Altaïr et Lesath. de illapa

N'ayant plus rien à faire ici, ils s'apprêtèrent à repartir lorsqu'un miaouss fit son apparition. Il portait un chapeau melon noir piqué d'une plume de cornèbre. Cela lui donnait un style humain qu'Altaïr désapprouvait.
-Les flics arrivent Boss ! Y a Cor Caroli avec eux !
Il avait un accent à couper au couteau, mais Altaïr n'aurait su dire un accent de quoi.
-Bien. Mes cocos, il est temps que je tire ma révérence. Pardon de devoir vous quitter à tire d'aile, mais…
-Tu vas te faire voler dans les plumes si tu reste là ?
Altaïr se demanda comment Lesath pouvait encore garder ce ton joyeux en disant ça.
-Disons qu'il y a quelques unes des mes affaires que la police désapprouve… Je suis blanc comme.. comme… comme un Absol cela dit. N'allez pas croire que mes affaires sont douteuses, loin s'en faut !
Devant la gêne du Duc Yildun, Lesath lança d'un ton parfaitement innocent :
-Ah. Donc t'as des lames noires dans tes affaires ?
-Hm… hé bien…
Sans le vouloir Altaïr vola au secours du corboss. Mais il n'était pas content.
-On dit blanc comme neige, d'abord !
-Sans doute sire Absol. Je n'ai jamais eu le loisir d'admirer de la neige. Mais depuis peu, j'ai rencontré un absol.
Sur ce il fit une révérence et s'envola.
-Vite, Altaïr ! Cor Caroli est le chef pokémon de la police !
Le miaouss avait déjà disparu, il ne restait qu'eux. Ils s'enfuirent en toute hâte de la zone d'entrepôts.


C'est deux rues plus loin qu'ils le virent, dans la zone des hangars. Ou plutôt c'est en débouchant de l'interstice entre deux conteneurs que Lesath pila et qu'Altaïr lui fonça dedans.
Un arcanin était là, un peu plus loin, devant une des grandes portes en tôle, la truffe collée au sol. De toute évidence, il suivait une piste. Ou plutôt, il cherchait à retrouver une piste en marmonnant. Il ne semblait pas avoir remarqué les deux compagnons, bien que Lesath soit complètement à découvert.
-Psst ! Lesath ! Planque toi !
Tout à coup et sans à-coup, l'arcanin partit comme une flèche, la truffe collée au sol, zigzagant, tournant sur lui même ou partant en ligne droite, speedant comme un fou jusqu'à… foncer tête baissée et à toute vitesse dans un conteneur.
Altaïr était halluciné. Lesath déclara de cet indécrottable ton joyeux qu'il tenta en vain de rendre peiné :
-Ouuuh… ça a dû faire mal...
-C'est qui ce type ? Il est malade ou quoi ?
-C'est Cor Caroli.
Altaïr n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles.
-Quoi ? Sans blague ? C'est lui le chef pokémon la police ?
-Exact ! Il est la plus fine truffe de toute la région !
Altaïr répondit d'un ton sarcastique :
-Je me disais bien qu'il n'avait pas pu devenir chef en s'assommant tout seul…
-Oui, hein ? Dommage qu'il soit complètement myope…
Altaïr était choqué. Toujours ce ton réjoui.
-T'es vraiment un togetic ?
-Hein ? Bah quoi ? Qu'est-ce que je pourrais être d'autre ?
Une fois de plus, l'absol se demanda si Lesath le faisait exprès ou si il se fichait vraiment de tout.
Il se demandait aussi s'il devait aider l'arcanin ou pas. Lui qui venait d'un village situé en montagne, on lui avait toujours appris qu'il fallait s'entraider les uns les autres. Surtout l'hiver quand la neige recouvrait tout de son blanc manteau, mais le village fonctionnait sur l'entraide. Mais chaque pokémon avait quelque chose a apporter à la communauté, aussi différent des autres soit il, et en toute saison. Et ce pokémon là lui faisait pitié.
Mais ce pokémon là faisait partie de la police. La police qui l'avait pourchassé hier. La police qui semblait chercher le duc Yildun. En bref, s'il se situait d'un coté, ce n'était sûrement pas du coté de la police.

