08 - Brèches et fissures
- Bon, j'espère que vous n'avez pas hésité à dépenser tout votre argent en provision, les jeunes, parce qu'on va y rester un moment sur ce caillou !
Peter, Edgar et Sandra acquiescèrent. Après les courses, ils avaient fait soigner leurs Pokémon dans le Centre au pied du Mont Sélénite. Flint s'arrêta à côté d'un arrêt de bus.
- Deux choix s'offrent à nous. Soit on s'engage dans les grottes souterraines, dont les difficiles conditions de vie seules feraient office d'entrainement…
L'antre béante plongée dans les ténèbres n'incitait nullement à la balade.
- … soit on contourne la montagne en bus et on passe la prochaine quinzaine à faire la tournée des bars d'Azuria.
- Ca fait partie de l'entrainement… ? demanda prudemment Peter.
- Non, j'déconne ! La deuxième option c'est de faire de la randonnée sur l'extérieur de la montagne. Vous inquiétez pas ; d'ici on a l'impression que c'est à-pic, mais il y a plein de petits sentiers. On n'aura pas besoin d'escalader. Alors ?
- J'aimerai savoir, s'interrogea Sandra, pourquoi on va s'entrainer dans des cavernes et au sommet d'une montagne alors qu'on a une arène à notre disposition ?
- Ca c'est une bonne question ! s'enjoua Flint. Et la réponse se trouve dans la nature. Je présume que vous avez déjà croisé des Pokémon sauvage, non ? Très bien. Et vous les avez combattus ? Parfait. Vous n'avez pas remarqué que les Pokémon sauvages, malgré leur style de combat un peu brouillon et sans stratégie, frappaient plus fort que les Pokémon domestiqués et résistaient davantage aux coups ?
Petit silence du côté des élèves. Peter se sentit de le briser.
- Maintenant que j'y pense, les attaques de Minidraco étaient assez impressionnantes en termes de puissance lorsque je l'ai rencontré à l'état sauvage.
- Sans parler des Dardargnan de la Forêt de Jade qui nous ont posé de nombreux problèmes, rappela Edgar.
- Mouais, peut-être. Et c'est dû à quoi cette force sauvage ?
- A la rudesse de l'environnement dans lequel les Pokémon sauvages vivent. Dites-vous qu'ils n'ont pas de Centre Pokémon pour se soigner, ni de médicaments et encore moins d'abris dans lesquels récupérer en toute sécurité. Ce qui rend les Pokémon sauvages plus résistants, c'est l'endurance dont ils doivent faire preuve pour récupérer des efforts fournis lors des combats pour défendre leur territoire ou pour chasser leur nourriture. Et les Pokémon dressés n'ont même pas à se déplacer ; leur Pokéball le fait pour eux. Pas surprenant que leurs muscles s'atrophient et perdent en force et en endurance.
Peter semblait méditer la question ; Edgar hochait la tête d'un air entendu. Quant à Sandra…
- Pourtant, mon père entraine ses Pokémon dans l'arène et les soigne tous les jours. Et je ne me rappelle pas l'avoir vu perdre beaucoup de combats.
- Ton père est champion d'arène ? s'étonna Flint.
- Oui, à Ebenelle.
- Ah ! Le « dragonaute », c'est ça ?
- Quel surnom débile... Ouais, c'est lui.
- Je vois, je vois. Eh bien, lorsqu'un Pokémon atteint un certain niveau de force et d'endurance musculaire grâce à un entrainement classique, il faut passer à la vitesse supérieure.
- C'est-à-dire ? s'enquit Peter.
- Imagine que tu veuilles te muscler, poursuivit Flint. Tu vas commencer par des pompes, des tractions, du jogging… au bout d'un moment, ces exercices complets ne te permettront plus d'augmenter ta force ; tu te pencheras donc vers des mouvements plus spécifiques mais plus durs afin de continuer de t'améliorer, comme du développé-couché ou des flexions lestées de poids…
Edgar, lassé d'écouter ce qu'il savait déjà, le coupa.
- Mais comme ces exercices demandent un matériel spécifique, tu ne pourras plus les faire n'importe où, et cette métaphore rejoint le sujet initial : entrainement en extérieur ou en intérieur ? Je suppose que nous avons tous compris où vous vouliez en venir, Flint.
- Donc, conclut Peter, vous voulez qu'on aille se battre dans la montagne pendant deux semaines sans jamais rentrer au Centre Pokémon afin d'endurcir nos Pokémon, c'est ça ?
- Tu as tout compris.
- Alors qu'est-ce qu'on attend pour jouer les Cimmériens ?
Et le groupe se mit en branle.
- Mais on ne sait toujours pas si on va s'entrainer dans les grottes ou à flancs de montagne, rappela Flint.
- On choisit suivant quels critères ?
- Tout dépend de vos Pokémon. Des Pokémon Vol et Electrik dans les grottes sont de mauvaises idées, par exemple, tout comme des Types Feu et Sol sur les pentes escarpées.
- Attendez-moi ! ordonna Edgar, derrière les trois autres.
- Accélère ! Ça te fera du bien un peu d'exercice ! lui répondit Sandra sans se retourner.
- Non mais là, il faut vraiment que vous vous arrêtiez !
