Les Tempos de Lucario Umbreon Boy

Un petit Evoli courait sur le sentier qui menait à l'école. La cloche retentissait bruyamment, sonnant le début des cours. Le Pokémon hâta deux fois plus son pas, et déboula dans le hall d'entrée. Il fit un dérapage contrôlé, tourna à sa droite, puis s'arrêta brusquement. Il regarda la porte repeinte en rouge devant lui. Il déglutit.
Son petit nœud rouge à carreaux tombait sur son petit veston tout aussi rouge, qu'il portait pour aller à l'école. Le cartable qu'il avait sur le dos lui voûtait la colonne vertébrale, et le faisait pencher vers l'avant.
Il souffla profondément, puis ouvrit légèrement la porte. Il glissa la tête dans l'entrebâillement. Il vit ses camarades, assit, et son professeur –un Fouinard aux airs sévères- qui écrivait consciencieusement sur le tableau noir avec une craie. Il se faufila dans les rangs, refermant la porte derrière lui, et espérant ne pas se faire apercevoir par le professeur.
Quelques têtes étaient tournées vers lui, et levaient un sourcil. Même si l'Evoli arrivait fréquemment en retard, les autres se demandaient comment il pouvait être aussi indiscipliné. Surtout dans cet établissement, où l'ordre était maître.
Soudain, le poil du pokémon se hérissa. Quelqu'un lui adressait la parole, et à haute voix. Son professeur, évidemment.
-Eloi Sahori. Au lieu de faire votre imbécile et de distraire toute la classe, rejoignez en silence votre place, dit calmement le Fouinard. Et, je vous en supplie, tâchez de vous faire discret, la prochaine fois que vous arriverez après que la cloche ai retentie, Eloi…
La classe pouffa, et Eloi rejoignit sa place, plus rouge qu'une tomate. Mr Zeno, le professeur, était toujours calme, et ne parlait jamais pour ne rien dire. Il ne punissait pas inutilement, mais par contre, détestait par-dessus tout qu'on lui mente ou que l'on ne lui réponde pas. On s'en doute, les retards de Eloi étaient tellement nombreux, que le professeur avait renoncé à le punir à chaque fois, et avait jugé que de toutes façons, il se punissait lui-même en ratant une partie du cours…
Le Evoli sortit son cahier, et commença à recopier la leçon marquée au tableau… Son stylo grinçait laborieusement sur la feuille de cahier, et Eloi détestait ce bruit, qui lui faisait dresser les poils sur le crâne. Il lança un regard méprisant au bout de plastique qui lui permettait d'écrire, et le fourra dans sa trousse, pour le remplacer par un crayon à papier fiable.
Bientôt, la sonnerie retentirait pour annoncer la récréation. Ce serait enfin le moment préféré de la journée du Pokémon. Il pourrait se dégourdir les pattes, et surtout, retrouver Otoss, son meilleur ami, un Malosse qui était dans la classe d'à côté.
En effet, le temps passa très vite, et la sonnerie retentit. Les classes se vidèrent bruyamment. Les élèves se jetèrent dehors, et formèrent de petits groupes. Les filles jouaient à la corde, ou papotaient, tandis que les garçons préféraient billes, football et autres jeux.
Mme Temmine –une ravissante Delcatty bipède-, retrouva Mr Zeno dans sa classe. Ils ne parlèrent pas pendant un moment, mais le silence fut vite brisé par la jeune professeur, qui n'aimait pas le silence.
-Ça fait du bien, hein ? Quant ils partent ?
Ils se regardèrent, puis pouffèrent de rire en cœur, sans trop savoir pourquoi.

