(Chapitre 5) Welcome to Bee and Bee.
« Le voici, le voilà ! »
J'ôtai la Pokéball de ma ceinture et la garda dans la main pendant une poignée de secondes. Puis, quand le suspense a assez duré à mon goût, je lança la boule de couleur sang et neige en l'air. Une lumière blanche apparu et s'apaisa. Un Natu apparu dans la pièce.
Il regardait devant lui, c'est-à-dire, Juliette, avec ses yeux jaunes. Ses petites ailes étaient rabattues sur son corps minuscule. Ses griffes se cramponnaient à la moquette violette se trouvant sur le sol.
-Il est magnifique ! Je comprends pourquoi tu l'as choisi. J'ai remarqué à l'école que les Pokémon proposés étaient très jeunes. Je pensais qu'ils nous donneraient des Pokémon déjà dressés.
-Je le pensais aussi. Mais nous avons eu des cours théoriques pour savoir comment dresser un Pokémon tout juste attrapé et encore sauvage, ou un Pokémon jeunet.
Le Natu déploya ses ailes tout en sortant un petit piaillement. Il fit quelques cercles invisibles dans la chambre de Juliette. Puis, après quelques tours en solitaire, il se déposa sur la tête d'Abra, toujours en train de dormir. Ou de faire semblant …
-Allons-y, ne restons pas dans ta chambre. Maintenant que nous avons notre premier compagnon, nous pouvons faire ce que bon nous semble, où et quand on veut. Allez hop, on dégage d'ici ! Lançai-je à Juliette.
Nous sortions de la chambre de mon amie et descendions les escaliers. Juliette avait déjà préparé un sac pour pouvoir partir à l'aventure. Elle aimait ça, Juliette. La découverte, c'était son truc. Elle avait un sens de la curiosité très important, ce qu'il pouvait lui donner une culture générale et une intelligence prodigieuse. Elle en connaissait un rayon sur les Pokémon psy, comme les Abra et les Natu. Je voyais qu'elle avait mis de côté quelques potions, livres et quelques Pokéball pour capturer des créatures de passage.
Moi ? Organisé comme je suis, je n'avais pas encore confectionné de sac de voyage. Il y a à peine deux heures, je ne savais quel sort me réservait. Donc, c'aurait été trop bête d'avoir tout préparer et, finalement, quand le jugement arrive, de devoir tout annuler de refaire un tour de manège dans la cour de l'école…
Nous quittions sa maison pour rejoindre la mienne et que j'organise mon sac à dos. J'habitais avec ma mère dans un petit appartement, au sixième étage. Nous devions monter les douze escaliers menant au domicile. Ereintant. Nous grimpions les marches deux par deux.
Je mis quelques affaires dans un sac : vêtements, bouteilles d'eau, sachets de bonbons, quelques sandwichs, des Pokéball que j'avais eus en cadeau par Arthur et Ambre, un bouquin de récapitulation des études pour les nouveaux lauréats remplissait mon baluchon. Il était assez lourd. Heureusement que nous n'allons pas très loin. En effet, nous avions prévu de nous joindre à Limonella.
Enfin, nous partons. Ce moment tant attendu depuis plusieurs années se réalisait. Je vérifiais que je n'avais rien oublié d'important et si Natu était bien au dessus de nous, en train de voler. Quant à Abra, il était bien au chaud dans le manteau de Juliette, toujours en train de pioncer. Ce sommeil avait le don de m'agacer. Aucune réaction, aucun cri, aucun mouvement, il est vraiment mou du genou celui-là !
-Tu es prête ? Demandais-je à mon amie pour pouvoir enfin quitter la ville.
-Attends… Oui, c'est bon, je crois que tout y est. De toute manière, si on a oublié quelque chose, je demanderai à Abra de se téléporter pour aller récupérer certaines choses.
-Ah oui ! Ca pourra le faire bouger, à ce feignant !
-Arrête Matt ! Abra est très gentil. Il ne bouge pas beaucoup, c'est vrai, mais il est très serviable. Par contre, il a la fâcheuse habitude de plier tout ce qu'il trouve. Il a même à tordre une chaise en enroulant les pieds… Il n'obéit pas très bien encore, mais ça ne devrait plus être un gros problème dans quelques jours.