- On est sur le départ, là, Edgar ! dit Peter, agacé. Tu gâches tout le côté épique.
- Si c'est de l'épique que tu veux, alors je te conseille de regarder par ici.
- Mes aïeux !
Flint avait attendu Edgar, contrairement aux deux cousins. Quand ces derniers se retournèrent, ils découvrirent un Edgar agenouillé à côté de sa couveuse ouverte. L'œuf brillait !
- Noooon ! Il va éclore !? Trop bien ! s'emporta Sandra en courant vers Edgar et Flint.
- Rooh, non ! Une ration de survie en moins, s'indigna Peter.
- T'es immonde, cousin !
- Tout le plaisir est pour moi.
- Chut ! Savourez cet instant en silence ! grommela Edgar.
- Tu penses que ça va être quoi comme Pokémon ? demanda Peter.
- Je n'en sais rien !
- Tu es médecin, tu dois bien avoir une petite idée, non ?
- Mais qu'est-ce qu'on s'en fout des pronostics ! Il va éclore d'une seconde à l'autre ! objecta Sandra.
Et la fameuse seconde arriva. L'œuf s'illumina complètement et changea progressivement de forme. Il s'aplatit puis s'étira, s'étira, jusqu'à avoir une envergure de presque trois mètres et, enfin, devant tous les visages ébahis, la lumière s'éteignit et révéla un majestueux…
- Un Ptéra ! WOUAAAAAAAAAAAH !!!
- Du calme, Edgar, du calme. C'est grand, c'est beau, c'est rare, mais ça ne mérite pas qu'on se bave dessus pour lui, relativisa Peter.
- Mais c'est un Ptéra, Peter ! C'est un des Pokémon les plus rares au monde ! Et le Professeur Chen qui m'en donne un, comme ça, pof pof pof !
- Tu t'oublies, Edgar.
- Quelle chance ! le félicita Flint, un peu jaloux. C'est un Pokémon incroyable que j'ai toujours rêvé d'avoir.
- Vous trouvez pas qu'il nous regarde bizarrement ? demanda Sandra.
Depuis son éclosion, le Ptéra n'avait de cesse de fixer le groupe de son regard carnassier.
- Je sais pas vous, mais moi, il me fait peur.
- Mais non, c'est un nouveau-né, il ne fera de mal à personne, fit Peter en s'approchant du Pokémon, confiant. Pas vrai petit Ptéra ?
Soucieux de l'image de leader entreprenant que Peter se doit de conserver au sein du groupe, Ptéra décida de corroborer les dires du rouquin et lui proposa instamment d'embrasser ses crocs ; une autre interprétation serait que le Pokémon voulait dévorer le dresseur.
- A l'aide ! Au secours, il veut m'bouffer !
- Un Pokémon Vol… réfléchit Flint pendant qu'Edgar et Sandra aidaient Peter à ne pas mourir. Alors nous gravirons la montagne par l'extérieur !
*
* *
- Ptéra, attaque Cru'Aile…
Quatre jours après avoir entreprit de gravir le Mont Sélénite, les bourreaux de travail en avait eu pour leur grade ; dès la fin du premier jour, Flint, confondu par la mollesse des Pokémon de ses trois élèves, les avait enjoint, sinon obligé, à laisser leur Pokémon en dehors de leur Pokéball pour toute la durée de l'entrainement. Léviator et Hypocéan se mouvaient en nageant dans des rapides à contre-courant en suivant la marche forcée que subissaient Minidraco, Rapion, Tylton et Vipelierre.
Quid de Ptéra ? Eh bien…
Pour toute réponse à l'ordre de son dresseur, Ptéra poussa un hurlement assourdissant qui fit retourner tous les autres Pokémon dans leur Pokéball.
- Edgar, merde ! Y en a qui essaient de bosser ! s'énerva Peter.
- Mais qu'est-ce que j'y peux !? Ce satané Pokémon n'écoute rien de ce que je lui dis ! Et tu es bien placé pour savoir que la moindre remontrance le rend agressif.
Ptéra était partit faire valdinguer des rochers avec fureur sans se soucier d'où ils retomberaient.
- Eh mais arrête-le ! Il va tuer quelqu'un à force ! pesta Sandra.
- C'est bon Edgar, rappelle-le, concéda Flint.
- Vous êtes sûr que c'est la bonne méthode pour le rendre obéissant ? demanda Edgar après avoir rappelé son semeur de troubles.
- Certain ! Mon Onyx aussi était comme ça à ses débuts. Il n'écoutait rien et saccageait tout comme s'il était seul au monde. A force de l'appeler de temps en temps, il s'est mis à remarquer ma présence et on a pu commencer à s'entendre. Mais pour l'instant, mieux vaut l'habituer petit à petit au grand air, sinon il risque vraiment de blesser quelqu'un.
- J'approuve l'idée de Flint : plus brèves seront ses libérations, mieux je me porterai, renchéri Peter, encore apeuré par le Pokémon Roche qui avait failli le dévorer.
- N'allons pas jusque-là… temporisa Flint.
- C'est pas vous qui vous êtes retrouvé dans sa gueule à devoir écarter ses mâchoires pour pas vous faire broyer !
- T'es pas le seul qui a failli se faire mutiler par ce Ptéra… souffla Sandra. On y est tous passé.
