Chapitre 1 : Flash le Lixy et Rose la Mustebouée
Un lourd silence pesait sur la forêt verdoyante et joyeuse. Caché dans son buisson, recroquevillé, Flash pleurait. Flash était un petit Lixy âgé d'un mois et une semaine. Il pleurait à en faire fendre le cœur d'un Rhinastoc en furie. Il était maintenant tout seul dans ce bois devenu soudain lugubre et menaçant pour lui. Pourtant, cette forêt est l'endroit où il est né, où sa mère l'avait élevé, où il avait grandi et joué avec d'autres pokémons, avec des feuilles mortes. Mais il n'a pas assez profité de sa vie auprès de sa mère. « Maman… » Pensa-t-il en larmes. Il pleura encore et encore. Il voyait toujours le visage de sa mère trois semaines plus tôt lorsqu'il était un nourrisson. Le visage de sa mère lorsqu'il avait découvert pour la première fois le monde qui l'entourait, lorsqu'il était sorti du terrier qui l'a vu naître. Et là, le visage de sa mère qui le portait dans sa gueule dans l'espoir d'échapper aux braconniers… Il ne pouvait plus bouger, convulsé par les sanglots. Les pokémons de la forêt s'approchaient alors du buisson pour voir ce qu'il se passait, ce qu'étaient tous ces bruits. Des Migalos, des Zigzatons, des Laporeilles, des Chenipotte, des Papilusions, toutes les créatures de la forêt s'approchaient de ce buisson au pied de l'arbre. Ils regardèrent en soulevant les branches et virent ce petit Lixy abandonné, pleurant à chaudes larmes. Tous eurent le cœur fendu, comprenant la situation. Cette Luxray pourchassé par les braconniers avait laissé son petit dans ce buisson pour échapper à une mort certaine. La mère s'était sacrifiée pour lui.
Se sentant observé, Flash tourna alors lentement la tête au-dessus de lui et vit que tous les pokémons de la forêt le regardaient. La peur l'envahit soudain et il se mit à fuir dans les profondeurs de la forêt. Les pokémons le regardaient s'enfuir, sans chercher à le poursuivre. Il ressentait ce sentiment de deuil et de tristesse. Eux-mêmes l'étaient après avoir entendu la mort d'une des créatures de Mère Nature.
Flash continuait sa course dans les bois, sans se demander où aller, ni quoi faire. Seulement avec toujours les pleurs qui n'en finissaient jamais. Il courait donc, sans but, jusqu'à une clairière. La fatigue l'avait forcé de s'arrêter dans cette clairière. Il s'allongea donc sur le sol. Il ne pleurait plus. Ses larmes étaient enfin sèches mais il était toujours triste. Il regardait donc autour de lui les arbres qui l'avaient grandir. Plus rien n'avait de « sens » pour lui. Mais il n'était pas encore assez âgé pour comprendre le sens de la vie. La chose qui traverse l'esprit d'un petit Lixy est de jouer avec n'importe quoi, manger, rester avec sa maman. Mais elle était morte. Plus rien de tut ça ne lui effleure l'esprit à présent. Il resta silencieux au milieu de ces arbres magnifiques, imposants. Mais les gargouillis de son estomac lui rappelaient qu'il devait manger. Mais manger où ? C'était un problème pour lui. Normalement, c'était Maman qui lui apportait des baies ou du poisson lorsqu'ils se promenaient au bord de la rivière. Elle l'allaitait même, parfois. Mais à présent, il doit se débrouiller tout seul, chose qu'il ne sait pas faire. Il se leva donc et partit à la recherche de nourriture. Il huma l'air, comme l'avait appris sa mère. Il sentit de nombreuses odeurs. Des odeurs de pokémons, de fleurs, de baies… de baies ! Si il suivait l'odeur, il pourrait trouver à manger ! Il sembla soudain retrouver sa joie et s'enfonça dans les bois. L'odeur le conduisait jusqu'au pied d'un arbre. Flash leva la tête et vit des baies Sitrus accrochées aux branches. Ses baies préférées après les baies Pêcha, bien sûr. Il bondit alors sur le tronc, et accrocha ses petites griffes dedans. Il s'y accrocha de toutes ses forces, tenta de se hisser, mais finit par lâcher. Il n'était pas assez fort pour ça. Maman lui avait montré quand elle était grimpée en haut d'un arbre pour attraper des baies Sitrus, mais il n'avait jamais essayé de le faire. Il se contentait de regarder. Il tenta une nouvelle fois, parvint à atteindre la branche la plus basse, mais les autres où se trouvaient les baies étaient trop hautes. Il dut alors abandonner l'idée des baies, retrouvant sa mine triste, en prenant une déçue aussi. Il redescendit et s'éloigna de l'arbre, regardant une dernière fois les baies qui le tentaient.
