Blancs et fixes [One-Shot] de Soundlowan

Elektek ne se sent pas bien. Il « stresse », comme disent les humains.
Ce mot étrange, il l'a appris puis compris en passant du temps, beaucoup de temps aux côtés de son humaine choyée. Une très jeune femelle, qui l'a accueillie dans sa vie lorsqu'elle avait tout juste dix ans et que lui n'était encore qu'un minuscule Elekid. Il a vraiment bien changé, bien grandi depuis ce temps-là.

Son humaine par contre, a su rester à peu de choses près la même durant toutes ces années. Bien sûr elle a gagné plusieurs centimètres, sa taille s'est affinée et ses joues bien rondes ont lentement fondues durant son passage de l'enfance à l'adolescence. Mais son sourire est toujours aussi lumineux pour lui, comme un rayon de soleil. Ses boucles sont toujours du même noir, comme un voile d'ombre qui s'arrêterait aux épaules. Les mêmes petites dents blanches mordent la même lèvre plusieurs fois par jour, avec une hésitation et une timidité toutes innocentes.
Et les yeux de son humaine sont toujours aussi blancs et fixes, presque trop grands dans ce visage d'ange.

Ce sont ces yeux si blancs et tout ce qu'ils représentent, qui font « stresser » Elektek. Continuellement. Il sait qu'il faut prendre soin de son humaine, et que c'est à lui de le faire en tant qu'unique pokémon. Son humaine a bien tentée de l'en dissuader au début, mais Elektek sait qu'il le doit. Alors bien sûr, il se sent mal et tendu chaque fois qu'il s'éloigne d'elle ou qu'il s'agit d'entreprendre quelque chose qui pourrait devenir dangereux pour une toute jeune femelle humaine. Avec des yeux si blancs et fixes de surcroît, la tâche se complique encore un peu, et Elektek se sent moins bien à chaque nouvelle difficulté.
Il « stresse » tous les jours, pour des peccadilles le plus souvent. Alors aujourd'hui... Ah ! Aujourd'hui !


Son dilemme prend source au cours du repas de la veille.
C'est à ce moment que les humains se parlent de la journée qui vient de s'écouler, et qu'ils sont en général assez idiots pour évoquer les sujets qui fâchent.
La veille donc, ce fut au tour de la jeune dresseuse d'Elektek de déclencher les hostilités. Etre plus indépendante avec des parents surprotecteurs est loin d'être une entreprise facile, surtout avec des yeux si grands, si blancs et fixes. Mais la jeune femelle s'entête depuis quelque temps, elle veut faire les choses seule. Enfin, avec son équipe pokémon tout du moins.
Cette fameuse équipe se trouve au cœur des débats au sein de la maison depuis une semaine : en effet, Elektek est seul pour veiller sur son humaine. Ce dont il se rend bien compte d'ailleurs. La jeune femelle veut donc un nouveau pokémon avec elle, et pour cela elle sait déjà où chercher : le Parc Safari !

Ce Parc gigantesque se trouve à quelques rues à peine de la maison d'Elektek et de sa dresseuse, ils vivent tout deux à Parmanie. Le Parc Safari a bien été fermé un temps, mais grâce à un certain monsieur Baoba qui a ouvert un autre endroit similaire dans la région voisine et au succès rencontré par ce nouveau Parc Safari, celui de la ville a été modernisé et a de nouveau ouvert ses portes il y a quelques mois humains de cela. Ce qui attise la curiosité de l'humaine d'Elektek, elle veut effectuer sa première capture de pokémon dans ce Parc, elle le veut et n'en démordra pas !

Ses parents, bien sûr, ne sont pas du même avis. Leur petite princesse est trop jeune pour ce genre de choses, se retrouver au milieu de tant de pokémons sauvages est bien trop dangereux, son équipe ne peut l'accompagner dans l'enceinte du Parc Safari... sans compter les yeux de leur ange, blancs et fixes. Incapables de discerner les différents pokémons, la charge d'un tauros ou les lames aiguisées d'un insecateur...

