Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Dénouer les langues de Dragondegivre



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Dragondegivre - Voir le profil
» Créé le 25/12/2009 à 15:23
» Dernière mise à jour le 11/08/2010 à 22:48

» Mots-clés :   Humour   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Thérèse
Marc regarda à sa droite puis à sa gauche d'un air conspirateur. Placé dans le renfoncement de l'entrée de sa chambre, il scrutait, inquiet, l'arrivée hypothétique d'une infirmière. Depuis plusieurs minutes cependant, personne n'avait arpenté le couloir. Se décidant enfin, Marc bondit au milieu de l'allée et se mit à courir en direction des escaliers. Excelangue sur les talons, il espérait son escapade discrète, mais c'était comme vouloir rendre invisible un bœuf dans un placard.

Dépassant la dernière porte avant les escaliers, Marc fut happé par deux bras musclés. Il manqua de hurler de surprise, surtout lorsqu'il vit Excelangue vouloir lui sauter dessus comme un catcheur.

« Marc ! Qu'est-ce que tu fiches à courir au milieu du couloir ? »

La voix était familière, mais de cette familiarité dont on se passerait bien. Marc tourna ses yeux saturés du rose de la peau d'Excelangue vers son empêcheur de courir en paix.

« Oh… souffla-t-il, Patrick. »


Patrick. Patrick était de ces personnes qu'on n'apprécie voir que de loin. Il était, comme Marc, un habitué des services, et ils s'étaient déjà croisés à plusieurs reprises dans ce même hôpital.

Marc sourit avec rancœur à Patrick. Qui lui répondit avec un air niais dont seul lui – et peut-être Excelangue – avait le secret. Marc regretta soudain de ne pas avoir sauté par la fenêtre de sa chambre pour sortir.

« Alors, insista naïvement Patrick, pourquoi tu cours ?

- Je m'enfuis de l'hôpital. »

La bouche de Patrick décrivit un O parfait.

« Pourquoi tu fais ça ? demanda-t-il.

- Parce que j'ai un truc à faire dehors.

- Oh ! Je vois, je vois ! »

Patrick arrosa Marc de plusieurs clins d'œil et lui bourra les côtes de coups de coude. Patrick avait, comme beaucoup d'hommes sur Terre, un phallus à la place du cerveau. Marc se mit à espérer qu'il était hospitalisé pour une greffe cérébrale ou, faute de mieux, une castration chimique.

Marc avait plusieurs fois, durant ces longs séjours à l'hôpital, essuyé la tempête Patrick. Il débarquait toujours à l'improviste dans sa chambre, racontait des blagues plus ignobles que celles des Bidochon et s'en repartait pour, citons-le, « mater le cul des infirmières ». Marc avait plusieurs fois voulu étrangler Patrick ou l'assommer avec une chaise. Mais, compte tenu du grain qui poussait dans sa boîte crânienne, la secouer de la sorte n'arrangerait sûrement pas les choses. Et Marc ne voulait surtout pas que Patrick entame les blagues Carambar ou lui propose de regarder un film de fesses avec lui.

« Ecoute, soupira Marc, ce n'est pas pour un rendez-vous galant…

- Oh ! le coupa Patrick en continuant sa rasade de coups de coude.

- …et ce n'est pas non plus pour aller voir les putes. »

Patrick parut déçu. Il haussa les épaules puis souffla.

« Alors je ne viens pas avec toi.

- Encore heureux ! pensa tout bas Marc.

- Tu sors pourquoi alors ?

- C'est un secret. »

Pour une fois, Patrick comprit le message. Il passa son index sur ses lèvres closes et jeta la clé virtuelle derrière son épaule en souriant de toutes ses dents. Si Marc en avait eu la possibilité, c'est avec une agrafeuse qu'il lui aurait cloué le bec.

« Tu penses vraiment pouvoir sortir sans qu'ils te voient ? demanda Patrick.

- On verra, commença Marc. C'est surtout cet abruti de… MERDE !»

Marc se tourna d'un coup vers Excelangue. Qui avait disparu du couloir.

« Qu'est-ce que tu as ? » s'inquiéta Patrick derrière lui.

Marc ne répondit pas, préférant chercher du regard l'abruti de pokemon rose qu'on lui avait imposé. Au moins, Patrick ne semblait pas l'avoir remarqué.

« Tu cherches quelque chose ? Insista Patrick.

- Oui, euh… non, rien. »

Patrick cligna plusieurs fois des paupières et essaya de comprendre le message. En vain.

« Tu cherches quelque chose ou rien ?

- Rien ! »

Patrick recula d'un pas. Non pas que Marc lui faisait peur, mais les postillons n'avaient jamais été sa tasse de thé. Il se gratta la joue.

« D'accord Marc, cherche rien. »

Il parut un instant troublé par ses propres paroles. Mais moins encore que Marc qui le fustigea du regard.

« Non, je ne veux pas de ton aide, Patrick. »

Marc était prévoyant car Patrick était prévisible. Après tout, c'était bien lui qui avait été hospitalisé suite à un accident au cours duquel il avait cru bon de se couper les ongles avec un sécateur. Pour sa défense, Patrick avait seulement mentionné, après son opération et une fois arrivé dans la même chambre que Marc, que ce n'était pas contre-indiqué dans la notice de l'instrument. Certes, avait conclu Marc. Mais à ce tarif-là, Dieu aurait dû faire une fiche d'instruction pour la procréation, en insistant bien sur le risque d'avoir un énergumène pareil à la naissance. Sa mère aurait ainsi pu y réfléchir à deux fois avant de fauter.

Alors que Patrick tournait en rond derrière lui, Marc décela dans un chariot à linge le bout de la queue d'Excelangue. Ni une ni deux, il bondit dans le couloir, salua vite fait Patrick et disparut derrière le chariot.

« Excelangue, murmura Marc, t'es là ? »

Un ronflement digne d'un grizzli pris du nez lui répondit. Marc soupira. Pourquoi le professeur Chen ne lui avait pas plutôt filé un pokemon digne de ce nom, comme un Dracaufeu ? Avec un gros tas de graisse rose tel qu'Excelangue, il n'était pas sorti de l'auberge ! Toujours était-il que l'endroit où le pokemon avait choisi de s'endormir lui faciliterait la tâche pour sortir. Marc rangea la queue d'Excelangue au fond du chariot, prit une blouse sale de médecin et l'enfila. Puis il s'élança à l'assaut de l'ascenseur.

Lorsque les portes s'ouvrirent, une foule de personnes sortirent. Marc n'était pas à l'aise, mais il fit mine d'être effectivement ce docteur Perlot qui sort le chariot à linge. Comme on ne le remarqua pas, il s'engouffra dans l'ascenseur et appuya sur le bouton du rez-de-chaussée. Dans quelques minutes, il serait enfin dehors, prêt à s'attaquer à la Team Rocket. Enfin, si Excelangue voulait bien cesser de lui baver sur les chaussons…