Il huma encore l'air pour voir s'il n'y avait pas autre chose d'intéressant. Il sentit une touche d'humidité dans l'air. Il en déduisit qu'il était tout près de la rivière et qu'il pourrait trouver du poisson. Cette pensée lui mit l'eau à la bouche. Il adorait aussi le poisson. Il 'y dirigea donc et atterrit sur une plage où se déroulait un magnifique spectacle à ses yeux. En haut d'un ravin tombait une masse d'eau gigantesque qui tombait dans la rivière. Une cascade. C'était la première fois qu'il en voyait une. Il n'était jamais venu jusqu'ici avec Maman. Il trouvait cela très beau. Il se dirigea vers le bord de l'eau pour voir s'il pouvait trouver une quelconque forme de nourriture. Il vit alors un banc de poissons qui avaient l'air succulents. Il se lécha les babines et s'approcha discrètement, ses coussinets frôlant à peine le sol. C'était la technique de chasse que lui avait apprise sa mère. Il était à présent au bord de l'eau. Son visage se reflétait sur la surface lisse comme un miroir de l'eau. Il leva doucement sa patte avant droite pour ne pas effrayer les poissons et mit un grand coup dans l'eau. Mais il glissa sur le gravier fin de la plage et finit par faire une pirouette en l'air avant de tomber dans l'eau. Le banc ayant fuis, Flash était assis dans l'eau qui faisait à peine 5 centimètre de profondeur. Il était trempé jusqu'aux os. Il sortit péniblement, se secouant pour chasser l'eau de son pelage et fit sa toilette pour le lisser de nouveau. Il s'en alla donc, avec la même déception de tout à l'heure, des gargouillis à l'estomac. Il ne voulait pas retenter cette expérience. Il n'aimait pas beaucoup l'eau déjà. Il devait chaque fois nettoyer sa fourrure et il avait froid pendant plusieurs minutes. Maman devait le réchauffer chaque fois. Mais comme elle n'est plus là, il alla se réchauffer au soleil dans une clairière. Il s'y coucha donc et continua de faire sa toilette. La faim continuait toujours de le tirailler. Il ne pouvait plus supporter cela. Il ne put la finir car une odeur flottant dans l'air l'attirait. Une odeur de nourriture. Il se leva d'un bond et courra jusqu'à ce parfum. Une fois arrivé il voyait un buisson rempli de baies. Et pas n'importe lesquels : des baies Pêcha. Il s'y jeta dessus. Il en croqua une sur une branche et dégusta sa bouchée. Délicieux. Il continua de dévorer les baies, une par une, se remplissant l'estomac comme un ballon. Une fois son repas terminé et le buisson pratiquement dénudé de ses fruits, le petit Lixy se dirigea vers un coin au soleil pour faire une sieste. Il ferma alors ses petites paupières, lourdes de sommeil.
