Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 08/04/2009 à 14:59
» Dernière mise à jour le 08/04/2009 à 14:59

» Mots-clés :   Science fiction   Sinnoh

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 12: Journée pourrie
Loin, bien loin de Féli-Cité, la lumière du jour parvenait tout juste à percer à travers les stores de la chambre d'hôtel. Sur le petit bureau à côté du lit, un ordinateur portable trônait, émettant un bip par intermittence, accompagné par le symbole d'une enveloppe qui clignotait sur l'écran noir. Le propriétaire de l'ordinateur, lui, émergeait tout juste de cette nuit agitée. La mort de Sorbier avait hanté ses rêves pendant des heures, le faisant se réveiller en sueur à plusieurs reprises. Et au moment où il arrivait enfin à dormir, voilà que ce réveil improvisé le tirait de son sommeil réparateur.

"Journée de merde, grommela l'homme."

On lui donnait à peine la trentaine, ses cheveux blonds et bouclés rappelant ceux qu'il portait déjà avec effronterie depuis près de vingt ans. A l'époque, il était un des plus casse-cous de la bande à laquelle il appartenait. Aujourd'hui, la sagesse faisait peu à peu son effet, même s'il ne rechignait jamais dès qu'il fallait se lancer dans des missions suicides, qui se faisaient malheureusement pour lui de moins en moins nombreuses. Son regard était rempli d'une grande espièglerie qui allait de pair avec son air à la fois décontracté et pourtant tellement professionnel.

Sans quitter l'assise confortable de son matelas, il se dirigea vers le bureau et sortit son ordinateur du mode veille duquel il était bloqué.

"Qu'est ce qui se passe ? demanda le jeune homme, les yeux plissés par la soudaine lumière de l'écran qui l'aveuglait.
-Yann, c'est Feu Follet. Tu en mets du temps pour répondre.
-J'ai eu une nuit un peu troublée, comme tu peux t'en douter, chérie. Et les surnoms stupides, ça commence à bien faire. J'ai la tête dans le cul, j'ai pas tellement le temps de passer une demi-heure à savoir à qui je parle."

-------------------

Un écran s'afficha, avec à l'intérieur le visage d'une fille plus jeune, à peine la vingtaine, aux yeux légèrement bridés, et qui, semble t'il, avait pleuré souvent ces derniers temps.

"La présidence est très stricte sur le règlement, tu sais bien. On ne quitte plus nos noms de code. Encore moins depuis la mort de Sorbier. Les choses s'accélèrent.
-Je te rassure, j'ai pas non plus envie de finir avec une balle dans la tête. Crois-moi, pour avoir vu la tête du professeur avec ce gros trou à l'intérieur, je parle en connaissance de cause.
-C'est lui ? fit la femme avec une once d'espoir.
-Aucun doute, désolé."

La fille retint un sanglot Sorbier avait été la personne qui lui avait fait gardé espoir à des moments sombres de son passé.

"Il nous a définitivement quitté ce coup-ci. Mais j'aimerai bien en parler directement avec la présidence si ça ne l'embête pas. Je veux pas vous laisser pour compte, mais ça devrait être à moi de...
-Officiellement, les consignes sont strictes, coupa la fille. Pas de contacts directs comme indirects avec lui. Même ici, il n'est pas en sécurité.
-Dis lui d'aller se faire foutre, alors, répondit l'homme exaspéré. Je ne vivrais pas caché toute ma vie.
-Officieusement, il ne s'en est toujours pas remis, et il sait que le voir dans un état pareil nous rendrait tous plus vulnérables.
-Dis lui quand même d'aller se faire voir. Et que voir le cadavre du professeur étendu au milieu de son salon est tout aussi bouleversant que d'entendre dire qu'il est mort.
-Je transmettrai, je ne suis pas sûr que ça lui remonte le moral, mais bon, tu sais ce qu'on dit, c'est l'intention qui compte.
-A ce niveau là, je ne pense même pas que l'intention serve à quelque chose. Bon, parlons peu. Je te fais mon rapport où on discute de tout et de rien ?"

-------------------

La dénommée Feu Follet effectua quelques clics sur son ordinateur et annonça:
"Ca tourne.
-Bien, j'ai réussi à me faire passer pour l'inspecteur Yann Dovi le temps de récupérer ce qui me semblait essentiel. C'est à dire quasiment rien. Les conclusions de la vraie police sont sans appel. Pas de poudre sur son corps, par contre on en a trouvé à plusieurs mètres du cadavre. C'était pas un tir à bout portant, et encore moins un suicide. Un seul tir, aucune douille, aucune piste."

