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Smirnoff de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 19/09/2008 à 08:56
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:24

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance

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057 - Jusqu'à Sinnoh, deuxième partie
« Qui n'a connu douleur immense n'aura qu'un aperçu du temps
L'aiguille, lente qu'il neige ou vente
L'omniprésente souligne ton absence partout »

Ce soir là, à l'hôtel, tout le monde se trouva face à un problème technique.
-Euh… on est sept et y'a cinq chambres ! soupira Kenneth.
Tout le monde regarda Kenneth, effaré. Etienne soupira.
-Là, en vrai, t'as pas assuré !
-J'y peux rien, c'était les dernières de l'hôtel !!
Linda soupira et prit Norbert par le bras.
-On prend une chambre !
-QUOI ? s'étonna Etienne.
-HEIIIIIN ? geignit Kenneth
-………., hurla Eddy
-Il a besoin de parler, je pense qu'il veut autre chose ce soir que des leçons de morales ou des câlins, alors ce soir c'est moi qui vais lui tenir compagnie !
-M… Mais Mademoiselle Trautmann…
-Pas de mais ! Venez, Norbert.
Etienne soupira et regarda Kenneth.
-Couple d'hommes totalement inattendu ?! demanda Smirnoff.
-Bah j'imagine que les trois autres vont vouloir dormir séparément à moins que Linus n'ait envie de tenir chaud à Eddy…
-Hmph… soupira Eddy.
-Je vous souhaite une diarrhée ! grommela Linus.
-Merci de m'avoir épargné dans votre blague ! soupira Jonathan.
-Je suppose que vous avez eu votre compte en taule. Nous prenons la seconde chambre, partagez-vous les trois dernières.
Linus et Eddy regardèrent Jonathan.
-Je l'étranglerais demain…
-Je pensais que vous confirmiez… marmonna Eddy.
-Dépêchez vous d'égorger une vierge, les savonnettes n'attendent pas ! soupira Jonathan en prenant sa clé.

