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Peter ! de S3phiroth



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Informations

» Auteur : S3phiroth - Voir le profil
» Créé le 10/03/2011 à 22:30
» Dernière mise à jour le 11/03/2011 à 18:29

» Mots-clés :   Kanto   Présence de personnages de l'animé   Présence de personnages du jeu vidéo

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04 - Sauce tomate, vieux chêne et jeunes glands !
- Avant la tombée de la nuit, hein ?!

Peter et Sandra avait dû marcher un tout petit peu plus longtemps que prévu pour parvenir jusqu'à Bourg-Palette à pied… et y arriver à neuve heures du soir passées.

- Roh, je t'en prie ! Je me suis perdu, ça peut arriver, se justifia Peter.
- A quatre reprises !?
- Ne te moque pas ! Tu ignorais autant que moi la route à suivre !
- Route, route… ça m'apprendras à te faire confiance quand tu veux « couper » à travers bois.
- Pff, si je t'écoutais, on traverserait le pays en limousine tout confort avec chauffeur. Tu parles d'une aventure…
- T'as vraiment de la chance que ces six dernières heures de marche à pied m'ait épuisée, parce que sinon… le menaça-t-elle du poing.

Ils s'arrêtèrent devant le laboratoire Pokémon de la petite bourgade de campagne. Dans l'obscurité, les deux jeunes dresseurs ne pouvaient distinguer du bâtiment que sa taille imposante et son toit arrondi – « un peu comme un vieux hangar », se dit Peter. Un homme en blouse blanche sortit par la porte principale et ferma à clé derrière lui.

- Excusez-moi, monsieur ! le héla Peter en trottinant dans sa direction.

L'homme se tourna vers lui mais ne dit rien. Dans la lueur des veilleuses de nuit qui bordaient le porche du laboratoire, Peter pu distinguer ce qui semblait être un scientifique : il n'était pas très grand, mais son imposante stature et ses larges épaules contrastaient étrangement avec ses traits juvéniles, tout comme ses cheveux châtains coiffaient à la raie et le complet bleu nuit avec chemise pervenche qu'il portait pompeusement sous sa blouse blanche.

Le regard peu amène et le rictus stricte et sévère qu'il adressa à Peter et Sandra ne les fit pas se sentir à l'aise.

- Euh… bonsoir, je m'appelle Peter et voici ma cousine Sandra.
- Salut, dit l'intéressée.
- Nous sommes tous les deux en voyage itinérant et, bien que je sois conscient que ma requête puisse paraître très impolie au vue de l'heure indue à laquelle je la sollicite…
- On peut dormir dans le labo s'il-vous-plait ? demanda directement Sandra, nonchalante. Je crois savoir que c'est comme dans les centres Pokémon ici ; y a des dortoirs pour les dresseurs en vadrouille, non ?

Le jeune scientifique les fixait toujours de son regard concupiscant, pas dérouté pour un sous par l'excentricité du duo.

- Non, lâcha-t-il finalement avant de remettre son trousseau de clés dans sa poche.

Peter et Sandra étaient sciés par la réponse catégorique du jeune scientifique. Comme il s'éloignait tranquillement sans leur prêter la moindre attention, Peter et Sandra reprirent leurs esprits et le rattrapèrent.

- Non !? beugla Sandra, incrédule. Mais non quoi !? Vous pouvez pas refuser d'héberger des dresseurs qui viennent vous voir ! C'est dégueulasse de nous jeter à la porte comme ça sans même…
- Madame ! la fit taire le jeune homme en se retournant. Je ne suis pas le professeur de la ville ; je n'ai, en conséquence, aucunement le droit d'allouer des chambres, des Pokémon, des faveurs, ni quoique que ce soit d'autres à qui que ce soit sans l'aval du maître des lieux.
- D'accord, désolé, tempéra Peter afin de calmer la colère contenue de Sandra. Alors où peut-on trouver le professeur Pokémon de la ville ?
- Pas où, mais quand, lui signifia-t-il. Et ce sera demain, à partir de huit heures du matin, ici même. Pour l'heure, il doit se reposer paisiblement à son domicile afin d'expier les efforts qu'une lourde journée de travail lui a demandée.

