Les Larmes de Jirachi de mixiwelch

Flash !
« Attention ! Vous êtes prêts ? » Demanda vivement Matthew. « Le petit roucool va sortiiiiir ! »
Flash !
D'un côté, un sentier caillouteux sous le soleil timide et la bise de septembre qui commençait à se faire plutôt fraiche, et Matthew avec son appareil photo à la main qui mitraillait ses compères d'une visée amatrice.
De l'autre, Zan, portant sur lui le poids du monde au moins : Elza était montée sur son dos et portait dans ses bras la petite Hélio qui arborait fièrement son nœud orangé. Dizzy, à sa place favorite, trônait joyeusement sur la tête de sa dresseuse et supportait le pauvre Chinchou qui ballotait d'un côté à l'autre de l'immense pyramide tremblante avec l'air de quelqu'un proche de l'évanouissement.
Après une nième dégringolade de cette pyramide mi-humaine mi-pokémon, et après être montés une centaine de fois sur les épaules meurtries de ce pauvre Zan, Elza atteint enfin un équilibre stable et, portant à bout de bras Hélio tandis que les deux autres s'installaient, Matthew enclencha son appareil et les pris en photo.
« C'est dans la boite ! » Lança-t-il d'un air triomphant.
« Enfiiiin ! » S'écria Elza en s'étirant – tous les os de son dos craquèrent. « Je commençais à regretter d'avoir eu cette idée ! »
Zan, effondré, ne put que gémir de plaisir lorsque tout le monde fut descendu de lui. Il l'étala de tout son long dans l'herbe fraîche et huma avec plaisir la douceur de l'herbe humide. Et la satisfaction de n'avoir à porter que ses propres écailles.
Ils avaient pris des dizaines de photos. Assis tranquillement sur de gros rochers gris, ils visionnaient les images de leur matinée à l'aide de la fonction numérique de l'appareil.
« ZAN ! Mais ! TU MANGEAIS ENCORE UNE GLACE ?! Ne proteste pas, la photo le prouve ! » S'égosilla Elza en bondissant sur ses jambes. « Tu es vraiment… ! »
Zan préféra battre en retraite et se réfugia de l'autre côté du groupe, derrière Macronium qui le regarda en riant d'un air moqueur.
Les photos défilèrent.
« Je peux en faire imprimer et livrer ! Je vais en sélectionner quelques unes et on ira les récupérer dans la prochaine ville ! A savoir Oliville, en fait.
- Ah, ça marche !
- Je vais envoyer les données à la SARL de Doublonville par wi-fi. C'est vraiment bien foutu leur truc ! » S'exclama joyeusement le garçon.
Elza soupira de contentement et observa le ciel aux alentours. L'hiver approchait doucement, et l'air se rafraichissait un peu plus chaque jour. Il ne pleuvait plus vraiment, et on pouvait dire que, pour la première fois depuis le début de leur aventure, le temps était de saison.
Elle avait perdu presque tout son bronzage, après l'été caniculaire qu'ils avaient subi, et semblait tout d'un coup bien plus pâle qu'auparavant. Elle appelait Myxilia de temps en temps, mais celle-ci se faisait de plus en plus discrète. Elle était persuadée d'être sur écoute, et ne parlait que de choses banales, si bien qu'Elza n'avait presque plus aucune nouvelle des activités de Twilight. Elle avait bien essayé d'appeler Alexandre, mais il tombait toujours sur Candice et elle refusait de la renseigner elle aussi.
Elle secoua la tête. Peu importait. Son intégration à Twilight n'avait jusqu'à maintenant pas vraiment servit à grand-chose. Peter ne l'avait encore jamais appelé en personne pour lui confier une mission importante, et la seule qu'elle avait effectuée avec ses amis avait tourné à son avis au désastre. Elle n'y accordait finalement plus d'importance. Quand Myxilia était là, les coups de fils sur le pokématos résonnaient souvent, mais depuis son départ pour Sinnoh, son amie coordinatrice était loin, et avec elle étaient partis tous les soucis des Teams.
