Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

File! Comme une étoile! de illapa



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : illapa - Voir le profil
» Créé le 28/11/2009 à 23:03
» Dernière mise à jour le 01/03/2010 à 01:56

» Mots-clés :   Humour   One-shot   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
File! Comme une étoile! [One-shot]
Il était dans le pétrin.
Non pas qu'il eût quoi que ce soit à voir avec un quelconque boulanger, même si des tas de boulangers auraient sûrement eu quelques mots à lui dire. Il avait juste des ennuis jusqu'au cou. Il s'en serait bien passé, mais rien à faire, c'était comme ça. C'était fait, et il fallait à présent s'en accommoder d'une façon…ou d'une autre. Il se retrouvait donc à courir comme un dératé dans les rues de cette affreuse ville… A ce propos, il n'aimait pas cette ville. Dès le premier regard, il avait senti qu'elle n'était qu'un nid à problèmes. Elle était trop grande, ses murs étaient trop gris, ses immeubles trop hauts, ses habitants, humains comme Pokémon, trop zélés. Une ville comme ça était donc logiquement trop problématique.
Il l'avait senti ! Il le savait ! Et il s'en mordait les doigts…
Cependant, son principal souci dans l'immédiat, c'étaient ses poursuivants, trop rapides.
Non loin de là, à l'entrée de la ruelle où il s'était réfugié, la silhouette d'une femme apparut à contre-jour, puis cria. Automatiquement, ses jambes se mirent à pédaler sur le béton, tandis que derrière lui, deux Pokémon se mettaient à le courater.
-Malosse ! Cornèbre ! Poursuite !
Instinctivement, le fugitif lança une attaque feinte. Il se fondit dans l'ombre des hauts murs, bifurqua rapidement dans une ruelle adjacente et échappa aux Pokémon ténèbres. Cela lui permit de prendre un peu d'avance sur eux. Qui ne durerait pas. A défaut d'être un Pokémon rapide, il lui faudrait donc être un Pokémon rusé.

Il eut une idée. Il sèmerait donc ses poursuivants en dressant un tas d'obstacles entre eux et lui. Des obstacles grands, petits, mouvants ou immobiles, de toute taille et de toute forme. En d'autres termes, il plongea sur un boulevard noir de monde.
Ce fut une erreur.
Certes, il réussit à mettre de la distance entre lui et les poursuivants de la ruelle, mais il finit par tomber sur un Caninos. Suivi d'une exclamation « Il est là ! » du policier qui l'accompagnait.
Et il en fut quitte pour une nouvelle course.

Allons bon, voilà que la police se joignait à la partie maintenant ! Ce n'était pas très équitable. Lui, il était seul. Un contre tous. Mais il ne fallait pas qu'il se fasse attraper. Sinon… Il préféra ne pas y penser. Il devait se concentrer sur sa fuite. Il devait fuir. Le plus vite et le plus loin possible. C'était une nécessité.
Hmm. Un de ses amis voleur lui avait un jour conseillé d'utiliser du poivre contre les Pokémon au flair développé.
Sauf que… Pour commencer, il n'avait pas de poivre. Et ensuite, ceux qui le suivaient l'ayant dans leurs champs de vision, ils n'allaient sans doute pas s'amuser à sniffer du poivre juste pour perdre sa trace. Et ils gagnaient du terrain…
Non il ne fallait pas qu'ils l'attrapent ! Tout, mais pas ça ! Il devait s'en sortir, il allait s'en sortir ! Comme dans les films à la télé, où le héros est poursuivi à la fois par les mafieux qui pensent qu'il est un espion du FBI, et par ledit FBI qui pense qu'il est un des leaders mafieux. Stupides films ! Dans ce cas-là, le personnage principal a toujours une belle femelle pour l'accompagner, alors que lui, dans la réalité, n'avait même pas ça pour se consoler. Il courait seul. Mais il s'enfuyait quand même.