Eloi discutait avec Otoss. Le Malosse et l'Evoli parlaient des filles le plus jolies de l'école. Ha, mais j'ai oublier de dire quelque chose ! Eloi est le garçon le plus populaire auprès des filles. Il est poursuivit jusque chez lui par les demoiselles lorsqu'il rentre chez, lui le soir. Mais, cette fois, ce ne fut pas une ravissante fillette, qui le rejoignit, mais son frère aîné, Tanner Sahori. Le Noctali intimidait énormément son petit frère, avec ses joues creuses, son anneau dans l'oreille, et son regard sec et puissant. Avec lui se ramena Mina, une Caninos qui était la petite amie du Noctali.
-Coucou, Eloi ! T'es pas arrivé trop en retard, ce matin, j'espère, le houspilla Tanner. Tiens, salut, Otoss ! Tu vas bien, aujourd'hui ?
-Salut. Ouais, je vais bien, dit sobrement le Malosse, qui était deux fois plus intimidé que Eloi en présence de Tanner. Heu… Bonjour, Mina… Heu… Bon, ben, heu…
Mina sourit. Elle ressemblait pas mal à Tanner, avec ses trois anneaux dans l'oreille droite, son regard très expressif et sa crête de poils rebelles. De plus, elle était presque toujours du même avis que son petit ami, ce qui portait des fois à croire qu'ils pouvaient communiquer uniquement avec la pensée. Eloi regarda son frère, et lui fit signe de la tête de le laisser tranquille, et seul avec Otoss.
Tanner ne broncha pas, et tourna les talons à son petit frère et son ami. Mina les salua, et emboîta le pas au Noctali.
Otoss fit une légère grimace aux deux aînés, puis se tourna vers Eloi, qui piquait du nez. Ils allaient encore être dérangés… Par Panny, cette fois, une jeune Germignon qui était dans la classe de Otoss, et qui était l'amie des deux Pokémon. Elle s'approcha, d'un petit pas sautillant et saccadé.
-Salut ! Comment vous allez, aujourd'hui ? Dit-elle joyeusement.
Il faut dire qu'enlever l'humeur toujours joyeuse de Panny tenait de l'exploit. La Germignon gardait toujours un œil positif sur chaque chose de la vie, et flanchait très rarement. Ses coups de colères étaient rares, mais en général, très violents. Des fois, on la surnommait la Germitor, une sorte de mélange entre son espèce et un Léviator.
Les garçons prirent tout de même la peine de lui répondre.
-Hey, Panny ! Ouais, moi je vais bien, et toi ? S'exclama l'Evoli.
-Comme toujours, elle est très joyeuse, n'est-ce pas, Pan ? Demanda Otoss.
-Yep ! Toujours joyeuse, comme tu dis ! En plus, il fait beau, et c'est le printemps ! Que demander de plus, franchement ? Rigola Panny, qui adorait qu'on l'appelle par son surnom. Au fait, autant vous prévenir, ce soir, je rentre avec vous, les gars ! J'espère que cela ne vous dérange pas !
Les garçons se regardèrent. Pourquoi cela les dérangerait ? Elle rentrait tous les jours avec eux, et ce n'était pas près de changer. Eloi aimait bien qu'elle les escorte, car en général, les filles préféraient ne pas trop approcher Panny, à cause de son côté garçon manqué, qui révoltait. Panny fit pétiller ses yeux, comme elle seule avait le secret.
-Okay, merci ! Bon, je vous laisse, ça va bientôt sonner !
A peine eu-t-elle dit cela, que la sonnerie sonna (que peut faire une sonnerie, sinon sonner ?). Les garçons allèrent se mettre ne rang, chacun de leur côté. Eloi se mit en fin de rang, en compagnie d'Isos, un redoutable Machoc bagarreur. Le Evoli l'ignora, et rentra dans la classe en parlant de tout ce qui lui passait par la tête.
Il fut obligé au silence par Mr Zeno, qui lui lança un regard sévère lorsqu'il passa devant lui. Pourtant, il l'ignora, bien qu'il n'ouvrit plus la bouche. Il rejoignit sa place sans broncher, mais ne manqua pas l'occasion de faire traîner ses pattes contre le parquet, exprès pour faire bien enragé le professeur.

La journée passa très vite. La sonnerie ultime, le moment tant attendu par élèves, professeurs et employés, retentit en ébranlant les murs de l'établissement. C'est l'un des rares moments de la journée, où les professeurs pardonnent les indisciplines, car eux aussi font quelques bêtises… Comme monter sur les pupitres et danser la samba ! Mais, qui pourrait le leur reprocher, un vendredi, avant le week-end, après une longue journée en compagnie des élèves les plus embêtants qu'ils connaissent ? Certainement pas le directeur, en tous cas, vu que lui aussi le fait…