Peter fut positivement surpris par sa cousine.
- Depuis quand tu tempères les gens lorsqu'ils râlent ?
- Tu chouines sur ce Ptéra depuis quatre jours, au moins dix fois par jour ; normal que j'ai envie que tu la boucles.
- Au moins je me plains pour quelque chose de plus important que mes pauvres baskets qui prennent cher.
- On a pas le même sens des valeurs alors, parce que sur mon échelle, mes baskets passent avant ta vie.
- Alors planque-les bien ce soir, sinon tu risques de te réveiller avec des chaussures-mimosa.
- Tu fais ça, j'te tue !
- On s'en fout, t'as dit que ma vie n'avait pas d'importance.
- STOP !
Flint avait suffisamment haussé le ton pour faire taire les deux belligérants.
- Assez d'énergie pour se disputer ? Alors assez d'énergie pour s'entrainer.
- On a eu que dix minutes de pause ! se plaignit Sandra. Et c'est lui qui…
- Aucune importance. Refaites sortir vos Pokémon et faites-moi tous cent abdos !
Les trois dresseurs se plaignirent mais s'exécutèrent. Après les abdos, se furent les pompes, puis vinrent les exercices plus élaborés du cru de Flint : Peter devait lancer de gros rochers aussi loin qu'il le pouvait et Léviator avait pour consigne de les dégommer avec son Hydrocanon comme des disques de ball-trap. Ceux avec Minidraco allaient encore plus loin : Peter devait tenir devant lui une dalle de pierre en guise de bouclier et supporter les Ouragan de son Pokémon jusqu'à ce que ce dernier n'ait plus de souffle.
Sandra, agrippée aux pattes de Tylton au-dessus de sa tête, n'imaginait pas en voyant la stature de son Pokémon qu'il avait une force pareille ; son but était d'empêcher Tylton de décoller en le tirant au sol à la seule force de ses bras tendus. Mine de rien, l'Oiseaucoton avait plus d'une fois réussi à la soulever de terre. Hypocéan accomplissait des exercices similaires à ceux de Léviator, à la différence qu'il devait davantage travailler la vitesse de tir que la puissance ; de fait, Sandra ne pouvait lancer des charges de même poids que son cousin. Les exercices de Rapion visaient principalement les attaques de Type Poison ; l'un d'eux consistait à lui faire mordre une buche de toutes ses forces avec Crochetvenin pendant que Sandra secouait le bout de bois en tous sens afin de faire lâcher prise au Pokémon.
Edgar, quant à lui, était cantonné à l'entrainement de Vipelierre ; Ptéra était jugé trop dangereux pour l'instant. Il devait construire des pyramides de rochers avec son Pokémon avant que ce dernier ne les détruisent cailloux par cailloux avec des Fouet Lianes très précis. La tâche était éreintante.
Flint, dans son coin, faisait s'opposer son Onyx à son Rhinastoc. Les chocs résultant de chaque attaque étaient impressionnant, mais le dur labeur des trois jeunes dresseurs les maintenait concentrés sur leurs propres affaires. Puis survint un choc terrible, bien plus impressionnant que les autres ; la terre trembla sous l'impact. Tous s'arrêtèrent.
- C'était vous, Flint ? demanda Edgar.
- J'aurai aimé, mais non.
- Si je te dis que c'est moi, tu me crois ? proposa Peter.
- Si ça peux te faire arrêter de dire des conneries, oui, répondit Sandra.
- Qu'est-ce que ça peut être ? s'intéressa Edgar. Une activité volcanique ?
- Aucune chance, le Mont Sélénite n'est pas un volcan. Un faible séisme serait plus probable que…
Une explosion colossale fit voler en éclat un mur de roche à tout juste cinquante mètres du groupe ; un épais nuage de poussière envahit l'air.
- Minidraco ! Ouragan !
Le Pokémon Dragon souffla un immense tourbillon de jade et l'éleva très haut dans les airs. La poussière de l'air ambiant suivit la trajectoire ascendante de l'attaque et fut emportée par les vents.
Du trou que l'explosion avait creusé dans un mur de pierre sortit à toute berzingue une jeune femme aux longs cheveux bruns. A sa suite apparut une horde de Pokémon vociférant, apparemment très remontés contre elle. Dans le lot : un Grolem, un Nidoqueen, un Nidoking, un Steelix et un Charmina. Elle courut en direction de Flint, Edgar et Sandra et les dépassa sans s'arrêter.
- Même si rien ne vous y oblige, m'aider est une option ! leur rappela-t-elle.
Flint se remit de sa stupeur le premier.
- Vous en faites pas ma petite dame, on va vous aider ! Revenez, les pachas ! Caratroc, go !
Flint rappela ses deux Pokémon et libéra le tout petit Pokémon Pourri (quand je vous disais que le Pokédex n'était vraiment pas clément avec certain Pokémon). La jeune femme brune s'arrêta au niveau de Peter, un peu en retrait, et observa ce qui se passait.
- J'ai horreur d'être pessimiste, dit-elle, mais quand je vois un Caratroc face à ses cinq monstres, je me sens obligée de l'être, pas vous ?