Linda ferma la porte. Le doyen des professeurs était assis sur le lit.
-Je sais que vous auriez préféré passer la soirée avec Eddy, Linus ou même Etienne, mais…
-Ou seul.
Linda hocha la tête.
-Ils ne vous auraient pas laissé.
Norbert hocha la tête.
-Vous avez fait ça pour vous aussi…
Linda hocha la tête en soupirant.
-« Linda, comment va le bébé… attention au bébé… Doucement pour le bébé… » Ils sont lourds à force !
-Vous êtes contente d'avoir cet enfant quand même ?
-Oui, mais si vous voulez, je déteste attirer l'attention sur moi.
-… Mais vous sortez avec Smirnoff !
Linda hocha la tête.
-Mais ça ne me gêne pas de sortir avec lui… Je sais qu'il est calme… gentil… doux… C'est typiquement le genre d'homme qu'on a envie d'aimer.
Norbert hocha la tête mais se ravisa en voyant le regard de Linda sur lui.
-Euh… Je veux dire, vous avez raison ! sourit Norbert, embarrassé.
-Ca ne me gêne pas que vous ayez été amoureux de lui ! Au contraire, ça me rassure, je ne suis pas folle !
-J'ai l'impression que chaque fois que je tombe amoureux de quelqu'un, je tombe sur des cas sociaux ou des gens inaccessibles…
-Avec Etienne vous auriez eu les deux à la fois.
-Je reconnais, oui… Mais il est fascinant… Tellement intéressant, il rend la vie… exceptionnelle, à sa façon !
Linda hocha la tête.
-C'est un type bien, oui…
-Ca s'est bien passé votre diner avec Lionel ? Vous n'avez pas été trop gênée, choquée…
Linda hocha significativement la tête.
-Merci d'être le premier à me le demander !
Norbert s'étonna.
-Etienne ne m'a même pas demandé si c'était bien, il m'a dit : « Alors il t'a dit quoi ? »
-Je ne veux pas… semer la zizanie, mais… pendant notre partie de carte, il semblait particulièrement indifférent au fait que vous partiez avec un autre homme.
-Je sais. Il gère toutes les situations avec un self-control terrifiant. Il ne montre jamais rien pour être bien sur de pouvoir contrôler toute émotion si jamais ça se passe mal. Il n'improvise jamais rien. En fait ça ne l'intéresse pas toutes ces histoires humaines de gens qui sortent avec d'autres…
-Néanmoins il a l'air très concerné par votre futur enfant !
-Oui, ça m'a surprise. J'hésitais à lui annoncer, je craignais qu'il le prenne comme une intrusion dans sa vie privée…
-C'est un grand moment dans la vie d'un couple, j'imagine…
Linda regarda Norbert qui soupira.
-Evidemment, ça ne me concernera jamais directement…
-Voyons Norbert, vous avez le droit de vouloir des enfants !
Norbert ricana.
-D'en vouloir, mais d'en avoir…
-Il y a une grosse différence, c'est vrai… Vous voulez des enfants ?
-Non, pas spécialement.
-Oh…
-Et vous ?
Linda regarda Norbert, étonnée.
-Pourquoi cette question ?
-Vous en portez un, mais pour autant le vouliez-vous ?
Linda se mordilla les lèvres.
-J'ai toujours voulu avoir un enfant.
-Vous avez une idée de quand il a été conçu ?
Linda rougit.
-A vous je peux bien le dire !
-Allez-y, ça restera entre nous !
-Il n'y a que le premier soir qu'on l'a fait sans protection.
Norbert sembla enjoué. Linda sourit avec lui.
-Ouah… Le bébé de votre première fois !
-Voilà !
-M… Mais alors ça ne fait pas un mois…
-Non, deux en effet…
-Pourquoi ne pas le dire à Etienne ?!
-Je n'ai pas vraiment envie qu'il se mette à sacraliser chaque instant de sa vie… Parfois j'ai l'impression qu'il donne une importance hallucinante à des détails ridicules ! Il… a tendance à rester fixé sur des instants très brefs, très insignifiants…
-C'est ce qui fait un peu son charme…
-Je ne dis pas le contraire, mais… J'aimerais qu'il vive le moment présent plutôt que de garder des post-it comme ça… Bon, arrêtons de parler d'Etienne ! Ca va, vous ?
-Moi… Bof, je supporte.
-C'était votre maman, quand même…
-Je sais. Ca m'attriste mais… Je me repasse le film de ma vie avec elle, et à chaque fois ça se finit par… son départ de la maison, par ma faute…
-Ce n'était pas votre faute, Norbert ! Vous ne pouviez pas non plus en décider autrement.
-Je sais bien…
-C'est pour ça qu'aujourd'hui vous vivez les choses de façon volubile et charnelle. On ne vous a pas vraiment incité à vivre l'amour d'une autre façon.
-Je sais pas… J'ai l'impression que c'est juste parce que, théoriquement il n'y a pas d'attaches… Je n'ai pas à me soucier d'en créer. Le mariage, l'engagement, la vie à deux, c'est pas vraiment quelque chose de solide quand on est deux hommes.
-Remarquez, Etienne ne m'a toujours pas demandée en mariage.
-C'est étrange, ça d'ailleurs.
-Ca ne m'étonne pas trop de lui… Il n'est pas fana des engagements de ce genre.
-Hm… Vous pensez que ce serait à vous de faire la demande ?
Linda pouffa de rire.
-Ca ne lui plairait pas, ce serait ridicule…
-Comment pourrait-il passer à côté de ça ?!
-Il faudrait déjà qu'il en ait l'idée. Je suis sur qu'avant les interventions de cet après-midi, il n'y avait jamais songé.
-Vous pensez qu'il ne veut pas être piégé ?!
-Oui, ça me parait l'hypothèse la plus crédible. Pour reparler du diner avec Lionel, il m'a fait la cour.
Norbert s'étonna.
-Linda, ne vous laissez pas piéger, c'est un manipulateur, un sans-gêne…
-Vous l'avez aimé, non ?
-Ou… Oui…
-Qu'est-ce que vous aimiez chez lui ?
-Sa tendresse. Je crois que c'est tout ce que j'aimais vraiment chez lui. Par contre il manque terriblement de sollicitude envers les gens, et d'égard aussi... Il a été mon plus grand amour et ma plus grande déception. Quand vous l'autorisez à faire quelque chose il faut être très attentif à ne pas le laisser dépasser les bornes.
-Et vous pensez que ce sera mieux avec Eddy ?
Norbert soupira.
-Il ne m'a fait aucune avance précise, il s'y prend comme un môme…
-Il faut dire qu'après 4 ans de Marielle, le pauvre…
-Vous croyez que je devrais…
-A vous de voir, je suis loin d'être une experte dans ces choses là !
-Hm…
-Vous voulez encore parler ou…
-Non, je… Je voudrais bien être au calme, là.
-D'accord. Je vais regarder la chaîne de musique classique en commandant un champagne. Ca vous dit ?
Norbert sourit.
-Et on partage les frais ?
-Ok !