Le ton du jeune homme en blouse blanche était implacable et il ne faisait rien pour cacher ce que la visite impromptue de Peter et Sandra lui inspirait. Ces deux derniers restaient comme deux ronds de flans devant le calme apparent et la dureté des mots de leur interlocuteur.

- Et quand bien même ç'eut été à lui à qui la tâche de vous accueillir à la sortie de son travail aurait incombée, il vous aurait tout autant envoyé paitre car, vous en conviendrez, il aurait été bien plus poli, et même pratique, que vous nous téléphoniez plus tôt, ce afin de nous prévenir de votre arrivée. Mais en l'état actuel des choses, nul ne vous laisserai pénétrer dans ce laboratoire sans la moindre assurance de votre bonne foi ni aucune garantie que vous ne ferais rien pour nuire à nos recherches. Bonsoir.

Et de s'en aller d'un pas serein après sa longue diatribe en plantant deux dresseurs hallucinés au beau milieu de la nuit.

- Mais… mais… et on dort où nous alors ? demanda Peter plus à lui-même qu'au scientifique.
- A l'auberge de jeunesse, je présume, souffla l'autre sans même se retourner ; et il disparut en tournant à l'angle d'une rue.

Le silence retomba. Peter réfléchit à une solution alors que Sandra…

- CONNARD ! hurla-t-elle dans la nuit.
- Chhhhttttt !! Mais t'es pas bien !? Y a des gens qui dorment.
- M'en fout ! Fallait que ça sorte ! Si jamais je le revois ce petit con, je ferais atterrir son crâne sur mon poing !
- Tu pourras t'en donner à cœur joie dès demain, vu qu'on va revenir au labo. Mais pour le moment, il faut qu'on trouve cette auberge de jeunesse.
- Et on fait comment, en pleine nuit, avec personne dans les rues, sans connaître le coin ?
- On suit le panneau « Auberge » ? hasarda Peter en pointant une pancarte du doigt.
- Ah oui… Bon, on y va ? Et arrête de sourire de ton p'tit effet, monsieur je sais tout !

*
* *

Bling Bling !

Peter et Sandra se tenait sous le porche d'une coquette petite maisonnée en lambris blanc et au toit de tuiles rouges. Ils avaient suivi les instructions de l'écriteau qui leur disait de faire tinter la clochette. Au bout de quelques instants, une charmante jeune femme aux cheveux auburn vint leur ouvrir en affichant un grand sourire et un ventre arrondie.

- Bonsoir jeunes gens, les salua-t-elle gentiment. Je peux vous aider ?
- Eh bien… euh…

Peter ne savait plus quoi dire, honteux d'avoir dérangé en pleine nuit une femme apparemment enceinte. Sandra prit soudainement la parole, pressée.

- Désolé de vous avoir dérangée, on ne voulait pas vous déranger, dit-elle en reculant. On, euh… tu viens Peter ?
- Oui, oui. Pardon pour le dérangement.

Et de commencer à s'en aller, les joues rougies de leur gaffe.

- Vous savez, si vous voulez dormir ici ce soir, vous êtes les bienvenues. Après tout, c'est une auberge de jeunesse, leur rappela-t-elle toujours aussi gentiment.
- Mais on ne voudrait pas s'imposer comme ça au beau milieu de la nuit madame et…
- Ne vous en faites pas pour moi. Je suis enceinte, pas malade, leur sourit-elle, devinant l'objet de leur gêne. Et j'aime recevoir la visite de jeunes gens aussi polis et attentionnés que vous, ça me change.
- Ah… Et bien d'accord. Merci pour votre hospitalité madame… balbutia Peter, tout timide.
- Je vous en prie, appelez-moi Délia.
- D'accord. Alors merci Délia. Je m'appelle Peter.
- Et moi c'est Sandra.
- Ravie de faire votre connaissance. Suivez-moi ! J'ai un bon dîner qui vous attend à l'intérieur. Je suppose que vous n'avez pas mangé, je me trompe ?

En pénétrant dans l'humble demeure, Peter et Sandra y découvrirent un mobilier tout en bois patiné et des tapis épais qui réchauffaient le solide parquet ciré. Une ambiance chaleureuse et conviviale se dégageait des lieux.

