Chapitre 14 : Infiltration
Depuis le dernier étage de la tour T.V, un homme regardait l'animation qui régnait dans la ville. Les rues de Féli-Cité étaient bondées. Cette ville, l'une des plus grandes de Sinnoh, était aussi la plus visitée, tant bien par les dresseurs que par les touristes, chose peu banale sachant que cette grande cité ne possédait pas d'arène. Elle devait sa renommée au faite qu'en terme de technologie, c'était elle la plus avancée de tout le pays, comme pouvait le prouver le centre T.V qu'elle abritait.
Les quatre entrées de la ville étaient soigneusement gardées par des forces de police, ternissant un peu la bonne humeur des passants. Personne dans Sinnoh n'ignorait pourquoi toutes les villes étaient gardées, mais les gens commençaient à avoir des soupçons. Pourquoi prenait-on tant de mesures uniquement pour stopper une pauvre jeune fille, dont le seul crime avait été de frapper une policière ? D'autres rumeurs couraient à son sujet, alourdissant les soi-disant méfaits de la fuyarde, mais le nombre de personnes se doutant de quelque chose était en pleine croissance.
L'homme se détourna de la baie vitrée et fit quelques pas dans la pièce où il se trouvait.
Puis, de rage, il abattit violemment son poing sur le bureau central. Cette fichue fille ! Pourquoi n'arrivait-il pas à mettre la main dessus ? Et cet idiot de scientifique ! Ne pouvait-il donc pas se débrouiller sans Spiritomb ?
L'envie de refrapper son bureau le démangeait, mais sa main l'élançait déjà après un coup et ce n'était pas le moment de se casser quelque chose. La fille, aussi agile qu'elle soit, était aussi très bête. D'après sa progression, elle était en train de venir obligeamment se jeter dans ses bras. Bientôt, Spiritomb serait entre ses mains et il pourrait enfin réaliser ses rêves.
Avec un sourire, il retourna vers la baie vitrée pour scruter l'extérieur. Peut-être même que la fille était déjà dans la ville, chose qui ne l'aurait pas étonné vu les incapables qui l'entouraient...
Ce n'était plus qu'une question de temps avant que Sinnoh ne soit obligé de ployer devant lui.
***
Avançant dans les rues de la cité, Sahra se remémorait le plan que Kadabra avait élaboré pendant qu'elle se reposait.
Tout d'abord, il avait fallu passer le barrage de police. Cette fois-ci, elle n'avait pas fait la même erreur qu'à Charbourg. Ce n'était pas le moment de signaler son arrivée en ville.
Vu qu'on recherchait une dresseuse accompagnée de trois Pokémon, Sahra s'était forgée une nouvelle identité. Utilisant la capacité Camouflage de Kadabra, Sahra avait revêtit l'apparence d'un homme d'une vingtaine d'année, chauve avec des yeux gris. En utilisant l'attaque Larcin de Spiritomb, elle avait dérobé avec discrétion les habits de rechanges d'un dresseur itinérant afin de parfaire son déguisement.
Portant désormais un pull brun, une veste noirs et un pantalon noir, la jeune fille était méconnaissable. Certes, les habits étaient un peu grands pour elle, mais ce n'était pas tellement important. Restait encore le problème des Pokéball, ainsi que de la Pokéblade que les membres de Destruction ne manqueraient pas de remarquer.
Les cacher dans son sac avec ses autres vêtements était inutile à cause du portique de détection que chaque visiteur était forcé de traverser, comme cela en avait été le cas à Charbourg. Kadabra ne pouvait pas se téléporter à cause du dôme anti-téléportation qui avait été dressé, et creuser un tunnel à l'aide de Galekid était probablement inutile, car si les policiers étaient malins, ils auraient pensés à mettre des capteurs sensoriels capables de détecter les vibrations dans le sol.
Il n'avait donc resté qu'une seule solution : que Spiritomb les fasses entrer clandestinement en passant à quelques mètres du barrage.
