3. Faudrait encore leur demander...
3.
« Balthazar, c'est quoi cette horreur ?
- C'est un magneti, pas une horreur !
- Pourquoi as-tu choisi ce pokémon plutôt qu'un magnifique roucarnage ou qu'un féroce nidoking ?
- Maman, y'avait pas des pokémons comme ça au centre pokémon, avec les pokémons perdus ou sauvages blessés… et puis t'as déjà vu un nidoking gambader en ville ? Non ? Très bien.
- Alors pourquoi ce… magneti ?
- Il m'était vite affectueux. D'ailleurs, regarde, il ne fait que me tourner autour.
- Je vois ça. Balthazar, je te préviens : Dès qu'on a des problèmes à cause du magnétisme dans cette maison, tu sors, et tu le prends avec ! »
Le pokémon fronça son unique œil en regardant la mère de son maître.
« Maman, tu l'as vexé. Je suis certain qu'il fera attention ! Et où est Amande ? Je veux le lui montrer !
- Pas de chance ; Elle est partie juste après midi… vers le Nord… chais plus quelle ville. Rennens, ou un truc du genre.
- Oui, c'est bien Rennens ; Y'a une arène, là-bas. Dommage, je voulais lui montrer cet adorable petit chou.
- Petit chou, petit chou… j'aurais préféré un joli pokémon plante, moi.
- Bon, puisque c'est comme ça, on monte, on va laisser ma mère tranquille… »
Entrant dans sa chambre, Balthazar eut comme premier réflexe d'attraper le pokémon et de l'amener vers le lit, à côté de la fenêtre.
« Alors, ici, c'est ma chambre. C'est ici que tu pourras me trouver si je ne suis pas autrepart. Pour entrer… tu toqueras à la fenêtre, comme ça, je suis sûr que c'est toi. Compris ? »
Le magneti se secoua légèrement :
« Oui…
- Je prends ça pour un oui. Trèèès bien. Maintenant, suite : Là-bas, tu vois, c'est mon ordinateur. INTERDICTION FORMELLE de l'approcher à moins de quarante centimètres, sous peine de très sévères sanctions. Ah, pas sûr, attends… »
Le garçon prit une petite règle en métal sur son bureau et l'approcha de son pokémon.
« Nahaha…
- Chatouilleux des aimants, hein… Bon, quoi qu'il en soit, tu causes bien un champ magnétique, aussi faible soit-il. Il est bien connu que champ magnétique plus ordinateur égale gros plantage et réinitialisation générale…
- Et si j'arrête mon champ magnétique ?
- Non, ne proteste pas : je ne compte pas perdre les informations qui sont stockées dessus…
- Alors pourquoi ne pas le sortir ?
- Ah… non, tu ne peux pas l'approcher ! Bon, maintenant, la suite… ah oui ! Je dois trouver comment t'appeler. Y'a des dresseurs qui ne donnent pas de nom à leur pokémon, mais là, tu vois, je considère que c'est un peu comme dresser un robot... »
Un regard à son pokémon le fit se rattraper vite fait :
« …abruti et sans conscience.
- Tant mieux…
- Donc je vais voir quel nom je peux bien te donner…
- Un chouette, hein ! Trouve un beau nom !
- Non, je vais pas t'appeler « Magne-magneti-ma-ti », c'est pas très beau.
- Ah, il me comprend pas !
- Attends, laisse-moi réflechir… Et pourquoi pas… Boulon ?
- Quel nom ridicule…
- T'as pas l'air enchanté… bon, alors autre chose… on n'a qu'à modifier un peu ! Boulot ? Non merci. Lonbou ? Me rappelle un pokémon eau, ça. Bon, une idée, vite…
- Alors, quel sera mon nom ?
- Une idée… une idée, vite ! AH ! J'ai trouvé ! Je te nommerai… Unidévit !
- C'est complètement absurde !