- C'est le futur champion d'Argenta, je suppose qu'il sait ce qu'il fait, marmonna Peter, intrigué par le flegme, et même par le sourire enjouée de la jeune femme. Elle avait de grands yeux bleus rieurs qui…
- Caratroc ! Astuce Force !
Alors que les cinq assaillants fonçaient vers Caratroc, celui-ci s'illumina soudain d'un flash blanc. Ils étaient pratiquement sur lui.
- Piétisol !
Et ce fut l'apocalypse. Le Pokémon Insecte martela le sol de ses tentacules et fit trembler la montagne au point que la terre s'éventra sous leurs pieds. La poussière vola, les rochers s'éboulèrent et le sol s'effondra sur lui-même, engloutissant humains et Pokémon à sa surface.
En s'enfonçant dans les affres du Mont Sélénite, les dernières pensées de Peter furent pour l'indicible puissance du petit Caratroc.
*
* *
Mal au crâne. Mal au dos. Mal partout en fait. Et ce lit n'est pas confortable dutout. Il ouvre un œil. Une faible lueur. Il essaie de parler mais ne parvient qu'à gémir.
- Ah ! Tu es réveillé ?
Peter se redresse. Il était allongé sur un lit de pierre, pas étonnant qu'il ait si mal au dos. Il cligne plusieurs fois des yeux pour s'accoutumer à l'obscurité, mais rien n'y fait ; la faible lueur qui lui permet de distinguer le visage d'une jeune femme brune aux yeux bleus provient d'un Lumivole. Sans doute lui appartient-il, tout comme le Kaiminus qu'elle tient dans ses bras.
- On est où ? finit-il par articuler.
- Tiens, bois, lui dit-elle en tendant une bouteille d'eau.
Il boit de grandes gorgées mais s'étouffe ; sa gorge est sèche et sa langue rappeuse. Il boit de nouveau, mais par petites gorgées cette fois. Son mal de tête est lancinant.
- Je t'ai rencontré sur le Mont Sélénite, raconte la jeune femme. Des Pokémon sauvages m'ont attaquée et un homme les as pulvérisé avec un Caractroc ; enfin, quand je dis pulvérisé, c'est une façon de parler, hein ? L'attaque a été si puissante que le sol s'est effondré et nous a emportés ici. Je pense qu'on devait se trouver au-dessus d'une grotte, d'où notre présence ici. Au fait, je m'appelle Catherine Cobalt, mais tu peux m'appeler Catty si tu veux.
Malgré la faible lumière, Peter ne peut s'empêcher de froncer les sourcils. Il se tâte le crâne à la recherche d'éventuelles bosses.
- Ne t'en fais pas, j'ai vérifié : tu n'as aucun trauma à la tête, le rassure Catty.
- Tu es docteur ? articule-t-il difficilement tant ses propres mots résonne dans sa tête.
- Non, je suis pharmacienne, mais c'est plus ou moins le même cursus que pour médecine. Comment t'appelles-tu ?
- Peter…
- Peter comment ?
- Peter Johnson. Pourquoi tu souris alors qu'on est enseveli ?
- Je suis contente qu'on soit toujours en vie et sans blessures. Il faut voir le bon côté dans la vie, sinon, ça devient vite moche. Tu as une montre sur toi ?
Peter regarde bêtement à son poignée ; il n'a jamais aimé porter de montres, pourquoi en aurait-il subitement une ? Il sourit de sa bêtise et se réjouit du retour de sa lucidité.
- Non. Tu cherches à savoir depuis quand on est ici ?
- Oui. Je me suis réveillée à peu près une heure avant toi. J'ai appelé Curie pour faire un peu de lumière puis je t'ai secoué, mais rien à faire. Alors je t'ai examiné et j'ai attendu ton réveil. Je me demande où est l'homme au Caratroc maintenant.
Le souvenir d'Edgar, de Sandra et de Flint se rappela soudainement à Peter et finit de le réveiller. Il se leva et constata après coup que la voute était tout juste assez haute pour qu'il puisse se tenir debout.
- Flint. Le dresseur du Caratroc s'appelle Flint, et la fille avec lui s'appelle Sandra ; c'est ma cousine. Ils ne sont pas dans la même grotte que nous ? parvint à dire Peter avec un calme relatif.
- Il y avait une troisième personne avec eux ; un homme bien habillé, non ?
- Lui, c'est Edgar. Il nous a rejoint depuis peu, d'où l'intérêt moindre que je lui porte.
- C'est pas très sympa.
- C'est la dure loi de la priorité familiale. Tu sais où ils sont ?
- Pas plus que toi. Les éboulis bouchent la grotte derrière moi et ça descend dangereusement de ton côté ; j'attendais que tu te réveilles pour explorer. Dire que les spéléologues se mettent dans des situations pareilles tous les jours par plaisir et vocation. Je ne sais pas comment ils font ; c'est oppressant pour moi !
Catty regardait ingénument les parois rocheuses avec une pointe de fascination dans ses grands yeux bleus.
- T'as pas l'air plus oppressée que ça, nota Peter.
- C'est ce que je ressens qui est important, pas ce que je montre. Tu imagines ? Un monde où les gens agiraient exactement en fonction de leurs pensées et de leurs sentiments ? Un monde où personne ne pourrait rien cacher de son ressentit ?