Yann prit une longue inspiration, laissant échapper un soupir de tristesse.

"Quand je pense qu'il est sorti à peine quelques heures, le temps de mettre en sûreté du matériel pour les dresseurs du lendemain...
-En parlant du matériel, il y'avait quoi ?
-Rien n'a été volé dans le coffre. Il y'avait une ball qu'il avait mis à l'abri. Il me semble que c'est un pokémon classique, mais de là à en être sûr... En plus, il avait mis deux Poké-Device à l'attention de "Fleur sauvage" et du gamin qui l'accompagnait.
-Comment savait-il qui allait l'accompagner ?
-J'en sais foutre rien, figure-toi, mais le fait est que la ball à l'intérieur du coffre-fort était aussi pour lui. Il n'y a aucun doute là-dessus. Y'avait son nom... A son sujet, vous avez quelque chose ?"

La fille reprit quelques couleurs, le temps pour elle de faire part des informations en sa possession.

"Rien de vraiment extraordinaire. On le surveille depuis qu'ils se connaissent, mais vraiment rien à signaler de ce côté là. Tout ce qu'il pourrait nous cacher se trouve à l'intérieur de sa baraque, mais vu les moyens du père, on n'a jamais réussi à y mettre le moindre micro. Cyrian Versili, dit Cyrus, élève modèle à l'école la plus friquée de tout Féli-Cité, fils du patron des industries Versili. Mère décédée à sa naissance. Pas de frère, pas de soeur, aucun autre pokémon que celui que Sorbier a pu lui donner. Sa seule véritable relation à l'extérieur du cocon familial est "Fleur sauvage".
-Et à son sujet, rien de mieux ?
-De ce côté là par contre, on a pas mal de choses. Et crois-moi, c'est du lourd."

-------------------

Yann Dovi commençait à émerger de son lourd sommeil, laissant un instant la fille contempler une pièce vide pendant qu'il s'habillait en dehors du champ de la caméra.

"Vas-y, je me suis juste mis hors champ pour ne pas t'incommoder. Je suis toujours là."

Le Yann qu'elle connaissait aurait cent fois préféré faire une blague à propos de son anatomie masculine que d'utiliser le mot "incommoder". Toute cette histoire l'avait vraiment chamboulé.

"On a eu des nouvelles de "Lazare" et de sa femme. Il ne peut pas en être sûr, mais apparemment le seul suspect qu'ils ont est loin d'être le bon. Un clochard qui s'est trouvé là par hasard et qui a voulu aider Fleur Sauvage. Cyrus s'est débrouillé pour le faire libérer.
-Je fais confiance à Hélio et Mars pour repérer les gens louches, constata Yann. Ils ont une sacré connaissance en la matière.
-On a dit pas de noms ! s'énerva Feu Follet.
-Excuse-moi du peu, mais on parle du chef de la Team Galaxie et de la seule commandante qui a survécu au Mont Couronné. Et Dieu sait qu'ils ont eu affaire à forte partie. Alors ils ont bien plus de chances que nous de s'en sortir. Quand à "Lazare", excuse-moi, mais c'est à jeter par la fenêtre comme surnom. Il est loin d'avoir été ressuscité. Et crois-moi, ils ne vont pas s'attaquer à lui après avoir kidnappé sa fille. Sinon, j'en connais qui vont marraver sévère.
-Bref, Cyrus se lance aussi sur la piste de Fleur Sauvage. Encore une fois, il n'en est pas sûr, mais il se pourrait qu'il ait une piste."

Yann soupira à nouveau. Rien dans l'histoire de Feu Follet ne le mettait de bonne humeur. Cette agression était une déclaration de guerre... Et la présidence qui ne faisait rien. Elle voulait avoir la mort des trois gamins sur les bras ou quoi ?

"Je rêve ou ce gamin est en train de faire notre boulot ? s'impatienta Yann. Pardonne-moi, mais s'il est capable de se débrouiller dans cette histoire, alors on doit pouvoir faire au moins aussi bien. On parle d'un gamin qui a des intérêts personnels pour sauver une amie. On attend quoi pour lui filer plus qu'un coup de main ?"

-------------------

Dans la pièce dans laquelle était Feu Follet, un silence profond envahit tout l'espace.

"Ce n'est pas dans nos priorités.
-Pardon ? Depuis quand elle n'est pas dans nos priorités ? Tu sais de qui on parle là ?
-Bon sang, s'énerva à son tour la fille, tu comprends pas qu'on est à découvert ? Le moindre geste de notre part et on peut finir comme Sorbier ! Une balle entre les deux yeux et crois-moi, une fois raide, on aidera nettement moins Fleur Sauvage. Excuse nous de ne pas être aussi suicidaires que toi !"

