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Tales of Uthar de YumeArashi



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Informations

» Auteur : YumeArashi - Voir le profil
» Créé le 06/06/2010 à 16:09
» Dernière mise à jour le 11/06/2010 à 19:25

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Aventure   Fantastique   Région inventée

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Chapitre premier
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CHAPITRE PREMIER
-
Le fils perdu

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« Sire ! Les hommes sont prêts, les unités que vous aviez mandées ont pris place sur les remparts, les Kelvars et une trentaine d'archers d'élite scrutent le ciel, haleta un petit soldat fluet en se courbant maladroitement.
- Où Lord Jyon se cache t-il ? Maugréa une imposante mâchoire à la barbe brune et parfaitement taillée. J'avais été accoutumé à davantage d'audace de sa part. Envoyer une nouvelle recrue devant moi. Suis-je aveugle ou sot pour ne m'entourer que de pleutres ?
- Il s'affaire au Temple, Sire ! Répliqua vivement le soldat avec davantage d'assurance, comme pour défendre son supérieur. Il œuvre pour la protection de nos évêques. Si vous me le permettez, j'ai également eu l'honneur de me voir confier la tâche de vous porter ce billet. »

Le jeune novice attendit un signe d'approbation et posa un genou sur le long tapis moelleux lorsqu'il l'eut perçu. Il courba les épaules, tenta d'essuyer d'un revers du poignet quelques gouttes de sueur qui perlaient à son front crispé et tendit de toute la force de son bras un petit bout de parchemin froissé au sceau de cire presque fondu.

« Messire, cette lettre nous vient de Fort Nolan. »

Le roi, lourdement assis sur son trône saisit la missive du bout des doigts. Puis il arracha soudainement le sceau avec dédain et entama la lecture, la bouche déformée par la contrariété. Chaque homme présent dans la salle royale retenait sa respiration, sans doute par crainte. Les Kelvar en faisaient autant, droits, attentifs au moindre bruit... Pas un des vassaux ne parvenait à arracher son regard du visage changeant de leur souverain. Tous épiaient chaque variation de son expression, chaque infime modulation : une ride qui se creusait, un haussement de sourcils, une convulsion... Si ceci arrivait, la fureur du ciel même ne serait qu'un grain de poussière au cœur de la tempête.

Le roi ne bougeait pas, on aurait pu croire qu'il s'était abandonné aux bras tentants de Morphée s'il ne s'était tenu droit comme un i et si des paupières closes n'avaient qu'à demi masqué ses yeux, frénétiquement agités dans leurs grands orbites. Un gros félin beige se redressa vivement près du trône, agita ses moustaches, alerté par le souffle rauque qui tonnait à ses oreilles noires et blanches. Les bêtes en firent autant. Un homme éternua discrètement. Les yeux du Roi s'écarquillèrent et ses sourcils se froncèrent. Il cracha sur le parchemin et le jeta violemment.

« Les chiens ! Hurla le Roi. Fils du malin... Vous périrez.
- Par Nüthl… murmurèrent quelques soldats de la guilde de protection royale.
- Plaît-il, Sire ? S'enquit l'un des gardes les plus téméraires de la Grande Salle.
- Émile, allez chercher Serrann et Loybelle. Et mettez Lebanen quelque part où il se tiendra tranquille, ordonna le Roi. Il est impossible qu'on le retienne s'il apprend de telles nouvelles. Je ne veux pas qu'il se mêle au combat. Je suis l'unique héros de ce pays, il ne peut y en avoir deux.
- A vos ordres, Sire, répondit le zélé serviteur.

Les pans d'une longue cape de velours bleu volèrent dans la pièce. Le roi se mit à faire les cent pas frénétiquement. Chacun d'eux martelait le sol de pierre comme le tonnerre martelait la pauvre terre d'Uthar. Il n'était pas réputé pour sa tendresse et sa bonté mais plutôt pour cette étrange capacité à éradiquer tout ce qui nuisait à son bon vouloir ou allait à l'encontre de ce fort sentiment d'hégémonie donc il pensait avoir le monopole. Le jeune soldat, ayant accompli sa mission, se hâta de rejoindre son supérieur au Temple, avant qu'un éclair de reproche supplémentaire ne s'abatte sur sa nuque.
Le rythme régulier et pensant de la marche royale ne s'atténua que lorsque le dénommé Émile revint dans la salle, les cheveux en bataille et les mains tremblantes.

