Le Caninos éveillé de evoli(e)-princess

Durant les deux mois qui suivirent, je m'entraînai sans relâche avec Simiabraz pour perfectionner mon agilité, ma défense, mon esquive et eut la possibilité d'affronter les professeurs de feu et obtenir une victoire contre un Azumarill. J'avais aussi progressé en technique et en vitesse avec Galopa.

J'avais appris des attaques plus complexes, aéropique étant celle que j'avais eu le plus de mal à maîtriser, mais qui était mon meilleur atout. J'avais également appris à les combiner et à les manier avec grâce. Personnellement, j'avais pris cinq kilos, mon poil s'était lustré. Je mesurais 64 centimètres et prenais des courbes avantageuses... pour une Caninos bien entendu.

Mon aspect avait considérablement changé. Bien que j'étais désormais capable de dire les lettres et le mot feu, je paraissais plus calme, réfléchie, puissante tout en restant souple et agile. Mon regard s'éteignait souvent lorsque je me rappelais mes souvenirs et quand je réfléchissais profondément. Mes griffes s'étaient allongées et m'avaient permis d'apprendre griffes feu, une attaque bien rare.

Aujourd'hui, Willia devait nous rassembler dans nos pokéballs. Je refusai totalement de me laisser capturer. Je trouvai que cela portait atteinte à ma liberté, c'est ainsi que j'acceptai un combat pour déterminer si j'aurais ou non une pokéball. Elle me fit affronter Pirate qui me reconnut facilement et poussa un rugissement me tétanisant sous son souffle. Bien que je fusse plus petite, je rugis aussi, moins fort, mais plus rageusement. Nous nous fixâmes dans les yeux et débutâmes notre combat.

- Pirate, envole-toi et utilise frappe atlas !
- GROÂ !!

Le dragon s'envola et fonça sur moi, griffes toutes ouvertes et l'air déterminé à me mettre la raclée. Je fis un rapide bond sur le côté et creusai rapidement, c'était l'attaque tunnel. Je creusai une galerie importante en moins de vingt secondes, puis remontai à la surface et frappai Dracaufeu accroupi près de mon premier trou.

Je lui déchiquetai le dos avec griffes feu et mordis en haut de son cou sans lâcher prise. Il s'affaiblissait considérablement et me décrocha avec une frappe atlas. Je me tortillai sur le dos, il me semblait brisé et je me sentais incapable de bouger. Je parvins tout de même à lui lancer une toxic et un jet d'huile chaude, le feu ne me venant plus beaucoup. Pirate s'écroula, mais une lueur brillait dans nos yeux.

Lui ne voulait pas décevoir Willia qu'il aimait depuis qu'il était un Salamèche, depuis qu'elle avait repeint sa vie grise en couleurs flamboyantes. Moi, je voulais ma liberté, rien que ma liberté sans pokéball pour m'entraver. Rien que ma liberté sauvage que mes semblables trahissaient pour obéir aux hommes. Je me relevai péniblement, fragile, et lança mon dernier combo'. Je fis zénith, me rechargeant un peu grâce à ma capacité spéciale torche, puis lançai boutefeu, aéropique et le finit avec queue de fer.

Il tomba K.O. Je me tins debout, face à Willia. Mes pattes flageolèrent et je m'écroulai sur mon flanc, puis soulevais avec douleur et fatiguée la tête et fixai le regard de la jeune fille.

Le temps s'était arrêté autour de nous, les feuilles qui s'agitaient sous le vent stoppèrent net et le chant des oiseaux se suspendit dans les airs. Les Charmillon, les Papillusion, les Apitrini et autres qui butinaient le nectar des fleurs s'arrêtèrent, les gouttes d'eau ne tombaient plus. Doucement, tout doucement, ma tête tomba tandis que je soutenais de mon regard perdu celui de Willia.

Je me rappelai d'un conseil de Galopa : «Si tu ne sens plus ta force, ta vie, ta victoire, n'hésite pas à lancer une flamme rose sur tes coussinets, tu te sentiras comme neuf ! »

Je me concentrai, mais sans succès. Comment produit-on une attaque de soin ou une flamme rose ? Je lançai une flamme violette, mais je m'évanouis avant qu'elle ne frôle mes pattes. Je vis du coin de l'œil que Willia avait sorti quelque chose de sa poche avant de sombrer dans les ténèbres.

