Altaïr et Lesath. de illapa

C'était le grand soir. Cela faisait plusieurs jours qu'il l'avait repérée. Il avait tout préparé méticuleusement. Il était sûr de son coup. Il avait attendu le coucher du soleil et la tombée de la nuit avec impatience. Un rafale de vent fit virevolter sa large cape noire qui le recouvrait entièrement de la tête aux pieds. Il rajusta sa capuche, puis fouilla dans le petit sac noir qu'il portait en bandoulière. Il sortit un tournevis et commença méthodiquement à piquer la fenêtre. Ce fut un jeu d'enfant. Il avait fait ça tant de fois. Aussi silencieux que la nuit environnante, il entra dans la maison.

Un quart d'heure plus tard il ressortit comme il était entré, (mais avec son sac bien rempli et cliquetant au rythme de ses mouvements) et entreprit de se volatiliser dans l'obscurité. Mais pour la première fois, et contrairement à ses habitudes, il n'y parvint pas. Il se trouva pris dans un faisceau de lumière rouge. Ah, l'attaque clairvoyance des hoothoot de la police...
Une voix retentit dans un mégaphone.
-Tu es cerné, rend toi, Spectre !
Le voleur soupira. Ce devait arriver un jour ou l'autre.
Il avait envisagé ce cas de figure. Il pris la fuite.
Bien entendu les policiers et leurs hoothoot le poursuivirent. Il plana donc a travers les ruelles, tournant brusquement à gauche et à droite afin de gagner du terrain, et esquiver leurs attaques. Il les guida vers un cul-de-sac qu'il avait repéré spécialement pour ce cas de figure. Il jeta un rapide coup d'œil en arrière pour vérifier que les policiers l'avaient bien suivit. Puis il s'envola. Il monta en flèche vers les sommet des gratte ciels, et redescendit aussi sec dans une rue plus loin.
Avant que ces idiots ne le retrouvent, il aurait déjà disparu.

C'est alors qu'il remarqua « la boule ». Une boule toute blanche, hérissée de deux pics noirs tranchants. Et qui tremblait. Il s'en approcha prudemment, curieux.
Retentit alors un cri d'alarme :
-Il est là !
Puis un policier apparut a l'entrée de la ruelle. Il parut tout aussi surpris que le voleur, et cria :
-Il y a le Spectre Voleur avec lui ! Vite les gars ! Vite !
Un caninos apparut à ses côtés. Brusquement la boule blanche fit un bon et atterrit sur 4 pattes.
-Ils s'enfuient ! Vite !
D'un même mouvement, les 4 pattes et le Spectre Voleur se carapatèrent dans la même direction, celle opposée aux policiers.
Le hic, c'est qu'ils courraient droit vers les agents qui cherchaient le voleur avec leurs hoothoots.
-Suis moi !
Le Spectre Voleur entraîna alors son compagnon d'infortune jusqu'à une ruelle qui paraissait comme toutes les autres. C'était son dernier recours. Si il ne l'atteignait pas avant que les policiers ne les retrouvent, c'était foutu. Il glissa dans l'air a toute vitesse jusqu'à une mini fenêtre cassée, qui se situait au ras du sol. Il invita la tâche blanche à y entrer. Les bruits de leurs poursuivants se rapprochaient dangereusement. Il fallait faire vite. Il farfouilla dans son sac bien rempli et sorti un petit flacon dont il vida le contenu un peu partout dans la ruelle. Ca ne marcherait pas sur les hoothoots, mais les caninos ne supportaient pas le poivre. Puis il se précipita côté intérieur de la fenêtre.
Le pokémon blanc était là, haletant.