« Seigneur, hoqueta le serviteur, vos filles sont à l'abri mais... - Il déglutit avec peine et reprit. – l'on me dit que Lebanen est introuvable, on l'aurait aperçu avant le déluge. Nul ne sait où il a pu se cacher. Il est s'est probablement réfugié au village le plus proche mais cette averse réduit nos chances de le retrouver. Et... Ëthnel a disparu. J'en appelle à votre clémence... Pitié monseigneur ! »

Il ploya l'échine, rampant presque au sol comme un déchet vivant, un ver immonde et répugnant, terrifié à l'idée d'avoir apporté une si mauvaise nouvelle à son roi. Cet acte, en apparence simple et sans réelle conséquence, était passible de pendaison sous le règne de Guilham le Superbe, l'Homme à la Hache d'Or, l'homme que l'on devait payer pour vivre et craindre pour survivre. Cette soumission entière et totale fit naître en Guilham un intense sentiment de plaisir qui parcourut sa colonne vertébrale et qu'il eût peine à cacher.

« Émile, ricana t-il. Rampez, rampez encore... Sachez que j'ai encore besoin de vous. Et pas plus tard que maintenant. Persian ? »

Le Roi étendit le bras... La tête d'Émile roula sur le sol, sectionnée proprement, d'un trait, laissant une longue trainée de sang sur son passage et sur la griffe rutilante du Kelvar. Un long feulement fit écho à cette sentence et un nouvel éclair zébra le ciel alors qu'il achevait sa besogne diabolique.

***
« Tais toi ! Cesse donc de jouer les rabat-joie. Cette série de jérémiades est insensée. Je te le demande encore une fois, donne moi cette épée.
- C'est toi qui va cesser de t'adresser à moi de la sorte ! Tu sais que je ferais n'importe quoi pour t'aider mais il ne m'est pas permis de dérober ainsi Ëthnel et de te la confier. C'est dangereux et tu sais que père... a horreur qu'on lui désobéisse ! Se révolta une jeune femme en marquant une pause indécise avant de reprendre.
- Il n'en saura rien ! Je dois le faire ! Chuchotait un garçon frêle en gesticulant comme un Vigoroth, agrippé à une corde branlante.
- Tu le sous-estimes, Lebanen, soupira la jeune fille qui lui tournait à présent le dos, les épaules basses. Je ne dirai aucun charme pour toi.
- Loybell, fais ce qu'il te demande, et retourne vaquer à tes occupations comme la lecture de tes parchemins froissés par exemple, ricana une autre jeune femme, adossée à une table sur laquelle Lebanen déchargeait de concert sa rancœur et son indignation.
- Ne te mêle pas de ça, Serrann, renchérit la dénommée Loybell avec plus de retenue. Tu es jeune, inconsciente, tout comme lui. Tu vas le pousser à commettre des choses irréparables. Êtes-vous donc sots ?
- Tu as toujours été passablement pénible, ma sœur.
- Le temps file... bien trop vite pour nous, je sens que j'en perds ! » Protesta Lebanen, les mains crispées sur la table.

Dans l'une des tours de Fort Uthar, le principal point de contrôle du pays, assimilable à une capitale, et demeure permanente de son souverain, un étrange trio bataillait fermement. Loybell, Serrann et Lebanen, respectivement filles et fils de Guilham Le Superbe, se querellaient, tâchant de déterminer l'avenir de l'épée royale, lame sacrée, forgée dans l'argent et l'or, précautionneusement enfermée sous une chape de diamant poli surmontant un beau promontoire ciselé, scellée par des chants runiques. Seule Loybell, l'ainée des enfants du roi, grâce à plusieurs psalmodies rituelles était apte à l'ouvrir.

La jeune femme brune vêtue d'une longue toge cintrée de lin blanc, secouait la tête sans cesse, persuadée que ce mouvement de refus ostentatoire suffirait à décourager son jeune frère, bien trop intrépide pour rester sauf en ces temps ci et encore davantage pour se préserver d'un danger auquel peu s'attendaient. Rien n'y faisait : Lebanen et Serrann, fermement décidés à avoir le dessus, mus par cette ardente fougue juvénile, ne lâchaient pas prise. Cette dernière se montrait même plus virulente que son frère en compagnie duquel on la trouvait bien souvent. Les pieds plantés dans le sol, les mains sur les hanches, elle jetait des regards assassins à celle qui lui refusait tout caprice. Ses traits étaient parmi les plus grossiers de la famille : forgée à l'image de son père, elle était pourtant née fille et pestait haut et fort contre cette injustice divine, elle qui aurait rêvé de porter l'armure et la lance.
A l'autre bout de la pièce circulaire, un petit félin fauve secoua ses grandes oreilles. Il étira ses pattes une à une en baillant à se décrocher la mâchoire et ébouriffa sa petite collerette beige avant de rejoindre la fenêtre, sur le rebord de laquelle il sauta lestement puis s'assit, le museau aux aguets. Il était le Kelvar de Loybell et il n'appréciait pas qu'on désobéît à sa maitresse.