- Ne vous sentez pas obligée, fit Sandra. Vous savez, on n'est pas en sucre nous non plus !
- Aha, j'ai cru voir ça ; vous avez tous deux l'air bien vigoureux. Mais je doute que vous résistiez à l'appel de la nourriture bien longtemps si vous restez assis là à me regarder manger, ricana Délia.
- Vous n'avez pas dîné ?
- Oh, oui et non ; en fait, je mange tout le temps depuis quelques mois. C'est que ça réclame sa part cette petite bête là, dit-elle d'un ton bienveillant en caressant son ventre rond.

Elle sortit du four un grand gratin de courgette chaud et déjà entamé et des tendrons de veau. Elle prit aussi des couverts dans un buffet et les donna à ses deux invités.

- Tenez. Et servez-vous autant que vous le voudrait ; il ne faut jamais quitter la table avec la faim.

Et d'illustrer son propos en se servant généreusement. Peter et Sandra l'imitèrent.

- Merci beaucoup Délia, dit Sandra, la bouche pleine. C'est super bon ! Au fait, vous en êtes à combien de mois ?
- Au sixième. Tenez-vous droite pour manger, ou vous aller vous tâcher.
- Oui, pardon.
- Vous vivez toute seule ici, demanda Peter à brule-pourpoint, sachant pertinemment que sa question était osée. Je veux dire, le père de l'enfant n'est pas là ?

Délia posa doucement ses couverts sur le bord de l'assiette, touchée par la question, mais sans pour autant se départir de son sourire bienveillant.

- Non, dit-elle calmement. Pour être sincère, c'est un homme qui déteste le sédentarisme que j'ai épousé. Je me doutais bien qu'un bébé n'arrangerait pas ses affaires ; il voyage toujours à travers le monde, en quête permanente de dressage et de Pokémon.

Elle parlait de son mari absent non pas avec tristesse mais avec amour, le regard perdu dans le vide.

- Nous avons beaucoup voyagé tous les deux : l'Europe, les Etats-Unis, l'Australie… nous avons aussi passé Poképolis au crible, et un peu l'Asie aussi. Puis je lui ai dit que j'aimerai avoir un enfant ; il a alors été très clair : il m'a dit que cela ne le retiendrait pas, mais que jamais il ne me quitterait ni n'arrêterait de pourvoir à nos besoins, à l'enfant et moi. Et il tient toujours parole, finit-elle chaleureusement, pas une once de tristesse dans le regard.
- Pourtant, c'est dégueulasse !... s'emporta Sandra. Je veux dire, il vous fait un enfant et se barre, comme ça, en vous laissant toute seule…
- C'est tout autant lui qui m'a laissée seule que moi qui l'aie abandonné, fit-elle remarquer. Nous n'avions jamais pensé à nous installer avant que le bébé n'arrive ; nous vivions de voyages et de rencontres, sans jamais nous enraciner. Alors, quand je lui aie demandé s'il voulait un enfant, c'est moi qui aie voulu remettre en cause notre mode de vie, son mode de vie. Je suis heureuse de la vie que je mène aujourd'hui. J'habite à Bourg-Palette depuis maintenant un an et je m'y plais, tout comme je sais que mon mari se plait à découvrir le monde. La distance n'est pas un problème.

Peter et Sandra étaient bouche bée. L'argumentaire de Délia était irréprochable et parfaitement sincère. Les deux cousins voyaient en elle un style de vie auquel ils n'avaient jamais pensé et qui pourtant semblait plaire à la future maman.

- Et… Peter reprit contenance. Comment comptez-vous l'appeler ? L'enfant.
- C'est une bonne question. Mon mari et moi avons toujours affectionné les prénoms à consonances russes. J'ai pensais à Sergei pour un garçon ; et pour une fille, pourquoi pas Irshka…

Mais Délia n'était pas convaincue par ces prénoms, cela se voyait. Peter se mit à réfléchir à d'autres éventualités.

- Ah ouais ! Sergei c'est classe, commenta Sandra. Vraiment, j'adore ! Pour Irshka, je suis moins sûre, ça fait un peu bizarre comme prénom.
- Oui, je dois avouer que j'ai un peu de mal à trouver un prénom féminin… j'aime aussi beaucoup Sergei, mais je sens une consonance stricte, presque militaire derrière ce prénom, je ne sais pas comment dire…
- Vous avez encore trois mois pour vous décider, vous avez encore le temps.
- Et pourquoi pas…

Les deux femmes se tournèrent vers Peter, rayonnant, le doigt levé, limite une ampoule au-dessus de la tête.

