepté le récit de ses tribulations à Orowind, et notamment celui concernant les actes de Tobias...

- Tu sais que j'ai vu ton père ? se risqua-t-il à dire, tant pour enchaîner la conversation que pour changer de sujet.

- Ah bon ? fit Mathilde avec étonnement. Où ça ?

- Au Mont Couronné, juste avant de venir te voir. Pendant un moment, j'ai cru qu'il allait me tuer, mais dès que je lui ai parlé de toi, il s'est ravisé et m'a même aidé.

Un silence songeur tomba, pendant lequel Jérémie retourna toutes ses réflexions en tête.

- Mathilde, dit-il enfin, je crois que Tobias avait raison. Il est réellement possédé.

La jeune fille n'aurait pas semblé plus scandalisée si on l'avait privée de Noël.

- Tu crois vraiment à ses sornettes ?

- Je n'y crois pas, je les ai constatées, nuance, expliqua Jérémie. Il a deux personnalités et cela m'avait déjà frappé lors de notre première rencontre. De plus, le changement est visible dans ses yeux. Lorsqu'il devient " démoniaque ", ses yeux s'obscurcissent. Je peux te jurer que c'est vrai. S'il n'avait pas un bon fond, il m'aurait déjà tué.

Mathilde parut tiraillée, s'ourlant d'un sourire en demi-teinte. Elle donnait l'impression de vouloir le croire tout en n'y parvenant pas. Malgré les arguments, elle n'arrivait manifestement pas à se décider.

- Pourquoi tu es incapable de lui accorder le moindre crédit ? s'exclama Jérémie d'un ton désabusé. Je ne comprends pas.

- Parce qu'il a failli me tuer il y a dix ans en arrière, ça te va ? éructa Mathilde en dispersant des larmes durant le mouvement de tête furieux qu'elle effectua. Ta curiosité est-elle satisfaite ? Si tu veux bien maintenant, j'aimerais être seule.

Une lame invisible transperça le cœur de Jérémie lorsqu'il perçut la nuance de déception dans la voix de son amie.

- D'accord, mais fais attention, dit-il en essayant de contrôler son timbre. Des Orokami risquent de faire irruption ici, et n'oublie pas à quel point ils sont dangereux.

Sans un regard pour lui, Mathilde hocha la tête et s'appuya contre le pommier. Jérémie n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour entendre ses pleurs étouffés. Il s'en voulait. Là encore, son manque de tact légendaire le pénalisait en même temps que sa meilleure amie.

Lorsqu'il atteignit la maison d'Olivia, il fut interpellé par le jingle d'un journal télévisé. Les lignes avaient donc été rétablies ? S'accoudant à la fenêtre, il observa le poste au même titre que la vieille dame, assise dans le canapé pour sa part.

- Bonjour à toutes et à tous ! annonça le présentateur en dévoilant une rangée de dents étincelantes. Tout d'abord, voici un flash spécial que je dois vous remettre sans plus tarder : les Pokéman.

Aussitôt, Jérémie grinça nerveusement des dents et haussa les sourcils. A l'inverse, Olivia suivit les commentaires sans rien laisser paraître de ses pensées :

-Personne n'est sans ignorer l'étendue des ravages qu'ils provoquent à travers tout Sinnoh. Dans le cadre de la lutte qu'Orowind mène contre eux, nous afficherons leurs avis à chaque début de JT. Nous informons les citoyens que ces individus sont redoutables et détenteurs de capacités hors du commun. Aussi vous est-il demandé de composer le numéro vert qui s'affiche en bas de votre écran si jamais vous les apercevez.

Suite à cela, une série de photos jaillit au centre de l'écran, comme désireuse d'impressionner la rétine de l'audimat. Avec horreur, Jérémie reconnut son propre cliché. Olivia et lui se contemplèrent simultanément, affichant une surprise de nature différente. Lui avait peur. Olivia était manifestement contrariée.

Qu'allait-il bien pouvoir faire, désormais ?