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Légende en poche de Dracaufeu2828



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» Auteur : Dracaufeu2828 - Voir le profil
» Créé le 18/12/2010 à 22:47
» Dernière mise à jour le 26/02/2012 à 13:40

» Mots-clés :   Sinnoh

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Un pokémon envié...
Lucas se fit réprimander par son enseignante, et ne put pas placer un mot sur sa capture. Alors, quand la classe se rendit à la bibliothèque, il s'esquiva discrètement du rang durant la visite du rayon "pokésies", ou "poésies pokémon". Il se faufila jusqu'à l'ascenseur, mais soudain, une main le retint : Eva. Elle avait l'air inquiète, et le regarda droit dans les yeux. Elle lui demanda :

« Qu'est ce qui se passe, Lucas ? Pourquoi tu t'en vas ? Tu as déjà failli te perdre pendant notre visite, et je n'aurais pas voulu qu'il t'arrive quelque chose. Tu vas où ?
- Je... Vais aux toilettes, mentit Lucas. T'inquiète. Il va rien m'arriver ! Il n'y a pas de Sharpedo dans la cuvette !
- Je ne te crois pas. Tu ne serais jamais parti sans l'autorisation de la prof. T'as trop peur qu'elle te punisse. Je te connais, Lucas ! N'essaye pas de me raconter des salades. Où tu allais ? »

Lucas baissa les yeux, honteux. Que dire ? Puis il se décida : elle n'avait qu'à savoir, après tout ! Elle n'était pas une moucharde. Sans lui répondre, il la prit par la main, et se dirigea vers la sortie en la tirant, mais la caissière les interpella :

« Hep, vous deux ! Qu'est ce que vous faites ?
- On va dire au chauffeur de notre bus de patienter dix minutes de plus que prévu, prétendit Eva, à la grande surprise du jeune garçon. On a trouvé un livre que notre maîtresse veut nous faire lire, mais il est long.
- D'accord. Revenez rapidement, hein ! »

Lucas serra les poings. Tout Joliberges était au courant de sa mésaventure, du coup, tout le monde le traitait comme un gamin de trois ans à qui il aurait fallu dire de ne pas s'éloigner lors des balades au Bois aux Chênes. En adressant un sourire à l'employée, il s'éloigna. Mais du plus profond de lui, il l'aurait bien envoyée se faire voir à Mérouville. Une fois dehors, il emmena Eva à l'abri des regards indiscrets, derrière la bibliothèque, puis en vérifiant bien que personne ne les épiait, il appuya sur le bouton central de sa Master Ball. Dans un nuage d'étoiles, le pokémon apparut. Il regarda autour de lui. En voyant les habitations, l'arène et le bâtiment imposant derrière lequel ils se trouvaient, le légendaire reconnut immédiatement la ville de Joliberges, et devint aussi rouge qu'une baie Ceriz. Il empoigna Lucas par le col de son tee-shirt et le souleva du sol de vingt bons centimètres, afin qu'il soit à peu près à la hauteur de son visage. Il lui lança un regard noir et cracha :

« Tiens donc... N'est ce pas notre petit bonhomme ? Et c'est à croire qu'il m'a amené à Joliberges, ce brave gamin ! J'imagine que toute la ville est au courant, maintenant, hein ? Et que les chercheurs vont arriver d'un moment à l'autre pour me faire des tonnes de radios, des opérations, des études et me mettre en quarantaine parce que je cause comme vous, j'imagine ?
- Perdu, répondit calmement Lucas. Tu as faux sur toute la ligne : personne n'est au courant. Même pas ma prof. Mais ça, ça n'a rien d'étonnant, le jour où elle nous laissera en placer une, ce sera un bond dans l'histoire. Le plus grand évènement depuis l'invention du Pokédex !
- Ben voyons, ricana le pokémon, j'imagine que sans cela, je serais déjà aussi célèbre que Red, si ce n'est plus !
- Faut voir, je sais pas. On teste ? Je voudrais connaître ta cote de popularité ! On fait un concours ? Moi, la mienne est de zéro. Pas mal, hein ? Mais avec ton foutu caractère, je risque de me retrouver à la deuxième place du moins apprécié... Mais je ne te laisserai pas gagner si facilement ! Allez, je vais prévenir ma prof, elle est à l'étage ! Elle me donnera ta note ! »