Craignant toujours pour la santé de son Pokémon, Sahra n'avait pas été très enthousiasme face à cette idée. Mais n'ayant rien de mieux à proposer, elle finit par l'accepter.
La jeune fille s'était donc avancée vers la ville, tandis que son Pokémon s'était éloigné vers la droite, les Pokéball et la Pokéblade de sa dresseuse flottant derrière lui.
Sans ses Pokémon et son arme, Sahra s'était sentie dénudée et sans protection. Prenant place derrière les diverses personnes faisant la queue pour entrer dans Féli-Cité, la jeune fille avait patienté. Le temps s'était écoulé lentement, mettant à vif les nerfs de Sahra qui avait commencé à s'inquiéter sérieusement pour ses Pokémon, la pression mentale due au déguisement qu'elle devait maintenir en place n'arrangeant rien à son état.
En s'approchant du portique de détection, Sahra avait remarqué qu'elle n'était pas la seule à s'impatienter. La plupart des personnes qui passaient devant les policiers leur jetaient des regards mauvais, quand ils ne les insultaient pas carrément de leur inutilité.
Les gardiens étaient forcés de rester stoïques, mais Sahra avait tout de même noté qu'ils n'avaient pas non plus l'air enthousiasme de se trouver ici.
Enfin, après plus d'une demi-heure de queue, la jeune fille était entrée en ville. Sans prendre le temps d'en être satisfaite, elle s'était hâtée d'aller au point de rendez-vous qu'elle avait fixé avec ses Pokémons.
Étant déjà venue une fois à Féli-Cité lors d'une sortie scolaire, la jeune fille s'était souvenue d'un endroit assez peu fréquenté, à quelques rues de l'entrée Est par laquelle elle était arrivée. C'était à cet endroit que la dresseuse avait donné rendez-vous à ses Pokémon. Marchant aussi vite qu'elle l'avait pu, la jeune fille n'avait mis que trois minutes pour rallier l'endroit qu'elle cherchait. Son inquiétude pour ses Pokémon ne s'était dissipée que lorsqu'elle les avait retrouvés en bonne santé exactement là où elle le leur avait demandé. Kadabra lui avait rendu ses Pokéballs ainsi que sa Pokéblade, tout en lui indiquant mentalement que Spiritomb était dissimulé dans les ombres, au cas où un membre de Destruction viendrait à traîner dans les parages.
Satisfaite, Sahra avait rappelé le Pokémon psy et s'était lancée à l'assaut de la ville, suivie de près par son Pokémon spectre. Jugeant préférable de ne pas se balader avec sa Pokéblade à la ceinture pour des questions de discrétion, la dresseuse l'avait soigneusement rangée dans son sac.
Après plus d'une vingtaine de minutes de marche, durant lesquelles la jeune fille dû avec réticence demander plusieurs fois son chemin, elle était finalement arrivée devant la station T.V de la ville.
Le bâtiment, surplombant les autres habitations par sa taille imposante, n'était pas vraiment différent de ce à quoi s'attendait la dresseuse déguisée. Les divers étages étaient munis de baies vitrées, laissant ainsi pénétrer la lumière du jour afin d'ensoleiller les locaux. Sur le toit, on pouvait apercevoir les nombreuses antennes permettant l'envoi des ondes télévisées à travers tout Sinnoh.
Observant les allées venues de la population à l'intérieur de l'édifice, Sahra n'y décela rien d'anormal. Pourtant, si ses suppositions se révélaient correctes, elle devait se trouver devant le repaire de Destruction, prête à se jeter dans la gueule du loup. En revanche, si elle se trompait, elle aurait l'air simplement d'une folle pénétrant par effraction dans des locaux télévisé, ce qui ne ferait qu'alourdir la liste de ses délits.