Cette fois-ci, ce fut dans la chambre d'hôtel que le silence imposa sa loi. Yann rejoignit son écran, désormais habillé et prêt à faire tout ce qu'il fallait.

"Excuse-moi, Feu Follet. Je suis le seul sur le terrain, alors j'ai une vision un peu différente des choses.
-Tu n'es plus le seul, plus maintenant. La présidence a décidé d'envoyer du renfort sur la piste de Fleur sauvage. Il est tout seul, mais comme je t'ai dit, ce n'est pas notre priorité.
-Voilà qui est mieux. Vous avez collé qui à cette tâche ? Je le rejoins dès que possible.
-Négatif, tu es nos yeux et nos oreilles. Shadow se débrouillera bien tout seul.
-Je n'ai rien vu ni entendu de nouveau depuis hier. Et Shadow n'a rien à faire à Sinnoh. On ne sait pas par où notre ennemi peut rentrer.
-La présidence a...
-La présidence ira se faire voir pour cette fois. Je ne sers à rien, et on ne sera pas trop de deux pour pouvoir sauver ces deux gamins. Je le contacterai directement.

Feu Follet remit en place une mèche de cheveux tombée sur son visage ravagé par les larmes. Plus que tout, elle avait peur de perdre un autre membre de l'équipe...

"Tu es têtu, je pense qu'ils comprendront que je n'ai pas pu te raisonner.
-A mon avis, Sorbier n'est que le premier d'une longue liste.
-C'est aussi ce qu'on pense, veille juste à ne pas être le suivant.
-Tu me connais.
-Justement, je répète mon conseil. Prends soin de toi, il y'a quelqu'un qui aurait bien du mal à s'en remettre si tu venais à disparaître."

-------------------

Yann Dovi, où plutôt la personne qui se faisait appeler ainsi, éteignit son ordinateur et ouvrit un tiroir de son bureau. A l'intérieur, un pistolet et deux chargeurs l'attendaient. Il en glissa un dans l'arme qu'il bloqua dans un déclic qui emplit la pièce l'espace d'une demi-seconde, et coinça le second entre son dos et le haut de son jean.

"Et ben, on dirait bien que cette merde ne fait que commencer, fit-il en cliquant sur un des boutons de sa pokémontre. J'espère juste que la couverture tiendra le coup assez longtemps. Qu'on sache que je ne suis pas de la police c'est une chose, mais qu'on sache quelle est ma mission, ça risquerait de devenir compliqué.
-Tu l'as dit. Je n'aime pas être à découvert non plus, répondit une voix dans le haut-parleur de la montre.
-Shadow, content de te revoir. Rassure-moi, tu as un nom d'emprunt plus "commun" ?
-Jack Nolan. Et je suis entièrement d'accord avec toi pour dire que ces surnoms sont inutiles.
-Très bien, où est ce que je te retrouve ?
-Je suis en bas de l'hôtel. Je t'attends depuis cinq minutes."

Yann ne parut même pas surpris de cette réponse.

"Je suis si prévisible que ça ?
-Moi aussi je ne supporterai pas de rester à rien faire, tout en restant en première ligne. Et j'ai besoin d'un coup de main de toute façon.
-Tu en as battu des dizaines en même temps sans l'aide de personne.
-Je ne sais pas s'ils sont nombreux, mais je compte utiliser les moyens plus "conventionnels" s'il y'a des gamins innocents au milieu. Et tu es le seul à avoir emporté une arme de nous deux.
-Ok, je descends, ne bouge pas."

-------------------

Dans les escaliers de la chambre d'hôtel, Yann surprit des bruits au rez de chaussée. Il jeta un oeil à sa montre. Deux heures passées. Il avait du dormir depuis six heures du matin après une nuit complète à essayer de trouver le sommeil. Une fois arrivé en bas des escaliers avec sa valise contenant les maigres effets personnels qu'il avait emporté pour cette mission, il s'accouda au comptoir de la réception, et se retrouva face à un employé du petit hôtel.

"Tiens, le gars qui était à votre place hier soir n'est pas de service ce matin ?
-On fonctionne différemment des autres hôtels, expliqua le groom. Chacun bosse du matin au soir, et on a une équipe de nuit en plus.
-Vous faites bien ce que vous voulez, accorda Yann. Je vous dois combien ?
-Rien du tout, la police a tout pris en charge.
-Très bien, c'est bon alors ?"