Mais la « petite princesse » est têtue, elle refuse de céder. Aujourd'hui la dresseuse d'Elektek capturera un pokémon du Parc Safari !
Ah oui vraiment, le pokémon électrique se sent toutes les raisons du monde de « stresser ».


Quelques mètres après l'entrée du Parc Safari.
Elektek ne sait pas transpirer bien entendu, mais il se sent tout prêt à apprendre pour exprimer son angoisse. En accueillant sa jeune humaine et au vu de son... état, comme disent les humains, les employés du Parc Safari ont autorisés le pokémon à rester aux côtés de sa dresseuse durant sa visite. Il lui a cependant été très clairement interdit de lancer la moindre attaque contre les pokémons sauvages du lieu, Elektek a simplement le droit de guider sa dresseuse comme il le fait toujours.

Ils se trouvent donc tous les deux dans la première zone du Parc, le rattatac d'un employé a eu la gentillesse d'expliquer à Elektek comment atteindre les différentes zones, qui sont au nombre de quatre, à partir de l'entrée avant que la femelle humaine ne se lance à l'aventure. Il sait où la guider, du moins il le saurait si sa dresseuse avait choisie une espèce de pokémon précise, mais l'adolescente préfère qu'Elektek la guide dans son choix.
Formidable, choisir son futur coéquipier est une telle partie de plaisir.
- Alors Elektek, qu'est-ce que tu vois ?
- Rien encore, je te préviendrais lorsque je trouverais...

L'humaine ne comprend bien sûr pas un mot de son pokémon, les paroles d'Elektek se transformant en cris simplistes à ses oreilles. Le simple fait de l'entendre la rassure néanmoins, d'autant plus que le pokémon électrique serre sa main dans la sienne doucement.
Elektek dit toujours la vérité à son humaine, aujourd'hui ne constituant pas une exception. Il ne voit pas encore de pokémons du Parc, ils doivent se trouver plus loin de l'entrée.
Le pokémon électrique tire sa jeune dresseuse par la main, s'enfonçant plus en avant dans la première zone.


Le soleil est vraiment resplendissant aujourd'hui.
Au moins la femelle humaine n'a pas choisie un jour pluvieux, Elektek déteste avoir la fourrure trempée. En plus, les pokémons du lieu sortent plus facilement de leurs cachettes lorsque le temps est clément.
C'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer, le pokémon électrique ressent puis voit arriver des pokémons sauvages, qui le regardent anxieusement où se désintéressent de l'étrange couple qu'il forme avec son humaine. Ce n'est qu'une nouvelle dresseuse parmi d'autres après tout, même si elle est accompagnée d'un pokémon étrange dont l'espèce est inconnue des pensionnaires du Parc.
- Alors Elektek, qu'est-ce que tu vois ?
- Rien encore, je te préviendrais lorsque je trouverais...

Elektek détaille de tout ses yeux, de tout ses sens.
Une nidorina lui rend un regard méfiant, protégeant de son corps une nidoran femelle minuscule et apeurée de la rencontre avec ces étrangers. La petite a l'odeur de l'évolution mêlée à la sienne, sans doute une mère et sa fille. Le pokémon électrique passe avec son humaine sans les toucher, prendre la petite serait s'attirer les foudres de nidorina et prendre la mère serait laisser nidoran femelle sans défense. Surtout qu'on ne sépare pas une mère de son enfant, Elektek veut convaincre un autre pokémon de les suivre et non l'y obliger.

Plus loin dans l'herbe, un immense dôme rouge semble dépasser. Elektek contourne le parasect, pour constater qu'il s'est endormi. A la merci du premier dresseur, en plein passage ! Décidément, ce n'est pas le pokémon de la situation. Son humaine n'apprécierait certainement pas un gros crabe-champignon de toutes façons, encore moins un pokémon dépendant d'un parasite pour évoluer. Et puis un parasect risquerait de blesser la jeune femelle avec ses pinces en tentant de l'aider... il faut chercher ailleurs.