Finalement, seule sa première quête continuait : les Bagdes des arènes, qu'elle collectionnait depuis presque trois mois maintenant, constituaient sa plus grande fierté après ses pokémons. Elle réalisa que, certes le chemin parcouru était court encore, mais qu'elle était déjà fière et extrêmement heureuse de tout ce qu'elle avait accompli. Son ventre gronda.
« J'ai faim ! » Lança-t-elle en bondissant sur ses pieds et faisant sursauter tout le monde.
« Ca marche. » Dit Matthew. « Je viens de terminer d'envoyer les photos à la Sylphe SARL. Le repas est déjà arrivé de toute façon, je vais le mettre sur le feu.
- D'accord ! Je prépare la nourriture pour pokémons ! » Dit Elza.
« C'est vraiment pratique cette livraison de nourriture par Hoothoot ! Il faudra que je pense à envoyer une lettre à Keddy ! Son entreprise de livraison est vraiment révolutionnaire !
- M'en parle pas, ça nous change des casse-croûte ! Myxilia avait raison, ça revient à quelques pokédollars, mais la qualité est là et ça, ça n'a pas de prix ! » Plaisanta-t-elle.
« Pour tout le reste, il y a PokéCard ! » Chantonna Matthew.
« Qu'est-ce que tu racontes ?! »
« Hein ? Heu… Je ne sais pas, ça m'est venu comme ça. » Avoua Matthew, les sourcils fronçés.

Alors qu'Elza sortait de son sac les gamelles pour nourrir les pokémons, Matthew couina quelque chose comme « AH ! Je t'ai vu, reviens ! » et se précipita dans les fourrés en contrebas.
Elza n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait que Macronium avait déjà rejoint son dresseur d'un bond puissant.
« Que… ? Matthew ?! »
Elle courut à sa recherche, et fut surprise de le trouver quelques mètres plus bas, nez à nez avec un sublime renard de feu.
« Chuuut… » Murmura-t-il à l'adresse de la brune. « Pas-un-bruit. »
Il s'approcha doucement de l'animal et Elza se cacha derrière un arbre, l'observant à la dérobée capturer un nouveau pokémon.
« Bonjour, toi. » Commença le garçon. « Je suis Matthew, et je viens de Doublonville. Je collectionne les Badges d'arène, j'en ai quatre. J'ai aussi des amis pokémons. Là, c'est Macronium, elle est très gentille, tu veux jouer avec elle ? »
Il parlait bas, calmement, avec un sourire emprunt de gentillesse. En face, le goupix se tenait sur la défensive, craintif.
« Tu m'as l'air terriblement mignon et fort, et je voudrais bien faire un bout de chemin avec toi, ça te dis ? »
Elza admira le calme de son ami. C'était la seule personne qu'elle voyait tenter de capturer des pokémons autrement que par la force. Matthew s'assurait toujours que son nouveau compagnon voulait bien de lui avant de lui forcer sa présence. Elle se retourna et repartit de la où elle venait, laissant son ami s'occuper du goupix.
C'est quand elle arriva sur le terrain qu'elle vit Zan en pleine discussion avec trois dresseurs et leurs pokémons.
« Heu, je peux vous aider ? » Leur demande-t-elle, étonnée.
« Ah, un dresseur ! » S'avança le premier garçon qui avait des cheveux d'un roux époustouflant. « On se demandait, mes frères et moi, à qui pouvaient bien appartenir tous ces pokémons laissés sans surveillance.
- Oh ! » S'empourpra Elza. « Ils n'étaient pas sans surveillance, on est juste descendus un instant… !
- Je m'appelle Freddy, et voici mes frères Pat et Terrence. Nous sommes les frères évoli ! » Salua chaleureusement le dresseur.
« Ah ! Je m'appelle Elza, et mon ami qui va revenir, c'est Matthew. Je peux faire quelque chose pour vous ?
- Nous cherchons le Dojo des Sœurs Evoli… Il doit y avoir une réception cette après-midi, et nous sommes complètement perdus !
- Vous voulez parler des Sœur Kimono ?
- Non, ce ne sont pas elles. Nous cherchons un bâtiment hors de Rosalia, où les quatre sœurs organisent la cérémonie du thé.