Limonella est une petite commune qui se trouve à deux jours de marche soutenue d'ici. La route longeait la côte. On pourra donc rencontrer des Pokémon de type eau, mais aussi de type plante, car il y a une gigantesque forêt toute proche des falaises et de la route. Les falaises n'étaient pas très hautes, mais la mer pouvait faire de très grandes vagues et de les dépasser quand il y a de fortes tempêtes. Mais la voie pour se rendre à Limonella était souvent très ensoleillée et les grandes marées n'étaient pas fréquentes et il y avait des barrières tout le long des falaises pour éviter aux gens trop inconscients de sauter ou d'être trop près du précipice. Limonella était réputé pour son port avec de nombreux bateaux de tourisme et de yachts de luxe. Cette petite ville est le refuge des retraités et des jeunes riches voulant exhiber leur richesse dans cet endroit avec un microclimat extraordinaire. Il existait aussi un centre d'entrainement des soldats de la Marine pour protéger en cas de rébellion dans l'ouest du pays.
Je vous en ai déjà parlé, non ? Les régions de l'ouest du pays étaient devenues de moins en moins sûres, à cause de violences inouïes envers les autochtones. Les coupables, appelés « la Relève » étaient les responsables de ces crimes. Mais personne ne pouvait quoi que ce soit, car le nombre de ces rebelles était beaucoup trop nombreux pour pouvoir réagir. Depuis quelques années, le Gouvernement avait mis en place une armée, l'Armée de la Marine, pour empêcher la prolifération des rebelles et l'expansion de leur territoire, pour éviter que le monde plonge dans le chaos.
La Relève se voulait être un nouveau règne, quasiment monarchique, avec un roi et quelques chefs qui occupaient différentes fonctions. Mais aucun Etat ne reconnaissait l'existence de la Relève, sauf dans les zones où vivaient les rebelles. Les hauts membres de la Relève se disaient être les élus d'un peuple oublié depuis des décennies et leur but (outre le fait d'éliminer les « impurs » de leur lignée) est de faire régner l'ordre et la discipline. Pour moi, ce groupe d'imbéciles n'avaient que pour valeur l'intolérance et l'atrocité des actes. Heureusement que l'Armée de la Marine existe, sinon, ce serait devenu le gros bordel là où je vis. Enfin, là où je vivais !
Les rebelles n'utilisent pas d'armes. Ce qui les rend encore plus bêtes. Par contre, ils utilisent de puissants Pokémon, qui ne sont pas toujours très obéissants… En ce qui concerne leur chef suprême, il paraît qu'il possède un Drascore très balèze. Allez savoir, les rumeurs ne m'intéressent pas ! Mais depuis quelques temps, beaucoup de gens sont venus se réfugier dans les villes calmes. Limonella est devenue, au fil du temps, une commune les plus surveillées, car il fallait être très attentif sur d'éventuelles attaques, qui pouvaient venir de n'importe quel côté. Quel gros merdier la guerre quand même !
Juliette recommença à parler :
-Comme le trajet pour aller à Limonella dure deux jours, j'ai réservé deux chambres dans une sorte d'hôtel à mi-chemin. Ce n'est pas le grand luxe, mais comme c'est pour une nuit, t'auras pas à chier une pendule.
-Pas d'problème m'dame ! Mais plus tôt on sera arrivé là-bas, mieux se sera. Tu voudras faire une fois à Limonella ?
-Déjà, retrouver des copines, puis, en choper un ou deux, de ces Pokémon.
-Ah ouais ?! Et un quoi ?
-Barf… Je ne sais pas encore, on verra demain. Puis, ça dépend sur quoi on tombe ! Et toi, tu prévois de faire quoi, quand on sera arrivé dans Limonella et après ?
-Sérieusement, je ne sais pas encore. Je ne vais pas jouer trop les aventuriers les premiers jours, je vais passer un peu de temps avec Natu et l'entraîner s'ils nous arrivent des pépins. Donc, je pense rester quelques jours près du port.