En passant devant un arbre creux, le pokémon électrique s'arrête une dernière fois avant de hausser les épaules et de poursuivre son chemin. Ce n'est toujours pas un coéquipier intéressant, bien trop fragile entre les mains d'une humaine dans cet état. Surtout que ce pokémon n'a ni main ni bras pour aider une dresseuse au quotidien, et doit avoir toutes les difficultés du monde à se déplacer seul. Non, définitivement, Elektek ne peut demander à un noeunoeuf de se laisser confier à une femelle aux yeux blancs et fixes.


- Nous avons changé de lieu Elektek, n'est-ce pas ?
- Oui petite humaine.

C'est que la première zone n'a pas été satisfaisante pour le pokémon, il essaie donc la seconde. Avec l'espoir de rencontrer de nouvelles espèces qui pourraient convenir.
- Alors Elektek, qu'est-ce que tu vois ?
- Rien encore, je te préviendrais lorsque je trouverais...

Plus de parasect, mais sa pré-évolution paras. Une femelle d'après le pokémon électrique, portant vaillamment sur son dos les deux champignons rouges inhérents à l'espèce. Elle tente manifestement d'atteindre une baie ronde et sans aucun doute juteuse, sur son plant. La baie est très près du sol, mais pas encore assez pour que paras l'atteigne. Cette petite pourrait devenir sa coéquipière, mais... non. La jeune dresseuse a toujours eu en horreur de sentir un insecte sur elle, alors un pokémon qui y resterait longtemps et reviendrait souvent... Ce n'est pas une solution.

Elektek se contente donc d'attraper la baie pour paras et de la lui tendre, ce dont elle le remercie d'une voix chantante, avant de rassurer l'humaine qu'il n'avait pas prévue du mouvement à venir lorsqu'il s'est baissé. Enfin le pokémon électrique entraîne son humaine plus loin.

Plus de nidorina ni de nidoran femelle à portée d'yeux, mais un nidorino très agressif défendant visiblement son territoire, peut-être même son nid. Ne voulant pas risquer de le voir charger la dresseuse sans défense, Elektek entraîne cette dernière à l'abri sans demander son reste. Un pokémon si belliqueux comme nouveau membre de l'équipe ? Pas question ! Ni même la peine de s'y attarder.

Elektek commence à se décourager, il ne trouvera rien pour convenir à sa dresseuse dans cette zone. Autant passer à la suivante tout de suite, il entraîne donc son humaine plus loin dans le Parc Safari.

Ils croisent encore un scarabrute et un insecateur, trop occupés à se jeter l'un contre l'autre pour se préoccuper d'eux. L'un des deux insectes a sans doute défié le second afin de mieux séduire une femelle, la saison des amours approchant à grands pas pour ces deux espèces. Un autre dresseur serait sans doute heureux de posséder un pokémon aussi puissant que ces deux-la, cependant ce n'est pas vraiment le cas de la dresseuse d'Elektek. Surtout qu'elle ne peut pas les voir de toutes façons, elle ne comprendrait pas l'admiration de ses amies devant de telles créatures. Il vaut mieux chercher ailleurs.

En assistant à un nouvel assaut, pinces du scarabrute contre lames de l'insecateur, le pokémon électrique se félicite de s'être écarté avec son humaine, et surtout de ne pas avoir pensé à l'un des deux combattants en tant que coéquipier. Certes ils feraient des gardes du corps exceptionnels, mais scarabrute pourrait amputer la main de la femelle humaine avec ses pinces lorsqu'elle le caresserait. Quand à insecateur, il aurait plus de chances de la décapiter que de parvenir à l'aider en quoi que ce soit.


Troisième zone, très loin dans le Parc Safari.
Elektek a perdu de son entrain et beaucoup de sa motivation, il se contente de mener mollement sa dresseuse par la main. Les parents de la jeune humaine avaient peut-être raison finalement, leur « petite princesse » aux yeux blancs et fixes aura sans doute bien du mal à se constituer une équipe si elle ne contient pas des pokémons qu'on lui aura offert. Au moins elle est très perspicace, elle sent bien le changement d'atmosphère autour d'elle ainsi que le changement d'allure de son pokémon électrique.
- Quelque chose ne va pas Elektek ?

