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A better world? de Dwaleclya



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Informations

» Auteur : Dwaleclya - Voir le profil
» Créé le 29/08/2010 à 15:42
» Dernière mise à jour le 29/08/2010 à 15:42

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Fantastique

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Paradis déchu
Ce vent chaud qui caressait mon visage au teint légèrement violacé, je le connaissais si bien. Il était là bien avant que je ne vienne sur cette terre que notre mère, Calania, bénissait tant. Depuis ma plus prime enfance, mon frère et moi habitions, mangions, vivions, jouions sur cette île. La mer s'étirait à perte de vue devant nos petits yeux de tarsals. Mes yeux orange pour ma part, ses yeux rouges pour sa part. Maman nous mettait toujours en garde contre ce vaste univers déchiré entre haine et amitié, entre courage et désespoir. Un inconnu ni bon ni mauvais mais « à fuir comme la Peste » rajoutait Calania.
C'est drôle, mais ces avertissements qui étaient sensés nous prévenir du danger Auden et moi me laissait entrevoir, au lieu d'un enfer ravagé par ces étranges êtres dont l'apparence m'échappait, un bien plus grand lieu à explorer, à découvrir et à partager avec des amis. Une aventure en perspective… comme j'aimerais tant en vivre loin de cette île…
Bercée par la douceur des rayons du soleil et des milliards de grains du sable environnant, je ne sentis guère la nouvelle présence qui s'approchait de moi avec force d'attention. Je n'eus le temps que d'ouvrir un œil ensommeillé et de voir une ombre verte éclatante fondre sur ma frêle poitrine bleutée. Je ne pus réprimer un cri de stupeur. Je me débattis sauvagement mais je devais bien avouer que mon frère était bien plus fort que moi.
« -Auden, arrête ! Tu m'étouffes sous tes immenses lames, criai-je au gallame qui me servait de frère.
-D'accord, Aurha, excuse-moi, ricana-t-il, mais c'est toujours aussi hilarant de te surprendre à l'improviste. »

Une fois qu'il a retiré ses bras de mon corps, je me tiens debout pour le toiser du haut de mes 1,63 m et, pour en rajouter un peu, je me mets à léviter. Auden, lui, est toujours dans sa position initiale, agenouillé sur le sable. Contrairement à moi, Auden n'est pas un être de lumière. Certes mais, il a son petit plus : lui aussi scintille au soleil. Il en tire même une certaine fierté du fait que rares sont ceux qui traîne encore avec des couleurs « basiques ». Avec une nonchalance mal dissimulée, il se lève et prend le collier que je portais autour du cou. Un collier auquel je tenais comme à la prunelle de mes yeux. Il s'agissait en fait de la pierre Aube qui permit à mon frère de devenir un gallame puissant et bienveillant… quoique d'une immaturité sans bornes.
Il fit tourner la pierre de topaze entre ses doigts et me susurra pensivement :
« - Je me souviens de ce fameux jour. Le jour où j'ai évolué juste sous tes yeux. Est-ce que tu t'en rappelles ?
- Hein ? Bien sûr, qu'est-ce que tu crois ? Penses-tu vraiment que j'ai oublié les sensations qui m'ont parcourue ce jour-là ? Je ne pourrais jamais enlever ce moment de ma tête.
- Oui, je vois encore tes yeux effrayés devant la lueur qui jaillissait de la pierre, tu aurais dû te regarder dans l'eau, me taquina-t-il.
- Hé ! Je signale à Môsieur Auden que je n'étais qu'un tarsal et que, à ce moment-là, je n'avais jamais assisté à une évolution, protestai-je d'une voix forte, j'avais bien crû que tu allais exploser sous une lueur ardente ! »

Sur ces paroles d'une franche bêtise, je plaquai mes mains devant ma bouche. Je m'étais couverte de honte. Je rougis tandis que je dissimulai mon visage dans la forêt de mes cheveux brillants. Auden se payait une franche quinte de rires, entrecoupés par sa respiration saccadée. Il répétait toujours ces même mots : « …que j'allais exploser dans une lueur ardente… Excellent !!! »
Ce qu'il pouvait m'énerver celui-là !!! Je sortis de ma coquille et sautai sur lui avec une colère causée par l'exaspération et l'ennui. L'ennui de n'être que la petite soeur d'un frère aussi comment dire ? Aussi débile, voilà !
Des batailles fréquentes où la force physique l'emportait toujours sur la force psychique. Ainsi me mit-il au tapis juste 5 minutes après le début de cette mini-guerre. L'on se tenait le vainqueur plaquant la perdante au sol à se regarder sous un air de défi.

