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Un monde de couleurs s'ouvre à vous de Arc-en-ciel Evoli



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» Auteur : Arc-en-ciel Evoli - Voir le profil
» Créé le 11/03/2009 à 23:32
» Dernière mise à jour le 22/04/2009 à 17:25

» Mots-clés :   Humour   Kanto

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Chapitre 1 : On annonce la couleur...
___Jérôme sursauta soudain. Il était dans sa chambre, en train de jouer à Super Mario Sunshine sur sa GameCube. Debout. La télévision était en plein milieu de la pièce, mais il n'avait même pas pensé à prendre une chaise ou quelque chose. Il cligna des yeux. Tout cela lui paraissait si irréel...
___Il posa la manette et éteignit la télé. Il ne pensa pas éteindre la console. Autant qu'il s'en souvienne, il y jouait tous les jours ; et pourtant aujourd'hui elle lui semblait comme étrangère, il avait l'impression de tenir cette manette pour la première fois de sa vie.

___Et puis, surtout, il avait l'air d'un andouille, là, debout.

___Il alla s'asseoir sur son lit. La couverture bleue était parfaitement bordée, le drap blanc replié par dessus. Mais il n'avait pas le souvenir de l'avoir fait aujourd'hui. Il était encore tôt ; le soleil illuminait sa chambre à travers la fenêtre dont les volets étaient ouverts. Il se leva et voulut contempler la ville endormie.
___De l'autre côté de la fenêtre on pouvait voir le ciel, les nuages, et le soleil dans sa lente course vers le zénith.

___Mais pas la ville.

___Il se mit sur la pointe des pieds, loucha désespérément dans une vaine tentative d'apercevoir le sol, ou au moins les toits. Mais la fenêtre s'obstinait à montrer le ciel.
___Jérôme soupira, retourna vers son lit.

___A mi-chemin il se retourna brusquement, s'arqua pour regarder le paysage. Mais il ne réussit pas à prendre la fenêtre par surprise. Elle semblait bien décidée à lui montrer les nuages.
___Il resta un moment immobile, indécis. Puis il eut une idée de génie. Il allait l'ouvrir ! Il allait ouvrir cette foutue fenêtre et lui montrer de quel bois il se chauffait. Ce n'était tout de même pas une fenêtre qui allait dicter la loi dans sa chambre !
___Il posa sa main droite sur la poignée, et la tourna résolument vers la gauche.

___La poignée résista.

___Il réessaya, força, y joignit les efforts de sa main gauche, réessaya, força encore. Mais rien n'y fit. La fenêtre était bien décidée à ne lui montrer que le ciel, et s'il n'était pas satisfait, il n'avait qu'à aller se faire voir par la porte.

___Jérôme fronça les sourcils. Mais il ne se découragea pas. La journée ne faisait que commencer, et ce n'était pas une vulgaire fenêtre qui allait l'obscurcir.

___Comme pour le contredire, des nuages allèrent se poster devant le soleil. Il jura et alluma la lumière.

___Bon. Il ne contemplerait pas la ville endormie. Et alors ? Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Il y avait plein de choses bien mieux qu'une ville endormie pour occuper son champ de vision. A commencer par son ordinateur. Il l'alluma. Il n'avait pas encore pris son petit déjeuner mais il décida de surfer un peu sur Internet avant de descendre.
___Jérôme n'était pas le genre de personne à passer sa vie derrière un ordinateur, mais l'ordinateur en question semblait tout disposé à passer la sienne devant le jeune homme. Tout un tas d'applications se lancèrent dès le démarrage, lui proposant d'accéder à différentes activités comme le système de stockage de Pokémon en ligne de Léo, la synchronisation de l'horloge interne d'un Pokédex avec l'horloge parlante de Safrania, la création d'une page FaceBook et un tas d'autres trucs qu'il ne prit pas la peine de lire en détail, quoique l'ordinateur se montrât très enthousiaste.