Il émet un grognement mi-bougon mi-dépité sans répondre davantage, levant les yeux au ciel en voyant passer un nidoran mâle. Mais il y en a donc partout, de ces rats empoisonnés ?! Le pokémon électrique a de plus en plus de mal à les voir, ces horreurs bleues ou violettes.
Sa dresseuse l'oblige à s'arrêter en lui tirant fortement sur la main, le forçant à affronter les yeux blancs et fixes. Sa réponse n'a pas du lui convenir.
- Elektek, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu es souffrant ?

Le pokémon se retourne totalement, il est parfaitement face à sa dresseuse désormais. Sans lâcher sa main, le pokémon électrique approche l'un des doigts de sa main gauche du dos de la main de son humaine et appuie doucement, deux fois.
« Non »

La jeune femelle semble soulagée, le mouvement de ses sourcils et les plis de sa bouche ne mentent jamais.
- Tu es découragé, n'est-ce pas ?

Elektek n'ose pas répondre, il sent venir la gêne. Il tente de se dégager de l'étreinte de sa dresseuse, mais elle serre plus fort sa main pour l'empêcher de partir. Alors il rassemble ses forces qui l'abandonnent, et appuie une seule fois de son doigt crochu.
« Oui »
- On finira bien par trouver, ne t'en fais pas !

L'optimisme de l'humaine laisse Elektek désarmé. Certes il leur reste encore la moitié du Parc Safari pour trouver un nouvel équipier, mais cela veut également dire qu'une moitié du lieu a été parcourue sans résultat. Comment la dresseuse parvient-elle à conserver tant de bonne humeur ?
- Et puis tant que tu es là, rien ne peut m'arriver ici pas vrai ?

Le pokémon se mord la lèvre, voilà bien le genre de phrases qui fait encore monter son niveau de « stress » d'un cran. Il ne manquerait plus qu'elle enfonce le clou...
- J'ai totalement confiance en toi pour choisir un pokémon du Parc, Elektek !

Ca y est, c'est fait.
C'est bien une manie qu'ont les dresseurs humains, de lancer à la volée des phrases censées stimuler leurs pokémons alors qu'elles ne font qu'accroître leur angoisse.
Elektek s'efforce pourtant de répondre avec plus d'entrain, afin que son humaine puisse entendre des cris joyeux de sa part.
- Tu as raison, continuons à chercher.
- Exactement !

Cela aussi est typiquement humain, répondre n'importe quoi à son pokémon en faisant semblant de le comprendre.
La dresseuse se tourne de nouveau vers l'horizon, tout à fait déterminée, son poing droit sur la hanche et les pieds bien campés dans le sol.
- Alors Elektek, qu'est-ce que tu vois ?
- Rien encore, je te préviendrais lorsque je trouverais...

Elektek observe quelques instants le vol d'une aeromite, qui finit par se poser sur un rocher non loin d'eux. Elle reprend bien vite son élan, poursuivie par un autre dresseur qui semble n'avoir aucune expérience de la capture de pokémons volants, agiter les bras en courant en tout sens n'étant pas la meilleure manière de procéder.
Alors que le pokémon électrique s'apprête à continuer avec son humaine, il s'aperçoit que le rocher sur lequel aeromite s'est posée est en réalité un rhinocorne, à l'œil méfiant mais à l'allure encore placide. Elektek s'éloigne moins vite, sans gestes brusques, il ne tient pas à déclencher d'affrontement avec un pokémon de cette espèce. Les rhinocornes ont tout de même une solide réputation de combattant, bien que celui-ci ai l'air calme le pokémon dressé ne veut prendre aucun risque. Sa dresseuse ne voudrait pas d'un pokémon si rugueux, massif de toutes les façons, autant chercher ailleurs.

