Enlèvement, rencontre déplaisante et souvenirs
L'éclair doré frappa la jeune fille en plein ventre, ce qui lui arracha un petit cri de douleur. A sa grande surprise, elle n'avait pas connu la douleur que ressent un être foudroyé. Même si elle n'avait jamais fait personnellement cette expérience, elle pouvait imaginer cette douleur qu'elle avait vu plus d'une fois lorsqu'un de ses pokémon avait encaissé ce type d'attaques. Etonnée et soulagée, elle déchanta rapidement au moment ou elle comprit tout, lorsqu'elle essaya de se relever. Aucun de ses membres ne répondait, des picotements titillaient ses terminaisons nerveuses au bout des doigts, sa langue ne bougeait plus et les muscles de ses membres étaient contractés. Cynthia était totalement paralysée et déduit instantanément le nom de la capacité utilisée par son ennemi: la Cage-Eclair.
Complètement tétanisée, elle était à la merci du Dracolosse qui s'approcha. Elle était seule, incapable de se défendre ou d'appeler à l'aide et imaginait le pire quand le dragon enroula délicatement sa queue autour de sa victime. Il écarta ses belles ailes, à la fois fines et fragiles mais également musclées et robustes, avant de s'envoler.
Cynthia sentait ses membres revenir lentement à la vie, ainsi que le vent marin chargé d'iode sur son visage. Décoiffée, elle regarda sous ses jambes l'océan qui défilait à vive allure avec appréhension. Elle avait remarqué que le Dracolosse évitait de lui faire du mal en serrant trop fort et ne pouvant rien faire pour se dégager, elle entreprit de communiquer avec lui.
-S'il te plait, peux tu me dire pourquoi m'as tu capturée et ou m'emmènes tu ?
Le dragon l'avait parfaitement comprise, mais il ne lui répondit que d'un chant apaisant. Après à peine une demi-heure de trajet, il descendit et ralentit à l'approche d'une île. Cynthia connaissait ce lieu, c'était l'île de fer ou elle avait rencontré Riolu deux ans auparavant. Etrangement, le pokémon qui l'avait enlevée n'avait pas l'air de vouloir s'y poser et dépassa l'île avant de se diriger plein nord, vers deux îlots plus petits et théoriquement inhabités.
Dracolosse la déposa délicatement devant un bâtiment de tôles. Cet endroit devait probablement être un laboratoire mais il masquait en partie une terrasse occupée par une table de jardin et de transats. La blonde regardait las alentours lorsqu'elle entendit une voix qui lui semblait familière lui souhaiter la bienvenue.
Elle se retourna et reconnut la personne qui la toisait.
-Cyrus, dit elle avec le plus de mépris possible.
Elle se rappela sa dernière rencontre avec l'homme qui se tenait devant elle. Cyrus était natif de Rivamar et appréciait assez peu la compagnie de ses semblables. Ce garçon taciturne qui aimait beaucoup la technologie et était un passionné d'astronomie avait pourtant ressenti quelque chose en lui lors de sa première rencontre avec Cynthia, lorsqu'elle avait 12 ans. Même avec cinq ans de plus qu'elle, ils avaient tissé un lien d'amitié et passaient leur temps libre ensemble. Ces deux êtres distants envers les autres semblaient proches mais un jour, Cyrus avait été convoqué par son père qui dirigeait un laboratoire de recherches en astrophysique.
Son père était atteint d'une maladie incurable et sans espoir de guérison, il lui avait tout légué et parmi l'héritage, il y avait le fruit de ses études sur les distorsions entre les mondes parallèles. Cyrus, assoiffé de connaissances en astronomie et en physique avait décidé de poursuivre les recherches de son géniteur pour assouvir son inépuisable soif de connaissance.
Cynthia essaya de rester en contact mais leurs rendez vous s'espaçaient jusqu'au jour ou elle comprit que celui auquel elle s'était attachée n'avait plus le temps de s'occuper d'elle.
Malgré tout, elle essaya tout de même de le revoir une fois encore. Elle pénétra dans le bureau de celui qui se faisait surnommer Hélio par ses employés. Ennuyé, le jeune chercheur aux cheveux bleus tenta de lui dire la vérité sans être trop brutal envers cette blonde aux yeux extraordinairement profonds.
-Ecoute, tu dois comprendre que je suis très occupé, ce centre de recherches ne se dirige pas tout seul.
-Mais moi, est-ce que je ne mérite pas un peu de ton temps ?
-Ce n'est pas ça, tu es une amie que j'apprécie mais je crois que les rêves de mon père et les miens valent le coup de faire des sacrifices.
-Je ne suis donc rien pour toi ? Je n'ai pas une place dans ton cœur ?
Hélio regarda cette gamine de 14 ans lui faire une crise de jalousie. Il passa une main dans ses cheveux bleus et soupira. Les amourettes d'une adolescente étaient vraiment une source d'ennuis à n'en plus finir.
-Ecoute moi, tu es une amie, c'est tout. Je préfère être franc, je ne crois pas au coup de foudre et je ne veux pas m'engager dans une relation amoureuse à laquelle je ne crois pas. Excuse moi de te le dire ainsi mais je ... j'ai autre chose de plus urgent que les jérémiades d'une gamine qui ne connaît rien à l'amour. C'était juste de l'amitié, comprends tu?
-Mais je croyais que tout ce temps ou tu étais gentil avec moi, c'était une forme d'amour.
-Il y a deux ans, j'étais un crétin immature et tu étais encore une fillette qui rêvait d'être une princesse. Tu as cinq ans de moins que moi, ça ne peut pas coller entre nous. Nous ferions mieux d'en rester la. J'espère que tu comprendras plus tard. Je ne veux pas que tu espères inutilement connaître le grand amour avec moi.
-Je ne peux pas croire ce que tu me dis. Tu viens de faire voler en éclats tous mes rêves. Toutes mes espérances sont balayées.
Cynthia venait de découvrir ce qu'était un chagrin d'amour. Elle savait ce que pouvait ressentir ces personnes qui s'étaient données à un homme tandis que ce petit ami allait surement les considérer comme un sac poubelle à usage unique.
Elle le gifla, vidant le poids qu'elle avait sur le coeur et rejetant toute sa fureur. Cynthia avait insulté celui qu'elle avait aimé et dont elle espérait reconquérir le coeur il y a encore quelques minutes.
Hélio appela la sécurité et demanda à ses sbires de raccompagner la blonde en larmes à l'entrée. Il claqua la porte de son bureau en jetant un regard vide à la jeune fille.
Il n'avait jamais oublié ce qu'elle lui avait dit. Au fond de lui, il éprouvait quelque chose pour elle, mais il ne voulait pas la blesser en lui donnant de fausses espérances. Il avait essayé de la préserver et voila que cette ingrate était incapable de voir ses sentiments à lui. Au bout du compte, c'était elle qui avait fait plus de mal à l'autre.
Les deux partenaires avaient alors coupé tout contact et nourrissaient tous les deux une profonde rancœur. Chacun désirait faire souffrir l'autre dans l'unique but de lui faire comprendre ce qu'il avait enduré mais aucun des deux n'avait eu suffisamment de clairvoyance pour admettre que l'autre avait lui aussi souffert.