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To the stars (DragonHeart) [one-shot] de dragibus57



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Informations

» Auteur : dragibus57 - Voir le profil
» Créé le 27/12/2009 à 19:05
» Dernière mise à jour le 01/01/2010 à 12:18

» Mots-clés :   Absence de combats   Drame   One-shot   Romance

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To the stars (DragonHeart)
Voilà plusieurs heures que le vieil homme est assis à son bureau, à cliquer sur des fichiers et à voir défiler les notes de son ordinateur. Il s'étire, baille et masse ses paupières pour tenter de chasser les petits points de fatigue qui dansent devant ses yeux. Il laisse son esprit s'aérer quelques instants, histoire de faire une pause.

Il songe d'abord à se faire une tasse de thé bien fort, mais y renonce en se rappelant qu'il n'a pas eu le temps de faire les courses cette semaine. Le temps. C'est ce qui lui manque le plus. Tout passe si vite ! La vie s'écoule sans qu'on ait pris la peine de s'en apercevoir.
Il n'y a pas si longtemps encore, il était un dresseur de renom...

Comme la madeleine pour Proust, l'arborescence de ses pensées l'entraîne bien vite très loin de ses préoccupations actuelles. Dans le passé. Quarante ans plus tôt…


DragonHeart - To the Stars

http://www.youtube.com/watch?v=7sE9h7cAwU8 (ouvrir le lien dans un nouvel onglet)

« Sammy… Je vais avoir un bébé…
- … Un bébé ? Un tout-petit ? A nous ?
- Oui…»

Ils s'étaient trouvés par hasard, comme c'est le cas pour toutes les rencontres importantes de la vie.
Il l'avait aimée au premier regard.
C'était il y a un an à peine, mais le temps semblait s'être suspendu pour eux.

A présent, ils se promenaient main dans la main, le long de la plage déserte.
Le soleil qui commençait à décliner sur l'horizon baignait la mer de reflets mordorés.
Ils partageaient ensemble la sensation de leurs pieds nus s'enfonçant délicieusement dans le sable encore tiède. L'air était saturé d'embruns salés qui parfumaient leurs lèvres.

Sammy serrait fort la main de sa compagne et ce contact suffisait à l'emplir de bonheur.
Il ne vivait que pour cet instant où il pouvait la prendre à nouveau dans ses bras, l'embrasser, où ils se retrouvaient enfin après une longue journée de séparation.
Il dégustait alors ces moments privilégiés où ils étaient seuls tous les deux, loin des bruits de la ville et des tracas du quotidien.

Ils s'assirent sur le sable, face à la mer.
Elle ramena ses genoux sous son menton, couvrit ses jambes nues de sa longue jupe chamarrée et noua ses doigts bronzées autour de ses chevilles.

Sammy, assis tout contre elle, sentait la chaleur de son bras sur le sien. Il frissonna de bien-être et posa la main sur sa nuque, dans ce petit creux délicieux révélé par la chevelure nouée en chignon. Il s'attendrit des petites mèches que le vent avait délogées de la pince et laissa ses doigts courir un peu plus bas, dans le creux si harmonieux du dos. Le grain de la peau était si fin, si doux…une invitation à la caresse.

Elle nicha sa tête contre son épaule, dans cet espace qui semble avoir été conçu exactement à cet effet, et ferma les yeux.
Pur instant d'éternité où les cœurs se rejoignent à l'unisson de l'amour.

« Je t'aime, murmura-t-il au bout d'un moment. J'aime ce que tu es et ce que tu fais, j'aime tes mots et la manière dont tu les dis, j'aime ta façon de poser les yeux sur moi, j'aime la saveur de tes lèvres et le goût de tes mains. Tout, j'aime tout de toi…
- Je t'aime aussi. Plus que tout, au-delà même de ce que j'imaginais. Avant toi, je ne savais pas que j'étais capable d'aimer ainsi. Capable de donner, mais aussi de recevoir autant d'amour de la part d'un homme. »

Ils éprouvaient un plaisir subtil à ces mots tendres qui n'appartenaient qu'à eux.

Elle leva brusquement la tête, prit le visage de son compagnon entre ses mains et le regarda au fond de l'âme :
« Sammy… Je vais avoir un bébé…
- … Un bébé ? Un tout-petit ? A nous ?
- Oui… »

Il la serra fort dans ses bras, enfouissant son nez dans le cou tiède et parfumé, butinant fébrilement son odeur et le velours de sa peau.
Quand il la relâcha, ses yeux étaient brillants. Humides. Il effleura de sa main le ventre encore plat. Précautionneusement.

Comme il est loin ce temps bienheureux de l'attente, à deux… Puis de la délivrance. Et la découverte du bonheur à trois…
Le vieux professeur voudrait dévier le cours de ses souvenirs, mais la marée des images et des sensations afflue et reflue sans cesse. Le flot l'emporte plus loin qu'il ne le souhaite. Vers les côtes acérées du chagrin…


Le petit salon du funérarium baignait dans la pénombre, comme il est de mise dans de telles circonstances. Le cercueil était posé sur des tréteaux surélevés, habilement dissimulés par le drapé d'un tissu violet.
Ouvert.
Le corps reposait, enveloppé dans une garniture de satin blanc. Le visage était serein, maquillé avec soin pour lui donner un semblant de vie. Les cheveux avaient été savamment disposés en corolle sur le petit oreiller à volants.

Sammy était assis sur l'un des sièges disposés tout autour de la petite pièce. Il pleurait. Fort. Bruyamment. Sans retenue. Certains auraient dit : sans dignité… Les larmes coulaient de son visage et venaient s'écraser sur son jeans en constellations irrégulières.
A côté de lui, un jeune garçon, les joues baignées de perles silencieuses, lui pressait la main et lui parlait à voix basse.

Très régulièrement, le père se levait, s'approchait du cercueil pour caresser le front froid. Ou pour embrasser les lèvres artificiellement colorées. Ou encore pour glisser un dernier mot tendre à l'oreille désormais sourde.
Tout aussi régulièrement, le fils allait le chercher et le ramenait patiemment à sa place.

Des gens entraient et sortaient, pour bénir le corps, déposer une gerbe de fleurs, écrire un mot dans le registre de condoléances. Aucun n'avait le courage de s'approcher de Sammy.
Que lui dire ? « C'est un terrible drame… Si jeune… Un accident tragique… Nous sommes sincèrement désolés… Nous partageons votre douleur… » ?

Deux grosses larmes roulent dans les sillons creusés par l'âge.

Tout-à-coup, la porte du centre de recherches s'ouvre avec fracas et un tourbillon de jeunesse et d'insouciance s'engouffre dans le laboratoire.
« Grand-père ! Il faut que je te montre un truc incroyable ! »
Chen essuie rapidement ses yeux d'un revers de manche et sourit au jeune rouquin qui vient de déposer une pokéball sur son bureau :
« Ah, c'est toi Régis ! Quel bon vent t'amène ?... »