- Pourquoi es-tu devenue pharmacienne ? Tu aurais fait une merveilleuse sociologue.
- Me faire quitter le monde de la pharma, ce serait un peu comme tuer la poule aux œufs d'or pour certains.
- Quelle modestie… Mon œuf !
Peter chopa Lumivole par une patte et éclaira le sol à la recherche de la couveuse. Il la trouva, brisée en mille morceaux.
- Oh non ! Mon œuf ! Merde ! Merde ! MERDE ! C'est pas possible que j'ai autant la quinte !
- Peter, je…
- Toi, boucle-là ! C'est à cause de toi que je suis ici et que mon œuf s'est fait écrasé !
- Tiens.
Elle tendit à Peter le Kaiminus qu'elle portait dans ses bras. Le Pokémon avait l'air, mais alors, ravi ; blasé au possible, il se foutait éperdument d'être un objet de passation. Peter le prit, incrédule.
- C'est… c'est… bredouilla-t-il.
- A mon réveil, la couveuse était écrasée mais pas l'œuf ; il avait roulé jusqu'à mes pieds et a éclot peu de temps avant que tu ne reprennes connaissance. Je suis désolée que tu ais manqué son éclosion.
Catty n'avait pas l'air désolée ; elle arborait toujours cet air serein, calme, presque jovial. Peter s'en moquait ; son œuf avait éclot et donné naissance à un Kaiminus en bonne santé. Le reste lui importait peu.
- Désolé d'avoir raté tes premiers pas sur cette Terre, Kaiminus ; ou plutôt, en dessous. Mais t'inquiète pas, on va sortir de là. On se met en route, Catty ?
- Je t'attends, moi, sourit-elle.
Les deux dresseurs accompagnés de Kaiminus et de Lumivole entreprirent de descendre plus profondément encore dans le réseau de tunnels du Mont Sélénite.
*
* *
- Putain mais c'est pas vrai ! C'est du sexisme !
Sandra, entourée de Flint et d'Edgar, tenait l'objet de sa colère à bout de bras ; un Mélo, fraichement éclot de son œuf peu de temps après leur chute dans les grottes. Contrairement à son cousin, elle avait pu assister à la naissance de son Pokémon, le tout à la lumière blafarde de la lampe torche de Flint.
- Pourquoi c'est la gonzesse qui se tape toujours un Pokémon rose, petit et faible !?
- Tu ne crois pas que tu y vas un peu fort, là ? demanda Flint.
- Non mais c'est vrai ! Edgar a eu un Ptéra ! Un PTERA ! Plus mec et brutal comme Pokémon, tu meurs ! Et j'suis sûr que mon cousin a eu un truc dantesque lui aussi ! Et le marshmallow qui réagit même pas !! ALLOOOOO !!! cria-t-elle dans les oreilles de son Pokémon.
Mélo, les yeux grands ouverts, le regard neutre et la moue inexpressive, fixait Sandra béatement sans s'émouvoir de ses cris ni de ses grands gestes. Elle finit par le poser par terre et alla shooter dans des cailloux pour se défouler.
- Tu ne devrais pas enguirlander ce Mélo, lui reprocha Edgar en allant consoler le Pokémon par de petites caresses sur le crâne, ce à quoi la créature ne porta aucune attention, trop occupée qu'elle était à essuyer des pierres puis à les aligner savamment. Il n'a pas demandé à être un Mélo, tout comme tu n'as pas demandé à avoir les cheveux bleus. Et je trouve bien trivial de t'inquiéter de la faiblesse, toute relative, de ton Pokémon nouveau-né alors que nous sommes ensevelis dans les tréfonds de la Terre.
- A dire vrai, nous sommes enterrés au-dessus du niveau de la mer, puisque nous sommes dans une montagne. C'est paradoxal, vous ne trouvez pas ? en rit Flint.
- Et puis d'où tu dis que m'intéresser à mon Pokémon est trivial ? Il vient d'éclore ; j'ai quand même le droit de me faire une opinion de lui, non ?
- Présentement, ce n'est pas notre priorité. La seule et unique chose à laquelle nous devons nous intéresser à l'heure qu'il est, c'est au moyen de sortir d'ici !
- Nous n'avons qu'à suivre les grottes jusqu'à la sortie et on sera sauvé, résuma Flint.
- Et si c'est un cul-de-sac !? râla Edgar, irrité que ses deux comparses prennent leur survie autant à la légère.
- Je n'aurais qu'à demander à Onyx de creuser jusqu'à raccorder notre galerie à une autre.
- Et prendre le risque de provoquer un nouvel éboulement !?
- Caratroc est capable de faire s'effondrer un pan de montagne ; je pense que retenir quelques éboulis ne devrait pas lui poser trop de problèmes, raisonna calmement Flint.
Et de siffler d'admiration devant le travail de Mélo qu'il éclaira de sa lampe torche. Sandra alla frapper du pied les lignes de cailloux de Mélo ; ce dernier observa la scène sans s'émouvoir et repris sa tâche sous le regard médusé de Sandra.
- Mais c'est quoi ce Pokémon autiste !?
- Ce n'est peut-être pas très constructif, mais il met du cœur à l'ouvrage le petit.
- Il met que dalle ! On dirait un robot !