Soudain, Lesath sauta sur le dos d'Altaïr, se tassant comme pour se cacher derrière la tête de l'absol. Deux caninos arrivèrent, la truffe collée au sol, mais reniflant et avançant avec beaucoup plus de prudence que leur chef. Un galopa arriva également, portant une policière sur son dos.
-Il est là, chef Jenny, il est là !
L'humaine n'avait sûrement rien compris d'autre que des aboiements, mais elle répondit cependant :
-Bien joué Caninos ! Beau travail !
Elle sauta du galopa, courut vers Cor Caroli, et le secoua doucement.
-Arcanin ! Arcanin ! Réveille toi vite ! Il faut quitter la ville en vitesse et évacuer les civils ! C'est la panique !
Cor Caroli se réveilla doucement, s'assit et secoua la tête. Il la regarda d'un air incrédule.
-Tant pis pour le repaire de Cornèbres, on cherchera une autre fois, il y a plus urgent !
L'arcanin répondit :
-Mais on est juste à coté ! Je le sens !
-Bien, j'étais sûre que je pouvais compter sur toi !
Altaïr ricana intérieurement. L'agent Jenny rappela ses deux caninos et l'arcanin dans leur pokéballs et s'apprêta à remonter sur son galopa. C'est seulement là qu'elle vit les deux compagnons cachés entre les deux conteneurs, qui observaient tout. Enfin elle vit surtout un absol blanc neige avec deux trucs pointus blancs crème qui dépassait niveau des oreilles.
Elle les fixa un moment. Sa bouche s'ouvrit plusieurs fois avant de s'exclamer avec colère :
-Alors c'est toi l'absol dont tout le monde parle !
L'espace où Altaïr se tenait avec Lesath était trop petit pour faire demi tour. Il n'avait plus qu'une solution. Il avança de quelques pas et fit face à la policière et son galopa. Lesath s'envola de son dos, mais resta dans l'ombre derrière lui. Altaïr répondit sarcastiquement. Il savait de toute manière que l'humaine n'y comprendrait rien.
-Naaaan… Vous m'avez bien regardé ? Vous êtes sûre de ça ? Quelle preuves avancez vous ?
-C'est donc toi le pokémon de malheur qui nous amène ce tremblement de terre !
-J'aimerais bien, croyez moi, hélas je ne maîtrise pas l'attaque séisme…
-Si je t'attrape peut-être que tu ne séviras pas… Galopa go !
Altaïr fit quelques pas de côté, paré à prendre la fuite. Galopa se mit en position de combat. L'absol le jugea du regard. Quatre pattes en appui fixe, prêtes à bondir, tête légèrement baissée, parée à le frapper de sa corne sans toutefois perdre de vue son adversaire… Le regard déterminé et assuré de celui qui en a vu d'autre et qui sait se donner à fond dans la bataille.
Altaïr était mal barré. Il le savait. Mais il n'accepterait jamais d'être capturé par un humain.
Il fallait faire quelque chose. Agir. Il prit donc son courage à patte-le corps et…

Se mit à trembler comme une feuille morte par un vent d'automne.
Ok, c'était pas très reluisant. Et il y avait des tas de façons d'agir beaucoup plus utile. Altaïr n'avait jamais été quelqu'un de courageux.
Mais il fallait au moins reconnaître que c'était un tremblement digne de ce nom. Un vrai frisson qui partait du plus profond de son âme, passait dans le générateur de l'instinct et déferlait dans tout le corps. On en faisait rarement des comme ça. C'était un tremblement de maître.
Presque inconsciemment, Altaïr lança son attaque détection. Il sentirait la moindre vibration dans l'air que le galopa émettrait, et répliquerait en prenant la fuite.
Il y avait cependant une chose que l'Absol n'avait pas prévu.
Une petite chose toute blanche, tout mignonne, qui s'avança timidement, petits pas par petits pas, les ailes tombantes, la tête légèrement baissée et les yeux humides, d'un air extrêmement malheureux.
Lentement, Lesath s'interposa entre le galopa et l'absol. Et sans prévenir, il se mit à geindre.
-Faites pas ça, je vous en prie, lui faites pas de mal ! Touchez pas a mon papabsol, si, snif, s'il vous plait monsieur…
-Mais je suis une…
-Lui faites pas de maaaaal…
Le galopa n'essaya même pas d'esquiver l'attaque bâillement que le togetic avait placé au milieu de sa litanie, et qui ne marcherait sans doute pas à cause des sirènes d'alarme de la ville qui faisaient un véritable brouhaha. (Mais Lesath pensait que qui ne tente rien n'obtenait jamais rien.) Le pokémon feu était hypnotisé par le cinéma du petit pokémon qui, pris d'un grand élan lyrico-tragique, s'était mis à se rouler par terre. « Lui faites pas de maa-aaaa-aaaa-aal ! ».
Le galopa et sa dresseuse avaient des yeux ronds, et imperceptiblement, la posture du cheval de feu était devenue beaucoup moins assurée.
-Tu...tu as mal quelque part ?
-Faiiites pas de mal à mon papabsoooooool !
Lesath se traîna de façon la plus misérable possible et versant toutes les larmes de son corps jusqu'au galopa, et s'accrocha à une de ses pattes avant. Puis il releva sa petite tête, le regarda droit dans les naseaux, puis il se souleva tout doucement, et lui fit un petit bisou tout mignon. Le galopa, surpris, fit un grand bon en arrière et manqua de peu de piétiner sa dresseuse.
Altaïr en profita. La fuite était devenu un réflexe quasi instinctif chez lui. Il s'échappa par la grande route qui passait devant les rangées de hangar. Plus il y avait de place, et plus il avait d'espace pour manoeuvrer au cas ou un obstacle entraverait sa fuite. Comme disons… un galopa plus rapide que lui.