- Bon, je te donnerai ce nom en attendant de trouver mieux. Vais voir si Steven a trouvé un nom pour son evoli. »
Balthazar alluma son ordinateur, vérifiant son pokémon gardait ses distances. Checkant la liste des connectés… il vit que Steven était bel et bien connecté. S'apprêtant à lancer une conversation, il fut interrompu dans son geste par Katarina qui en commença une autre :
« Balthazar ! Salut !
- Salut !
- Comment ça va, avec ton magneti ?
- Bien, il a l'air d'être assez calme. Je le trouve sympa, aussi. Et toi, le… metamorphe ?
- Quelle horreur ! Il est doux au toucher et mignon, d'accord. Mais maintenant…
- Quoi ?
- Il prend la forme de tout ce qui l'entoure ! Je l'ai mis dans sa pokéball maintenant, mais je vais devoir trouver un moyen pour le calmer.
- Ah oui, maintenant que tu dis ça, je crois me souvenir d'un article au sujet des pokémons changeant de forme momentanément… les métamorphes étaient cités.
- T'aurais pas pû t'en souvenir plus tôt ?
- Désolé… »
L'air peiné du garçon la fit se calmer.
« Désolé de m'être emportée… tu vois, maintenant, j'ai signé ce formulaire, et je suis sûr qu'un truc dit que je ne peux pas rapporter le pokémon.
- T'as qu'à demander, demain…
- Oui, je devrais. Bon, on a quelque travail à faire, je te laisse.
- Ok, à demain. »
Qu'en était-il de Steven ?
« Steven, salut !
- Ah, Balth', comment va ?
- Bien, bien… toi, ton evoli, ça marche ?
- Oui ! Je l'ai appelé Patrick, car c'est un mâle. Tu l'as appelé comment, ton magneti ?
- Unidévit…
- Bouhaha, ridicule.
- J'avais pas trouvé mieux… et ce que je lui proposais n'avait pas l'air de lui plaire.
- Bon… cet evoli est hyper mignon ! Par contre, il semble un peu trop apprécier mon lit à mon goût.
- Ben il n'est pas si encombrant, non plus.
- C'est vrai, mais bon, je vais devoir lui installer un petit truc… Tu vas commencer à entraîner quand, ton magneti ?
- Je devrais commencer bientôt, non ?
- Oui, le plus tôt sera le mieux… Arrête, Patrick !
- Qu'est-ce qu'il fait ?
- Il me saute sur les genoux et…
- Que c'est mignon !
- …et tente de mordre le câble des écouteurs !
- Moins gentil, ça. En tout cas, faudrait qu'on fasse un combat une fois… je dois commencer à entraîner Unidévit.
- Oui, pourquoi pas. Je sais pas si Patrick sera vraiment partant… j'ai l'impression qu'il est encore jeune !
- Dommage qu'on ne puisse pas lui demander.
- C'est vrai…
- J'ai parfois l'impression qu'Unidévit veut me dire quelque chose, mais bon…
- Oui, on finira bien par les comprendre… enfin, j'éspère.
- Lorsqu'un dresseur devient très proche de son pokémon, ils peuvent se comprendre rien qu'au ton de leur voix… tu y crois, toi ?
- C'est assez spécial… je veux bien y croire, car c'est joli, comme idée, mais je n'ai jamais vu de dresseur proche de son pokémon, alors.
- C'est vrai. »
Une voix tira Balthazar de sa dicussion : Sa mère venait de l'appeler pour manger.
« Bon, je dois partir manger… je me demande ce que mangent les magneti…
- Bon… à demain !
- A demain ! »
Une fois en bas, le garçon salua son père qui vit le pokémon pour la première fois :
« Dis-donc, t'en as choisi un bon !
- C'est… plutôt lui qui m'a choisi, mais je l'aime bien.
- Il a l'air très sympa, regarde ça ! »
Unidévit était, en effet, content de trouver quelqu'un d'autre dans cette maison qui l'appréciait.
« Tu lui as déjà trouvé un nom ? Ou du le nommes « Magneti » ?
- Non, je l'appelle Unidévit.
- Tiens, c'est marrant. Tu lui as fait passer des tests d'intelligence, pour savoir s'il mérite bien ce nom ?