___Il lança plutôt une recherche d'images.


___________Essayez avec cette orthographe : petit déjeuner

___________Aucune page ne contient tous ces termes de recherche.
___________Les termes de recherche spécifiés – ville endormie – ne correspondent à aucun document.
___________Suggestions :
___________________* Vérifiez l'orthographe des termes de recherche.
___________________* Essayez d'autres mots.
___________________* Utilisez des mots plus généraux.
___________________* Retournez jouer à Sunshine, vous n'avez que 28 soleils, glandeur !


___Il grogna. Ou bien la ville avait soudainement décidé de ne plus exister, ou bien quelqu'un se payait sa tête. Qu'à cela ne tienne ! Mais elle lui coûterait cher...

___Jérôme descendit et retrouva sa mère, qui était déjà dans la petite cuisine.

___— Jérôme ! Mon loulou ! Ça me fait tant plaisir de te voir ! Alors mon chéri, comment vas-tu par un si beau matin ?
___— Justement... Tu pourrais me décrire précisément un beau matin ?
___— Eh bien, un beau matin, c'est un début de jour où tout nous sourit, où la vie semble merveilleuse ; où les oiseaux chantent et où le soleil brille ; où les
___— C'est cela. Le soleil. Il est beau, non ? Il berce la ville dans châle doré. La ville. A quoi ressemble-t-elle ?
___— Quelle ville ? Chéri, je te parle de la vie ! Ne sens-tu pas, comme moi, que rien ne doit troubler le bonheur d'un honnête
___— Oui ! La vie est belle ! Le soleil brille ! Le soleil illumine la ville ! La ville revêt sa plus belle robe, la robe du matin ! La ville, Maman, à quoi te fait-elle penser ?
___— Mon loulou... Tu as l'air si heureux ! Tu ne peux pas savoir comme j'ai plaisir à te voir ainsi. Comment te sens-tu, par un si beau matin ?
___— Parfait ! Je me sens parfait ! Pas une seule fausse note ne vient embrumer la douce harmonie de mes jours. Si, une ! Bien sûr ! Tout le monde s'acharne à me cacher la ville ! Passe, qu'un architecte foldingue se soit amusé à planter ma fenêtre à l'envers ! Passe, qu'un ordinateur buté ne sache me satisfaire ! Mais toi, Maman ! La ville ! Tu sais à quoi ressemble la ville, non ? Alors dis-le !
___— Mon chéri, tu n'as pas faim ? Tu n'as rien avalé. Mange donc un de ces délicieux croissants...

___Elle lui tendait la corbeille. Dedans, trois pâtisseries encore chaudes ; cuites juste assez et bien beurrées, elles semblaient n'attendre que d'être saisies par des dents avides et désireuses. Rien n'aurait su leur procurer plus de plaisir que la caresse d'une langue enivrée, et c'eût été un crime que de ne pas succomber avec dévouement aux délices qu'elles promettaient.
___Le boulanger y avait mis tout son art, c'était un fait. Jérôme y mit tout son appétit. C'était la moindre des choses.

___— Pour en revenir à la ville... Ces croissants sont délicieux. Ecoute, si tu ne veux pas en parler, ce n'est pas grave. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon ! On n'a qu'à se dire que j'irai voir par moi-même, d'accord ? Tu remercieras l'artisan pour moi ; je vais faire un tour dehors. Dis-lui que je n'ai jamais rien mangé de meilleur. Non ne t'inquiète pas ! Je serai vite rentré. Assure-le de continuer dans cette voie, il se débrouille comme un chef ! Il ne m'arrivera rien, Maman, je n'ai plus dix ans. Et si tu as l'occasion de t'en procurer d'autres, fais-moi signe, j'adore les croissants. A tout à l'heure. Vraiment ! Ils étaient si bons !