Le pokémon le fixa, les yeux écarquillés. Puis il se radoucit un peu. Il sembla même à Lucas que le légendaire venait de réprimer un sourire amusé. Il ne tarda pourtant pas à revenir à la charge :

« J'imagine que tu compte sur moi pour devenir... Maître pokémon. C'est pitoyable ! Tout le monde dit ça. Moi, je serais maître pokémon, patati, patata... Quel manque d'originalité, c'en est déprimant. Je ne risque pas de t'obéir. Et explique-moi comment tu vas passer les arènes avec un D... Un pokémon qui ne t'obéit pas.
- Un D ? Répéta le garçon, étonné. Comment ça, un D ?
- Oublie. Une lettre de l'alphabet, comme ça. Un A, un B, un D... Quelle différence ?
- Tu mens encore plus mal que moi. Et pourtant, c'est difficile à faire !
- Bah. Je ne te le dirais pas, de toute manière.
- Dis-le-moi, s'il te plaît !
- Et s'il ne me plaît pas ? Nan, je dirais rien.
- Dis !
- Hors de question.
- ORDRE DE TON DRESSEUR !!!!! DIS !!!!!
- C'est le meilleur moyen pour que je garde mon avis actuel. NAN ! Tu comprends le français ? Nan, mais j'ai un doute, là !
- Dis ou je te jette à la mer.
- Une Master Ball, c'est étanche.
- Et sans ta ball ?
- Je sais nager, merci bien.
- Je te gifle.
- M'en fous.
- Je te pince.
- M'en fous.
- Je te fais combattre Charles.
- M'en fous.
- Cynthia, alors !
- M'en fous.
- Je dévoile ton existence !
- Au point où j'en suis... M'en fous.
- Je... Te chatouille.
- M'en... OK, d'accord. »

Le garçon éclata de rire, et le légendaire, vexé, se détourna en marmonnant. Tout d'un coup, il se redressa et inspecta d'un air inquiet les alentours, puis il observa Lucas avec une expression sceptique. Il rentra soudain dans sa ball sans crier gare. Quelques secondes plus tard, l'enseignante du jeune garçon sortit de la bibliothèque, suivie d'une ribambelle d'enfants. Elle prononça toute une série de jurons et lança un coup de pied dans un Racaillou parfaitement innocent qui passait par là. Lucas se fit tout petit derrière le mur, réflexe bientôt imité par Eva. Heureusement pour eux, la jeune femme se dirigea vers le bus, afin de demander au chauffeur s'il avait aperçu les élèves manquants. Profitant du fait qu'elle leur tournait le dos, les deux enfants s'éclipsèrent. Ils se cachèrent dans la salle Union du Centre Pokémon, et soupirèrent de soulagement. Même une absence de quelques minutes se soldait par une colle, avec leur professeur. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles Lucas songeait parfois à laisser tomber l'école. Car, après tout, beaucoup de grands dresseurs étaient passés par un stage à l'Ecole de Dresseurs, mais ce n'était pas une fatalité. Tenez, par exemple, Paul. Paul, le maître de Jotho. Il avait supplanté Peter en six attaques. Six attaques, contre six pokémon. Il avait de quoi être fier. Et Lucas aurait beaucoup aimé qu'on se souvienne que Paul avait été son ami, il y a deux ans.