- Très drôle, monsieur… je sais pas si vous avez un nom qui vous passe, vous !
- Tiens, il nous dit de nous dépêcher…
- Quoi ?
- Ben oui, t'as pas entendu ? « Magne… mamagne,… » On dirait ta mère…
- J'ai entendu ! Venez vite manger !
- Tu vois, qu'est-ce que j'avais dit ? »
Une fois à table, Balthazar se souvint du cadeau de ses parents, et les en remercia.
« Quel cadeau ?
- Mais vous savez, la pokéball !
- Ah, ça ne vient pas de nous !
- De qui, alors ?
- C'est Amande qui avait tenu à participer un peu à ton entraînement… indirectement.
- C'est sympa. Dites, vous savez, ce que mangent les magneti ?
- Je n'ai pas faim, merci.
- Il semble intéressé par la question, remarqua le père.
- Pas du tout, je n'ai pas faim, je viens de le dire ! Et je ne mange pas, voilà !
- Dis-donc, il est impatient de manger, ce petit !
- Papa, je crois qu'il ne veut pas manger, simplement…
- En voilà un qui me comprend, merci Arceus !
- Tu crois ?
- Oui ! Et comment tu veux qu'il mange, hein ?
- C'est vrai… mais demande à quelqu'un qui s'y connait, au cas où…
- D'accord.
- Mangez, maintenant, on reparlera de… ce magneti plus tard. Tu pourrais pas le faire rentrer dans sa pokéball ?
- Il te dérange tant que ça ? Unidévit, recule un peu, tu déranges ma mère…
- J'y vais, c'est bon…
- Et puis que sais-tu sur ce qui se passe dans la pokéball ?
- Rien, mais ça doit pas être si terrible… si ?
- Maman, un pokémon qui se trouve dans une pokéball ne vit plus le temps avec nous.
- Comment ça ?
- Si je fais rentrer Unidévit dans sa pokéball maintenant, et que je le ressors dans trois heures, il n'aura pas l'impression que trois heures se sont passées…
- Comment tu sais ça, toi ?
- C'est notre prof de physique qui nous l'a dit. Un pokémon devient de l'énergie stockée dans la pokéball. Une fois ouverte, celle-ci relâche l'énergie qui redevient masse, pour reformer le pokémon. Comme l'énergie est inchangeable,…
- Et les transferts de chaleur ? Et la vitesse, et…
- Dans une pokéball, elle est inchangeable, alors. Comme elle ne peut pas changer, le pokémon ne peut rien ressentir, et donc ne pas se souvenir de quoi que ce soit. C'est pourquoi je pense que Unidévit ne devra aller dans sa pokéball que lorsque c'est nécessaire, comme lorsqu'il est blessé, par exemple.
- Lorsqu'il est blessé ?
- Oui ! S'il est blessé, son corps est très fragile et il peut recevoir un problème important d'un moment à l'autre.
- Et… ?
- Et si je le laisse dans la pokéball, il ne pourra rien subir, puisqu'il est sous forme d'énergie ! »
Le pokémon, qui écoutait l'explication de son maître, remarqua que celui-ci ne lui voulait que du bien. Il se rapprocha de l'humain par derrière et lui toucha le cou avec l'un de ses aimants.
« HA ! Froid !!
- Oups, désolé…
- Je vois, il est farceur, celui-là… »
S'emparant d'une fourchette encore propre :
« Tiens ça !
- Non ! Pas ça… ah ! Chatouille !
- Là, c'était vengeance. Maintenant, respecte ceux qui mangent.
- Je voulais juste me rapprocher de toi… »
Un bon mouvement de son œil parvint à faire comprendre à Balthazar qu'il regrettait.
« Bon, allez, c'est pas grave… je vais devoir m'y faire, de toute façon !
- Maintenant, mange !