* * * *

Je m'éveillai. Je me trouvais dans une pièce blanche pleine de machines et de Pokémon endormis ou blessés. Des électrodes étaient dispersées sur ma fourrure et me rechargeaient peu à peu. On m'avait placé sous une cloche de verre tout en recevant un courant d'air frais, avec un Aromathérapie diffusé, régénérant et faisant briller ma fourrure, de même que les autres spécimens se trouvant en soin dans la pièce.

Je me sentais formidablement bien et une envie de galoper vite tout en aboyant germa dans mon esprit. Je poussai la cloche et les ventouses qui me collaient s'ôtèrent automatiquement. Une fenêtre ouverte ne me permettait pas de sauter, trop étroite, car elle servait de ventilation ambiante. Je poussai un vague grognement et continuai à chercher une sortie. J'entendis quelqu'un s'approcher. Je me faufilai sous une table avec cloche où se reposait un pokémon et me tins immobile.

C'était une jeune femme qui possédait des cheveux roses nattées qui formaient une courbe de chaque côté de sa tête. Elle portait une toque blanche avec une croix grecque rouge qui retenait une masse de cheveux au-dessus de sa peau diaphane, laissant ressortir ses yeux bleu profond... Son regard était pénétrant, mais doux et amical, jovial. Elle portait une blouse blanche avec un badge où on lisait "Infirmière Joëlle". J'étais fière de pouvoir égaliser les humains dans leur langage de communication lyrique.

Sa bouche s'ouvrit en rond tandis qu'une Leveinard la suivait en poussant un chariot regorgeant de nourriture et de médicaments et autres matériels médicaux. Elle eut pour premier réflexe de sortir un Lippoutou et un Marcacrin qui la fixèrent, attendant docilement un ordre. N'avaient-il s aucune fierté de leur pouvoir ? Quel mépris de soi-même...

Je l'entendis ordonner au Lippoutou de se mettre à danser pour que je m'agite aussi. Je fermai les yeux et imaginai une scène probable selon le son et les odeurs. Puis elle ordonna à Marcacrin de me flairer. Je l'avais anticipé en me recouvrant de ma flamme contre les limiers. Le Goinfrex au-dessus de moi s'agita dans son lit. Aussitôt les regards se tournèrent vers lui. Je me tassai encore plus si c'était possible.

Un quart d'heure plus tard, après avoir donné les soins au goinfre ambulant qui avait des maux de ventre, la jeune femme eut enfin l'idée de se baisser pour voir si je n'étais pas caché à terre. N'ayant pas de plan de secours, je me mis à courir vers la porte entrouverte. Ses trois Pokémon me firent barrage, mais j'avais les yeux fermés.

Je les expédiai au tapis en quelques lance-flamme. Je galopai dans les couloirs et finis par arriver dans le hall à bout de souffle. Des dresseurs et des coordinateurs me dévisagèrent, étonnés. Néanmoins, ils eurent tous l'idée de m'acculer à un mur avec leurs Pokémon pour que l'infirmière me reprenne. Je les envoyai tous au tapis. Tous K.O. quand Willia survint. Elle sortit une pokéball rose et lança un laser qui me transforma en espèce d'énergie.

Elle... M'avait... Capturé ? NON ! Je n'étais pas son chienchien qui allait lui obéir au doigt et à l'œil ! Je tentai de sortir de cette prison avant de me rendre compte que je n'avais toujours pas ouvert les yeux. Je me fichais bien de savoir à quoi ressemblait l'intérieur d'une pokéball, c'était trop petit pour moi ! Je ressortis de la ball, furieuse. Seulement une armée de Pokémon me faisait face. Qu'à cela ne tienne, je voulais ma liberté, pas de pokéball !

J'aurais fini K.O. si je n'avais pas compris comment marchaient les flammes régénératrices... Les seuls Pokémon restant face à moi possédaient une torche qui les immunisait des déflagrations que je produisais. Mes professeurs étaient vraiment montrés attentifs et m'avaient bien appris la puissance.

