Altaïr et Lesath. de illapa

Deux jours s'étaient écoulés depuis que la terre avait exprimé sa fureur.

C'était une grande salle, aussi vaste et vide qu'une église, et aussi sombre que l'ombre d'un darkrai. Seules six colonnes formaient une allée jusqu'à une estrade et un trône. Une salle dans laquelle la moindre respiration résonnait comme une bourrasque.
Enfin, ça, c'était avant.
On entendait toujours des soupirs. On entendait aussi les bourrasques qui balayaient les lieux. La grande salle n'était plus qu'un grand dallage à ciel ouvert. Un dallage impeccable. Algorab y avait toujours tenu. Enfin, si on ne comptait pas les débris du toit et les colonnes écroulées. Mais le trône était toujours là !
Algorab y était confortablement installé et regardait ses sbires (un racaillou et un keunotor) déblayer les décombres. Il caressait un persian couché à ses cotés. Ca faisait très classe. Il l'avait vu à la télé. Même si, pour des raison budgétaire, il devait se contenter d'une poképouée.
Un etourmi se posa devant le trône et s'inclina.
-Maître Algorab, j'ai un nom ! J'ai trouvé ! C'est un togetic ! Il s'appelle Lesath !
-Tu es sûr qu'il pourra nous conduire jusqu'au duc Yildun ?
-Oui chef ! Lui et le corboss semblaient amis, chef !
-Parfait ! Ce togetic va nous conduire jusqu'à eux.. Ensuite il me restera plus qu'à me débarrasser de ce maudit piaf, et je deviendrais le maître des réseaux d'informations de Grenadia ! Fwuihihihihi !!!
C'était un rire qu'il voulait diabolique. Ca aussi c'était un truc qu'il avait vu à la télé. La classe absolue. Et qui aurait eu certainement beaucoup d'effet si Algorab n'avait pas été un tiplouf de quarante centimètres.

Deux jours, et Altaïr réfléchissait toujours.
Les humains resteraient définitivement une énigme pour lui. Une énigme qui cherchait toujours à le lyncher dès que l'un d'eux l'apercevait. Hm. Il allait retourner dans son village et ne remettrait plus les pattes ici.
Enfin, cela faisait deux jours qu'il pensait ça. Deux jours à observer de loin les humains se presser s'activer pour remettre un peu d'ordre dans leur vies et retrouver leurs repères. Deux jours de questions restées sans réponses à leur sujet.
Dès le lendemain du séisme, Lesath s'était précipité à la ville, inquiet pour ses « collections ». Etonnement, son repaire n'avait pas été affecté. La grande maison aux murs blancs était maintenant un tas de ruine, le toit s'était effondré, des murs s'étaient écroulés, mais pas celui de derrière où se trouvait le seuil de la tanière du togetic. Et la cave était intacte, à l'exception des étagères, qui a force d'être secouées, avaient jeté leur contenu par terre.
Patiemment, le petit pokémon avait tout rangé. Altaïr l'avait aidé. C'était normal, après tout, le porte bonheur ambulant lui avait grandement rendu service. Et ça avait pris plus de temps que prévu, au grand dam de l'absol qui ne souhaitait que rentrer chez lui. Mais il ne pouvait que difficilement quitter la ville seul. Les humains étaient partout (ce qui lui avait permis de les épier discrètement) et…il ne savait pas où était la sortie.
Lesath en avait profité pour lui montrer toutes ses trouvailles. Tout ce qu'il avait accumulé, larcin après larcin, à la sueur de ses vols. Altaïr avait découvert des objets des plus étranges, épaississant le mystère humain. Pourquoi une fourchette ? Ils avaient des cuillers, le togetic en avait piqué plein. A quoi servait une télécommande de télévision ? Pourquoi un caleçon ? Ils avaient déjà des pantalons… Qu'est ce qu'un métronome ?

La nuit, le togetic était sortit, comme à son habitude. Il était parti avec son sac vide et était revenu avec un sac plein. Il y avait des plumes, une fleur avec ses racines, un caillou rond, et des baies.
Et le lendemain, Lesath lui avait montré d'autres objets qu'il stockait plus… étranges. Il avait des foulards et des rubans multicolores. Il y avait des perles et des orbes. Il y avait des tessons et des choses rondes et plates qu'il appelait CT. Il y avait une corde et des grelots.
Il avait des pokéballs de toute sorte. Il avait des cailloux de toutes les couleurs. Altaïr était fasciné par une pierre noire comme une nuit sans lune.
-Tu peux me ramasser celle ci ?
Lesath désigna une pierre blanche et brillante.
-Je risque d'évoluer si je la touche…
Altaïr s'exécuta et continua son inspection.