Eloi sortait de l'école, avec Otoss et Panny. Ils s'arrêtèrent devant l'établissement, en attendant Tanner et Mina. Les enfants étaient en train de se demander s'ils pourraient s'inviter à dormir, le soir même, dans la maison de Eloi. Les parents du Evoli acceptaient toujours, étant donné qu'au moins, leurs fils avaient de la compagnie. Et oui, les parents des Sahori travaillaient presque toute la journée, et même les vacances. Du coup, leurs enfants n'avaient pas trop le loisir de les voir.
Mme Sahori –une Givrali- et Mr Sahori –un Noctali- travaillaient dans le même établissement d'avocats. Ils étaient très réputés, et leurs clients étaient très nombreux, ce qui ne facilitait pas leur tâche. De plus, même s'ils étaient une famille très aisée, ils ne pouvaient pas entretenir leur très grande maison. Ils avaient donc employé des domestiques, qui étaient surtout leurs amis, et qui étaient très bien payés.
Enfin, revenons-en à nos Wattouat. Tanner sortit de l'école, en compagnie de Mina et de Cay, un Absol très mystérieux qui avait pour seul ami le Noctali. La troupe rejoignit les trois enfants, et ils prirent le chemin pour rentrer.
C'était un petit sentier tranquille qui coupait à travers les champs de blé, et un petit village. Le chemin le plus calme, il faut bien le préciser, car il y avait évidemment, d'autres chemins plus courts, qui passaient par des endroits mal famés et grisâtres. C'est pour cela que les enfants préféraient ce petit chemin, qu'ils avaient nommé le « Chemin Traversé », en raison des nombreux champs qui barraient fréquemment la route.
Ils marchaient à bonne allure, discutant de la pluie et du beau temps, coupant à travers les champs de trèfles, et de blé. Ils s'arrêtèrent, comme tous les jours, lorsque l'école se terminait, au pied d'un gros cerisier en fleur, au milieu d'un champ qui avait une petite partie surélevée, où aucune culture ne poussait. C'était là, que l'arbre avait poussé.
Les Pokémon lancèrent leur cartable à terre, et, s'étalèrent à l'ombre de l'arbre. Ils ne dirent mots, et apprécièrent l'ombre bienfaisante en ce chaud après-midi printanier. Les Pokémon respiraient la bise fraîche qui perçait le feuillage épais de l'arbre. C'était en quelques sortes le meilleur endroit que l'on puisse espérer en temps de canicule.
L'été, les élèves venaient ici pour déguster les fruits rouges au goût sucré qui poussaient à la place des fleurs roses. Les cerises étaient les meilleures que l'on puissent trouver dans les champs, puisque elle venaient de leur arbre ! Même si des fois, ils trouvaient quelques répugnants vers de terre dans les fruits qu'ils mangeaient…
Pour le moment, il n'y avait que de jolies petites fleurs d'un joli rose pétant, qui dégageaient un doux parfum aux saveurs sucrées. Tanner voulu parler mais e ravisa en voyant que ses amis et son frère avaient les yeux fermés, et dormaient à moitié.
Il ferma donc lui aussi les yeux, et commença à s'assoupir. Pourtant, il avait une sorte de sentiment bizarre, qui lui disait que bientôt toute cette petite bande vivrait une aventure exceptionnelle… Mais quoi ? Il ne savait pas le moins du monde la réponse. Mais, il ne se posa pas plus la question, et s'endormis.

Eloi leva lentement la paupière droite. Un rayon lui transperça la rétine, ce qui le fit cligner des yeux et se relever. Il ouvrit ses yeux à moitié endormis, et regarda autour de lui. Il cligna des yeux, comme pour chasser ce qu'il avait devant lui : Le champ qui était autrefois de blé étaient maintenant un terrain vague. Il se retourna, et cligna encore des yeux : Cette fois, c'était l'arbre. Il était immense, plus de trois cents ans –au moins. Il voulu pousser un cri, mais il fut devancer par Mina qui hurla d'effroi, réveillant tous les autres.
-Hein ? Dit Otoss, tout endormi. Y'a quoi, là, pourquoi elle hurle ?
-Y'a quoi ? Y'a quoi ? Mais il y à qu'on à détruis notre champ, regarde-moi cette horreur ! Ils ont enlevé toutes les cultures. Voilà, ce qu'il y à ! Hurla encore Mina, complètement hystérique.
Tanner regarda autour de lui, et secoua la tête. Il pansait à quelque chose. Mais il ne voulait pas y penser, c'était trop improbable et… douloureux. Il se tourna vers ses compagnons, et se résigna tout de même à leur annoncer la mauvaise nouvelle.
-Hé bien, je suis au regret de vous dire… Que nous avons changer d'époque, les amis.