- Oh. Alors je ne peux pas vous aider, je n'ai aucune idée de…
- C'est tout droit, direction ouest ! » Indiqua Matthew en sortant d'un buisson touffu. « Je suis Matthew. J'ai entendu que vous cherchiez le domaine des Sœurs Evoli ?
- Oui, c'est cela. Nous sommes donc sur la bonne route ?
- Oui, c'est tout droit ! » Sourit Matthew.
« Oh ! Il y a une cérémonie du thé ?! » Demanda vivement Elza.
« Il y en aura sûrement une. » Informa un autre garçon dont les cheveux étaient blonds comme les blés. « Hey, que diriez-vous de venir avec nous ?
- Oh, c'est une merveilleuse idée ! » S'exclama la brune. « On va avec eux, hein, Matt' !
- Ma foi, pourquoi pas. On allait manger, vous prendrez bien un morceau avant de repartir ? » Proposa-t-il en allumant le feu d'un coup d'allumette.
« On n'est pas trop en retard, ça doit pouvoir se faire ! »

***

Le repas fut rapidement englouti.
« Nous sommes les… Frères Evoli ! Nous venons de Kanto pour rencontrer les Sœurs Evoli d'ici. Il parait qu'elles ont découvert d'autres évolutions inconnues sur notre continent ! » Expliqua Freddy. « Moi, je possède un sulfureux Pyroli ! Il est vif et puissant !
- Mais le meilleur… » Coupa son frère Pat. « …C'est mon Aquali ! Il est Robuste et tient toujours tête à l'ennemi.
- Tout ça ne vaut pas mon tendre Voltali ! » Argua Terrence d'un ton qui ne laissait place à aucune réplique.
« Oh, ils sont mignooons ! » Couina Elza en les caressant. « Et bien, vous voyez, moi j'ai Hélio, ma petite puce qui m'a été offerte par Léo, le Pokémaniac.
- Tu as rencontré Léo ?! » S'exclama Terrence. « Il adore évoli et ses évolutions, on est fan de lui ! Cet évoli lui appartenait donc ? Tu en as de la chance.
- Oui. » Admit Elza en jouant avec le nœud de sa protégée.
« Et tu vas le faire évoluer ? » Demanda Pat d'un œil inquisiteur.
« Heu… Je pense que oui, hein. Mais je ne sais pas encore en quoi. » Dit simplement Elza.
Après que chacun des garçons lui ait expressément affirmé qu'il valait mieux faire évoluer Hélio en Voltali – non, en Pyroli – non, en Aquali, ils partirent en direction du Dojo.
Il était là, dans toute la splendeur architecturale des Dojo japonais, les cheminées fumant lentement au gré des bises fraîches. Une foule de gens se pressaient là, et les quatre sœurs en tenue réglementaire virent à leur rencontre.
« Nous vous attendions ! » Sourit la première. « Entrez, les garçons, le match commencera à 14h30.
- Le match ? » Fit remarquer Elza.
« Oui. » Souffla Terrence. « On va comparer nos Evolitions pour que le public choisisse à son gout la meilleure et puisse s'acheter la pierre qui lui fait envie.
- Ah, oui, c'est vrai qu'il faut une pierre pour qu'un Evoli évolue !
- Oui. C'est pour cela que nous avons ramené un stock de pierres, que nous vendrons en promotion exceptionnellement aujourd'hui !
- Ca alors, quelle bonne idée ! » Approuva Elza. « Au fait, Matthew, j'avais complètement oublié ! Tu as attrapé Goupix ? » Demanda-t-elle en sautant du coq à l'âne.
Le garçon sourit d'un air qui se voulait mystérieux, mais qui cachait mal son humeur réelle : il avait réussi. Elza leva son pouce en signe de victoire.

***

Les stands étaient pleins. Tous les cinq mètres, les dresseurs du même type d'évolution s'étaient réunis afin de vanter les qualités de leurs protégés. Contre toute attente, d'autres dresseurs, qui possédaient des pokémons évoluant par pierre mais pas forcément des évolis, se tenaient là afin d'acheter à moindre prix un moyen de faire évoluer leurs compagnons.