___La porte claqua derrière lui.

___Dehors, e soleil se levait. La brume matinale, si prometteuse, achevait son existence dans la vallée. Les volets étaient pour la plupart ouverts. Le ciel était bleu ; les toits des maisons semblaient se mouvoir au rythme lent des nuages qui filtraient les rais de lumière. Tout respirait le calme et la tranquillité.
___Les cheminées s'activaient gaiement. La ville se réveillait lentement, elle était heureuse de revenir à la vie ; mais elle profitait encore des derniers instants de plénitude.

___Un monde de couleurs s'ouvrait à lui. Jérôme fit quelques pas dans le Bourg Palette. Il fut pris d'un accès surprenant de bonne humeur et se mit à courir. Il n'avait rien à fuir et pourtant son destin l'appelait au bout de la course. La vie se présentait à lui, non pas rose comme dans un dessin animé, mais multicolore, comme si un peintre soûl avait voulu partager sa joie de vivre avec le monde, et s'était lancé dans la folle entreprise d'en mettre plein la vue aux euphoriques Rattata, aux plaisants Roucool et surtout aux badauds innocents qui commettaient l'heureuse imprudence de passer par là.

___Il courut d'un pas allègre jusqu'aux limites de la petite bourgade. A bout de souffle il contempla les montagnes qui la bordaient. Elles la dominaient, l'écrasaient de toute leur majesté, l'écartaient du monde, et en faisait le havre de paix qu'elle était depuis toujours.

___Jérôme fit quelques pas en avant. Des herbes hautes lui chatouillèrent les genoux. Il soupira d'aise.
___A un mètre sur sa droite, une espèce de souris jaunâtre le regardait d'un air intrigué. Elle se tenait sur ses pattes arrières. Ses oreilles allongées étaient pointées vers l'avant, signe qu'il prêtait beaucoup d'attention à ce que faisait l'adolescent. Il ne l'avait sans doute jamais vu avant, et ne savait s'il devait plutôt se méfier, s'enfuir ou bien au contraire manifester sa joie par une implacable décharge électrique qui n'aurait pas manqué de mettre l'intrus au courant des pratiques locales.
___En attendant, il se tenait à une distance respectable.

___— Eh, toi, là, ne pars pas !

___Un homme d'une cinquantaine d'années rejoignit l'adolescent en courant. Il avait les cheveux blancs, le visage ridé ; mais il ne semblait pas fatigué. Ou bien fatigué seulement par la distance qu'il venait de couvrir. Dans tous les cas, il avait l'air plutôt en forme pour son âge.

___Jérôme le reconnut. C'était le professeur Chen.

___— C'est dangereux de marcher dans les hautes herbes si l'on n'a pas un Pokémon pour se protéger, souffla le vieil homme qui récupérait encore de son dur sport matinal.
___— Je n'ai pas de Pokémon. Aussi loin que je me souvienne ça ne m'a jamais posé aucun problème...

___Le scientifique prit un air horrifié.

___— Tu es déjà sorti de la ville ? Sans Pokémon ?
___— Euh, hésita Jérôme. Non, je ne crois pas. Qu'est-ce que ça peut faire ?
___— Malheureux ! Tu risques la mort à chaque instant en te promenant ainsi dans les hautes herbes !

___Jérôme fit la moue. Il savait le professeur Chen très réputé mais aujourd'hui il le découvrait un brin paranoïaque.

___— Je suppose que là, je suis censé demander pourquoi ?
___Pourquoi ? s'étrangla Chen. Il me demande pourquoi ! Jeune homme, avez-vous entendu parler, par le plus insoutenable des hasards, des Pokémon ?
___— Ah si, je crois... C'est une espèce de pâtisserie orientale, non ?

___La mâchoire inférieure de son interlocuteur manqua se décrocher tant il était étonné. Il faut avouer, à sa décharge, que malgré son âge il continuait de manger une nourriture saine et demandant parfois quelques efforts de mastication qui avaient pu l'user, à force ; de plus il s'offrait parfois un chewing-gum, pour se féliciter de ses recherches et des avancées qu'elles permettaient à la science.