« - Le jour où vous cesserez de vous battre comme des ursarings après un pot de miel d'apitrinis, cita notre mère, les galekings auront des ailes. »
Toujours couchés l'un sur l'autre sur le sable, nous tournâmes nos têtes rougies par les rayons du soleil couchant vers une gardevoir au teint vert foncé, à la robe blanche parsemée de reflets gris. Ses yeux rouges cernés par une fine couche de peau transparente nous scrutaient toujours avec la même vitalité qu'autrefois, à l'époque où nous n'étions qu'une famille perdue, sans aucun repère, avançant dans l'ombre d'une île méconnue. Malgré une apparence fébrile dénonçant les morsures du temps, Calania, notre mère, demeurait toujours aussi jeune et vive d'esprit.
Elle s'avança en lévitant vers nos deux silhouettes longilignes et nous fit signe de nous relever-ce que nous fîmes aussitôt. Maman se retourna et observa la voûte céleste se drapant déjà de sa plus belle robe scintillante.

« - Nous ferions mieux de rentrer, les enfants, nous dit-elle, les étoiles se lèvent très vite aujourd'hui. »

Bien que sa voix se veuille rassurante, je pouvais percevoir dans son ton une part infime d'inquiétude comme si… comme si quelque chose-je ne savais quoi- se produirait d'ici un futur proche. Je lançai un regard en biais vers mon frère qui semblait tout aussi mal à l'aise. Comme pour un petit tarsal cherchant le réconfort auprès de sa mère, je pris la main de mon frère et la serra pour m'assurer de sa présence, juste pour me donner une consistance afin d'avancer. Je sentis, dans un geste révélateur, que ma mère n'était pas dupe mais… elle fit semblant de rien. Ainsi, nous errâmes dans la petite plage puis dans une magnifique forêt verdoyante où les habitants nocturnes s'activaient déjà à la tâche, ne pressentant guère ce danger qui semblait nous guetter.
Au détour d'un sentier bordé par les sous-bois, nous approchâmes d'une forêt de bambous se dressant tels des doigts levés. Notre maison se cachait ici, loin des regards des pokémons vivant dans les environs. Notre mère se tourna vers Auden et moi, arborant un visage souriant qui, tel un masque, dissimulait la détresse et le désespoir.
Elle s'approcha tout d'abord de moi, et me pressant les épaules, elle me marmonna :
« - Alors, ce soir, Aurha, tu ne vas pas dormir seule dans ton nid, je ne le veux pas, compris ? Ce sera avec ton frère que tu partageras ta couche.
- Mais, maman…, commençai-je.
- Non, Aurha. Les questions, ce sera pour plus tard, m'interrompit-elle se tournant vers Auden, Auden, mon fils. Tu dois absolument protéger ta sœur quoi qu'il advienne. Même si je venais à disparaître.
- Quoi ?! Mais maman, qu'est-ce que c'est ce comportement ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »



Mais une chose énorme coupa la parole à notre mère, nous n'avions jamais, de notre vie, vu de pareil engin. Ce monstre noir, malgré son fort poids apparent avait la capacité de voler grâce à ce qui semblait être des ailes rotatrices. Nos yeux ne pouvaient quitter la bestiole qui fonçait droit sur la plage. A son passage, nous nous accroupîmes et plaquèrent nos mains contre nos ouïes tant le vacarme qu'il provoquait était insupportable. « COUREZ, nous hurla notre mère avant de prendre la même direction que la chose vrombissante. »
Je voulus courir pour la retenir mais le bras émeraude d'Auden serrait étroitement ma main bleutée. Je pleurais, suppliais Auden de me laisser partir. Mais, même face à mes larmes et le fait que lui également désirait partir sauver notre mère, il prit la direction opposée, me tirant de force avec lui. Malgré la douleur, je continuais de résister, je ne voulais résolument pas abandonner maman. Je finis par me laisser traîner par manque de force, des gouttes salées perlant mon visage.