- Et pourquoi pas Sacha ? C'est russe, et ça va aussi bien à une fille qu'à un garçon.
- Sacha… songea Délia. Oui, je dois avouer que c'est très joli ; et la mixité du prénom me plait assez.
- Ah ouais ! Pour une fois que t'as une bonne idée, j'suis bien obligée de m'incliner : Sacha, ça poutre !
- Ehé… N'est-ce pas ?... Comment ça pour une fois… ?
- Merci beaucoup Peter, vous m'avez inspirée ! Je ne vous garantis pas que l'enfant portera bien ce prénom-ci, peut-être d'autres idées se présenteront-elles avant sa naissance ; mais je puis vous assurer que Sacha reste pour l'instant sur la tête du podium !
- Oh je vous en prie, c'est pas grand-chose, fit timidement Peter en se frottant l'arrière du crâne comme un gamin mal à l'aise.

Délia se leva et débarrassa la table en un tournemain alors que les deux dresseurs se chamaillaient quant à la fréquence des bonnes idées de Peter.

- Bon, pour ma part, je vais me coucher, leur signifia Délia, coupant court à leur dispute. Je vais vous montrer les chambres dans lesquelles vous pourrais vous installer. J'en ai trois à disposition ; mais je suppose que vous voudrez dormir dans la même, rajouta-t-elle avec un regard taquin.

Peter et Sandra se figèrent, dégouté par la seule idée qu'ils aient pu être pris pour un couple.

- Beeeerk ! Moi !? Avec lui !? Non mais non, quoi ! C'est mon cousin !
- Mais jamais personne pourrait sortir avec une emmerdeuse pareille !
- De quoi !? Répète ça pour voir !
- Et bien, et bien, ricana Délia. Je ne pensais pas instiguer pareille dispute juste avec une simple plaisanterie ; ne vous inquiétez pas, je ne vous aie pas pris pour un couple une seule seconde.
- Ooouuuuuuufff… souffla Sandra.
- Ne nous faites plus peur comme ça.
- Promis. Vous me suivez ? Je vais vous montrer vos chambres. Vous pourrez utiliser la salle de bain du premier quand vous le voudrez demain matin, et le petit déjeuner sera servi à neuve heures.

Les cousin-cousine suivirent leur aimable hôte dans les escaliers vers un repos bien mérité.

*
* *

- Hey ! Sac à merde !

Peter et Sandra s'étaient mis en route pour le laboratoire Pokémon à dix heures pétantes. Plus tôt dans la matinée, Délia leur avait confié bien connaitre le professeur Chen, responsable des recherches de l'établissement de la ville ; la future mère avait donc décidé d'accompagner les deux dresseurs afin de lui rendre une petite visite et de lui offrir des gâteaux faits maison. Peter et Sandra avait bien évidemment refusé qu'elle ne les suive, soucieux de sa santé, avant de céder sous les assauts déconcertants de ses sourires.

Une fois arrivée devant le grand bâtiment, Délia se permit d'entrer sans même s'annoncer et intima à ses deux chaperons de la suivre. Tous trois se dirigèrent vers une grande salle vitrée pleine de machines bizarres et de scientifiques en blouse blanche. Parmi eux, le jeune homme obséquieux qui avait éconduit Peter et Sandra la veille.

- Pardon !?
- Trop tard pour les excuses, ducon ! Qu'est-ce qui t'as pris de nous laisser dormir dehors hier, hein ?
- C'est le risque à prendre lorsqu'on part en voyage itinérant, je présume, dit calmement le jeune homme.
- Espèce de trou du cul ! hurla Sandra en se dirigeant vers lui, toutes griffes dehors.

Peter la ceintura en l'attrapant sous les bras.

- Sandra, enfin ! Qu'est-ce qu'il te prend ? s'inquiéta Délia.
- Quand on est arrivé en ville hier soir, on a demandé à ce type s'il pouvait nous héberger dans le labo, mais il nous a envoyé bouler, expliqua difficilement Peter en retenant, tant bien que mal, sa cousine qui gesticulait en tous sens.
- Est-ce vrai ?