___— Tu... Vous... Ne... Un Pokémon ? bégaya-t-il.
___— Roh ça va, je plaisantais... Me prenez pas pour un demeuré, hein, faudrait vraiment que je sois le dernier des ignorants pour ne pas savoir ce qu'est un Pokémon... Vous avez du mal avec l'humour, vous, non ? Ça vous rend pas la vie dure ?
___— Euh, bon. Donc, comme je le disais avant que tu ne m'interrompes
___— C'est vous qui m'avez posé une question ! l'interrompit l'intéressé. Je ne vous ai pas interrompu !
___— Là, si.
___— Comme dans le roman d'Eric Knight ?

___Le vieux professeur le fusilla du regard.

___— OK, OK, j'me tais... dit Jérôme. Puis il ajouta, alors que Chen allait reprendre la parole : C'est bon hein, vous pouvez continuer !
___— Les Pokémon, donc, vivent dans les hautes herbes. Si tu n'as pas de Pokémon apprivoisé
___— Vous voulez dire, capturé honnêtement au terme d'un combat loyal à six contre un ?
___— Si tu n'as pas de Pokémon apprivoisé, capturé, acheté, échangé ou que sais-je encore
___— Volé ? proposa le perturbateur.

___Chen s'étrangla à nouveau. Jérôme se demanda s'il n'avait pas tenté d'avaler quelque chose de particulièrement épineux pendant la nuit. Ça arrivait aux somnambules, parfois.

___— Tais-toi ! Laisse-moi finir ! Tu dois respect à tes aînés. Alors ferme-la et écoute ce que j'ai à te dire. C'est très important.

___Jérôme préféra s'exécuter avant que Chen ne le fasse à sa place.

___— Si tu n'as pas de Pokémon sur toi, volés ou pas volés tu risques de te faire attaquer, et tu ne pourrais pas te défendre. Cela serait très fâcheux.

___Il y eut un moment de flottement durant lequel ni l'un ni l'autre ne dire mot. Jérôme hésita. D'un côté, il n'avait pas envie d'énerver le renommé professeur plus qu'il ne l'avait déjà fait. Mais d'un autre l'homme avait fini de parler et ne semblait pas pressé de reprendre la conversation.
___L'observation des collines alentour, et surtout du ciel bleu qui les surplombait, complètement bleu et qui arborait un soleil qui avait finalement réussi à s'élever assez haut pour illuminer la vallée, cette observation avait accaparé son entière attention.

___— Euh, tenta l'adolescent au bout d'un moment encore plus long de ce même flottement. Vous regardez quoi ?

___Ce n'était peut-être pas un début très réussi. Mais c'était toujours un début.

___Malheureusement il n'y eut pas de fin, ni même de suite intermédiaire ou quoi que ce soit qui eut pas être conséquence de quelconques prouesses rhétoriques. Car la souris qui les surveillait d'un oeil inquiet depuis l'apparition du professeur et, avant cela, depuis celle de l'auteur de ce qui, prouesse ou pas, étaient définitivement sans rapport avec toute la rhétorique du monde — ou alors d'un rapport si éloigné qu'il passerait par des étapes inavouables et qui par voie de conséquence ne seront pas avouées ici, cette souris donc, venait de passer à l'acte.
___Les couleurs particulièrement réjouissantes du Bourg Palette l'avaient mise dans une humeur particulièrement bonne et ses joues s'étaient tout naturellement élevées à une différence de potentiel particulièrement voltée.

___La joue gauche portait les charges négatives. La joue droite ne portait rien du tout parce que l'électricité était due dans un solide à la circulation des électrons. Mais les deux humains n'en feraient probablement pas très grand cas dans les événements qui suivraient ; et après tout dans un autre univers les joues droites auraient très bien pu êtres liquides et être donc autorisées à porter des charges positives ; et l'électricité aurait de toute façon très bien pu être due dans une joue solide à la circulation des protons ou même des positrons, si ça lui chantait.
___Quoi qu'il en soit, il advint que la tension finit par être si élevée qu'il fut temps pour la joue droite d'assumer ses responsabilités et pour les deux de se remettre au même potentiel. Les électrons devaient pour cela passer d'une joue à l'autre et la souris, d'un naturel très farceur, décida qu'il serait amusant que leur trajectoire fasse un petit détour jusqu'aux deux imprudents qui, par leur présence, venaient de se porter inconsciemment volontaires pour être ses partenaires de jeu.