Nous fîmes d'un buisson solitaire notre cachette improvisée. Dans les bras protecteurs de mon frère, je me blottis. Je regardai attentivement le paysage qui s'étendait devant mes yeux rougis par les larmes et le chagrin. L'orée de la vaste forêt qui recouvrait l'île nous faisait face, sombre et menaçante sous cette clarté déclinante. Nous restâmes immobiles dans la paralysie de la frayeur, attendant un signe. N'importe lequel, qu'il soit bon ou mauvais… Moi, une jeune gardevoir timide et inexpérimentée dans ses pouvoirs fraichement acquis, j'étais prête. Oui, j'étais prête… à me battre contre ces créatures dont je ne savais pratiquement rien.
Et là, enfin, je les vis, ces fameux « Humains ». Ils étaient bizarres, leur peau semblait être protégée par du tissu noir, un symbole rose ornaient leur poitrine tandis que leurs pieds avaient l'air de se terminer en d'espèces de pointes blanches. Sur leur visage, ce même sourire carnassier allait de pair avec ces deux yeux cruels. J'étais inquiète, ces êtres… Que venaient-ils faire ici ? Ne nous avait-on guère répété que ces Humains avaient été bannis de notre monde ? Pourquoi ? Comment ? Des tas de questions sans réponses s'entassaient dans ma tête déjà surchargée. Je ne comprenais plus rien.
Dans cette assemblée de mauvais augure, une silhouette plus inquiétante fît son apparition. Ses longs cheveux auburn dansant avec le vent, elle s'avança vers le centre du groupe. Elle prit une sorte de boitier noir et murmura quelques mots d'une langue que je ne connaissais guère. Puis, se tournant vers ses sous-fifres, leur tint un discours que tous, dans cette réunion, semblaient apprécier et leva une main gantée de noir. Dans sa main de rapace se logeait un objet sphérique rouge et blanc. L'Humain de sexe féminin lança cette balle et, après l'apparition d'un étrange rayon rougeâtre, un… un… pokémon ?!
De ma vie, jamais il me fut donné de découvrir un spectacle aussi intrigant et… grotesque. Je tournai ma paire d'yeux orange vers mon frère en quête d'une réponse suffisante. Auden, de ses yeux rouge orangé, me lança un regard semblable au mien. En résumé, aucun de nous deux ne comprenait quoi que ce soit à ce qui se déroulait là, sous nos jeunes yeux. Mais, ce qui nous attendait à ce moment-là était bien pire. Nous pouvions le pressentir au fond de nous-mêmes.
L'Humaine exigea au pokémon ardent et celui-ci acquiesça d'un signe de tête. Il bondit de ses puissantes jambes enflammées et s'enfonça dans la forêt. Quelques secondes plus tard, les sbires en firent autant et, par milliers, les pokémons asservis s'élançaient vers le même massif forestier. Nous entendîmes, telle la traînée d'une météorite, un cri intense. Une exclamation à nous glacer le sang : « BRÛLEZ-TOUT SUR VOTRE PASSAGE, N'EPARGNEZ-RIEN DE CETTE TERRE. IL FAUT QUE TOUT ICI SOIT DETRUIT AVANT LA FIN DE LA NUIT !!! »
Je fus horrifiée, anéantie, stupéfaite. Comment un pokémon pouvait-il en trahir d'autres ?! C'est ignoble, c'est horrible, c'est…
Je m'agrippais la tête de toutes mes forces, enfonçait mes poings en mes oreilles, les larmes recommencèrent à couler tandis que je me balançais d'avant en arrière. Je murmurai en sanglotant : « Non, non, non, non,… »
Je sentis l'étreinte de mon frère, se voulant forte et rassurante. Or, je ressentis la colère et la haine dans ce geste. La haine et colère envers ces Humains, ces êtres corrompus. Meurtrières…
La Colère et la Haine se liguaient ensemble contre la Sagesse et la Prudence. Bientôt le mal, en moi, aura triomphé et, guidée par ces entités sauvages, je m'élancerai vers ces ennemis d'un genre nouveau.