- Ce n'est pas une raison pour le mésestimer. Il est organisé, c'est une qualité qui peut s'avérer utile en combat.
- Hé !
Sandra et Flint se tournèrent vers Edgar qui avait crié.
- Mais vous avez finit d'admirer ce Mélo alors qu'on est enterré vivant sous des tonnes et des tonnes de gravats et qu'un autre éboulement peut tous nous tuer à tout instant si on ne sort pas rapidement d'ici !? A vous entendre, on croirait que tout va pour le mieux et que nous n'avons pas à nous inquiéter. Mais SI !! SI !! Il faut nous en faire! Nous en faire pour nos vies ! Vous êtes irresponsables et inconscients, ma parole !
Sandra et Flint se désintéressèrent de l'œuvre de Mélo pour se tourner vers Edgar qui était rouge de colère.
- Mais t'as finit de flipper, oui !? répliqua sèchement Sandra.
- Je « flippe » pour une bonne raison !
- Non ! Tu flippes parce que t'es incapable de relativiser une situation ; regardes ! On est en vie ! On a été emporté par un éboulement et on a survécu et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est râler parce qu'on s'occupe pas assez des « priorités » à ton goût !? Mais merde Edgar ! Depuis que t'es avec Peter et moi, t'arrêtes pas de faire la leçon à tout le monde, de nous dire qu'on est trop frivole, pas assez sérieux ; mais on fait pas ce voyage pour se prendre le chou ! On le fait pour le fun !
- Et tu trouves qu'être enterré vivant, c'est fun ? Tu trouves que m'occuper de notre survie c'est se prendre le chou !?
- Non, c'est pas fun d'être ici, mais je fais avec. Mon Pokémon vient d'éclore et même s'il me plait pas, je m'intéresse un minimum à lui. Oui, je sais qu'il faut vite sortir d'ici, mais ça sert à rien de me speeder comme tu le fais car, comme l'a dit Flint, on sait déjà comment se barrer. Alors arrête de te croire plus intelligent que tout le monde parce que tu tires la gueule !
- Je t'interdis de… !
Flint avait posé une main sur l'épaule de chacun ; Edgar et Sandra se turent, haletant.
- Je ne te connais pas depuis longtemps, Edgar, mais j'ai suffisamment voyagé à tes côtés pour me faire l'opinion suivante à ton propos : tu crois que la priorité ne peut s'accorder qu'à une seule et unique chose à la fois. Tu passes d'une préoccupation urgente à l'autre sans prendre le temps de t'intéresser aux petites choses qui t'entourent. Tu n'es pas blessé ?
Déconcerté par le brusque changement de sujet, Edgar perdit de sa contenance.
- Euh… non, je vais bien.
- Et nous, tu sais si nous allons bien ? continua Flint.
Edgar ne répondit pas ; une pointe d'irritation le saisit de nouveau mais elle fut bien vite balayée par une vague de malaise lorsque Flint dirigea le faisceau de sa lampe sur la jambe gauche de Sandra ; au niveau du mollet, sa chair était à vif sur une bonne trentaine de centimètres.
- Je… euh…
- Tu te plaints des problèmes qui te sautent aux yeux et tu t'y accroches comme une tique sur un Caninos en essayant de faire de ces problèmes ceux de tous. Mais sache, Edgar, que relever un problème avec aigreur ne rendra sa résolution ni plus facile, ni plus urgente aux yeux des autres, car eux aussi ont des problèmes ; parfois même plus pressant que les tiens, tu n'es pas d'accord ?
Edgar baissa la tête et fixa la plaie sanguinolente de Sandra du coin de l'œil.
- Ça te fait mal ? demande-t-il timidement.
- Qu'est-ce-que t'en as foutre de toute façon ; tu demandes ça pour te donner bonne conscience. Pas étonnant que le Professeur Chen ait voulu te virer !
- Inutile d'en venir aux reproches, temporisa Flint. Vient, Sandra, je vais te désinfecter ça et te faire un bandage.
Flint éloigna Sandra d'Edgar et commença à la soigner ; Edgar se sentit bête de ne même pas avoir proposé de la panser. Puis il se sentit bête de tout, bête tout court. Il s'éloigna des deux autres, s'assit sur un rocher et fit sortir Vipelierre.
Les yeux rivés sur ses chaussures, il lui caressa la tête machinalement comme il ne l'avait pas fait depuis des années.
*
* *
- Allez Kaminus, viens ! Saute ! Je te rattrape, je te dis !
Peter et Catty avait descendu l'abrupte pente de leur caverne mais avait laissé leur Pokémon en haut du pan de roche ; il était haut de près de trois mètres. Ce ne fut pas bien difficile à descendre, mais à monter, ç'aurait été une autre histoire. Lumivole avait suivi leur escalade afin de les éclairer de sa lumière, mais Kaiminus avait préféré attendre en haut avec force tirages de tronche et caprices.
Mais maintenant que Peter lui intimait de sauter, le petit reptile tournait le dos au dresseur et feignait de trouver un tout nouvel intérêt dans l'examination des diverses pierres qui clairsemaient le sol ; il y en avait des noires, des grises, des ocres, des nacrés, des mates, des brillantes, des transparentes… en fait, ça le saoulait. Alors il s'assit là et attendit mollement, les bras ballant.