Eh oui, l'ami du maître. Enfin, avant qu'il ne le devienne. Ils s'étaient connus, très jeunes, lors de l'anniversaire d'un petit garçon. Et ils étaient tous deux invités. Depuis lors, ils étaient devenus meilleurs amis. Au départ, Paul avait toujours été sympathique avec lui, lui avait donné des anecdotes pour les combats, que le jeune garçon avait soigneusement notées sur un papier. Et même après s'être fâché avec le maître, il conservait toujours soigneusement cette feuille. Mais la dispute entre Paul et lui revenait toujours dans l'esprit de Lucas, depuis laquelle ils n'avaient plus eu aucun contact.

Un soir. Paul venait de devenir le plus grand des dresseurs de Jotho. Et Lucas, en ami digne de ce nom, était venu le féliciter jusqu'au lieu de sa victoire : le Plateau Indigo. Il avait réussi à grand peine à persuader son père de le conduire là-bas, et de venir le chercher une heure plus tard sur le dos de son Roucarnage. Mais à son arrivée, il n'avait reconnu plus son ami : il l'ignorait, et lorsqu'il lui prit la main, enfant apeuré, pour savoir ce qui n'allait pas, le nouveau maître l'avait repoussé et quasiment giflé. Le garçon avait pleuré, lui avait demandé de lui parler, rien à faire. Son ex meilleur ami le dédaignait, aveuglé par la gloire et gonflé d'un nouvel orgueil. Les dernières paroles que Paul avait prononcées à l'égard de Lucas avaient été :

« Un maître de la ligue n'a rien à faire avec un gamin de ta classe, même pas capable d'avoir un seul pokémon. Fiche-moi le camp. Et ne reviens pas m'importuner, ou tu le regretteras. »

Lucas avait voulu rester, mais s'était enfui en pleurant peu après, pourchassé par un puissant pokémon envoyé par le maître. Il avait l'air assez féminin, et avait d'impressionnants pouvoirs psychiques. Il avait coursé le pauvre enfant du Plateau Indigo jusqu'aux Chutes Tohjo, où il l'avait perdu de vue. Le garçon apeuré s'était caché derrière une énorme chute d'eau, mais avait été blessé durant la traque. Il avait mis quelques semaines à cicatriser totalement d'une brûlure psychique au thorax, mais n'avait parlé à personne de cet incident, par peur que Paul ne le retrouve et ne lui fasse à nouveau du mal. Depuis lors, le jeune garçon n'osait plus passer à proximité du Plateau Indigo, même accompagné de ses parents.

Un scintillement ramena Lucas à l'instant présent. Il ne devait plus s'en rappeler, jamais. Il tenta désespérément de chasser ce souvenir de sa tête. Il n'y réussit que lorsqu'il entendit la voix de son pokémon :

« Qu'est ce qu'on fait là ?
- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!! »

Le légendaire se retourna. Les deux femmes qui procédaient à un échange dans la salle le regardaient en tremblant. Le pokémon se frappa la tête, jura, et soudain, se jeta sur les dames. Sans leur laisser le temps de hurler, il plaqua sa patte munie de trois griffes sur leur bouche. L'une d'entre elles devint blanche et s'évanouit, et la seconde se débattit et réussit à se dégager. Mais au lieu de crier, elle lança d'un ton acerbe :

« Je vois, vous êtes les deux gamins... Ceux qu'on cherche partout. Je me présente : Kiméra, cinquième championne d'arène de Sinnoh. La fille allongée par terre sans connaissance, c'est Flo, la deuxième championne. Elle est très émotive. Et toi, tu es le légendaire de l'île, je présume. Cela fait deux ans que je fais des recherches sur toi. Darkrai, n'est-ce-pas ?
- QUOI ?! Hurlèrent en chœur Eva et Lucas.
- Exact, mais je ne souhaitais pas forcément que ces deux-là le sachent.
- Oh, excuse-moi, ironisa la championne. Bon, les enfants, je vais vous donner un bon conseil : dégagez. Le plus vite possible. Je risque de gros problèmes pour vous avoir prévenus. Je ne peux donc rien vous dire de plus. Allez-y, filez. Rapidement ! Et ne parlez de moi à personne, OK ? Je vais sacrément déguster, si vous le faites. Un dernier conseil : Evitez les arènes. Dans le pire des cas, faites tout pour ne pas croiser leur champion.
- Mais... »