___Les cheveux de Jérôme se dressèrent sur sa tête lorsqu'il fut secoué par la puissante décharge. Malheureusement pour lui, la trajectoire amoureusement élaborée par son assaillant exigeait également une visite guidée de l'encéphale, et il n'eut donc pas le loisir de penser assez pour se dire qu'il était plutôt rassurant que lesdits cheveux se dressassent sur sa tête, plutôt que d'être pris de la fantaisie d'aller se dresser ailleurs.
___De son côté, le vieil homme fut également ébranlé ; mais quelque chose dans son comportement laissait à penser qu'il était habitué à de telles manifestations de plaisir. Ce qui expliquait peut-être les désordres de sa mâchoire, et les oscillations périodiques de son bassin.

___— Je t'avais pourtant prévenu... Tu aurais dû éviter les hautes herbes.

___Jérôme se releva avec des gestes maladroits. Il était complètement désorienté. Mais pour ce qu'il en savait, si Chen n'était pas resté planté là comme un épouvantail au milieu d'un champ, il n'aurait pas attendu que la bestiole perde patience.

___Il la regarda.

___Ou plutôt il tenta de regarder à peu près dans sa direction, ou dans la direction qu'il estimait être plus ou moins la bonne. L'expérience, en effet, lui apprit qu'il se trompait.
___Il cligna des yeux.
___Ce qui provoqua immédiatement d'insupportables picotements dans tout son corps.

___Finalement il réussit à déterminer un vague secteur dans lequel il était relativement probable que son agresseur se trouvât.
___C'était une espèce de souris jaunâtre, et elle le regardait d'un air amusé. Du moins il lui sembla qu'elle avait l'air amusé ; et peut-être que ce n'était pas tout à fait dans sa direction qu'elle regardait.
___Elle se tenait allongée sur ses quatre pattes arrières, et ses deux têtes lui accordaient toute leur attention. Ou presque. En tout cas il était clair qu'elles accordaient une partie de leur attention à quelque chose.
___Ses six pommettes rouges ne crépitaient plus, signe qu'il avait été un bon conducteur de courant. Ses trois oreilles étaient tachées de noir à leur extrémité et étaient pointées vers ce que le garçon estima être l'avant.

___Il cligna des yeux et vomit.

___Il voyait tout en double, et certains détails apparaissaient en triple. Apparemment quelques petites choses étaient également une fois et demi trop nombreuses, car il s'avérait que le Pokémon avait une oreille de moins avant le choc.

___— C'est un Pikachu, affirma le professeur Chen.
___— Un Pikachu ? s'étonna Jérôme. Vous voulez dire cette espèce de souris jaunâtre avec des oreilles allongées et surmontées d'une tâche noire, une queue en tire-bouchon triangulaire et des pommettes rouges qui balancent de l'électricité ?
___— Parfaitement. Tiens, pourquoi n'écouterions nous pas ce que le Pokédex dit à ce sujet ?

___Au grand désarroi de Jérôme, personne ne leva la voix pour crier un « Parce que ! » salvateur, et il se résigna à écouter, mais d'une oreille distraite, ce que l'ordinateur de poche cramoisi pouvait bien avoir à dire à propos d'une espèce de souris jaunâtre.

___« PIKACHU. Un Pokémon souris de type électrique. PIKACHU stocke de l'électricité dans les poches de ses joues. Quand il relâche d'un coup toute l'énergie accumulée, la puissance électrique équivaut à celle d'un éclair. »

___— Incroyable, soupira Jérôme. On en apprend tous les jours.
___— Je sais ! Nous allons le capturer !
___— En voilà une bonne idée ! Eh bien, capturez-le, moi je retourne faire un tour en ville, en attendant. Je crois que ma mère a oublié de me donner des gants de vaisselle et je sens qu'ils auraient pu s'avérer utiles.