Préférant ne pas penser à cette option, la jeune fille prit une grande inspiration et se dirigea vers les portes coulissantes du bâtiment. D'après ce qu'elle avait pu glaner comme informations, la station T.V de Féli-Cité était tout publique, ou du moins le rez-de-chaussée. L'accès aux étages supérieurs était interdit à toute personne externe au service, règle que Sahra n'avait pas franchement l'intention de respecter.
Lentement, elle pénétra dans le bâtiment, prenant l'air innocent d'un simple touriste en visite. Spacieux, l'endroit où elle se trouvait avait tout l'air d'une salle de réception basique, munie de canapé et d'un accueil.
Du coin de l'œil, elle put aviser des escaliers montant à l'étage supérieur. Chose évidente, ces derniers étaient gardés par une armoire à glace de plus de deux mètres de haut à l'air peu commode.
Pour l'instant, rien ne pouvait confirmer à la jeune fille qu'un quelconque complot se tramait dans ces locaux...
Innocemment, elle s'approcha du gardien, tout en faisant mine de s'intéresser aux diverses affiches épinglées aux murs.
Lorsqu'elle ne fut plus qu'à quelques mètres de l'homme, celui-ci lui lança un regard noir, l'invitant silencieusement à ne pas s'approcher d'avantage.
Ignorant superbement cette menace, Sahra continua d'avancer dans sa direction. Voyant qu'elle n'avait pas l'intention de s'arrêter, l'homme engagea la conversation à contrecœur.
- Monsieur, cette zone n'est pas accessible au publique. Je vous prierais donc de bien vouloir retourner sur vos pas et de vous adresser à l'accueil pour toute question que vous vous poseriez sur ce bâtiment.
Ne prenant même pas la peine de répondre, Sahra continua de progresser dans sa direction. Surpris, le gardien haussa les sourcils. Puis, envisageant que l'homme qui lui faisait face était peut-être sourd, il l'empoigna solidement par l'épaule en approchant sa bouche de son oreille.
- Eh ! lança-t-il plus fort en détachant bien les mots. Vous m'entendez ? Vous-ne-pouvez-pas-passer-par-là !
Le géant venait de faire exactement ce que Sahra attendait de lui. En s'avançant vers elle, il cachait désormais par sa corpulence tout un pan du champ de vision d'un observateur qui aurait pu regarder la scène depuis l'entrée. Profitant de cette zone dissimulée aux regards indiscrets, Spiritomb se matérialisa sous les yeux médusés du gardien. Fixant le Pokémon avec surprise, il n'eut aucune chance d'échapper à l'attaque Hypnose que lui envoya Spiritomb.
Endormis sur le coup, l'homme s'effondra avec fracas tandis que le Pokémon spectre se dématérialisa en vitesse. Sans perdre de temps, Sahra se mit à crier, tout en faisant attention à prendre une voix plus grave appropriée à son déguisement.
- Au secours, quelqu'un ! Je parlais tranquillement avec cet homme quand il a soudain été pris de malaise et s'est évanoui !
Aussitôt, la plupart des badauds passant par là s'approchèrent pour regarder, bloquant la vision du reste du personnel qui arrivait pour vérifier l'état de santé de leur camarade. Dispersant la foule à coup de coude, ils s'accroupirent près de leur compagnon afin de l'examiner.
Qui, dans toute cette agitation, aurait remarqué un homme d'une vingtaine d'années se faufiler à travers la foule et disparaître dans les escaliers ?
***
Arrivant à l'étage supérieur, Sahra arriva au beau milieu d'une foule agitée. L'endroit où elle se trouvait était constitué de différents plateaux T.V, servant à créer et à diffuser les multiples programmes de Sinnoh. Des personnes couraient de plateau en plateau, n'ayant nullement le temps de prêter attention à l'intrus qui s'était faufilé parmi eux.
Sahra se positionna discrètement contre un mur et scruta ce qu'elle avait sous les yeux. Il était clair que si Destruction avait pris possession du bâtiment, ça avait été fait avec discrétion et ce n'était sûrement pas à cet étage qu'elle trouverait quoi que ce soit d'intéressant.