Elza avait rapidement écouté les éloges d'Aquali, car elle estimait qu'avec Zan et Chinchou, ça n'était pas l'eau qui lui ferait défaut. Elle s'était plus intéressée à la vitesse et à la force de Voltali, mais là encore, Chinchou lui fournissait l'électricité suffisante. Il restait Pyroli, qui en plus d'être terriblement mignon, permettrait à Elza de combler ses lacunes sur le type feu. Elle s'abaissa à la hauteur d'Hélio qui observait chaque stand avec autant d'intérêt de que sa dresseuse.
« Alors, ma belle, ça te tente, le type feu ? »
Hélio couina, l'air ravi.
« Bon, ça marche alors. »
Elle s'approcha de Freddy.
« J'ai fait mon choix, ça sera une pierre feu pour Hélio ! » Indiqua Elza, fière.
« Ah ! » S'exclama le garçon, ravi. « Excellent choix, excellent choix ! Voici ta pierre, c'est seulement 200 PokéDollars !
- Les voilà. »
Elza tendit quelques billets à Freddy qui les rangea avec soin.
« Tu vas la faire évoluer tout de suite ?
- Non ! » Cria Elza. « Elle est bien trop jeune ! Je vais attendre encore un peu, je pense.
- Oui, tu as raison. » Acquiesça le roux en souriant.
Elza caressait distraitement Hélio quand son PokéMatos sonna.
« Tiens, à cette heure-ci ? Alexandre… ?! »
Plus que surprise, elle décrocha dès qu'elle fut assez éloignée de toutes les oreilles indiscrètes.
« Elza ? » Commença directement le blond. « J'ai besoin de toi, y'a du mouvement dans ton secteur. »
Il parlait bas et rapidement. Il semblait caché, et Elza pouvait voir derrière lui Candice qui surveillait les alentours.
« On est sur un gros coup. Visiblement, la SCOD a des idées vraiment pas nettes derrière la tête. Ils sont en train de se rassembler tout près de là où tu te trouves ! Tu dois aller voir ce qui se passe, et pourquoi il y a d'un coup tant de monde qui se rejoint au même endroit. C'est un peu plus loin à l'ouest, je dirais une demi-heure en marchant vite. Grouille-toi, on te rejoint dès qu'on peut ! » Et il raccrocha.
Elza cligna des yeux, perplexe.
Sans perdre une seconde, elle rangea son PokéMatos et chercha ses pokémons… Qui étaient restés avec Matthew au salon de thé pour se détendre.
« Hélio, il ne reste plus que nous. J'ai pas le temps d'aller chercher Matt'. On y va, au pas de course ! »
Et elle s'élança, quittant la foire bruyante, le cœur battant la chamade. Au milieu de sa course, elle en profita pour appeler Matthew.
« Matt' ?! Pourquoi tu réponds pas ! J'ai besoin de toi ! » Son PokéMatos sonnait dans le vide. Une voix lui indiqua de laisser un message. « J'ai besoin de toi, bouge tes fesses et viens me rejoindre à l'ouest, y'a du mouvement de la SCOD ! J'suis partie juste avec Hélio ; j'espère que tu recevras vite ce message ! »

***

Elle arriva, comme l'avait prédit Alexandre, une trentaine de minutes plus tard. Elle ne voyait rien d'où elle était, mais elle avait aperçu l'ombre d'un sbire dans la forêt, qui faisait le guet, alors elle s'arrêta et décida d'avancer prudemment.
« Hélio. » Chuchota-t-elle. « Il faut le neutraliser. Hum… »
Elza ramassa le pus silencieusement possible un morceau de bois qui lui sembla suffisamment solide et ordonna à évoli :
« Tu fais jet de sable dans ses yeux, et moi je tape sur l'arrière de son crâne pendant qu'il sera aveuglé, d'accord ? »
Hélio s'approcha doucement de l'homme puis, d'un coup, projeta sur lui un nuage de poussière. L'homme gémit, surpris, mais avant qu'il n'ai eu le temps d'appeler de l'aide, Elza l'assomma dans un bruit mat. L'homme s'effondra, et Elza grimaça : le pauvre aurait une belle bosse demain !
La brune avança lentement, utilisant la même technique pour neutraliser les gardes qui surveillaient la forêt, et elle avança lentement mais sûrement vers une clairière d'où elle aperçu le pire des spectacles possible.