D'une voix profonde, calme et bienveillante, un homme d'une cinquantaine d'année aux cheveux poivre et sel s'était adressé au jeune scientifique soupçonné.

- Bien sûr, Professeur Chen. Je n'allais quand même pas laisser des étrangers entrer dans le laboratoire sans votre accord ; et je n'avais aucune envie de venir vous déranger à une heure pareille.
- Edgar, Edgar, Edgar, souffla le Professeur Chen. Quand comprendras-tu enfin qu'aider les autres n'est pas un calvaire mais une bénédiction ?
- Mais vous ne comprenez pas, professeur ! Ceux sont eux qui…
- Si ! dit-il en haussant un peu le ton, sans crier, mais suffisamment pour faire taire le jeune homme. Je comprends parfaitement, Edgar. Je comprends que ma méthode d'enseignement n'est pas la bonne…
- Comment ça ?
- Tu comprendras bien assez tôt, jeune homme.

Le professeur Chen délaissa Edgar pour aller à la rencontre de Délia. Ils se firent la bise.

- Bien le bonjour, Délia.
- Bonjour Samuel. Comment vous portez-vous ?
- Très bien, très bien, merci. Et vous, qu'est-ce qui vous emmène dans mon humble laboratoire ?
- Et bien… feint-elle d'hésiter en se tournant vers Peter et Sandra. Je crois que ces deux jeunes gens ont à vous parler. Je vous laisse ; je vais donner ces quelques friandises à votre équipe. Mais, rajouta-t-elle en voyant le regard suppliant du professeur, ne vous inquiétez pas ; je vous en garde une part !
- Merci beaucoup Délia. Alors jeunes gens, que puis-je pour vous ? demanda-t-il avec bonhommie.
- Bonjour. Alors déjà, moi c'est Peter Johnson, et elle, c'est Sandra Valentys.
- Enchanté. Je suis le Professeur Samuel Chen.
- Enchanté professeur.
- Et l'autre gland, là, comment il s'appelle ?

Le Professeur Chen tiqua un peu sur la grossièreté de Sandra mais sourit néanmoins devant le qualificatif employé.

- Je m'appelle Seko. Edgar Seko. Diplômé de la grande école londonienne de recherche médicale Pokémon et actuellement apprenti du Professeur Chen.
- Joli Curriculum, souffla Peter. Les bonnes manières, c'était un cours en option ?
- Je ne vous permets pas !
- Du calme, du calme, jeunes gens. Ne nous emportons pas.
- Oui, désolé. Donc, comme je l'ai dit, nous sommes en voyage itinérant depuis seulement deux jours et…
- On a déjà un badge chacun ! commenta Sandra.
- Oui… et elle a attrapé un bébé Tylton rejeté par sa mère hier, alors comme votre laboratoire était sur la route de Jadielle et d'Argenta, on s'est dit qu'on pourrait vous l'amener pour recevoir des conseils, savoir comment s'en occuper, s'il va bien… tout ça quoi…
- Mmhh…

Le Professeur Chen semblait songeur. Il croisa les bras sur son torse et pencha la tête sur le côté.

- Un Tylton ? A Kanto ? Vous en êtes certains ?
- Bien sûr, on a pas la berlue ! Regardez ! dit Sandra en faisant sortir Tylton de sa Pokéball.
- Ouah ! cria le professeur comme un gamin. Quelle rareté ! D'habitude, les Altaria ne font que passez à Kanto par flux migratoire. Je vais m'en occuper dès maintenant !

Sandra n'eut pas son mot à dire ; le professeur Chen était déjà parti faire subir une batterie de test au petit Tylton intrigué.

- Je suis désolé.

Peter et Sandra se tournèrent vers Edgar, aujourd'hui vêtu d'un costume brun sur une chemise pervenche, le tout agrémenté d'une cravate rouge foncé. Il regardait en l'air de son regard détaché.