- Oui… »
Le lendemain, Balthazar remit le magneti dans sa pokéball pour la première fois depuis qu'il l'avait adopté. Il y était bien obligé : l'école interdisait aux élèves d'amener leurs pokémons s'ils en avaient… c'était une école, pas un parc ou un stade. Les cours furent longs au possible, surtout pour les deux garçons, qui avaient conclu de faire leur premier match l'après-midi. Après les cours, comme aucun d'eux ne prenait de bus ou de train pour rentrer, ils se permirent de faire ce premier match dans la cour, une fois que le gros des élèves seraient partis.
« Unidévit, à toi !
- Patrick, go ! »
Il y avait tout de même un petit groupe d'élèves qui s'était formé autour des deux combattants, afin de pouvoir assister à un combat, chose trop rare à leur goût. Balthazar fut cependant gêné de leur présence, et tenta de les dissuader de rester :
« Euh… vous savez, on va faire un combat… ce sera notre premier, hein.
- C'est bon, Balthazar, ils ont compris…
- Ouais, mais ils vont s'attendre à de la stratégie, et moi…
- Et moi aussi… mais c'est pas une raison !
- Bon, on fait quoi, là, se plaignit le magneti.
- T'inquiète… ils vont nous faire faire un combat…
- Tu crois ?
- Certain. À mon avis, ils s'y connaissent assez peu pour que ce soit marrant.
- On va voir ça… »
Les adolescents étaient tous abasourdis de voir ce qui se passait devant eux : les deux pokémons discutaient gentiment ! Impossible de savoir ce qu'ils se disaient, mais ils n'avaient pas l'air antagonistes…
« Bon, Steven, on y va ?
- Ouais… on va tenter ça !
- Alors… go ! Unidévit, attaque éclair ! »
Le magneti lança un éclair en direction de l'evoli qui l'esquiva sans peine.
« Patrick, attaque vive-attaque ! »
Répliquant, il sauta et frappa le pokémon électrique d'un coup de tête… et se rendit compte que c'était également un pokémon métallique, avec toutes les conséquences physiques que ça avait de le frapper.
« Patrick, ça va ?
- J'ai eu mal à la tête…
- Il me répond, c'est bon signe ! Viens vers moi ! »
L'evoli recula et fut caressé par Steven, ce qui était assez agréable.
« Bon, ça a l'air d'aller mieux…
- Unidévit, attaque éclair, de nouveau ! »
Le magneti effectua son attaque et toucha Patrick avant que celui-ci n'était vraiment prêt.
Un garçon du public leva un bras et dit :
« Evoli est contraint à l'abandon. Je déclare magneti vainqueur de ce match ! »
Les deux pokémons furent rappelés et les deux amis se mirent en route pour les soigner au centre pokémon.
« Dis, Stev'… Qu'est-ce qui t'a pris de prendre Patrick dans tes bras pendant le combat ?
- Il était blessé… je ne pouvais pas le laisser comme ça !
- Tu crois qu'un câlin guérit ?
- …
- Tu sais que c'est pas top, ce que t'as fait… il s'est fait toucher bêtement par l'éclair alors qu'il avait prouvé qu'il pouvait l'esquiver, au début du match.
- C'était le début. Là, il s'était blessé à la tête, il n'aurait sûrement pas pu esquiver ton attaque.
- Peut-être…
- Tu as remarqué comme ils se parlaient, avant le combat ?
- Ouais.
- Et juste après, ils se battent !
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ils n'avaient rien l'un contre l'autre, si ? Ils n'avaient rien pour les opposer, et ils avaient l'air de papoter gentiment, alors que lorsqu'on leur a ordonné de les attaquer, sans protester, ils agressaient l'autre, alors qu'ils auraient très bien pû être camarades !
- Je crois que je vois où tu veux en venir…
- Ils se battent sans raison !
- Tu sais, ils doivent avoir une sorte de confiance aveugle en leur dresseur. S'il demande un combat, il y a une raison, etc…
- Tu penses ?
- C'est la psychologie pokémon, Balth'. On n'y connait rien. Des chercheurs ont sûrement déjà fait le plein de théories là-dessus…
- Faudrait encore leur demander…
- Héhé, encore… »