Il bifurqua dans une nouvelle ruelle, renversant quelques poubelles au passage, espérant que ça ralentirait les policiers et leurs Pokémon flamboyants. Et puis, ces traverses étaient vraiment sombres, et ça, ce pourrait être un avantage. Il pouvait se fondre parmi les ombres. C'était l'avantage de son demi -type ténèbres.
Bon, évidemment, sans poivre, il se ferait flairer et retrouver.
Un cri comme un mauvais augure retentit au dessus de lui. Un Cornèbre et un Nosférapti l'avaient retrouvé et fondirent sur lui. Il attrapa un couvercle de poubelle qu'il brandit tel un bouclier. Le Nosférapti s'y écrasa avec un « bong » qui ne présageait rien de bon. Sauf que cette fois-ci, c'était mauvais signe pour le Pokémon volant, pas pour le fuyard.
L'autre volatile réussit à freiner et à se stopper juste à temps. Mais il perdit trop de vitesse pour rester en l'air et il s'écrasa au pied du fugitif.

Ce dernier repiqua donc un sprint. Malheureusement, la manœuvre de ses deux foutus Pokémon lui avait fait perdre de précieux mètres et de précieuses secondes.
Il tenta une accélération, mais il commençait sérieusement à fatiguer. Il sentait son cœur battre si fort qu'il s'attendait presque à voir sa poitrine se déchirer.
Derrière lui, les Caninos avaient été rejoints par d'autres Pokémon, et les policiers par d'autres humains. Il songea vaguement que dans les films, les policiers ne couraient jamais aux côtés des mafieux, pour courater le héros.
Autour de lui, le décor devenait flou, non pas à cause de la vitesse, mais de sa vue qui se troublait.
Il s'essoufflait. Il courait depuis trop longtemps. Mais il fallait fuir. Seule la fuite comptait. N'importe où, ça n'avait plus d'importance.


Sauf que tout à coup, c'en eut une, d'importance. Et ce fut comme si le brouillard dans lequel il plongeait petit à petit se retrouvait soudain dissipé.
Il se retrouva à mouliner des pieds, mais il n'y avait plus de goudron. Il prenait de la vitesse, mais… à la verticale… Il fut brutalement avalé par l'obscurité, et…
Lorsqu'il se réveilla, il fut d'abord agressé par l'odeur, trop forte. Ensuite, il réalisa qu'il était mouillé, et il avait horreur de ça, en partie parce qu'il était moitié type roche, mais ce qui le gênait surtout cette fois ci, c'était qu'une partie de ce parfum pourri semblait venir de l'eau elle-même. Une eau de toilette. Véritable. Putride à souhait. Et lorsqu'il ouvrit les yeux… il ne vit rien.
Il se figea. Son cœur se remit à lui marteler le torse. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits et comprendre. Il y verrait mieux sans ses lunettes noires, surtout des lunettes noires pleines de… de…vase, boue… Au vu, ou plutôt au senti des effluves qui en émanaient, il préférait ne pas savoir ce que c'était exactement.
Bref, il y avait du mieux sans son accessoire, mais ce lieu restait toujours aussi sombre.
-Et m***rde !
Et c'était le caca de le dire. Il réalisa qu'il était tombé dans les égouts. Il n'avait qu'une solution. Chercher la sortie en espérant la trouver avant de mourir asphyxié.

Combien de temps s'était-il écoulé ? Il n'en savait rien. Beaucoup trop longtemps à son goût. ( Enfin, s'il était toujours doté du goût, ce dont il doutait. Cette odeur écœurante avait neutralisé bon nombre de ses sens. )
Il marchait, il espérait le bout du tunnel. Ces couloirs plongés dans les ténèbres l'angoissaient. Il sentait monter la peur, remontant du plus profond de son être pour se couler goutte à goutte dans son cerveau, comme une source d'eau fraîche issue d'un glacier en haute montagne.
Il avait l'impression d'être l'un de ces héros de film d'horreur qui déambulent au hasard dans l'obscurité à la recherche d'une lumière salvatrice et qui finissent souvent entre les tentacules/griffes/crocs du monstre local. Cette pensée n'était pas vraiment rassurante. Mais après tout, il ne s'agissait que de films, pas vrai ? Une minute, c'était quoi ce bruit ?

Dans toute fiction cinématographique qui se respecte, le héros aurait tendu l'oreille, guetté le moindre bruit jusqu'à les avoir tous identifiés, puis une fois calmé, aurait continué sa route d'un pas peu rassuré. C'est à ce moment-là qu'un tentacule qui se serait glissé subrepticement derrière son mollet l'aurait empoigné, soulevé dans les airs, et la créature à laquelle il est relié aurait regardé sa proie se débattre de ses deux yeux rouges, puis le héros aurait lutté vaillamment pour sa survie et en serait reparti épuisé, mais fier de lui… ou ne serait pas reparti du tout.