Cachée derrière un énorme tronc d'arbre, Hélio surveillant ses alentours, et Elza contempla, avec une colère sourde qui montait en elle lentement, comme un poison, des hommes costumés de noir avec le logo jaune SCOD sur leurs vestes, entourant une immense machine dans laquelle un petit pokémon hurlait.
Ca et là, des scientifiques, aidés par des sbires, bidouillaient le cadran d'un moniteur relié à la prison du pokémon, celle-ci encerclée par de puissants éclairs bleutés l'empêchant de s'enfuir. Elza eut un haut le cœur.
Elle ne savait pas qui était ce pokémon, elle ne l'avait jamais vu nulle part, mais il tremblait d'une détresse qui lui fendait le cœur. Il hurlait, même si de sa position elle ne l'entendait que vaguement, et elle eut soudain une rage immense pour ces salauds de scientifiques qui retenaient cruellement un pokémon prisonnier. Elle serra le poing, et se dit que si elle avait eu avec elle plus de pokémons, elle les aurait tous sortis d'un coup, et aurait tout emporté dans sa rage, pour libérer le pauvre agonisant.
Elle décida d'appeler Alexandre, parce que dans sa position actuelle, et compte tenu du nombre de gardes qui surveillaient les alentours, elle n'y arriverait jamais seule. Mais à peine eut-elle décroché son PokéMatos que quelqu'un cria :
« UN INTRUS ! »
Elle laissa tomber son appareil au sol et attaqua le sbire qui dégainait déjà un ball de laquelle sortit un malosse aux dents acérées.
« Hélio, charge ! » Ordonna la petite fille.
Evoli chargea, mais toucher ce premier malosse ne servit à rien, bientôt Elza fut entourée par une vingtaine d'hommes et de leurs pokémons.
« Bon. Je peux m'en sortir. » Pensa-t-elle pour se donner du courage.
Mais c'était peine perdue. Elle s'était déjà fait encercler.
Folle de rage, bien décidée à vendre cher sa peau à des criminels sans cœur, elle leva les poings vers eux en signe de combat, et Hélio se tint droit devant elle, les poils hérissés de hargne.
Elle combattit comme elle pu. Elza avait beau donner des tas d'ordres à sa petite protégée, les adversaires étaient trop nombreux, et Hélio ne leur faisait pas plus de mal qu'une trempette magicarpienne.
Elle pensait que la situation se pouvait pas être plus désespérée, lorsqu'après une vive-attaque ratée, Hélio se retrouva propulsée une dizaine de mètres plus loin de sa dresseuse, encerclée par des chiens de feu enragés.
« Hélio ! » Hurla Elza.
Un sbire s'approcha d'elle pour l'attraper, et elle recula. Butant contre ce qu'elle pensa être une racine, elle tomba en arrière, faisant rire le cercle d'hommes autour d'elle. C'est sur son sac qu'elle avait trébuché, et ce faisant, elle l'avait bousculé. Un éclat doré attira son attention. La pierre feu. Prise de panique et ne voyant pas vraiment d'autre solution, elle l'attrapa vivement et la lança à Hélio en criant :
« Je suis désolée, c'est un peu tôt, mais c'est notre seule chance ! »
La pierre tomba au sol, et la pauvre évoli ne réfléchit pas, elle sauta dessus. Aussitôt une lumière aveuglante surgit du pokémon et aveugla les sbires. Hélio se transformait sous les regards perdus des pokémons qui ne s'attendaient pas à ce retournement de situation.
Profitant du désordre occasionné, Alexandre fit signe à Candice d'attaquer. Ils venaient d'arriver, et visiblement, c'était juste à temps.
En quelques secondes, la vingtaine de sbires qui encerclaient Elza furent eux-mêmes encerclés par les pokémons des deux adolescents. Plusieurs crièrent qu'on leur envoie du renfort. Il fallait faire vite.
Alexandre et Candice mirent K-O à eux-seuls une quinzaine de pokémons. Elza, de son côté, savourait brièvement la chance qu'elle venait d'avoir.