- Hein ?
- De quoi ?
- Je vous demande pardon pour hier soir. J'aurai dû aller voir le professeur pour vous éviter de dormir à l'auberge de Madame Ketchum, s'excusa-t-il nonchalamment.
- Mouais… une chance que les tarifs de Délia soient raisonnables… Tu fais quoi dans ce laboratoire, Edgar ? Je peux te tutoyer ? Tu n'as pas l'air bien plus vieux que moi.
- Oui, j'imagine. J'ai 25 ans et j'ai un doctorat en médecine Pokémon, comme je vous l'ai déjà dit ; je suis ici afin de parfaire mes connaissances théoriques en compagnie du Professeur Chen et de soumettre ma théorie des capacités pré-évolutives à son esprit critique.
- On t'as jamais dit que tu parlais beaucoup pour rien dire ? demanda Sandra.
- Si, très souvent ; mais je n'ai reçu ce commentaire que de la part d'énergumènes à la curiosité aussi atrophiée que le bulbe rachidien, répartit Edgar.

Sandra mit quelques secondes à réaliser qu'il l'avait insultée. Quand ce fût fait, elle explosa et se rependit en insultes aussi vulgaires qu'originales ; Edgar se contenta de la dénigrer calmement comme il savait si bien le faire. Leur joyeux boucan commençait à faire froncer des sourcils dans l'équipe de scientifiques à côté.

- Bon, je vous laisse vous amuser entre vous, souffla Peter en s'éloignant, exaspéré. Moi je vais voir ce que fait le Professeur Chen dans la pièce d'à côté… en espérant qu'elle soit insonorisée, rajouta-t-il à voix basse.

*
* *

- Et quand la pression que le bracelet gonflable exerce sur le bras est équivalente à la pression du sang dans l'artère du bras, l'artère se bouche et fait un petit bruit bizarre qu'on peut entendre au stéthoscope ; c'est à ça qu'on voit que les deux pressions sont égales. Après, il suffit de regarder l'aiguille du tensiomètre pour connaitre ta pression systolique, et donc ta tension, expliqua le Professeur Chen.
- Ah d'accord ! s'extasia Peter, comprenant le fonctionnement des bracelets gonflables qu'utilisent les docteurs pour connaître la tension de leur patient. Ça a l'air beaucoup plus complexe quand on ne sait pas.
- C'est souvent comme ça.
- Vous pouvez aussi m'expliquer comment marche un microscope électronique s'il-vous-plait ?
- Euh… ça risque de prendre beaucoup plus de temps. Tu es un garçon très curieux, dit moi.
- Oui, j'ai horreur de ne pas comprendre les choses qui m'entourent ; après, ne pas savoir comment le microscope fonctionne ne m'empêchera pas de dormir, ricana-t-il. Mais, pour les Pokémon par exemple, je déteste ne pas connaitre leur potentiel, leurs attaques, leurs attributs... il faudrait que quelqu'un invente une sorte de micro-ordinateur portatif avec toutes ces données dedans, ou quelque chose comme ça.
- Ahaha ! Quelle imagination tu as là, Peter ! Bon, les tests de Tylton sont terminés. Voyons voir ça…

Le Professeur Chen examina la fiche couvertes de chiffres que l'imprimante venait de cracher. Il fit une petite moue et donna son verdict.

- Le Tylton de ta cousine se prote parfaitement bien ; il a juste quelques carences en vitamines dues à la sous-alimentation dont il a été victime ces derniers jours, sans doute à cause des trop maigres rations que lui apportait sa mère. C'est une bonne chose que vous l'ayez trouvé. C'est un cas d'anthropologie unique en son genre !
- Ouais, je me doute. Bon, il est tard professeur, le soleil est bientôt couché et Sandra et Edgar sont toujours en train de s'engueuler à côté.

En effet la jeune femme et l'apprenti chercheur n'avaient cessé de se crier dessus et de se lancer des piques sporadiquement tout au long de la journée. Peter avait fait tout son possible pour se tenir éloigné de ces deux-là, mais il ne pouvait s'isoler de leurs jérémiades. Sa patience commençait à s'émousser.

- Merci pour tout Professeur Chen. J'espère que vos recherches avanceront vite.
- Et moi que ton voyage te donnera entière satisfaction. Tient, je te laisse rendre son Tylton à Sandra.

Peter sortit du laboratoire avec Tylton dans les bras et trouva Sandra assise sur la pelouse en compagnie d'Edgar qui prenait des notes en examinant son Rapion.