___Le vieil homme lui attrapa le bras pour le retenir. Jérôme ne lui aurait jamais imaginé une telle force dans le poignet.

___— Je parie que tu n'as jamais assisté à la capture d'un Pokémon ! s'enthousiasma le bourreau.
___— Quelque chose me dit que d'ici cinq minutes ça ne sera plus le cas...

___Le professeur se baissa, ramassa un caillou et le jeta sur le Pikachu.

___— Eh ! Mais ça va pas ! Vous voulez tous nous tuer ou quoi ?
___— Regarde bien. C'est quelque chose qui te seras très utile par la suite.

___L'adversaire du téméraire aventurier rugit. Puis elle se mit à courir partout très, très vite.

___— Ah, c'est bien ce que je pensais. Ce Pikachu connaît Rugissement et Vive-attaque.
___— Et fatal-foudre, crut utile de préciser Jérôme.
___— Non, bien sûr que non ! Il est bien trop faible, les attaques électriques sont réservées aux Pokémon d'un niveau assez élevé.

___Ce fut au tour de Jérôme de s'étrangler. Pourtant il était certain de n'être pas somnambule. Mais entendre le plus renommé de tous les chercheurs en Pokémon parler de la sorte de la petite chose qui venait de leur griller la cervelle avait de quoi le déstabiliser.

___— Pokéball, go !
___— Euh ? demanda l'adolescent. Je croyais qu'il fallait l'affaiblir d'abord.

___La balle mi-rouge, mi-blanche roula de droite et de gauche quelques instants puis finit par s'immobiliser. Des petites étincelles crépitèrent au niveau de son ouverture puis elle s'immobilisa. Jérôme mit ses mains devant sa figure pour se protéger d'une éventuelle explosion.

___— Et voilà ! s'exclama le prof Chen, triomphant. Pikachu est capturé !

___Il glissa le trophée dans une poche et repartit d'un pas joyeux vers la ville. Le garçon décida de lui emboîter le pas. Rien n'indiquait que l'homme ait déjà prit un petit déjeuné, et il avait peut-être des croissants...

___Le laboratoire du professeur Chen est une demeure très ancienne. La rumeur disait à ce sujet que c'était d'ailleurs le premier bâtiment à avoir été construit dans cette vallée, et que la ville s'était édifiée tout autour. Ainsi avait commencé le Bourg Palette.
___Quoi qu'il en soit, le laboratoire avait subi moult rénovations depuis et tout ignorant de passage en eût sans doute dit qu'il était flambant neuf. Les quelques scientifiques qui traînaient dans le hall étaient apparemment du même avis. Eux-mêmes ne touchaient à rien, peut-être de peur d'abîmer quelque chose. Ils se promenaient donc le nez en l'air, absorbés par leurs réflexions dans le plafond de verre. A quiconque osait leur poser des questions sur leurs travaux ils répondraient invariablement, avec une assurance hors du commun et un manque flagrant d'à-propos que le professeur Chen était le plus grand des scientifiques de la région et peut-être même du monde et qu'ils le vénéraient au plus haut point.

___Jérôme décida d'économiser son temps et sa salive et les dépassa sans leur adresser la parole. Il arriva ainsi dans une petite pièce circulaire. Les murs étaient encombrés par des étagères et des ordinateurs au look rétro.
___Au centre trônait une drôle de machine cylindrique. Elle était surmontée d'un dôme de verre et abritait une sphère rouge et blanc d'une dizaine de centimètres. Le jeune homme qui attendait déjà dans la pièce avait les yeux fixés sur elle et la convoitise suintait à travers son regard.