« Hélio ! Défend-toi ! Laisse tomber les malosse de type feu, attaque les smogo et les nosférapti ! » Encouragea-t-elle son nouveau pyroli. « Attaque flammèche ! Attention derrière-toi ! »
A ce moment, son pokématos sonna. Elle retrouva son sac tombé à terre et décrocha.
« Matthew ? Il était temps ! » Vociféra-t-elle.
« Qu'est-ce que c'est que ce message, Elza ? » demanda Matthew, visiblement dépassé.
« Mais tu ne vois pas que je suis en galère ?! Ramène ta fraise et mes pokémons, que je puisse leur éclater la tronche !
- Mais ; je ne sais même pas où tu es !
- Une demi-heure à l'ouest ! Bouge-toi ! »
Elle n'eut de toute façon pas le temps d'en dire plus puisqu'un scientifique en blouse l'avait soudainement attrapé par derrière, la maintenant fermement contre lui.
« Hey ! » Protesta Elza. « LACHEZ-MOI IMMEDIATEMENT ! MALOTRU ! »
Elle se débâti violemment, mais il refusa de lâcher prise.
« Vous allez voir ce qui arrive à de malheureux curieux comme vous. » Grogna le scientifique.
L'homme la sortit de la forêt. Elle eut juste le temps d'apercevoir Hélio qui se faisait aussi capturer, les poils hérissés de colère, par un sbire portant une combinaison anti-feu.
« HELIOOOO ! »
Elza luttait du plus fort qu'elle pouvait, et l'homme eut du mal à la tenir malgré la taille frêle de la gamine. Elle vit aussi plus loin que les hommes avaient attrapés Alexandre et Candice. Tous trois étaient amenés près de la cage géante où le petit pokémon avait perdu connaissance.
Elza le regarda de plus près, tandis qu'on lui attachait les mains dans le dos et qu'on la maintenait entre plusieurs gardes armés. C'était une espèce de petit lutin de couleur crème, avec un chapeau étrange jaune pâle sur lequel était accrochés trois petits papiers qui flottaient mystérieusement dans l'air. Ses yeux clos étaient soulignés de petits triangles verts.
« C'est le légendaire pokémon Jirachi… » Murmura Alexandre à Elza quand il passa à côté d'elle, suivi par deux gardes à l'air féroce.
« Alexan… » Commença Elza, mais on lui donna un coup de poing dans la mâchoire et elle s'effondra au sol, sonnée.
Candice, de son côté, donnait du fil à retordre à ses agresseurs. Elle griffait violemment, et mordait quiconque l'approchait. Bientôt, elle réussit même à se frayer un chemin jusqu'à son précieux Grolem qu'elle rappela. Les gardes profitèrent de cet instant de faiblesse pour lui envoyer une décharge électrique dans le cou, et elle s'effondra elle aussi, inconsciente.
Quand Alexandre vit Candice tomber, il enragea et entreprit de tuer à main nue chaque homme qui s'interposerait entre lui et sa… Coéquipière. Parce qu'il n'y avait rien d'autre. C'était d'ailleurs juste parce que ça l'embêtait de perdre une alliée plutôt forte – mais moins que lui – qu'il avait déjà cassé la gueule à trois hommes et s'apprêtait à en liquider un quatrième. Hum ?
« Arrêtez le gamin ! » Hurlèrent plusieurs sbires.
Quelques hommes lui barrèrent le chemin.
C'était la débandade. Il y avait une dizaine de gardes autour d'Elza qui s'était relevée et tentait de passer leur barrière avec véhémence, du sang coulant le long de sa lèvre, et tentait de rejoindre sa précieuse Hélio dans une cage plus loin.
Dans un autre coin de la clairière, Candice était portée par deux hommes qui l'amenaient auprès d'Elza.
Alexandre était dans une fureur noire. De ses poings, il assommait tout opposant, humain ou pokémon. Quand d'un coup, un coup de jus lui traversa l'échine et il tomba raide.
« Et bien, et bien, que de raffut pour trois promeneurs ! » Dit une voix qui semblait amusée.
Alexandre fut conduit le plus loin possible des filles, et enfermé dans une cage à pokémon, avec des barreaux épais.