- Mmmhhh… marmonna Edgar.
- Quoi encore ?
- …
- Crache le morceau au lieu de faire des « mmmhh » !
- Pourquoi faut-il toujours que tu crois que j'ai quelque chose à dire !?
- Mais parce que tu juges tout le monde tout le temps !
- N'importe quoi ! Je ne te permets pas de m'imputer pareil comportement !
- Pute toi-même ! Il est super mon Rapion !
- Il a une entaille mal cicatrisée sur la jointure de sa pince gauche…
- Tu vois !? Faut toujours que quelque chose cloche !

Peter arriva à leur hauteur, lassé.

- Sandra, ton Tylton va bien et il faudrait qu'on aille voir Délia pour…
- Oui, c'est bon ! J'arrive ! T'es pressé ou quoi !? Et toi, arrête de reluquer la pince de Rapion, elle est nickel j'te dis !
- Alors pourquoi avoir demandé mon avis ?
- Tant qu'à être ici, je voulais l'avis de quelqu'un sur mes Pokémon, mais les autres gars du labo veulent même pas me parler, ces cons !
- C'est à eux que tu aurais dû faire examiner ton Pokémon, alors ! Vu qu'ils ne parlent pas, peut-être leur avis aurait-il été à ta convenance !
- Mais vous allez vous calmer tous les deux, oui !? s'énerva Peter.
- Mais de quoi te mêles-tu Peter !? s'étonna furieusement Edgar.

Là, pour le coup, Peter n'y teint plus. Ses yeux s'exorbitèrent et il explosa complètement.

- PARDON !? DE QUOI JE ME MÊLE !? MAIS C'EST LA MEILLEURE CA !! VOUS ME FAITES CHIER TOUS LES DEUX PENDANT TOUTE LA JOURNEE A GUEULER COMME DES PUTOIS ET CA DEVIENT DE MA FAUTE !?!?! ALLEZ CHIER !! TOUS LES DEUX !!
- Eh oh ! Tu me parle pas comme ça à moi !? commença à s'emporter Sandra.
- TA GUEULE ! TOI, TA GUEULE ! J'AURAIS JAMAIS DÛ ACCEPTER QUE TU M'ACCOMPAGNES !! DEPUIS QUE T'ES LA, TU FAIS QUE GUEULER ET M'ENVOYER BOULER POUR DES CONNERIES !! JE SUIS PARTI POUR AVOIR LA PAIX ET ÊTRE LIBRE !

Peter s'était avancé vers Sandra au fil de sa colère. Il était maintenant à quelques centimètres d'elle, et elle n'était pas rassurée du tout ; il pouvait être très impressionnant lors de ses accès de fureur. Il lui fourra Tylton dans les bras et s'en alla d'un pas furieux en direction de l'auberge de Délia.

- HORS DE QUESTION QUE LA PREMIERE CHIEUSE OU LE PREMIER CONNARD VENUS M'EMMERDENT POUR DES CLOPINETTES !!

*
* *

Quand Sandra avait rejoint l'auberge de Délia quelques minutes après son cousin, celui-ci avait déjà mangé et était parti se coucher ; elle n'avait pas osé le déranger en toquant à sa chambre et était partie se coucher elle aussi.

Le lendemain matin, Sandra fût réveillée par le bruit de la douche que prenait Peter. Lorsqu'elle arriva en bas, il finissait de prendre son petit déjeuner d'une humeur massacrante, le regard sombre et la mâchoire crispée. Délia leur dit que le professeur Chen leur avait demandé de bien vouloir passer à son laboratoire avant de quitter la ville ; apparemment, une bonne surprise les y attendait. Peter acquiesça et accepta poliment le petit baluchon de vivres que Délia lui offrit pour son voyage avant de sortir de la maison sans attendre sa cousine.

Sandra partit à sa poursuite en silence sans même finir de prendre son petit déjeuner, inquiète d'être laissée pour compte.

Devant le laboratoire, le Professeur Chen attendait tranquillement les deux dresseurs en compagnie d'Edgar. Ce dernier n'avait pas l'air très à l'aise.

- Aaah ! Bonjour Peter. Bonjour Sandra. Je vous attendais, sourit le Professeur Chen.
- Bonjour. Vous avez dit que vous aviez quelque chose pour moi, demanda Peter d'un ton monocorde.
- En effet, et voici votre surprise !

Il fit un pas de côté et révéla trois couveuses avec un œuf de Pokémon dans chacune d'elle. Le Professeur Chen, tout sourire, semblait ravie des visages ébahis de Peter et Sandra.