Je me concentrai une dernière fois et lançai ma plus secrète attaque... Dracosouffle... Le Milobellus du barbu me l'avait apprise et ne maîtrisant pas ce type, je me sentais au début vide de toute énergie. A présent, j'étais légèrement confuse, mais plus fatiguée.

Mes adversaires terrassés, je fis un bond pour éviter un autre jet de lumière sensé me faire entrer dans la pokéball rose, une loveball apparemment. Je n'aimais pas ces manières... Je fonçai sur les portes de métal qui s'ouvrirent automatiquement. Je me retournai une dernière fois pour voir mon carnage.

Les Pokémon étaient tous étendus, leur dresseur les houspillant pour qu'ils continuent à se battre, sauf deux ou trois qui s'inquiétaient pour leurs compagnons. D'autres n'avaient pas bougé et protégeaient leurs compagnons de route... Je n'eus pas le temps de m'attarder là. Willia retenta de me rentrer dans sa cage ronde, mais je fis un autre bond de côté. Étant au mieux de ma forme, je m'enfonçai dans les ruelles et sautai le petit barrage qui séparait la ville des bois. Je disparus dans les fourrés, à l'abri des hordes de dresseurs pendant un certain temps...

Galopant à une vitesse régulière, je zigzaguai entre les ronces de baies remu et framby. Quelle belle sensation ! Fouler le sol de mes coussinets, cette terre meuble pleine de richesse et de vie, fraîche et humide, laissant germer des brins d'herbes qui la rendent douce et solide. Je piétinai ces étincelles de verdure et parvins à une clairière.

Les pâquerettes qui parsemaient le sol se balançaient au rythme du vent. Au centre de la clairière se trouvait un caillou fissuré. Je m'approchai silencieusement de cette chose étrange. Soudainement, je perdis le contrôle de moi-même et m'écroulai, vaincue par je ne sais quoi avant d'entendre "Faible... Trop faible mais avec un si grand potentiel... Jeune chienne... Veux-tu devenir mon élève ? Shymi ?"


Je m'efforçai d'ouvrir les yeux et rassemblai mon énergie, qu'importe qu'il connaisse mon nom ou pas... Je retrouvai ma forme originelle et l'esprit qui avait prit possession de mon mental. Le minéral frémit et une buée oscillant entre le violet et le vert prit place... Des sortes d'yeux me regardaient fixement, ils semblaient perplexes, attendant un semblant de réponse, un mot. La créature fit léviter son socle et tourna autour de moi.

D'instinct j'établis une barrière de feu, tandis que des gouttes de pluie se mettaient à tomber. Elles s'évaporaient au contact de la flamme violette qui me protégeait. Le spectre me lança un sourire ironique et il se mit soudainement à tomber des cordes. Je repris ma forme terre, mais gardai des flammèches sur ma fourrure pour faire illusion.

Mon adversaire n'était pas dupe et repéra tout de suite mon petit jeu.Il relança une attaque vibr'obscur. Je l'esquivai sans trop de précipitation et renvoyai une danse-flamme. Il se la prit de plein fouet, mais ne broncha pas et revint à la charge. Je l'esquivai in extremis avec Hâte et cette fois, je l'attrapai avec crocs feu avant de m'effondrer. Ma tête me tellement faisait souffrir que je ne pouvais plus bouger. Même gémir me demandait de l'énergie et accroissait mes douleurs. Il se pencha au-dessus de moi d'un air narquois avant que je ne perde connaissance, sombrant dans les ténèbres.

Quelques heures après, peut-être plus, je repris mes esprits, mais restai dans la position où j'étais, les yeux fermés et la respiration lente. Je tendis l'oreille, ne bougeant pas. Le Spiritomb semblait occupé à me soigner. Des voix émanaient de son corps, comme s'il n'était composé que d'esprits et d'un socle de minerais, ces esprits se canalisant en une seule et même unité qui formait mon redoutable adversaire.

Remarquant mon éveil, celui-ci me redressa à l'aide de ses pouvoirs et je me tins debout sur mes pattes, alerte et disponible au cas où il me réattaquerait.