-Pas encore, pas encore. Ils peuvent encore nous voir à l'intérieur s'il arrivent ici.
Il avait une voix étonnement douce. Il poussa une planche qui se trouvait là, (sans doute pas par hasard), contre la fenêtre, puis sorti une petite pile électrique lumineuse de son sac. Il éclaira un coin de ce qui s'apparentait à une cave. Une petite porte en fonte était là. Elle ne faisait probablement pas plus d'un mètre de haut sur un mètre de large. Il l'ouvrit sans peine. Elle ne grinça même pas.
-Tu viens ? Il vaut mieux ne pas prendre le risque qu'ils nous trouvent.
La tache blanche reflétait un peu la lumière. Il acquiesça et rampa dans l'ouverture.
C'était stupide et imprudent, mais visiblement ce truc noir était en train de l'aider, autant lui faire confiance jusqu'au bout. Après un court tunnel éclairé par la seule pile électrique du Spectre Voleur derrière lui, ils aboutirent dans une pièce plus grande.
Une autre cave, sans fenêtre. Le voleur prit les devants et le conduisit à travers un autre tunnel donc l'entrée était un trou dans le mur.

Enfin, après avoir arpenté un dédale de tunnels plus ou moins étroits, ils débouchèrent à l'air libre, dans une partie de la ville qui paraissait beaucoup plus calme.
-Enfin ! Tu vas mieux ? Pourquoi ils te poursuivaient ?
Pour toute réponse, il n'eu droit qu'a deux yeux perdus et visiblement terrifiés qui le fixaient droit dans la capuche.
-Ah pardon.
Le voleur se délesta de son sac et de sa cape noire. Du coup, il se révéla être deux fois plus petit. C'était un petit pokémon tout blanc, tout en rondeur, avec des forme géométriques rouges et bleues sur le corps. Et deux trucs dans le dos qui aurait pu s'apparenter à des ailes si elles avaient eu une taille proportionnelle et si ledit pokémon s'en servait pour rester en l'air. Ce qui n'était visiblement pas le cas. Altaïr en savait quelque chose, sur les ailes. C'était un sujet qui le fascinait, il s'était renseigné. Cependant le premier mot qui viendrait à l'esprit de quiconque chercherait à décrire ce mystérieux pokémon serait sans doute : gracieux.
Il lança d'un ton joyeux :
-Je m'appelle Lesath ! Enchanté ? Et tu es ?
-Altaïr… parvint il a articuler. Il s'observèrent un moment.
-C'est la première fois que je vois un type comme toi en ville. Tu es de quelle espèce ?
-Absol.
-Oh la la la. T'es pas venu causer des catastrophes hein ?
Altaïr commençait à reprendre ses esprits. Il lança un regard furieux à Lesath.
-C'est quoi ces préjugés ? Même les pokémons nous détestent, dans les villes humaines ?
-Non, pas du tout. Tu es là pourquoi alors ?
-Je suis venu… parce qu'il va y avoir un tremblement de terre demain vers la mi journée. Les gens de mon village ont de la famille ici. Ils voulaient que je prévienne tout le monde. Mais les humains m'ont vite repéré et ils m'ont encore chassé.
Quelque chose tilta dans la tête de l'Absol.
-Hé une minute ! Tu es quoi, toi, d'abord ?
-Un Togetic !
Hm. Altaïr réfléchit un instant. Il était sûr que la Feunarde Agena lui avait parlé de cette espèce là. Elle lui parlait beaucoup du monde et des espèces de pokémon qu'elle connaissait. Elle lui avait appris beaucoup de choses. Il adorait l'écouter raconter le monde. Une idée lui vint. Une idée que quelque chose ne tournait pas rond chez Lesath. Et les Absols avaient de l'instinct !
-Les policiers t'ont appelé « voleur ».
-Ah, tout a fait ! C'est ce que je suis !
Le Togetic avait l'air tout fier de lui.
-Je croyais que les Togetic étaient considérés comme des porte-bonheurs ?
-Parfaitement !
-Et donc... tu apporte le bonheur aux gens... en les volant ?
-Les Togétics sont sensés apporter le bonheur à leur dresseurs (Altaïr grimaça en entendant ce mot) ou à ceux dont le cœur est pur. Mais si on trouve personne qui puisse remplir ces conditions, hein ? Moi je n'ai aucun dresseur, c'est pas parce qu'on est gentil qu'on doit s'asseoir sur sa dignité !
Il avait dit ça d'un ton qu'il avait sûrement voulu sérieux.
-Et ?
-Donc je me porte bonheur a moi même !
La conclusion paraissait évidente et logique, lancée sur ce ton joyeux. Altaïr n'était pas convaincu. Il ne voyait pas ce que la dignité venait faire la dedans. Mais après tout ce n'était pas ses affaires.