___— Ah, tu tombes bien, toi. Tout d'abord, quel est ton nom ? demanda le prof Chen à brûle-pourpoint.
___— Euh. Jérôme, répondit Jérôme. Vous m'attendiez ?

___Le professeur ignora la question.

___— OK ! Tu es donc Jérôme. Voici mon petit fils, dit-il en désignant l'autre garçon. Il cherche désespérément un rival à son niveau depuis sa toute jeunesse. Son nom est Basile.
___— Enchanté, Basile. Moi c'est Jérôme, répéta Jérôme sans tendre la main.

___Son futur rival autoproclamé lui jeta un regard mauvais. Jérôme se félicita de ne pas avoir eu l'idiote gentillesse de lui tendre la main.

___— Jérôme ! brailla le prof Chen. Ta quête des Pokémon est sur le point de commencer. Un tout nouveau monde de rêves, d'aventures et de Pokémon t'attend.

___Il hésita un instant, puis lorsqu'il fut certain qu'il ne recevrait pas les manifestations d'enthousiasme qu'il attendant de la part de son auditoire, il ajouta :

___— C'est dingue, non ?
___— Si vous connaissez déjà la réponse, pas besoin de poser la question, soupira Jérôme.

___Il jeta un regard circulaire dans la pièce qui ne l'était pas moins, puis se baissa pour le ramasser.

___— C'est dingue, ça ! constata-t-il. Vous n'avez pas de croissants. Vous ne prenez jamais de petit déjeuner ?
___— Oh, si, assura le vieil homme. Mais je préfère les chocolatines. Bon... Regarde Jérôme. Vois-tu cette balle dans la drôle de machine cylindrique ? C'est une Poké Ball. Elle contient un joli Pokémon. Tu peux l'avoir. Vas-y ! Prend-la !
___— Une Poké Ball ? Ça pour une coïncidence ! Elle ressemble énormément à l'espèce d'objet rond, mi-rouge mi-blanc, que vous avez utilisé en hurlant « Poké Ball, gooooooooo ! », tout à l'heure.
___— Une Poké Ball, parfaitement. Elle contient un joli Pokémon. Tu peux l'avoir. Vas-y ! Prend-la !

___Jérôme se le fit répéter une troisième fois, mais c'était juste pour le principe. La cloche de verre s'était recroquevillée dans la drôle de machine cylindrique. Quelque chose en lui criait que se faire offrir un tel cadeau de la part d'une personne qui ne connaissait même pas jusqu'à son nom était quelque chose d'inhabituel et de plutôt suspect, mais il lui rabattit le clapet en lui faisant remarquer que s'il voulait éviter, à l'avenir, de se faire agresser par des adultes paranoïaques à chaque fois qu'il mettait un genoux dans les hautes herbes, il avait plutôt intérêt à accepter.
___Il tendit le bras, agita les doigts à quelques centimètres de la chose comme pour faire durer le suspense, puis voulut la ramasser.

___— De quoi ?

___Basile n'était pas, mais alors pas du tout d'accord.

___— Jérôme, je veux ce Pokémon !

___Quelque chose souffla à Jérôme qu'il avait intérêt à prendre la Poké Ball avant que Basile n'essaie de le pousser violemment contre le mur, à côté d'une poubelle bien dégueu, pour lui voler le Pokémon en question.
___Il mit donc la balle dans sa poche, et attrapa au passage le bras de celui qui tentait, en désespoir de cause, de le frapper.

___— Sans rancune, hein ? Mais la prochaine fois, sois plus rapide, petit.

___Jérôme relâcha sa prise, laissant Basile à sa surprise et à la douleur de son poignet tordu ; il sortit de la pièce d'un pas tranquille, en sifflotant un air que personne ne reconnut.

___— Eh, attend !

___C'était le professeur Chen, une fois de plus. Jérôme s'arrêta mais ne prit pas la peine de se retourner.

___— Ne pars pas si vite ! J'avais un service à te demander.
___— C'est vrai que ça serait pas cool de ma part de partir sans rien faire pour vous remercier...