Masquant sa profonde déception quant à cet entêtement puéril, le jeune femme tourna son élégant visage vers la vitre. Immédiatement, ses pommettes délicates et rosées absorbèrent la clarté matinale comme une fleur s'abreuve de soleil au petit jour. Elle ferma les yeux. Dans son esprit défilèrent les collines vertes et prodigues d'Uthar, se mouvant en une toile recouverte de couleurs absconses et inconnues que des gouttes translucides estompaient. Un sourire fugace vint tordre ses jolies lèvres pleines. Peut-être avait-elle tort après tout.
Soudain, des tambours résonnèrent. Puis des tam-tam. Des cors. Des cornemuses... Une flûte... Un gong.... L'étrange mélodie traversa ses tympans. Elle fissura cet état de plénitude dans lequel Loybell s'était doucement complainte. Mais ce ne fut pas tout. Ses sens exacerbés perçurent quelque chose d'autre, une sorte de tiroir caché. Une ombre noire. Une silhouette. Une dissonance cinglante rompit la douce quiétude qui l'avait enveloppée. La musique prit davantage de corps et se transforma en un crescendo angoissant. Les percussions s'intensifièrent, le sol trembla, ses mains s'agitèrent, ses yeux se révulsèrent, ses pupilles rétrécirent à n'en devenir que de minuscules tâches noires, sa respiration se fit ardue... Elle heurta la pierre gelée du sol.

Dehors, une fine ondée s'était mise à tomber. Des claquements de sabots au loin rythmaient les battements du vallon. Une bruine succincte humidifiait les terres, un voile ténu d'eau, de ceux que l'on attend avec impatience quand la saison des semailles commence. Uthar était un continent pluvieux. Par huit mois dans l'année, le ciel pleurait. De temps en temps, il arrivait que le soleil perçât l'épaisse nappe nuageuse et l'on pouvait alors apercevoir un faible mais non moins magnifique arc coloré tordre l'amertume céleste..

***
« Nos ancêtres guerriers uthariens, peuple apatride, agile et dégourdi mais peu développé venant de la mer, avaient pris possession de ces territoires quelques siècles auparavant et s'étaient accommodés de chaque élément que le sol leur offrait sans retenue : vivres telles qu'une large variété de poissons et de céréales et évidemment une profusion d'abris naturels.

Les Hautes Montagnes de Myrh, regorgeant d'aspérités et de promontoires, creusées par le temps et sculptées de main de maître avaient fourni sans compter de précieux refuges. L'ascension était à peine assez aisée pour que nous puissions y grimper en cas de menace et assez abrupte pour décourager les plus gros dangers de toute pensée meurtrière. De plus, ils étaient aussi nombreux que la terre était abondante et fertile.

La nature était d'une profonde clémence envers nous, ils avaient décidé de se sédentariser pour de bon. Nous nous mîmes à vénérer cette Mère créatrice et à louer son bonté. Ainsi naquirent Nüthl, génitrice céleste, Jaya, le forgeron aux bras puissants, Yrïn, l'aveugle aux mains dorées... On bâtit des autels éphémères et corruptibles, on esquissa les premières peintures rupestres représentant animaux à ailes, à pattes, crachant le feu, le tonnerre, l'eau, la terre... puis, l'évolution humaine suivant son cours, on érigea des temples de pierre et de chaux, des maisons dans la plaine.

Quant au peuple, en proie aux premières tensions auxquelles chaque civilisation, gangrénée par l'hégémonie et la jalousie humaine, est un jour soumise décida qu'un un homme devait les diriger. Ils choisirent celui que les Dieux avaient « béni ». Thorn le Juste accéda au trône à trente ans : enfant destiné à mourir, il avait survécu. Les Dieux avaient vu en lui une flamme sacrée. Il fut ainsi mené au pouvoir et fut sans doute, le meilleur roi de toute l'Histoire d'Uthar... On construisit un fort imposant en son honneur et l'on convint que la lignée de Thorn serait la seule et unique lignée digne de gouverner... Plaie, erreur...

Les forts pullulèrent. La plupart d'entre eux, dont les fondations trouvaient appui contre les rocs les plus imposants de la chaîne, incarnent encore cette époque originelle et rustique où les bases d'une société intelligente s'étaient établies, puis avaient évolué avant d'atteindre celle que dirige aujourd'hui Guilham le Superbe, ton père... SAUVE LE ! »


Une série de flashs... Cri, douleur... Le noir.