Ce qui se passa en réalité est évidemment bien différent. Dès qu'il entendit un bruit suspect, il ne s'arrêta pas pour attendre de savoir ce qui l'attendait. Il se fichait d'identifier les bruits, seule comptait la sortie. En revanche, il s'enfuit en courant. Ainsi, lorsque le tentacule sortit de l'eau pour le cueillir et que deux lueurs rouges apparurent sous la surface malgré son opacité, il n'y avait déjà plus personne. Ça fit un Tentacruel de déçu, mais de toute façon, il se serait cassé les dents sur le fugitif.

Ce dernier avait donc repris sa galopade. Ce qui l'obligeait à respirer profondément et rapidement. A inhaler cet air nauséabond. S'il ne trouvait pas une issue bientôt, il… C'est ça ! Il allait sûrement muter en un truc pas naturel à cause des vapeurs toxiques, après quoi, il serait condamné à attendre dans cet endroit moche et ennuyeux que des héros passent par là pour essayer de leur faucher les mollets avec ses tentacules ! Oh, c'était mauvais, ça… C'était des coups à s'attirer pleins d'ennuis, d'évoluer comme ça, et il en avait suffisamment.

Puis soudain, l'espoir fleurit en lui, tandis qu'au loin, il voyait apparaître la lumière. Le doute l'envahit également. C'était toujours quand les héros pensaient être tirés d'affaire et sauvés, que le monstre faisait son ultime apparition, brève et fulgurante, et… Non, il ne devait pas se laisser penser ça. La lumière était là, juste au bout du couloir, brillante et…
Faible. Juste une lampe torche maniée par un policier…
Soudain, le faisceau se braqua sur lui, accompagné du sempiternel « il est là ! ». La réalité venait de reprendre ses droits sur ses fictions. Il voulut faire volte-face, courir dans la direction opposée, mais un Arbok lui bloqua le passage et il entendit :
-Bulbizarre ! Attrape-le avec ton fouet liane !
Il tenta d'esquiver. Pas question de se laisser avoir ! Surtout par un fouet liane, ça fait mal ! Qu'est ce qu'ils croyaient, ces humains ? Par chance, il réussit, mais le Arbok avait entre temps reçu des ordres et le ligotait à présent. Puis le Bulbizarre recommença et atteignit sa cible, cette fois. Ainsi capturé, ils le sortirent des égouts et le ramenèrent à son point de départ. Il avait beau se débattre, cela n'y changerait plus rien à présent. L'autre le tenait trop solidement.

Et voilà. Ils l'avaient attrapé. Sa tentative de fuite avait échoué. Il aurait au moins droit à un bain pour commencer. Puis ce serait l'heure. Tous les papiers à signer, il serait observé, jugé… C'était fini. Mais pourquoi, pourquoi lui ? Qu'avait-il fait, lui, Skat, Embrylex de son état, pour mériter ça ?

La salle n'était pas spécialement lumineuse. C'était une pièce, voilà tout. Grande. Spacieuse. Et pleine. Skat se sentait tout petit –non qu'il soit très grand à la base- face à des centaines d'yeux qui l'observaient. Mais peut-être étaient-ils des milliers ? Il n'avait jamais su y faire avec les nombres. Quoiqu'il en soit, il y en avait trop. Et tous ces esprits, que ces yeux reflétaient… C'était terrifiant. Qui savait de quoi ces esprits-là pouvaient être capables ?
Mais pour l'instant, ceux qui l'inquiétaient était ceux juste en face de lui. Leur propriétaire était incontestablement un humain adepte du style loubard : veste en cuir noir, collier à pics, mitaines à pointe, jean déchiré…
Skat déglutit. Il regarda les deux policiers autour de lui. Plus moyen de fuir. Il prit le papier que l'homme lui tendit. Lentement, il posa sa patte dans un encrier à tampon, puis appliqua son empreinte sur la feuille. L'humain la reprit en maugréant un :
-'Rci.
Puis partit. La personne derrière lui s'avança. Un humain avec une toque et un tablier. Qui sentait la farine. Un boulanger. Il tendit son propre papier et l'opération se répéta.
Vraiment, quelle plaie ces séances d'autographes ! C'était vraiment dur d'être une star du "Roc'n roll" !