-Monsieur Sonne très raisonnable pour une fois. Je ne sais pas si c'est la fête pour ton anniversaire qui t'a mis les idées en place, mais ça change depuis quelques jours. Et pourtant, être raisonnable, c'est vraiment pas ton truc ! Rose serait très surprise de tes paroles à ce moment-là !
-C'est qui, Rose ?
-Tu te fous de moi ? Tu as oublié ? C'est la fille qui a eu l'agréable sensation de sentir que son tour de poitrine a miraculeusement grossi au moment ou tu as vomi dans son décolleté !
-…
-J'te taquine ! Mais faut dire que c'était bien drôle à voir ! Pour Rose, c'était autre chose.
-Et tu sais si elle a eu son diplôme ?
-Elle a été recalée, elle aussi. Ca fait la deuxième fois qu'elle le passe quand même, elle abuse !
Après trois heures de longue marche, nous arrivions devant l'hôtel. C'est en arrivant juste devant le bâtiment que je me demandais pourquoi je n'avais pas demandé à Juliette si on pouvait utiliser Abra pour se téléporter directement à Limonella et éviter de sortir le porte-monnaie dès le premier jour. « Abra ne peut pas se téléporter dans des lieux qu'il ne connaît pas, on est trop lourd pour lui, il n'est pas assez expérimenté et, la marche, ça fait du bien ! » avait-elle répondu.
L'hôtel est assez à mon goût. C'était un bâtiment en bois, avec des colonnes en marbre qui supportaient le tout. Les colonnes se trouvaient devant la porte. Une porte quasiment invisible, de la même couleur et de la même matière que les murs qui l'encadraient. Le toit était en tuile rouge, typique des villes du sud de la région. En statue de bois se trouvait un somptueux Canarticho, levant fièrement son poireau en l'air. Seul le légume était peint d'un vert foncé très sobre, qui se confondait avec les mousses incrustées sur les ailes du canard. Dans la région, on aime les oiseaux, et on leur rendait bien ça ! L'hôtel était enfoncé dans la forêt et on entendait au loin le bruit des vagues qui s'abattaient sur les falaises. Des fleurs parfumaient la petite route, quelques moustiques sortaient pour profiter de la douceur de la soirée.
Pour notes, on avait parcouru une dizaine de kilomètres, et les décors, la nature et la météo changeaient considérablement. Juliette et moi avions du enlever une couche de vêtement. Mon t-shirt blanc était imbibé de transpiration. Natu commençait à fatiguer. Pas étonnant, il avait volé quasiment toute la journée. Il avait fini le voyage, sur mon épaule, en piaillant doucement dans mon oreille. J'adorais le son qu'il sortait. C'est aussi à la fin du voyage que je vis qu'Abra avait ouvert les yeux. Il ne les fermait plus, surprenant. Ses yeux étaient comme les miens ce matin. Injectés de sang. Nous n'avions pas rencontré de Pokémon sauvages, car ils évitaient tout contact avec les routes, souvent utilisés par des chasseurs.
Abra fit une téléportation pour réapparaître devant la porte discrète. Il frappa à la porte. Nous, nous étions juste derrière. On ouvrit la porte entièrement. Un homme apparu et fut stupéfait qu'un humanoïde cognait à l'entrée. Ce n'est qu'après quelques secondes d'étonnement qui remarquait que nous nous trouvions juste derrière.
-Oh bonsoir, fit le monsieur. Bienvenue à Bee & Bee Hostel. Ici, vous trouverez le meilleur miel de la région, confectionné par nos très chers Appitrini. J'espère que vous le goûterez car il est tout simplement délicieux. Mais je suis dans l'obligation de vous demandez si vous avez réservé une chambre, car tous les appartements sont complets.
-Bonsoir monsieur, répondit Juliette. En effet, j'ai réservé deux chambres pour deux personnes. Au nom de Sparrow. Une chambre pour mon ami, Matt Sonne et une pour moi, Juliette Sparrow.
-D'accord ! Je vous en prie, entrez !