- T'es sûre qu'y a pas eu un rocher qui a endommagé l'œuf ? Ca expliquerait les séquelles mentales…
- Certaine. Il était intact lorsque je l'ai trouvé.
- C'était une blague, je n'y pensais pas sérieusement, explique Peter à une Catty ingénue. Bon, on va changer de méthode.
- Tu devrais essayer de l'attraper avec une Pokéball.
- C'est l'idée. Pokéball, Go !
La sphère bicolore partit en direction de Kaiminus qui la repoussa négligemment d'un coup de boule sans même se relever.
- Mais quelle plaie ce Pokémon ! Vaut mieux pour toi que ce soit une Pokéball qui te chope, parce que si c'est moi…
- Tu ne vas pas faire de mal à un Pokémon, si ? s'inquiéta Catty.
- Euh… je… merde Catty, tu viens de bousiller mon plan d'intimidation !
- En même temps, il n'a pas l'air de faire très attention à ton plan.
Kaiminus s'était allongé et avait disparu du champ de vision des deux dresseurs.
- Bon, tu vas me faire la courte échelle pour que je puisse le trainer ici par la peau du cul !
- Mais tu es plus lourd que moi, alors on devrait…
- Pas grave, ma colère me donnera des ailes. Allez, pousse !
- Les bonnes manières se perdent.
- J'espère que tu dis ça pour Kaiminus.
- Non, pour toi, avoua-t-elle simplement.
Peter parvint à se hisser en haut du petit ravin qu'il avait déjà descendu et trouva Kaiminus étendu de tout son long à regarder le plafond d'un air blasé. Le Pokémon lui adressa un simple coup d'œil détaché avant de retourner à sa contemplation.
- Tu vas continuer longtemps à glander comme ça ? soupira Peter.
Le Kaiminus lui répondu par un haussement d'épaules sans même le regarder.
- D'accord… BOUGE TON CUL GROSSE LARVE !! HIPPIE DE MERDE !! ENCAUSTIQUEUR DE MOUCHES !!
Les hurlements furieux et soudains de Peter firent immédiatement se lever Kaiminus.
- ALLEZ !! SAUTE !!
- Peter, tout va bien ?
- Nickel, je gère ! SAUTE, TAS DE FLANC ! SINON C'EST MOI QUI T'EJECTE EN BAS A COUPS DE POMPES DANS L'OINGON !
Kaiminus semblait non pas apeuré par tous ces cris et menaces mais plutôt boosté, comme si la situation avait soudainement gagné en intérêt. Il s'approcha du bord du ravin, mit ses bras en croix à l'image des grands plongeurs et se laissa au final bêtement tomber en contrebas comme un ivrogne se laisse choir sur son lit au retour d'une soirée trop arrosée.
- C'est bon, je l'ai Peter !
- Tout ça pour ça… J'arrive.
Peter se laissa une nouvelle fois pendre au bord du ravin en se tenant à une corniche et se laissa tomber sur une surface plane pour ne pas trop pâtir de la réception. Il y parvint, non sans faire douloureusement craquer se genoux.
- Tu ferais mieux de capturer ce Kaiminus avant qu'il n'ait une nouvelle fois idée de rester en arrière.
- C'est bien la première fois que j'entends dire qu'il faut capturer un Pokémon pour lui éviter de mourir au fond d'une grotte…
Et de capturer le reptile récalcitrant.
- Fais pas la tête, l'enjoint Catty. Vous allez bien vous entendre tous les deux.
- Ça se voit que tu ne me connais pas. Moi, les branleurs, je les savates !
- C'est vrai, je ne te connais pas. Mais quoi de mieux qu'un huit clos dans un souterrain pour faire connaissance ? Par exemple, pourquoi étais-tu sur le Mont Sélénite ?
- Je m'entrainais avec le futur champion d'Argenta afin de vaincre celui en place actuellement. Et toi ? Qu'est-ce qui t'a menée à être poursuivie par cinq Pokémon sauvages en colère ?
- Je ne le sais même pas moi-même. J'ai sans doute dû les déranger dans leur tanière en traversant une grotte.
- Et pourquoi traverser les grottes du Mont Sélénite toute seule ?
- J'avais envie d'un peu d'aventure. Vois-tu, préparer des médicaments pour Pokémon toute la journée, ce n'est pas très diversifié comme activité, alors comme je devais me rendre à Argenta depuis Azuria, je me suis dit que peut-être je pourrais mettre un peu de piquant dans le voyage. Sauf que…
- Sauf qu'il est un peu trop relevé à ton goût maintenant, ricana Peter.
Catty sourit en retour.
- Et que voulais-tu faire à Argenta ?
- Me rendre au siège de Kanto TV pour leur proposer un sujet d'émission ; je connais des collègues qui m'ont proposé de travailler avec eux sur le développement d'une certaine molécule et j'ai pensé que se faire financer nos recherches par la télévision, ce ne serait pas une mauvaise idée.
- C'est vrai que c'est à la mode ces temps-ci. Mais tu t'es plantée.
- De ?
- De ville, Catty. Kanto TV a déménagé et leur siège est à Lavanville depuis plus d'un an.
Catty se figea et parut réfléchir.
- Tu es sûr ?