Un homme descendit de la plateforme informatique reliée à la cage du pokémon agonisant, et s'avança lentement vers Elza et Candice. Si on avait pu croire son ton amusé, Elza vit à son visage qu'il ne l'était pas du tout. Elle déglutit, et sentit son propre sang descendre doucement le long de sa trachée.
« Qui êtes vous ? » Cracha-t-il au visage de la petite brune.
« Des gens qui ne supportent pas que vous fassiez du mal aux pokémons innocents ! » Hurla Elza en retour, les yeux furibonds.
« Ne me parle pas sur ce ton, gamine. » Dit l'homme avec un sourire glacé. « Où je te mets à la place du Légendaire, là-haut. »
Il désigna du doigt l'immense cage de laquelle émanait encore des nombreux éclairs bleutés. De là où elle était, Elza les entendait crépiter comme la foudre lors des orages. Le pauvre pokémon devait souffrir terriblement.
Ce geste, au lieu d'apaiser sa colère, ne fit que la renforcer.
« ALLEZ VOUS FAIRE VOIR ! » Hurla-t-elle, les poings toujours liés au dos, mais l'air farouche.
Cet excès de colère, mélangé à des propos qui sonnaient plutôt déplacés dans la bouche de la gamine qu'elle avait côtoyé pendant quelques temps, semblèrent très étranges à Candice, qui sortit lentement de son brouillard tandis que l'homme répliquait :
« Arrachez-lui les ongles ! Ca la fera peut-être taire. »
« Quoi ?! » S'étrangla Elza, son cœur ayant raté un bond.
Aussitôt, deux sbires l'empoignèrent et lui attrapèrent chacun une main, coupant d'un coup sec la corde qui les reliaient attachées l'une à l'autre. Handicapée par sa petite taille et ses maigres forces, Elza eut beau se débattre, un troisième homme s'approcha de sa main gauche et déplia un de ses doigts qu'elle tentait tant bien que mal de garder contre sa paume.
Son cœur, de détresse, explosa. Elle se sentit tellement impuissante à cet instant que les larmes percèrent ses yeux et roulèrent sur ses joues pendant qu'elle hurlait qu'on la laisse tranquille.
« ARRÊTEZ ! » Cria Candice. « Laissez-là, elle n'a rien à voir avec ça ! »
Elle tenait difficilement debout, et tremblait devant les gardes qui se moquaient d'elle. Ses cheveux, d'un rouge flamboyant, étaient défaits et voletaient autour de sa tête comme une crinière sauvage.
« AAAAAAAAAAAAAAAHHH ! »
Le cri déchira l'air de l'après-midi, comme une vibration de souffrance et de désespoir. Elza sentit son sang effluer de son index, brûlant sa main tremblante et froide. Le sbire qui lui avait ôté lui montra. De la sueur commençait à perler sur son front, et lorsqu'elle vit son ongle détaché, elle eut un haut le cœur et vomit.
Le garde la laissa tomber au sol. Elle s'y écroula, tremblante et pleurant.
« Vous êtes un monstre ! » S'emporta Candice. « Elle n'a que dix ans, vous allez la traumatiser ! »
L'homme qui avait ordonné qu'on torture Elza pivota vers la rousse.
« Tu veux peut-être prendre sa place ? » Sussura-t-il sadiquement. « J'ai un tas de machines terriblement excitantes au QG de la SCOD, si tu aimes ça… »
Candice grimaça ; Cet homme était fou.
« Qui êtes-vous ?! Pourquoi détenez-vous ce pauvre pokémon ?! Qu'est-ce que vous lui faites ?! » Cracha l'adolescente.
« Tu es trop curieuse. Mais tu es sexy, alors je te pardonne. J'aime les filles qui ont du caractère ! »
Candice résista à l'envie de lui cracher au visage. Elle avait besoin de toute information qui pourrait être utile à Twilight, peut importait le moyen.
« Je suis le Docteur David. Je travaille à la SCOD depuis onze ans maintenant.
- Le docteur… Mais ! Vous êtes celui qui a fait passer son entretien à Alexandre ! Le scientifique qui travaillait à « augmenter la puissance des pokémons » !