- Mais… Mais… C'est trop professeur !
- Mais non, mais non. Ça me fait plaisir et, de toute manière, je n'ai pas le temps de m'occuper de tous les œufs. Je vous en offre donc un chacun !
- Mais je ne sais même pas m'occuper d'un œuf, moi ! se plaignit Peter.
- Un chacun ? se demanda Sandra. Mais on est que deux.

Le Professeur Chen sourit de son petit effet.

- Edgar, lui, sait faire marcher les couveuses.
- Pardon !? Vous voulez dire que je… balbutia l'intéressé.
- Voici la meilleure façon d'apprendre, Edgar : la pratique sur le terrain !

Sous les regards ahuris qui accueillirent son idée, il s'expliqua.

- Ça te fera du bien, Edgar. Tu n'as connu que les grandes écoles et les laboratoires ; je mettrai ma main à couper que tu n'as jamais étudié sur le terrain, je me trompe ?

Découvert, Edgar baissa le regard.

- Mais je ne veux pas voyager avec lui ! s'emporta Peter. Ni avec elle !
- Voyons Peter… avancer seul n'est jamais une bonne solution dans la vie. Les disputes sont ce qui peut briser des amitiés, mais aussi ce qui peut mettre à jour ce qui parasite ces même amitiés, et ce, afin d'en éliminer les défauts. Crois-moi, te séparer de ta cousine sur un coup de colère ne lui permettra pas de s'améliorer, et ne fera que t'isoler.
- Et lui, là. Pourquoi j'accepterai qu'il m'accompagne ?
- Tu te rappelles le petit ordinateur portatif, détenteur de toutes les données relatives aux Pokémon, auquel tu as pensé hier ? Eh bien, en attendant que quelqu'un ne l'invente, Edgar peut s'y substituer. Ne te laisse pas abuser par son caractère de cochon, il est un chercheur émérite doublé d'un puits de connaissance.

Peter soutint le regard du professeur sans rien dire, dubitatif.

- Et sans lui, pas d'œuf ! rajouta-t-il en souriant, fier de son petit chantage.
- Eeeeeeeoooooooh ! Je suis là ! signala Edgar. Vous rendez-vous compte que vous m'envoyer battre la campagne sans même me demander mon avis ?
- Edgar, à moins que tu ne suives Peter et Sandra dans leur voyage pour une durée minimum de six mois afin de t'occuper de leurs Pokémon, tu es viré.
- De quoi !?
- Oui, viré. J'ai préparé tous les papiers sur mon bureau hier soir ; une signature de ma part et hop ! Pardonnez-moi l'expression mais : dans l'cul Lulu ! Aha !

Et de rire joyeusement à sa plaisanterie. Edgar était tout bonnement dégouté.

- Mais vous n'avez pas le droit ! C'est du chantage ! Du harcèlement moral !
- Voit plutôt ça comme une opportunité unique pour mettre en pratique ta théorie des capacités pré-évolutives ; tant que tu resteras en leur compagnie, tu toucheras toujours ton salaire, et tes recherches seront même subventionnées ! Réfléchis-y.
- Réfléchis-y vite, alors, conclut Peter. Je pars maintenant.

Il accompagna le geste à la parole en se retournant et en commençant à s'éloigner d'eux et des œufs.

- Raaaaaaaaah ! D'accord ! D'accord !! Je pars avec vous. Mais je tiens à dire que les moyens déployés pour influencer ma décision sont des plus sournois !

Comme Edgar se plaignait, Peter marchait toujours.

- Eh mais attends ! Je n'ai même pas préparé mes affaires !

Edgar partit en courant vers le laboratoire pour empaqueter ses bagages. Peter fit demi-tour à pas rapides pour récupérer sa couveuse.

- Qu'est-ce que je ferai pas pour un Pokémon… avoua Peter. Mais j'ai quand même horreur de devoir faire ce que je n'ai pas envie de faire.
- Parfois, quelques sacrifices sont nécessaires dans la vie, philosopha le Professeur Chen.

Sandra s'approcha des deux hommes et prit une des couveuses restantes, sans rien dire. Elle était encore sous le choc de la décision de Peter ; jamais elle n'aurait pensé pouvoir être abandonnée par son cousin au cours de son voyage.