- N'aie crainte, je suis là pour t'apprendre.
- Qui es-tu ? De quel type es-tu ?
- Je suis un Pokémon ténèbre-spectre, mais appelle-moi Spirit'.
- Bien, donc aucun type ne t'affecte. Je suis prête à devenir ton élève, seulement donne-moi tes conditions de vie pour que je sois sûre d'être apte à ton enseignement.
- Tu pourras dormir au pied d'un arbre, je veux te voir ici à l'aube prête à travailler tes capacités. Un moment avant le crépuscule, nous testerons tes capacités au combat contre moi.
- J'accepte tes conditions. Quand démarrons-nous ?
- Dès demain. Aujourd'hui je vais t'initier à certaines techniques dans le calme et le repos. J'ai vu que tu avais un grand potentiel, mais que tu gardais ton esprit peu fermé. Puis-je savoir si tu connais des attaques d'autres types que feu et normal ?
- Oui, séisme et dracosouffle. Je ne pense pas en connaître d'autres...
- Je t'ai demandé les types et non les attaques.
- Je connais des attaques du type dragon et sol.
- Voilà qui m'a l'air bien... Je t'apprendrai d'autres types dans la limite du possible et de tes moyens.

Je grognai avec contentement. Si ce "Spirit'" pouvait me rendre forte, pourquoi pas. Tant qu'il ne parlait pas d'évoluer pour commencer un élevage d'œufs, ça me convenait. J'envoyai quelques flammèches rosées sur ma fourrure qui me remirent d'aplomb et observai les alentours. J'humai l'air.

On ne sentait que les effluves des bois et les petits Pokémon peuplant la forêt où je me situais. J'allais encore apprendre, mais tous les chemins sont longs pour devenir puissant, et quand j'en aurai fini, je retrouverai Shirô et le libérerai ainsi que maman Alna et Shymée si elles étaient encore en vie afin de montrer que nous, simples Pokémon, ne sommes pas des machines servant la volonté de simples dresseurs avides de violence.

L'après-midi durant, Spirit' m'apprit les astuces de survie et de repérage dans le vaste monde qui m'entourait. Je fis également connaissance des habitants de la forêt : Pachirisu, Pikachu, Chenipan, Papillusion, plus rares ceux-ci, et tant d'autres dont le nom ne me revient pas vraiment à l'esprit. Cependant, les seuls canidés présents étaient des Medhyena et des Malosse, mais pas d'évolutions, ce qui m'attristait.

Le plus puissant était Dinoss, un Malosse borgne et sanguinaire qui n'hésitait pas à ouvrir sa patte pour combler ses envies sans blesser qui que ce soit. Il était froid et distant avec moi, mais prêt à me défier à la première occasion. Tous les canidés de la forêt lui obéissaient au coussinet et à l'œil.

Je semblais surprendre tous ceux que Spirit' me présentait aussi. Ils avaient dans les yeux une lueur de curiosité et d'étonnement. Une vieille Typhlosion me souffla à l'oreille qu'habituellement, seuls les plus puissants Pokémon et les évolutions finales avaient l'immense privilège d'être un élève de Spiritomb, car celui-ci n'aimait pas enseigner et encore moins à des jeunes qui n'avaient pas évolué.

Elle me dit aussi qu'il ne présentait pas ses "élèves", qu'il ne leurs apprenait pas tout et qu'il ne les choisissait pas, mais que c'était à eux de lui demander son enseignement. Elle avait elle-même réussi à obtenir un temps d'enseignement qui lui avait été bénéfique. Ses yeux rouges étaient voilés et restaient ternes. Elle était aveugle et voyait par un pouvoir développé, obtenue plus jeune par mon professeur extraordinaire.

Au crépuscule, Spirit' m'amena au pied d'un pommier noueux. Je me mis en boule entre ses racines et attendit que mon professeur me rappelle l'heure de mon premier cours et s'en aille. Quand la nuit fut bien tombée et que la Lune éclairait le paysage d'un air fantomatique, je m'étirai et fermai les yeux. Les oreilles bien tendues et le flair travaillant, j'arrivai devant un arbre de baies oran. J'en mangeai quelques-unes et en rapportai une dizaine que j'emmagasinai sous les racines de mon arbre. Puis je m'endormis d'un sommeil pur et léger. Je n'avais fermé qu'un œil.

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