Le garçon d'hôtel acquiesça sans mot dire. Yann se retourna sans se poser de questions, à peine surpris que la présidence ait payé son séjour en se faisant passer pour la police. En se dirigeant vers la sortie, il remarqua cependant un détail qui le gênait. Dans le placard sous l'escalier, une manche blanche dépassait. Comme si on avait précipitemment refermé ce dernier pour cacher ce qu'il contenait. Une manche comme celle de l'homme qui lui avait donné les clefs de la chambre hier.

"Merde, susurra t'il en dégageant son pistolet.
-N'y pensez même pas, lui répondit la voix du groom, accompagnée d'un déclic d'arme."

Yann se retourna. Une demi-seconde de plus et il serait exécuté sans autre forme de procès. Et il n'aurait jamais le temps de dégainer son arme. Autrement dit, il était piégé.

-------------------

Ils restèrent ainsi à se regarder dans le blanc des yeux pendant un temps infime. Comme si elle avait été poussée par une force invisible, la main du véritable groom se déséquilibra et il tomba du placard distrayant l'imposteur au mauvais moment.

Yann en profita pour dégainer son arme et tira une unique balle entre les deux yeux de celui qui le menaçait. Le tir résonna dans la cage d'escalier réveillant les derniers locataires encore endormis à cette heure de l'après-midi. Un homme brun, grand et au visage très éprouvé rentra immédiatement dans le hall, une ball à la main. Yann changea de cible et pointa son arme sur le nouveau venu avant de le reconnaître et d'abaisser son arme.

"Il s'est passé quoi ?
-Un piège, on m'attendait, répondit Dovi. On nous attendait.
-On t'attendait, je ne crois pas qu'on sache que je suis là. Je n'ai repéré personne en venant. Tu t'en es sorti comment ?
-Le mort par terre, c'est le vrai groom, il était "mal calé" dans son placard.
-Je ne chercherai pas à savoir comment un mort s'est subitement déséquilibré au bon moment, commenta le nouveau venu.
-Ca va pas tarder à être la Berezina si on bouge pas, reprit Yann. Tu sais où on est sensé aller ?
-Les gamins ont une piste pour retrouver la fille.
-Les gamins ? Je croyais qu'ils étaient deux en incluant la fille.
-Ils sont deux en plus de la fille, c'est tout nouveau. Le clochard à l'air plus impliqué que ce qu'on pensait.
-On sait quoi pour lui ?
-Rien, on a une vague description d'Hélio, aucun nom et aucune trace de lui nulle part. Même les clodos habituels du secteur ne le connaissent pas. C'est comme s'il venait d'apparaître sur Terre."

-------------------

Yann sortit accompagné de Jack alors que les premières sirènes de police commençaient à résonner au loin, dans les rues d'UnionPolis.

"Grosso modo, on ne sait rien sur rien.
-Ca ne te rappelle rien ?
-Oui, enfin dois-je te rappeler que la dernière fois, on savait quand même à qui on avait affaire." fit-il en accrochant une oreillette reliée à son PokéDevice.
"Et même à l'époque, on ne s'en est pas sortis sans dommage, commenta Jack en fixant la sienne. On est mal barrés sur ce coup.
-Et le QG qui refuse de se montrer. Bon sang, on a mis des branlées à des gens autrement plus puissants.
-Sauf si on a affaire à une autre organisation secrète. Et dans ce cas, le but sera de débusquer l'adversaire le premier. La présidence a stoppé toutes les recherches. On est en état d'alerte depuis hier matin."

Yann esquissa une gifle à l'attention d'un être invisible... Il était vraiment énervé.

"Et merde, tiens. Je savais que quelqu'un aurait du escorter Sorbier. Je le sentais mal. Maintenant que Nina est en âge d'être dresseuse, on ne pourra plus jouer aussi facilement avec elle.
-Il faudra lui expliquer qui tire les ficelles avant qu'elle ne s'en aperçoive elle-même, sinon, on va se la mettre à dos.
-Entièrement d'accord, même si on n'a pas notre mot à dire dans ce débat. Mais il faut déjà sauver les gamins. Ils ont l'air futés, mais ils ne se rendent pas compte qu'on a affaire à des gens qui sont certainement liés au meurtre de Sorbier. Et dire que la police officielle patauge dans la semoule comme une bande de débutants.
-Bon, on y va ? demanda Jack."

Dovi acquiesça. Dans les rues d'UnionPolis, les deux appuyèrent sur le bouton situé sur leur oreillette, et prononcèrent en même temps le mot "Extraction" avant de disparaître du trottoir comme s'ils n'avaient jamais été là.