Trop tard : la championne avait déjà disparu. Puis, Lucas se souvint : Darkrai. Il frissonna. De toute sa vie, sa pire peur avait été de se trouver face à ce pokémon. Et voilà que, par-dessus le marché, c'était le SIEN ! Difficile à avaler. Mais il ne prit pas le temps de poser des questions au légendaire des ombres, et suivit le conseil de Kiméra : prendre la poudre d'escampette. Les enfants et le pokémon sortirent bientôt du bâtiment, et Lucas ne put s'empêcher de déglutir à la vue des pokémon blessés. L'odeur âcre du sang le prit à la gorge, et il se retint de vomir. Une fois dehors, ils voulurent s'éclipser encore, mais tombèrent nez à nez avec Charles, le champion d'arène. Celui-ci ouvrit des yeux comme des soucoupes en voyant le légendaire. Il toisa le garçon, qui ressentit une sorte de malaise. Puis, sans faire de commentaire, le champion se retira. Lucas marmonna :

« Génial... En moins de deux minutes, voilà qu'on enfreint déjà les conseils de Kiméra. On a l'air fin... »

Eva tenta de le rassurer, en prétextant que la championne avait sans doute voulu l'effrayer. Mais Darkrai se retourna en direction des deux enfants, les regarda droit dans les yeux, mais son regard était vide. Il lança :

« Il me cherche. »

Mais il ne donna pas de précisions. Les enfants se dirigèrent vers la bibliothèque, et Lucas s'interrogea : avait-il des raisons d'être inquiet ? Il avait un mauvais pressentiment, qu'il ne parvint pas à balayer totalement. Par contre, Darkrai ne paraissait pas davantage prudent, et sur le chemin, recommença même à lancer des piques au garçon. Il en déduit que tout allait bien, et cessa d'avoir peur. Mais quelques secondes plus tard, le légendaire leur demanda, ironique :

« Ce n'est pas pour vous déranger, hein... Mais, d'après vous, où est passé le bus ?
- WHAT ?!
- Je viens de le voir partir. Et vu comme il grillait les limites de vitesse, on n'est pas près de le rattraper. »

Les deux élèves se regardèrent une fraction de seconde, puis poussèrent un cri et se lancèrent à la poursuite de leur car. Peine perdue : il avait déjà disparu à l'horizon. Ils retournèrent à Joliberges, abattus, où ils trouvèrent le pokémon en train de siffloter « Maman les p'tits bateaux », accoudé au mur. Dès qu'il les vit arriver, il se mit à chantonner, toujours sur le même air :

« Maman les cars scolaires, qui vont sur la route, roulent-ils trop vite ? Mais oui mon p'tit Lucas, si c'n'était pas l'cas, tu s'rais pas là ! »

Le garçon était médusé. Son pokémon se payait officiellement sa fiole. Mais avant qu'il n'ait pu répliquer, un rugissement se fit entendre, et en moins de deux secondes, ils furent tous trois enserrés dans la puissante étreinte d'un Steelix. Une silhouette descendit de son crâne d'acier pour s'approcher des prisonniers : le champion Charles. Il adressa un sourire carnassier aux trois « amis » avant de lever la tête : un bruissement d'ailes interrompit le silence. Un Etouraptor de taille impressionnante se posa près du pokémon au corps de fer. Une main fit un signe en direction du petit groupe, et le pokémon relâcha son étau. Une silhouette descendit de l'Etouraptor, et lança :

« Mais si ma mémoire est bonne, c'est ce petit enquiquineur du Plateau Indigo ! Content de te revoir ! Et maintenant... File-moi ton Darkrai. »

L'ombre s'avança dans la lumière, et Lucas reconnut aussitôt la personne à qui ce visage appartenait : Paul.