- Certain. J'ai fait mon stage de fin d'année chez eux, et à moins qu'Argenta se trouve au bord de l'Océan, j'étais bien à Lavanville.
- … Alors tu es journaliste ?
- … Ca ne te fait rien de savoir que tu as traversé le Mont Sélénite et failli tuer quatre pauvres dresseurs pour rien ?
- Je te l'ai déjà dit : voir le bon côté ! Je me suis trompée de ville, mais j'ai malgré tout rencontré un journaliste…
- Diplômé en journalisme, nuance.
- … qui connait surement des gens influents au sein de Kanto TV, pas vrai ?
- Mmhh… C'est vrai que je me suis fait un bon pote parmi les reporters ; je ne l'ai pas vu depuis l'été dernier mais on est resté en très bon terme. Si tu as le temps, et qu'on parvient à sortir d'ici, je peux te présenter à lui lorsqu'on passera à Lavanville.
- Tu ferais ça !?
- Tu as fait s'ébouler une montagne sur moi. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
- … trop d'ironie en une seule phrase…
- Et puis j'ai bien envie de passer par Lavanville, même si je n'y suis pas obligé, pour revoir ce vieil ami. Après tout, j'ai entreprit ce voyage pour le fun. T'as l'air sympa et pas chiante ; ça me changera d'avoir quelqu'un comme toi à mes côtés.
- Merci beaucoup, Peter. J'accepte ton offre de… tremblements ?
- Tremblements ?
- Oui. Tu ne les sens pas ? La caverne tremble.
- Ah, si. Tu crois que les gens atteins de la maladie de Parkinson se croit guéris lors d'un tremblement de terre ?
- … Non. Et on dirait que… ça se rapproche… Ah !
BOUM ! Un mur de la caverne vola en morceaux.
- Mais c'est la mode de faire péter des cailloux ou quoi !?
Un Onyx sortit du trou ainsi fait, suivi par Flint, puis par Edgar qui aidait Sandra à marcher.
- Sandra ! cria Peter en courant vers sa cousine. Tu es blessée ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
- Yo cousin ! T'inquiètes pas, c'est qu'une belle entaille que j'me suis faite sur un rocher. Y a pas de casse !
- Si tu t'en fous, alors c'est que ce n'est pas grave. Et toi Edgar, tout baigne ?
- Mmh…
Edgar fuyait le regard de Peter alors que Sandra allait s'appuyer sur son cousin. Peter interrogea Sandra du regard, mais celle-ci éluda la réponse d'un geste de la main. Edgar s'éloigna en silence avec son Vipelierre.
- Comment avez-vous fait pour nous retrouver ?
- C'est Flint et son Onyx qui ont tout fait. D'ailleurs, tu savais que les Pokémon Roche bouffaient la terre et la pierre qu'ils dégageaient en creusant ? Bon, je trouve ça dégueulasse, mais avoue que c'est foutrement pratique pour creuser des galeries depuis un tunnel !
- J'avoue, rigola Peter. T'as appris d'autres savoirs inutiles avec Flint et Edgar ?
- Te moques pas ! Pour une fois que je trouve des trucs de ce genre intéressants… Et toi, cousin, t'as fait copain-copain avec la fugitive ?
- J'ai fait mieux que ça : je l'ai invitée à nous accompagner jusqu'à Lavanville.
- En quel honneur ?
- Tu n'as qu'à aller lui demander ; elle est sympa et elle s'est même occupée de mon Kaiminus quand il a éclot.
- Ton œuf a donné un Kaiminus ? Rooh la baise…
- Pourquoi ?
- J'te raconterai. Hey… euh… machin ! Il parait que tu vas nous accompagner pendant un moment, alors faut qu'on parle ! Histoire de se serrer les coudes entre filles.
Et de s'éloigner de Peter clopin-clopant. Flint, après avoir félicité et rappelé son Onyx, s'approcha de Peter.
- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda le futur champion d'un air sombre.
- Sandra ? Que c'est votre Onyx qui…
- Pas Sandra, mais la jeune fille brune.
- Elle s'appelle Catty. Elle m'a dit qu'elle voulait aller à Argenta pour faire de la télé. Mais comme le siège de Kanto TV est maintenant à Lavanville…
- Et sur les Pokémon qui la poursuivaient ?
- Apparemment, elle a dérangé des Pokémon sauvages dans une grotte sans faire exprès et elle a couru tant qu'elle a pu pour les semer. Pourquoi ? Vous la soupçonnez de mentir ?
- Je ne la soupçonne pas ; je sais qu'elle ment. Le Mont Sélénite n'a jamais abrité de Meditikka ni de Charmina à l'état sauvage.
- Vous voulez dire que…
- Les Pokémon à ces trousses n'étaient pas sauvages. Quelqu'un lui donnait la chasse.
Peter pesa l'importance de ces mots et regarda en direction de Sandra qui discutait tranquillement avec Catty ; cette dernière le fixa un court instant et lui adressa un sourire avant de retourner à sa conversation.
- Une fois que nous serons de retour à la surface, ce qui ne devrait plus tarder, nous rentrerons directement à Argenta. Après ça, je te conseille de garder un œil sur cette Catty. Ses histoires ne m'inspirent guère confiance, alors méfies-toi d'elle, Peter.