En regardant à travers toute cette agitation, elle finit par repérer un autre escalier, non-gardé cette fois-ci, menant à l'étage supérieur. Elle s'en approcha, et, sans que personne n'ait remarqué son passage, disparu dans les hauteurs du bâtiment.
Le second étage qu'elle découvrit était exactement semblable au premier, ce qui se révéla aussi vrai pour le troisième.
Alors que la jeune fille était sur le point de paniquer, effondrée à l'idée de s'être peut-être trompée d'endroit, elle remarqua que l'accès au quatrième étage était bloqué par une banderole striée de blanc et de rouge, comme pour signaler un chantier.
À contre-cœur, Sahra dût demander de quoi il retournait. Elle intercepta une jeune femme d'une vingtaine d'année passant devant elle et l'interrogea en prenant bien soin de rendre sa voix plus grave.
- Hum, excusez-moi, je suis nouveaux ici et je me demandais pourquoi l'accès au quatrième étage était condamné.
- Le bâtiment subit actuellement des travaux de rénovations, lui répondit rapidement la femme sans la regarder. Les seuls autorisés à monter au dernier étage sont les ouvriers travaillant sur ce projet.
Avant que Sahra n'ait eut le temps de la remercier, son interlocutrice était déjà repartie. Soupirant, la jeune fille déguisée se retourna vers les escaliers.
Des travaux, hein ? Maintenant elle comprenait comment Destruction avait pu s'infiltrer dans le centre TV sans faire de vagues. Elle pouvait encore se tromper, certes, mais elle commençait sérieusement à en douter. De toute manière, elle allait bientôt en avoir la preuve.
Scrutant les environs pour voir si personne ne la regardait – chose inutile vu qu'apparemment personne dans ce bâtiment ne se souciait d'autre chose que de son travail – elle s'approcha des escaliers, passa rapidement sous la banderole et grimpa à grandes enjambées vers le dernier étage.
Alors qu'elle arrivait au palier, elle ralentit le pas. Elle releva discrètement la tête et observa l'endroit où elle se trouvait. Contrairement aux trois autres étages qu'elle venait de traverser, cet étage-ci était entièrement vide. Un silence oppressant y régnait, tandis que Sahra pouvait encore entendre les échos d'agitation provenant des étages inférieurs. Si elle s'était écoutée, elle serait rapidement redescendue vers ce brouhaha, stressée par le calme de l'endroit où elle se trouvait désormais.
Prenant son courage à deux mains, elle monta les dernières marches puis s'arrêta sur le palier. Là, elle désactiva son déguisement, ce qui eut pour effet de faire apparaître immédiatement Spiritomb à ses côtés, scrutant sa dresseuse avec un air interrogateur.
- A ce niveau-là, que je sois repérée en étant dissimulée ou non ne changera pas grand chose, murmura la dresseuse à son Pokémon. Dans les deux cas on se débarrassera probablement de moi pour effacer les traces. Alors autant faire en sorte que je puisse me concentrer à 100% en se débarrassant de ce déguisement qui accapare une partie de mon esprit...
Le Pokémon acquiesça et redisparu dans les ténèbres. Sa dresseuse se tus alors et tendit l'oreille à la recherche d'un son qui pourrait la guider vers quelque chose. Maintenant qu'elle avait peut-être trouvé la base de Destruction, elle avait l'intention de découvrir des informations et des preuves qui lui permettraient de clamer son innocence auprès des autorités régissant Sinnoh.
Alors qu'elle allait renoncer, n'entendant strictement rien, pour chercher par ses propres moyens, de faibles échos de conversation semblèrent résonner à sa droite. Sans plus perdre de temps, la jeune fille s'avança prudemment dans cette direction. Plus elle progressait, plus les bribes qu'elle entendait devenaient audibles, les faibles échos se transformant peu à peu en bruit de conversation.