Soudain un cri se fit entendre. Un Noarfang arrivait droit sur eux en hurlant :
-Ici ! Ici ! Absol repéré ! Ici ! Ici !
Lesath et Altaïr voulurent s'enfuir, mais le Noarfang chargea. De toute façon, Altaïr avait trop faim pour courir, ou même pour l'affronter. Il s'emmêla les pattes et s'étala. L'espace d'une seconde, il se demanda quel sort les humains pourraient lui réserver.
Mais, contre toute attente, Lesath s'interposa.
Et encore plus surprenant pour Altaïr, il bailla.
L'attaque bâillement toucha Noarfang, qui ne parut pas en souffrir et continua sur sa lancée. Lesath attendit alors qu'il soit assez près et lui sauta au cou. Puis il lui déposa un doux baiser près du bec. Surpris, Noarfang fut déstabilisé en vol et s'écrasa par terre, faisant rouler Lesath sur le bitume. Celui ci se redressa plus vite que son adversaire et revint a la charge… d'un air timide et très attendrissant, avant de redéposer un petit bisou tout mignon sur l'oiseau. Celui-ci, confus sur ce qu'il devait faire du togetic, tenta de reprendre son vol, mais se ré écrasa au sol… et s'endormit.
-Viens vite, Altaïr !
Au loin, on entendait déjà les policiers arriver, ainsi que les cris des caninos et des hoothoots. Une chance que ces oiseaux ne soient pas très doués pour le vol, se dit Altaïr. Lesath emmena l'absol à travers les ruelles, jusqu'à une grande maison aux murs blancs, avec un grand jardin très propre et bien entretenu, entourée d'une haie. Ils contournèrent la propriété. L'arrière était moins reluisant. C'était une petite ruelle où on entreposait les poubelles, mais elle était un peu plus propre que celles qu'Altaïr avait vu jusqu'à présent.
Le Togetic poussa une des poubelles, dévoilant une brèche dans le mur.

Altaïr découvrit alors son repaire secret. C'était une grande cave, dont le seul accès était la brèche dans le mur. Mais contrairement aux autres caves qu'il avait vu précédemment, celle ci était très propre. Lesath y avait entassé tout ses trésors, qu'il avait volé aux humains, sur des étagères. Il y avait de tout. La plupart étaient inidentifiables pour Altaïr. Dans un coin entre deux étagères, il y avait un panier en osier d'où débordait une couverture et un oreiller.
Le voleur vida son sac et rangea les objets qu'il contenait selon son classement sur les étagères.
Il s'attarda sur un objet qu'Altaïr ne connaissait pas. Il s'agissait d'une tige surmonté d'une pétale, le tout en métal.
-Qu'est ce que c'est ?
-Une petite cuiller. (Et voyant le regard interrogateur de l'absol, il ajouta : ) Ca sert à manger ou à boire. C'est joli hein ? J'en ai toute une collection ! Tu veux la voir ?
Un gargouillement stomacal lui répondit.
-Ah, tu as faim. J'ai quelques baies dans un coin…
Lesath tira un carton de sous une étagère. Quelques baies étaient effectivement rangées là. Il invita l'absol à se servir. Ce dernier ne se fit pas prier.
Ensuite, il se fit une joie de lui montrer sa collection de petites cuillers. Altaïr s'endormit sans même s'en rendre compte.