***

Ghùn feulait doucement aux oreilles de Loybell évanouie et secouée sans réelle aménité par sa sœur hagarde. Elle suait abondamment. Lebanen, aussi inquiet que le petit Kelvar roux abandonna la table et vint prêter main forte à Serrann. Ensemble, il relevèrent leur sœur et l'aidèrent à atteindre une chaise où elle se laissa tomber mollement, comme lasse de supporter son propre poids.

« Que se passe t-il donc ? Murmura Serrann.
- Je n'en sais rien ! Nous sommes de véritables idiots, regarde dans quel état nos caprices l'ont plongée.
- Poussez-vous ! » Hoqueta Loybell tandis que son frère essayait d'éponger son front avec sa manche.

Presque revenue à elle, la jeune femme adressa un regard perdu à Ghùn, un regard emprunt de désespoir. Un regard mort. La petite bête s'attrista et baissa le museau un instant. Puis, il fila et rejoignit une dalle près du piédestal royal. Il émit un petit cri puis le silence s'abattit sur la pièce.

Soudain, Loybell fut parcourue d'un spasme terrifiant. Son corps entier se tordit et elle fut jetée près de la coupole de verre sous un hurlement de son frère. Elle s'agenouilla violemment, son beau visage rendu immonde, tordu par la douleur. Le choc de ses genoux contre la pierre les écorcha et un fluide sombre humecta les pans de la tunique immaculée, un fluide qui jamais n'aurait du la souiller.

« Ed nelh ward ütar… undirtun… Ed… nelh ward ütar undirtun…. Ed nelh ward… ütar undirtun... Ed nelh... »

Un fin halo opalescent ceignit la chape de diamant. Loybell, comme contrainte de psalmodier sans cesse, perpétrait son étrange invocation avec la ténacité d'un Makuhita. Cette récitation drainait ses forces vitales et chaque nouveau vers prononcé sortait de sa gorge par à coups, extirpé de force de ses cordes vocales.

Une expression de peur se dessina sur le visage de Serrann. Malgré son attitude revancharde et ses mots accusateurs, son cœur était enclin à la compassion, aux sentiments. Elle aimait sa sœur et craignait que des mots trop hauts n'aient provoqué cette scène.

La chape se souleva doucement lorsque le liserai lumineux eut achevé son ouvrage de clé magique. Loybell s'affala sur le sol. Elle respirait à peine.

« Lebanen… »

Le jeune homme, les yeux remplis de larmes s'agenouilla à ses côtés et saisit sa main blême.

« Oui, ma sœur ? A MOI ! AU SECOURS ! VENEZ M'AIDER ! Hurla t-il à l'adresse d'un garde. Serrann, ramène quelqu'un !
- Prends-la... Murmura Loybell.
- Que dis-tu ? Articula Lebanen en secouant le menton.
- Il le faut… Prends l'épée et sauve-toi. Loin… Il en va de ta survie. Tu dois vivre !
- Non, je vais rester et m'occuper de toi ! Je te demande pardon.
- Nos… - elle toussa - guérisseurs se chargeront de moi… avec brio. J'ai vu… J'ai vu des choses affreuses. Tu dois partir, ne me demande pas de le répéter !
- Qu'as tu donc pu voir d'aussi horrible ? Demanda Lebanen.
- J'ai tout vu... La genèse, la fin... Ta mort, mon frère. »

Lebanen eut un mouvement de recul et manqua de défaillir. Il avait beau avoir atteint ses dix-neuf ans, l'âge des guerriers, il était encore un enfant… avec ses faiblesses et ses peurs. Et par-dessus tout, il ne savait rien du monde extérieur, de ses bontés, de ses dangers...

« Tu dois vivre, m'entends tu ? Tu… seras probablement plus en sécurité dehors… qu'ici. » répéta Loybell.

Lebanen ne comprenait rien aux visions, aux rites, à la magie puisqu'il ne pouvait pas l'exercer.. Mais il lui fit confiance. Il embrassa la paume de sa sœur, y pleura un peu puis se leva. Avec fierté, il avança solennellement jusqu'au piédestal. Sa main tremblait mais il saisit la hampe recourverte de cuir après une seconde d'hésitation et affirma son emprise. Ëthnel était à lui désormais.

Il n'eut pas le temps de penser, ni de se munir d'une besace, de nippes, ou encore de provisions. Il jeta un dernier regard à Loybell étendue sur le sol, saisit le fourreau d'Ëthnel et sous les cliquetis métalliques des armures des soldats uthariens, il ouvrit la fenêtre, hurla, et plongea dans le vide.

***
L'ondée s'intensifia... De bruine, elle se mut en une pluie diluvienne. Des gouttes grosses comme des poings s'écrasèrent sur les pierres de la tour. Le tonnerre se joignit à la fête.


Sous le déluge légendaire commence notre histoire, celle d'un homme, d'une ombre et d'une vengeance...