Lorsqu'il fût clair que ceux qui discutaient se trouvaient dans le couloir perpendiculaire à celui où se trouvait la jeune fille, cette dernière s'arrêta et sortit sa Pokéblade de son sac. Elle y clipsa la Pokéball de Kadabra, faisant jaillir une lame rose de son arme, puis s'approcha discrètement de la fin de son couloir et regarda dans le hall suivant. L'un des studios de diffusions avait été modifié, de lourdes portes en métal obstruant désormais l'entrée. Sur le côté, une fente ressemblant à une serrure à carte était positionnée contre le mur.
Devant elle, deux hommes armés de Pokéblade semblaient monter la garde. Sereinement, ils bavassaient sans se soucier d'une attaque, chose logique étant donné qu'ils n'avaient pas d'ennemi, mis à part une jeune fille qui, tout du moins le pensaient-ils, ne serait jamais assez folle pour se jeter spontanément dans la gueule du loup.
Sahra hésita à les attaquer, puis décida d'écouter d'abord ce qu'ils avaient à se dire afin d'en apprendre peut-être d'avantage.
Le premier gardien, un grand brun baraqué, semblait ne pas vraiment apprécier d'être de garde. Ça
- Pourquoi est-ce que l'on doit surveiller cet imbécile de scientifique ? s'exclama-t-il à l'adresse de son comparse, tout aussi baraqué que lui mais plus petit. Et d'ailleurs, pourquoi est-ce qu'il est toujours en vie ? Maintenant qu'il a fini la machine dont nous avons besoin ainsi que les Pokéblades, il ne nous sert plus à rien !
A ces mots, Sahra tendit l'oreille. L'inventeur des Pokéblades se trouvait derrière ces portes ?
- Parle moins fort, siffla son collègue. Tu n'as pas l'intention d'ameuter tout Féli-Cité non plus ? Je te rappelle que nous sommes censé rénover cet étage pas prendre le thé. C'est déjà un miracle que les gens travaillant à l'intérieur n'aient rien remarqué... S'ils étaient plus curieux et avaient moins de travail, voilà longtemps que nous aurions été attrapés...
- Ça ne répond pas à mes questions, rétorqua le premier, suivant tout de même les conseils de son complice et baissant d'un ton.
- Tu connais toi-même les réponses, soupira le second. On surveille cet « imbécile de scientifique » car il n'a pas encore fini son travail. Tu sais comme moi que la Pokéblade ainsi que l'engin comportent un problème...
- Si les autres groupes avaient fait correctement leur travail, cette histoire serait finie depuis longtemps, grommela le brun. Comment expliques-tu qu'autant de personnes n'arrivent pas à capturer une stupide gamine et son Pokémon ?
Sahra haussa un sourcil. Quel était le rapport entre un problème que comporterait la Pokéblade et elle et Spiritomb ?
- Elle est maligne, voila tout, répliqua le plus petit des deux avec un haussement d'épaule. Elle a aussi de la chance d'après ce que j'ai pu entendre. Mais cette chance finira par tourner, ce n'est qu'une question de temps.
- Mouais, si tu le dis, marmonna le premier. Mais bon, je... Mais, qu'est-ce que... EH, TOI LÀ !
Sahra retira précipitamment la tête, mais trop tard. Captivée par la conversation, elle s'était involontairement penchée en avant pour mieux entendre, se mettant un court instant à découvert et permettant à l'un des hommes de remarquer sa présence.
- Quoi, qu'est-ce que tu as vu ? Demanda le second gardien en se retournant.
- Il y avait quelqu'un qui nous épiait ! S'exclama son interlocuteur en dégainant sa Pokéblade et en fonçant vers le coin du couloir.
Avant d'avoir pu activer son arme, l'attaque Vibrobscur du Spiritomb qui venait de se matérialiser devant lui l'envoya s'écraser contre le mur opposé du corridor. L'homme glissa lentement au sol, inconscient.