___Jérôme fit une pause.

___— Ben, merci, alors, hein ?

___Il traversa les rangs de scientifiques et quitta le labo.

___Le soleil s'était levé. La brume matinale avait complètement disparu de la vallée. Les volets étaient tous ouverts. Le ciel était bleu ; les toits des maisons semblaient se mouvoir au rythme lent des nuages qui filtraient les rais de lumière. Tout respirait le calme et la tranquillité.
___Les cheminées s'activaient gaiement. La ville s'était pleinement réveillée, elle était heureuse d'être de retour à la vie ; elle avait bien profité des derniers instants de quiétude et désormais les habitants du Bourg Palette vaquaient avec une grande assiduité, certes non dénuée de bonne humeur, à leurs occupations habituelles. A savoir : a) faire la sieste, b) contempler un plafond de verre, ou c) vendre des croissants encore chauds, cuits juste assez et bien beurrés, qui auraient semblé n'attendre que d'être saisis par des dents avides et désireuses, et auxquels rien n'aurait eu su procurer plus de plaisir que la caresse d'une langue enivrée, sinon l'exubérant râle de plaisir poussé par le propriétaire, rassasié, d'une langue enivrée.

___Derrière Jérôme la porte du labo s'ouvrit à nouveau. C'était Basile ; il avait un Pokémon ; et il voulait se battre. Il voulait se battre parce que son Pokémon serait super plus fort que celui eud'Jérôme, et savait-on pourquoi ? Passque Jérôme était un minable.
___Ou en tout cas c'était à peu près ça qu'il affirmait.

___Jérôme voulut décliner la généreuse proposition, mais il ne fut pas assez rapide : Basile avait prit une posture qu'il estimait appropriée à la situation et avait envoyé sa Poké Ball.

___Le combat débuta. Rival Basile voulait se battre ! Rival Basile envoya Pikachu.

___Jérôme se figea et regarda l'étrange souris, ne sachant que penser. Puis il réalisa que le meilleur moyen d'éviter de s'attirer la foudre, c'était d'envoyer son propre Pokémon faire diversion. Dans tout autre contexte il aurait éprouvé un sentiment de culpabilité si fort qu'il l'aurait aussitôt rappelé dans sa Poké Ball. Mais il s'agissait là d'un combat Pokémon et il lui paraissait donc tout naturel d'envoyer un Pokémon se faire électrocuter à sa place. Il était loin de penser à de telles choses sur le moment mais ce réflexe était comme inscrit dans une mémoire génétique commune à tous les dresseurs.
___Un chat se matérialisa devant lui dans une explosion de lumière rouge. Si l'adolescent n'avait pas refusé le Pokédex de Chen, il aurait su qu'il s'agissait d'un Evoli et que son ADN très instable lui permettait de s'habituer à tout type d'environnement. Toutefois Jérôme savait très bien ce qu'était un Evoli, et sans avoir fait d'études de biologie il savait que c'était le Pokémon possédant le plus d'évolutions ; il se félicita de ne pas s'être encombré de cette pseudo-calculatrice idiote.

___— Pikachu, attaque Rugissement !
___— Ah ouais, constata Jérôme en riant. Il y avait cette histoire louche comme quoi il ne connaîtrait pas d'attaques électriques, j'avais oublié ça. Bon, Evoli, si tu es encore en vie après ce terrible cataclysme sonore, alors...
_________> while foe(pv) > 0 do
_________> ___launch(Quick_Attack) od:

___Jérôme ne pu assister à la scène, car il avait bêtement terminé la boucle par deux points alors que tout le monde sait qu'en Maple, si on veut voir ce qui se passe, il faut conclure par un point-virgule. Mais le résultat fut le même ; Pikachu tomba KO et Evoli se senti plus expérimenté à la fin du combat. Accessoirement son dresseur se fit traiter de minable par Basile et il récupéra quatre-vingt poké dollars. Comme quoi, apprendre à programmer en Maple, ça rapporte !