Lorsqu'il se réveilla, le soir tombait déjà. Il ne pensait pas avoir dormi si longtemps. Il se leva et alla donc se promener, trouver un abri pour la nuit. Les bois devenaient plus sombres, plus inquiétants. Les pokémons nocturnes apparaissaient déjà, rendant la forêt plus effrayante. Flash commençait même à regarder au-dessus de sa tête d'un air inquiet. Jusqu'au moment où un Cornèbre lui frôla la tête. Flash, effrayé, la baissa par réflexe et s'enfuit dans les bois. Le Cornèbre, qui n'était pas seul, partit à sa chasse. Ils lui picorèrent le dessus de la tête. Le pauvre Lixy pleurait à cause de la douleur et de cette injustice. Pourqui lui ? Ils ne voulaient vraiment pas lui laisser la paix ! Il continua comme ça jusqu'ç ce qu'il glisse sur une pente qui descendait sur des ronces. Il fit alors un roulé-boulé jusqu'aux buissons piquants et le traversa. Il était plein d'épine, de poussières et de bosses sur la tête. Il tituba et finis par tomber nez-à-nez avec… un Ursaring ! L'ours se releva de toute sa taille et grogna. Il ne voulait pas d'intrus sur son territoire, encore moins un Lixy ! il allait frapper sur le pauvre petit Flash qui courut sur le côté, effrayé. Il continua à courir dans les bois, mais il croisait chaque fois des pokémons qui l'effrayaient davantage. Il croisa un Fantominus qui apparut devant lui pour l'effrayer et s'amuser, puis un Spectrum, un Squelenox, que des Spectres ! Il accourut vers la rivière, en espérant échapper à ces cauchemars. Les Hoothoot le voyaient passer devant leur arbre, imitant le mouvement d'une horloge en se balançant à droite à gauche. Ils avaient l'air surpris de voir un pokémon de jour pendant la nuit. Mais ils ne se préoccupèrent pas plus longtemps et continuèrent leur mouvement de montre.
Arrivé à la rivière, Flash put enfin respirer. Il venait de faire la plus grosse frayeur de sa vie. Assez grosse pour en faire des cauchemars pendant des nuits et des nuits. Il reprit son souffle et regarda où il avait atterris. Etrangement, il était revenu vers la cascade. Au même endroit où il avait tenté de pêcher son poisson. Soudain, une sensation venant du fond de sa gorge lui rappela une chose : cette course terrifiante dans les bois lui avait donné soif. Il alla donc boire un peu l'eau limpide de la rivière. Son reflet apparu et il put voir son état. Il était sale comme un Taupiqueur et avait de petites bosses sur la tête, dues aux coups de bec des Cornèbres. Il plongea donc dans l'eau pour s'y rouler dedans et se nettoyer. Il en sortit trempé, certes, mais propre. Il entreprit sa toilette pour lisser sa fourrure et s'en alla, en suivant le cours d'eau.
Il arriva près d'un endroit dénudé de végétation, avec pratiquement que de la plage. Il voulait vraiment dormir à présent. Il cherchait un abri pour dormir mais n'en trouvait pas. Il aperçut, malgré l'obscurité de la nuit, un tas de bois au milieu de la rivière plus loin. Il s'en approcha, curieux comme le petit Lixy qu'il était. Il vit alors des Castorno en train de mettre sur ce grand tas, d'autres morceaux bois et de la boue. C'était un barrage. Il s'approcha pour le renifler, l'identifier, mais un grand Castorno lui bloqua la route. Il n'était pas très content de voir un pokémon électrique près de leur barrage. Il le chassa donc en donnant de grands coups de queue en l'air. Flash, surpris, fila en vitesse derrière un gros rocher, et les regarda sans risques. Il vit le Castorno rentrer dans son terrier sous le barrage. Il vit aussi un autre Castorno, accompagné de deux Keunotor. Sûrement une mère et ses petits. Flash regarda cette scène, où la mère nettoyait ses petits, avec nostalgie. « Eux, au moins, ils ont toujours leur maman…, se dit-il. Mais pas moi… » Cette pensée fit alors couler une larme