Chroniques de la région de Kiéta - Konenine et le jardin des évolutions de Tilleul

Le tonnerre retentit tandis qu'une forte pluie s'abattait sur la clairière des évolis. Ces derniers combattaient de féroces démolosses qui les avaient attaqués par surprise. Les ennemis avaient avancé par petits groupes de trois ou quatre déjouant ainsi la vigilance des vétérans de la tribu qui vivaient aux alentours, disséminés dans l'environnement qui convenait au pokémons en quoi ils avaient évolué, et s'étaient directement rendus à la pouponnière où habitaient les évolis en attendant d'évoluer. La stratégie des démolosses s'était révélée efficace, les évolis ne sachant pas se battre, avaient déjà perdu beaucoup de leurs effectifs et les guerriers, évolis ayant évolués, tardaient à arriver.

Konenine, une jeune évoli, défendait courageusement sa famille face à de nombreux adversaires. Elle était robuste et bien bâtie malgré son jeune âge. Sa fourrure d'un roux intense, tachée de sang, reluisait sous l'effet des gouttes de pluie. Elle terrassait et sortait victorieuse de tous ses combats, ayant pris l'habitude d'observer ses aînés, déjà guerriers, combattre, elle s'entraînait régulièrement, pour pouvoir un jour réaliser son rêve, évoluer et devenir une grande guerrière. Son merveilleux flair l'avait alertée bien avant les autres de l'attaque des démolosses et elle s'était empressée de prévenir Aijin, la gardienne de la pouponnière, qui n'avait jamais évolué pour pouvoir consacrer tout son temps aux évolis et les préparer à évoluer. Mais Aijin ne l'avait malheureusement pas crue et lui avait assigné des travaux en plus comme punition pour avoir raconté de pareilles bêtises.

Quand les démolosses commencèrent à attaquer le camp, il était trop tard. Ils avaient bien envoyé des messagers pour prévenir les vétérans, mais ceux-ci assez éloignés de la pouponnière ou partis en mission ne pouvaient intervenir aussi vite qu'il l'aurait fallu. Konemine défendait tant bien que mal ses amis, ses frères et sœurs, et combattait aux cotés de ses aînés qui venaient juste d'arriver. Mais les adversaires étaient de plus en plus nombreux et de plus en plus féroces. Si bien que le clan attaqué devait bientôt battre en retraite au milieu de la clairière et se retrouva encercler par les troupes ennemies. Le clan avait perdu beaucoup de ses membres et malgré leurs efforts acharnés pour reprendre le dessus et gagner la bataille, leurs ennemis étaient trop nombreux et trop forts. Certains membres du clan pensaient à se rendre et à abandonner le combat mais Joshi, le chef de la tribu, ne l'entendait pas de cette oreille. Il était prêt à mourir pour la tribu et ne voulait en aucun cas montrer des signes de faiblesse devant ses adversaires. Un coup de tonnerre retentit, la pluie s'abattait violemment sur le champ de bataille, et l'on voyait les guérisseurs passer entre les rangs à la recherche des blessés.

La bataille reprit donc, la tribu continuait de perdre des membres. Mais la tribu adverse semblait en perdre de plus en plus aussi. Une confiance toute nouvelle s'anima dans les rangs du clan. La tendance semblait s'inverser en la faveur des evolis qui reprenaient peu à peu le dessus et regagnaient du terrain. Cette fois-ci, les démolosses battaient en retraite. Mais ils n'étaient pas près d'abandonner, ils attaquèrent de plus belle.

Konenine était aux prises avec un adversaire particulièrement redoutable, il avait réussi à la mettre sur le dos mais elle n'abandonna pas : il se jeta sur elle dans l'intention de lui donner le coup de grâce mais elle réussit à se relever juste à tant pour voir le démolosse s'écraser sur le sol. Elle se retourna pour aller attaquer un autre ennemi mais son adversaire n'avait pas dit son dernier mot, il se releva et se jeta sur elle. Konenine n'avait rien vu venir, elle s'écroula sous le poids de son adversaire. Elle s'arc-bouta autant qu'elle put mais elle ne pouvait reprendre le dessus. Elle se retourna alors et entreprit de griffer à mort son adversaire qui sauta aussitôt un peu plus loin mais il n'avait toujours pas l'intention de lâcher prise. C'est à ce moment là que Konenine comprit que ce serait un combat à mort. Jusque là, elle n'avait fait que laisser ses adversaires pantelants et haletants, sans plus aucune force, répugnant à ôter une vie, même à des ennemis. Mais celui-ci ne lâcherait pas prise, il était prêt à vaincre coûte que coûte. Le démolosse lui sauta dessus une nouvelle fois, Konenine se défendit en lui mordant l'oreille ce qui n'eut pour seul effet que de l'enrager encore plus. Après quelques minutes de combat intensif elle réussit, tant bien que mal, à mettre son adversaire sur le dos. Elle se mit à le griffer, espérant que ça le dissuaderait de continuer ce combat mais celui-ci ne voulut pas, il était prêt à mourir pour son clan et il mourrait pour son clan. Alors Konenine s'élança, elle mordit son opposant à la gorge, on entendit un crac sinistre et son adversaire errait maintenant dans les limbes. Pour la première fois, la jeune évolie avait tué et pour la première fois aussi elle goûtait au sang. Elle n'était prête pour aucune de ces choses, trop jeune, sûrement…

Sans qu'elle ne s'en rende compte, le sang la rendit folle, elle en redemandait, c'était devenu sa seule raison de vivre, boire du sang… Elle erra dans ce vaste champ de bataille, s'attaquant au premier venu, allié ou ennemi, ne s'en rendant même pas compte lorsqu'elle attaquait ses amis, jusqu'au moment où elle s'en pris à sa petite sœur, sans défense perdue dans toutes ces effusions de violences et de sang. Konenine ne la reconnut pas au début, trop aveuglée par son envie de mordre la chair, elle l'attaqua sans pitié jusqu'a ce que sa sœur crie son nom. « Konenine » fit-elle. On pouvait ressentir la peur dans sa voix, peur de sa sœur ou plutôt de ce qu'elle était devenue. Et à ce moment là, konenine revint à la raison, elle vit sa sœur et elle ne comprit pas … Elle ne comprit pas pourquoi sa soeur était blessée, elle ne comprit pas le regard horrifié que lui lançait à chaque fois que cette dernière la regardait... Mais sa rage de vaincre reprit le dessus, tout de même atténuée. Elle restait lucide mais fougueuse et impétueuse ; malheureusement, elle s'en prit à plus gros qu'elle : un démolosse énorme avec des muscles saillants, une cicatrice apposée sur la partie gauche de son visage. Malgré son état précaire, dû à sa longue errance sur le champ de bataille et ses combats interminables, elle l'attaqua par derrière mais le démolosse eut tôt fait de reprendre le dessus et de la plaquer au sol, elle réussit à se dégager mais trop faible, elle resta étendue sur le sol. Le démolosse revint vers elle, elle succomba à la fatigue, et sombra dans l'inconscience jute à temps pour voir son opposant s'élancer sur elle, toutes griffes dehors…