- Ah, une connaisseuse ! Alexandre… Alexandre Wilch ? Il est ici ? »
L'homme en blouse promena son regard sur la clairière, et plusieurs sbires qui indiquèrent la cage où le blond était toujours inconscient.
« Mais… Je le reconnais. J'ai déjà vu sa fiche… Vous faites partie de la Twilight ! »
Le ton de l'homme redevint glacé. Son visage se crispa de haine.
« Cette foutue organisation n'est bonne à rien ! Vous avez des taupes partout ! Oh, ne fais pas cette tête, bien sûr qu'on connait votre existence ! Vous vous imaginez vraiment que tous vos membres sont blancs comme la neige ?! Détrompez-vous ! Il y a plus de traitres chez vous que dans une colonie de ratattac ! » Il rit sèchement. « Cet appareil a été fabriqué pour une seule chose : permettre de ramener dans notre dimension le Légendaire Jirachi. Nous avons besoin de lui, pour des projets qui ne vous regardent absolument pas ! Nous avons besoin de ses LARMES ! Les larmes de Jirachi, voilà la solution à nos problèmes ! Cette machine le fait souffrir plus que vous ne pouvez l'imaginer, et s'il résiste encore, ce n'est plus qu'une question de minutes avant qu'il ne verse un déluge de ses précieuses larmes… » Le ton de l'homme devint dément.
Candice hoqueta. Torturer un pokémon afin de le faire pleurer ! C'était d'une cruauté sans égale ! Elle aurait voulu écraser tous ces monstres avec ses démonia – des chaussures de hard rock hyper compensées et trop, trop classes – et libérer cette pauvre créature qui n'avait rien demandé et souffrait terriblement.
Ce fut à ce moment que les sirènes de la police retentirent.
« Que ?! Cet endroit est au cœur d'une forêt ! Aucun flic ne peut savoir ce que nous sommes en train de faire ! » Paniqua David. « VOUS ! Vous avez appelé les Jenny ?! Twilight, je vous pensais plus forts que ça, mais puisque je vois que vous engagez même des mômes de dix ans qui chialent quand elles perdent un ongle, je crois que je n'ai pas vraiment de soucis à me faire pour vous. »
Les sirènes étaient loin. Elza, qui s'était agenouillée au fur et à mesure qu'elle allait mieux, se demanda qui était l'idiot qui avait décidé de mettre les alarmes en route. Les membres de la SCOD, alertés de l'invasion prochaine de Jenny, remballa avec une rapidité étonnante leur matériel.
« Vous m'avez fait perdre du temps ! Par votre faute, Jirachi n'a pas pleuré ! Mais ça n'a pas d'importance. Maintenant qu'on sait que la machine fonctionne et qu'elle peut faire venir le pokémon dans notre dimension, on pourra recommencer. Et cette fois, les engins de torture que subira le Légendaire lui couperont le souffle, et il pleurera. »
Tout avait été nettoyé. Des camions, cachés dans les fourrés, se remplirent de tous les soldats possibles. Le docteur David monta dans l'un deux, et d'un geste, congédia tous les gardes qui s'occupaient des prisonnières. Ceux-ci embarquèrent dans un dernier véhicule après avoir violemment frappé les deux filles dans les genoux pour qu'elles ne se relèvent pas.
Lorsque les Jenny accoururent, il n'y avait plus personne, excepté les pokémons captifs dans ces cages, Alexandre inconscient jeté lamentablement au sol après en avoir récupéré l'épaisse cage, et les deux filles qui ne pouvaient plus se lever.
Matthew descendit d'un camion et se précipita vers Elza. Lorsqu'il vit le sang séché sur ses lèvres, et partout sur sa main, il eut un haut le cœur et l'enlaça.
« Je suis désolée… » Gémit-il. « Je suis tellement désolé. Si j'avais su… C'est de ma faute, Elza… Si tu savais comme je m'en veux… »
Elle voulu lui dire qu'elle ne lui en voulait pas, ce qui était vrai, mais Matthew se fit bousculer par un Zan fou de rage.
Le crocodile, les larmes aux yeux, souleva sa dresseuse et, comme s'il souffrait d'un coup pour tout ce qu'elle avait enduré, hurla si fort que sa voix s'en brisa.