Nous passions le seuil de la porte trompe-œil. L'intérieur était en harmonie avec l'extérieur de la maison. Tout en bois, elle était décorée de plusieurs sculptures en bois, représentants différents Pokémon oiseau. Les escaliers, menant à différents endroits et à différents étages, étaient entièrement en marbre. A notre gauche se trouvait un bureau d'accueil pour les nouveaux arrivants. Nous suivions l'homme. Il était assez grand, avec de lunettes rectangulaires, aux branches vertes. Il avait une chevelure rousse assez garnie, avec quelques tresses ici et là, cachées sous l'énorme masse de poils capillaires. Sa tenue était, comme la notre, assez décontractée, voire même trop pour travailler. Mais comme c'était le seul hôtel des environs, la concurrence n'était pas très rude, et donc les laissez-allers très fréquents, si on en croit les propos de Juliette. Nous arrivions devant le bureau. Le monsieur, qui ne s'était toujours pas présenté, se plaça derrière l'office pour récupérer une sorte de calepin bleu clair. Des noms, ainsi que des dates, étaient griffonnées de façon très organisées. Il redressa ses binocles.
-Alors, Sparrow… Ok, c'est bon, je peux vous passer les clefs. Mais, si vous le voulez, vous pouvez dès tout de suite payer la nuit. Cela permet d'être tranquille pour demain matin, quand vous repartirez.
-Quand dis-tu, Matt ? Je paye tout de suite ou j'attends demain ?
-Je ne sais pas trop, c'est ton argent, répondis-je tout étant content de la nouvelle que mon porte-monnaie n'allait pas souffrir ce soir.
-Sachant que si vous payez ce soir, vous avez le droit, avec un supplément de 10 Pokédollars, une soirée de détente, de massages et de thermes, qui se trouvent le bâtiment qui se situe juste derrière l'hôtel.
-D'accord, pour ma part, je paie de suite. Matt, je peux te payer la nuit, mais le complément, tu te le paies, je n'ai pas assez pour que je puisse te l'offrir.
Finalement, mon porte-monnaie allait être plus léger cette nuit ! Après avoir eu accès aux chambres, nous ressortions de l'hôtel pour se diriger aux thermes. Les Pokémons n'étant pas tolérés dans les bains, nous avions laissés Natu et Abra dans leur Ball pour qu'ils puissent aussi se reposer. Nous arrivions dans les vestiaires, pour nous changer. Une fois en maillot, je me dirigeais dans une source d'eau chaude où des bulles sortaient de nulle part. Quand Juliette sortit du vestiaire, elle se joignit à moi. Elle portait un maillot de bain blanc deux pièces avec des petits cœurs rouges. Si j'avais su, je lui aurais conseillé d'acheter un bikini d'une taille de plus, car ses formes sortaient un peu de son maillot. Mais ce n'était pas pour me déplaire, loin de là !
Une fois que nous en ayons eu assez des bains, nous sommes passés aux massages, où je suis resté une bonne heure pour me relaxer. Cela me faisait un bien fou ! Quand je suis sorti de la cabine de massage, j'étais entièrement rouge, avec quelques traces pouces un peu trop appuyés sur le dos. Ce qui avait le don de faire rire Juliette. Une fois bien détendus et fatigués, nous retournions à l'hôtel. Nos chambres se trouvaient au fond d'un couloir, au rez-de-chaussée. Je pris mes clefs qui étaient engouffrées dans ma poche gauche de mon pantalon, mis la carouble dans la serrure et ouvrit la porte. Avant d'entrer, Juliette me prit par le cou et me claqua une bise sur la joue. Quelque chose avait changé chez elle depuis les résultats de l'examen. Et je pense que le bikini trop petit n'était peut-être pas fait exprès… Je refermai la porte. J'entendis la porte de Juliette claquer et qu'elle sortait Abra de sa Pokéball. Pour ce soir, Natu restera dans sa Ball, car il était exténué.
La chambre était entièrement recouverte de bois, excepté le parterre, qui était en moquette. Il y avait, là aussi, des statues de Canarticho prenant la pause. Elles se trouvaient à chaque extrémité du lit. Le lit était très confortable, avec un matelas ni trop dur, ni trop mou pour ne pas s'enfoncer. Je ne mis pas trop de temps à m'endormir, pour rejoindre les bras de Juliette… ou plutôt ceux de Morphée !...