sur ses joues. La mère Castorno rentrer dans son terrier elle aussi avec ses petits. Ils avaient un foyer, à manger, où dormir, à côté de leur maman… Flash ne voulut pas regarder cette scène plus longtemps et s'éloigna, une pointe de douleur a cœur. Maman lui manquait beaucoup. Il se dit qu'elle doit l'observer depuis le ciel, sous forme d'étoile. C'était une histoire qu'elle lui racontait pour l'aider s'endormir. Elle disait que tous les pokémons, une fois morts, montaient vers les cieux sous forme d'étoile. Chaque étoile qui naissait était un pokémon qui mourrait. Elle lui disait aussi qu'ils vivaient heureux là où ils étaient. Ils pouvaient chasser autant de gibier qu'ils le voulaient, n'avais jamais froid, jamais peur. Il n'y avait pas de monstres dans le noir pour effrayer les petits Lixy. Et il s'endormait à chaque fois qu'elle lui racontait cette histoire. Il se dit alors que Maman ne devait pas avoir faim là où elle était. Elle pouvait chasser autant qu'elle voulait. Une autre larme glissa sur sa joue en pensant à cela. Il continuait son chemin et entendit un bruit venant plus loin. Il s'y approcha et vit dans un petit ravin un petit Mustebouée qui semblait pleurer. Il descendit donc la pente où il se tenait et s'approcha. Le petit pokémon ne bougeait pas et ne fit pas attention à lui. Il s'y approcha encore et risqua quelques paroles :
_Hé, ça va ?
Le Mustebouée ne bougeait toujours pas, dans la même position recroquevillée en pleurant. Il le renifla donc, pris de curiosité. Cette fois-ci, le pokémon réagit et fila derrière un rocher. Il risqua un regard sur l'inconnu qui lui parlait. Ce n'était qu'un Lixy.
_Tout va bien, je ne te ferais pas de mal, lui dit-il.
Flash vit alors le Mustebouée sortir de sa cachette, pris de curiosité aussi. Il avait les yeux bouffis et le pelage hérissé.
_Comment tu t'appelles ? demanda Flash.
_R…Rose… dit le Mustebouée.
_Mais, tu es une fille ?
_Oui…
_Pourquoi tu pleures ?
_Parce que… Maman et Papa… ils sont morts…
Et la Mustebouée, appelée Rose, se remit à pleurer. Flash se prit alors d'affection pour la jeune pokémon. Elle était dans la même situation qu'elle. Elle avait perdu ses parents et Flash, sa mère.
_Moi aussi, j'ai perdu ma Maman, dit-il. Des humains l'ont tué et elle m'a sauvé. Elle m'a caché dans un buisson pour pas qu'ils me trouvent.
Rose cessa de pleurer un instant pour regarder le Lixy. Elle eut la même pensée que lui et pensa qu'ils étaient dans la même situation. Des orphelins. Seuls au milieu de la forêt, sans défenses. Et elle refondit en larmes.
_Comment ils sont morts ? demanda Flash.
_Ils pêchaient dans la rivière et un Leviator est apparu. Il les a mangés. Papa d'abord, Maman ensuite. Je l'ai vu manger Maman et…
Elle replongea dans son chagrin. Flash trouvait ça triste aussi et avait envie de pleurer. Mais il trouva courage et la réconforta.
_Ne t'en fais pas, si tu as un problème, je te protégerais !
_C…c'est vrai ?
_Oui, il ne t'arrivera rien, je te le promets !
Et il lui lécha le visage affectueusement pour sécher ses larmes. Rose s'arrêta alors, surprise puis esquissa un sourire. Elle lui rendit la léchouille sur son museau et ils se mirent à sourire en toute innocence, tels les deux enfants qu'ils sont.
_Si on devenait amis ? demanda Flash.
_Oh oui !
_Amis pour la vie ?
_Amis pour la vie !
_D'accord. Viens, on va trouver un abri où dormir.
_Oui, d'accord !
Et les deux nouveaux amis se rendirent dans les sous-bois, côte à côte avec la bienveillance des parents de Rose et de la mère de Flash, qui les regardaient depuis les étoiles, brillantes et réconfortante. Car ce soir, deux nouvelles étoiles étaient nées, à côté d'une autre qui venait de naître. Et elles semblaient briller plus fort que toutes les autres.
A suivre…