Puis, lorsque tout fut rangé le lendemain, Lesath sortit triomphalement un objet d'un de ses cartons.
Il appelait ça des lunettes. Celle ci étaient noires, même les verres. Altaïr se demanda comment on faisait pour voir à travers un machin pareil.
-C'est quoi ce bidule ?
-Ce sont… des lunettes noires !
-Sans blague, je ne m'en serais pas douté…
Sans prévenir, le petit pokémon les lui mis sur le nez.
-Tu m'avais pas dit que les lunettes servaient à mieux voir ?
-Tout a fait !
-Là, je ne vois strictement rien.
Déçu, le togetic les lui ôta de la truffe.
-Mais tu sais, ils disaient que ça augmentait l'effet…
Ils furent interrompus par un grand vrombissement. Les poils de l'absol se dressèrent sur son échine. Ca se passait dans le ciel….
Les deux compagnons sortirent en toute hâte et rejoignirent une rue un peu plus peuplée. Les humains couraient dans tous les sens et cherchaient des endroits où s'abriter.
En levant les yeux au ciel, les deux pokémons s'aperçurent qu'il était noir. Avec des points bleus. Qui bougeaient. Ou plutôt, le ciel était bleu avec des points noirs qui grouillaient dans un vacarme assourdissant.
-A..al..taïr ? Tu vois ce que je vois ?
Altaïr était gueule bée. Il n'avait jamais vu autant d'apitrini de toute sa vie.
Ca et là des apireines s'agitaient et semblait donner des ordres. Parfois, un détachement d'insecte plongeait sur les humains et remontaient en chandelle…
-Qu'est ce qu'ils chantent ?
-Un truc quand les apireines sont de sortie. Toute la ruche la suit en chantant ça. Ca s'appelle la chevauchée des apitrinis. Ca leur donne du courage pour défendre la reine en cas de besoin. Je l'ai déjà entendu une fois, quand une apireine était venue voir la Feunarde Agena…

Altaïr vit dans une ruelle en face un escalier en métal qui montait le long d'un bâtiment de 5 étages dont seul un angle était écroulé. Il courut, évita les humains qui paniquaient, sauta sur l'escalier, et se mangea la seconde marche. Il s'était pris les griffes dans les trous carrés du métal de l'escalier de secours.
-Qu'est ce que tu fais ?
-Il faut monter ! Ils attaquent en bas, pas en haut ! On sera tranquille là-haut ! Je veux savoir ce qui se passe !
Il retenta l'ascension, en faisant plus attention cette fois. Arrivé en haut, il put mieux voir ce qui se passait dans les cieux. Il y avait cinq apireines. L'une d'elle était au centre de tout, et semblait donner des ordres aux autres. Une apireine qui scintillait…
Soudain un grand cri se fit entendre.
-POLICE ! LES MAINS EN L'AIR ! JE VEUX DIRE LES…. Les … RENDEZ VOUS ! NE RESISTEZ PAS !
Et un groupe de hoothoot dirigés par des Noarfang chargea. Ils disparurent dans la nuée … et réapparurent en chutant, tous KO, du coté bitume du nuage d'apitrini. Leurs dresseurs les rattrapèrent à temps dans leurs pokéballs. A coté d'eux, quelques policiers avec leurs caninos tentait de repousser les assauts des apitrinis par des jets de flamme.
Puis les apitrinis reprirent leur activité comme si rien ne s'était passé.
Un Corboss se posa à coté d'Altaïr et Lesath.
-Vous avez vu ça mes coco ? Heureusement que nous n'avons pas chargé…
-Oh monsieur du Corboss ! Que vous…
-Vous pensiez sérieusement à charger une nuée d'apitrini ? Avec les apireines et la reine des apireines ?
-Evidement, sire Altaïr. Nous nous devons de défendre notre ville.
-Ex ville.
Yildun eut un soupir.
-Notre foyer. Comment ça, la reine des apireines ?
-C'est l'apireine qui scintille au cœur de la nuée. Je l'ai déjà vu une fois, dans mon village. Je me demande pourquoi elle est venue ici.
-Oh.
Sur ce, Yildun s'envola. Il avança tout doucement vers le nuage d'insecte. Un groupe lui bloqua le passage en bourdonnant de façon très menaçante.
-Je suis le Duc Yildun, je souhaiterais m'entretenir avec la reine, je vous prie…. Sire Altaïr souhaiterais connaître les raisons de sa présence dans notre « ex ville ».
Un apitrini se détacha et voleta vers la reine. Les autres repoussèrent Yildun qui dut faire demi tour.
-Vous êtes malade ! On va se faire tuer !
-Au moins sire Altaïr, on aura essayé !

La reine des apireines les regarda et vint vers eux. Avec elle, la nuée se déplaça et se mit a former un cercle autour du toit de l'immeuble. En bas, les humains s'arrêtèrent dans leurs course pour voir et tenter de comprendre ce qui se passait. Altaïr était mort de trouille. Il fit donc ce qu'il faisait le mieux dans ces cas là : trembler et se rouler en boule.
La reine était une apireine orange, brillante, avec une roche royale sur la tête. Elle avait une voix sifflante, autoritaire, mais très calme et sereine.
-Tiens... le petit Altaïr… Je ne m'attendais pas a te trouver ici. Je croyais que tu haïssait les humains ?
Altaïr releva la tête, mais ne cessa pas de trembler.
-C'est exact, Reine Azha, Mais je suis en mission pour la Feunarde Agena.
-Oh. Et qui est votre ami aux ailes noires ?
-Je vous présente le Duc Yildun, Reine Azha.
-Duc ? Est ce une fonction importante ?
-Ravi de vous rencontrer, ma coc… majetsé. Je suis le maître des réseaux d'information de la ville.
-Ah quelle aubaine ! Pourriez vous me dire où trouver à manger ? Le verger où nous nous fournissions a été ravagé lors du tremblement de terre, et mes sujets ont faim…
-Les entrepôts ont été épargné… vous y trouverez certainement votre bonheur. Je peux vous y conduire…
Lentement, la nuée suivit le corboss et furent rejoint par l'escadron des coco cornèbres. Ils restèrent un quart d'heure au dessus des entrepôts, puis ils disparurent dans le ciel.