En longeant une rangée d'arbres avec son humaine, Elektek entend des murmures, des gloussements et des bruits de pas discrets à sa gauche. Intrigué, il se retourne donc pour tomber nez à nez avec des œufs blancs et des corps roses.
Il s'agit de trois leveinards, deux d'entre elles restant en arrière et dissimulées à demi alors que la plus hardie s'est approchée de l'improbable duo formé par une jeune humaine et l'Elektek. Cette espèce de pokémon est supposée être rare, mais elles ont dues être attirées par les yeux blancs et fixes de la dresseuse. Une leveinard est censée déborder de compassion après tout.

Avec une telle équipière, Elektek aurait certainement bien moins de souci à se faire... une pokémon infirmière, le rêve ! Leveinard saurait prendre soin de sa dresseuse et en aurait même l'envie. Elle aurait la douceur de la soutenir au quotidien, et la force de la défendre contre tous les dangers. Elle saurait quoi dire, quoi faire, elle aurait peut-être les réponses aux questions du pokémon électrique.
Oui mais... non. La dresseuse d'Elektek a été très claire à ce sujet, elle ne veut pas être considérée comme une malade en permanence. L'humaine ne veut pas d'hospitalisation chez elle, quelle qu'en soit la forme ou la nature, elle ne veut pas être assistée à chaque instant et préfère faire les choses seule. La dresseuse veut pouvoir se considérer comme une adolescente normale, avec ses yeux blancs et fixes ou sans. Une leveinard n'irait pas avec cette idée.
Elektek tire donc son humaine par la main et prend congé des trois pokémones d'un signe de tête, avec un soupir de déception plus que de découragement cette fois.


Le pokémon électrique commence à avoir soif.
Il faut dire que le soleil tape fort, il est près de midi et le duo est entré dans le Parc Safari aux alentours de neuf heures. Elektek est pressé d'en ressortir désormais, avec ou sans nouveau coéquipier.

Evitant de traverser le lieu de passage d'une horde de tauros, le pokémon électrique s'interroge. Peut-être qu'il ne voulait pas trouver de nouveau pokémon, finalement. Peut-être qu'il veut rester seul à prendre soin de son humaine. C'est sans doute pour cela qu'aucun pensionnaire du Parc ne trouve grâce à ses yeux, il ne veut pas d'autre pokémon aux côtés de l'adolescente. Peut-être même qu'Elektek a peur d'être occulté par un nouvel équipier, auquel sa dresseuse risquerait de s'attacher davantage.

Tout à ses réflexions, Elektek laisse passer un doduo dont les têtes semblant se quereller sans que son corps ne cesse de courir. Le pokémon dressé n'a qu'un regard pour lui avant de poursuivre son chemin. Ce genre d'oiseau a la tête vide, c'est bien connu, et il ne penserait qu'à courir partout sans s'occuper de rien. Sans compter que les deux têtes d'un doduo se querellent régulièrement, une telle agitation constante n'apporterait rien de bon à sa dresseuse.
Sa dresseuse.

C'est à elle qu'Elektek doit penser, non à lui-même. L'humaine veut un nouveau pokémon venu du Parc Safari dans son équipe, elle s'est battue avec ses parents pour cela. Depuis ce matin elle poursuit cet unique but, persuadée d'être guidée par un pokémon fidèle animé par la même envie et prêt à tout pour leur trouver le coéquipier idéal.
Elektek se sent particulièrement honteux en songeant de nouveau à son précédent découragement. Plus jamais !

Oui, mais. Il faut le pokémon véritablement idéal, de l'espèce parfaite pour sa dresseuse et du caractère recherché par le pokémon électrique. Son humaine mérite ce qu'il y a de mieux, celui ou celle qui saura le guider aussi bien que le fait Elektek. C'est une bonne chose qu'il soit si exigeant finalement, un équipier qui ne convient pas au pokémon ne peut convenir à la dresseuse.