Le second, après un court moment de stupeur, attrapa vivement la Pokéblade qui pendait à sa ceinture. Ce fut l'instant que choisit Sahra pour jaillir de sa cachette. Le gardien n'avait même pas fini son mouvement que l'arme de son adversaire lui traversait le corps, la lame psychique l'assommant sur le coup.
Dès que le dernier opposant toucha le sol, Sahra relâcha sa respiration et se détendit. Tendant l'oreille, elle tenta de capter un éventuel signe de renfort, mais, n'entendant rien de particulier, elle se retourna pour se préoccuper des deux corps gisant en plein milieu du couloir. Préférant ne pas les laisser à la vue de tous, elle les traina dans un studio d'enregistrement désert et les ligota avec des câbles électriques qu'elle récupéra dans une armoire.
Elle en profita pour les fouiller et récupérer la carte magnétique qui lui permettrait d'ouvrir la porte que les deux hommes gardaient. Accompagnée de Spiritomb, elle retourna sur les lieux du combat, puis, en s'assurant qu'ils étaient toujours déserts, Sahra se posta devant la porte blindée. Ne sachant pas ce qui l'attendait derrière, elle dégaina à nouveau sa Pokéblade - toujours reliée à la Ball de Kadabra - et ordonna à Spiritomb de se tenir prêt. Elle attrapa la carte magnétique de la main gauche et l'enfonça dans la fente prévue à cet effet, enclenchant le mécanisme d'ouverture de la salle.
A peine les portes furent-elles ouvertes que la jeune fille et son Pokémon se ruèrent par l'ouverture, prenant aussitôt une posture de combat.
Rapidement, la dresseuse examina la salle dans laquelle elle se trouvait. Les caméras d'enregistrements ainsi que le reste du matériel nécessaire pour produire une émission avaient été poussés pèle-mêle sur les côtés de la pièce. La plupart de ces appareils étaient complètement démontés, comme si on avait voulu en récupérer certains composants.
Le reste de la salle était envahi par divers pièces de métal, composants électroniques et outil variés, le tout donnant à la pièce des airs de laboratoire créé à la va-vite. Dans l'un des coins de l'endroit, un bureau était recouvert de plans dessinés à la main, dû moins pour ce que Sahra pouvait en voir.
Au centre de ce fouillis d'ingénierie, une énorme machine occupait un bon quart de l'espace. Devant l'engin, Sahra put apercevoir de dos un homme en blouse blanche s'affairant apparemment sur les circuits électroniques de son invention.
Entendant le couinement feutré indiquant l'ouverture de la porte, il soupira de lassitude et prit la parole d'une voix forte.
- Combien de fois va-t-il falloir que je me répète ? Je ne pourrais pas finir cette invention si vous ne m'apportez pas ce que je vous ai demandé. Venir me harceler dix fois par jours n'y changera rien !
Sur ces mots, il se retourna et se figea de stupéfaction en voyant la jeune fille qui lui faisait face, une Pokéblade à la main. Sahra profita de ce moment de silence pour détailler l'homme de science. De taille moyenne, l'homme ne devait guère être plus âgé qu'une vingtaine d'années. Il possédait des cheveux noirs contrastant étonnamment avec ses yeux bleus. Si elle n'avait pas eut la tête à autre chose, Sahra aurait presque pu le qualifier de mignon.
Étant donné qu'il ne possédait aucune arme, la dresseuse ne savait pas vraiment si elle devait le considérer comme un ennemi ou non, et attendait de voir comment il allait réagir face à son intrusion.
Elle remarqua alors que le scientifique avait les yeux fixés sur son Spiritomb. Lentement il ramena son regard sur la jeune fille qui s'était introduit dans sa prison.
- Ce Pokémon... Ainsi vous êtes parvenue jusqu'ici, lui lança-t-il doucement.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec prudence.
Le regard de l'homme se teinta de tristesse.
- Je suis probablement la cause de tous vos soucis, j'en ai bien peur...