La kangourex qu'Elektek aperçoit au loin par exemple. Certes elle possède sans aucun doute la patience et l'instinct maternel qui lui font défaut, cependant cette caractéristique risque d'étouffer l'humaine plus qu'autre chose, comme avec une leveinard. Pour ne rien arranger, le pokémon électrique se sent curieusement très mal à l'aise face à ce type de pokémon sol. Kangourex est enfin bien trop grande, elle ne convient pas plus que les autres.

Elektek se gratte la tête, réfléchissant furieusement. Ils sont désormais dans la quatrième et dernière zone du Parc Safari, et sa dresseuse n'a toujours pas lancée une ball. Elle attend un signe de son pokémon électrique, qui ne vient pas. Elektek ne sait plus quoi faire, maintenant qu'il est de nouveau plein de bonne volonté les idées lui manquent pour trouver ce qu'il cherche. Il a du voir la quasi-totalité des espèces de pokémons du Parc, sans pour autant trancher en faveur de l'une d'entre elles. Il faut pourtant se décider, laquelle pourrait conve...

Les pensées d'Elektek sont interrompues par une patte qui se pose sur son bras, une patte toute petite par rapport au corps auquel elle est attachée.
- Alors mon chou, on s'est perdu ?


La voix est douce, presque chaleureuse et pourtant empreinte d'un soupçon de moquerie tout juste apparent. Elle coule comme une rivière fraîche dans le dos d'Elektek, qui n'ose encore se retourner. La patte est à peine posée sur son bras, prête à se retirer.
- Alors Elektek, qu'est-ce que tu vois ?
- Rien encore...

Il n'ose se retourner pour voir le, ou la pokémon inconnu. Pourtant il ne pourra pas y échapper si Elektek veut répondre à son humaine. Encore faudrait-il en avoir le courage.
Pour se laisser une dernière fois un peu de temps, il ferme les yeux avant de faire lentement, très lentement volte-face. L'inconnu est en face de lui à présent, il sent une odeur piquante, comme un fruit ou une fleur exotique et agressive, qu'il ne reconnaît pas.
- Tu m'as vraiment l'air d'un drôle d'oiseau... sans vouloir t'offenser mon chou.

Cette fois la voix lui semble moins masculine, sans compter que dans cette odeur sucrée et piquante à la fois se trouve un indiscutable arôme féminin, inimitable. Elektek respire une dernière fois et s'emplit le nez, les poumons de ce parfum avant d'ouvrir brusquement les yeux.
Plus aucun doute, c'est une femelle. La forme des antennes, la couleur du poil ne trompent pas. Le genre de choses qu'un humain ne voit pas ou très difficilement, mais qui ne peut échapper à un pokémon digne de ce nom.

Un poil lustré, abondant, qui ondule doucement au vent, d'un beau violet profond. La fourrure forme une peluche vivante toute douce, que sa dresseuse adorerait sûrement caresser et câliner. Chose qui saurait sans doute attiser la jalousie d'Elektek, mais ce n'est pas à lui qu'il doit penser en cet instant.
Des pattes minuscules, sans doute pleines de tendresse pour une jeune femelle atteinte de cécité. Lorsque la pokémon se changera en aeromite, l'humaine aura sûrement bien grandi et supportera que sa pokémon s'envole parfois loin d'elle.

Pour finir ce tableau flatteur, des yeux rouges, immenses. Composés de milliers de facettes spécialistes de l'absorption de la lumière, des couleurs ou de l'appréciation des distances et des reliefs. Avec des globes oculaires si bien remplis, le cerveau ne doit plus rien avoir à faire ! Elle devrait savoir voir pour deux, bien mieux qu'Elektek ne le fait actuellement.

Mimitoss penche la tête, c'est-à-dire tout le corps, sur le côté en rapprochant ses membres supérieurs de sa bouche. Signe d'étonnement ou de réflexion ?
- Est-ce qu'on peut t'aider en quoi que ce soit ?

Elektek regarde encore une fois l'adolescente aux yeux blancs et fixes. Sa décision est prise.
- Peut-être bien...