Etienne échangeait des balles avec Erwan.
-Tu pourrais arrêter d'échanger des balles avec ton Pokémon ?
-Et toi tu pourrais arrêter ton porno ?
Kenneth soupira.
-C'est pas un porno, c'est « L'empire des sens » !
-Tu m'expliques la différence entre ça et « Japonaises s'amusant dans une piscine » ?
-… Les champignons ?
-T'es répugnant…
-Et toi tu me déranges pendant mon quart d'heure de débauche !
-On est dans un hôtel et tout ce que tu trouves à faire c'est regarder un film interdit dans son propre pays !
-J'aime bien regarder un petit film crade de temps en temps, ça me vide la tête.
-Je me demande si Linda trouverait ça sexy…
Kenneth fit la moue et changea pour un jeu télévisé.
-Bah voilà.
-Tu contrôles tout, toi décidément…
-J'ai juste la mainmise sur ce que j'estime contrôlable.
-Ca va te jouer des tours, Etienne.
-Tu permets, je joue avec papa à la balle.
Kenneth soupira.
-C'est pas ton père, c'est un singe.
-Merci de me rassurer.
-Je suis là pour ça, les derniers rapports de l'AFP me décrivent comme ton pote.
-Hmph…
-Tiens, un documentaire sur le système éducatif…
-Ah oui ?!
-Oh c'est pas vrai !! Etienne regarde !
Etienne tourna la tête vers l'écran, et il rata la balle, au grand désarroi d'Erwan. Le prof de stratégie n'en revenait pas de revoir cette tête.
« - Mr Cumberdale, pourriez-vous décrire votre métier ?
-Le but d'un professeur est avant tout d'ouvrir ses élèves à la découverte de leurs propres compétences, puis à celles de leurs Pokémon. Je pense personnellement qu'il faut guider l'élève vers sa propre voie, celle qui mène à la compréhension. »
-Vous aviez des opinions très proches… s'étonna Kenneth.
Etienne se leva et sortit, suivi par Erwan.
-Bah… Etienne ?!

Kenneth retrouva Etienne au bar de l'hôtel, devant un verre de Kronenbourg.
-E… Etienne tu bois de… Etienne ?!!
-Laisse-moi.
-Donne-moi ça ! Je te la rembourse ! Mais qu'est-ce qui te prends ?!!
Etienne soupira, la tête entre ses mains, soutenu par Erwan, son Capidextre.
-Je culpabilise…
-Pour Sherman ?! Mais c'est pas ta faute enfin !
-J'ai toujours été un enfoiré avec lui…
Kenneth s'assied avec son ami.
-Garçon, un coca !
Kenneth commença à boire la bière. Le barman servit un coca à Etienne.
-Bois un coup, ça va te faire du bien.
-Il… Il pensait comme moi, on aurait pu devenir potes et j'ai toujours été un sale con avec lui !
-Il t'a toujours trouvé intelligent, crédible, compétent… Il voulait témoigner en ta faveur au procès. Il avait arrêté de boire grâce à tes remarques.
Etienne regarda Kenneth, la tête emmitouflée dans ses bras, les yeux rougis de larmes.
-Il savait que j'étais pas coupable mais ça m'a pas empêché de le descendre… Et maintenant il est mort !!
-Etienne…
-Tu lui as parlé, toi. En dernier, hein ?
-Ouais.
-Il t'a parlé de moi ?
Kenneth se mordilla les lèvres et décida de mentir.
-Nan.
Etienne hocha la tête.
-Tu mens super mal.
-Etienne…
-Il t'a dit quoi ?
Kenneth soupira.
-Que… Qu'il supportait tes brimades, vu que tu allais mal. Mais surtout il avait de l'admiration pour toi, parce que tu avais une belle vie.
Etienne se remit à pleurer.
-Oh, Etienne…
Kenneth tapota le dos de son ami. Derrière lui, un type ricana.
-Eh c'est pas un bar pour tarlouze !
Kenneth se retourna vers le type.
-C'est mon pote !
-Ouais, dis plutôt ta petite copine !
-J'en ai rien à foutre des élucubrations d'un pilier de bar !
Le type posa son verre.
-Quoi ? Quoi ? Répète ça ?!
-Me toisez pas ! C'est vous qui avez commencé !
Le type empoigna Kenneth qui sortit Janis, son Chapignon, laquelle décocha un Mach Punch dans le ventre de l'homme.
-EH ! PAS D'BAGARRE DANS CET HOTEL ! cria le barman.
-Désolé !! Viens, Etienne, on remonte.
-Hm…
-Allez !
-Jeune homme ! grommela le barman, vous avez occasionné des dommages à cet hôtel !
-Ce type m'a empoigné ! J'étais dans mon bon droit !
-Ca n'empêche que vous devez rembourser !
Kenneth posa Etienne sur une chaise.
-Ecoutez-moi bien, vous savez qui je suis ? Kenneth Heine, de la famille Heine ! Oui, la vraie ! Celle qui est très riche !
Il sortit son chéquier pour confirmer.
-Voyez ? J'ai un énorme compte en banque et une armée d'avocats ! Nous nous ferons un plaisir de vous poursuivre en justice vous et votre taudis !
Le barman resta interdit : On ne lui avait jamais fait ce coup là. Kenneth prit Etienne et il remonta.
-Kenny…
-Quoi, Etienne ?
-T'étais pas obligé…
-T'as fini de chialer ?
-Oui…
Kenneth lâcha Etienne qui remonta avec lui.
-T'aurais pas dû… déballer ton ascendance comme ça, je sais que ça te gêne…
-Ca ne me gêne pas, ça m'humilie profondément.
-Pourquoi tu l'as fait ?!
Kenneth soupira.
-C'est pas toi qui m'a demandé d'assumer ?
-Si… Si, mais c'était plutôt inattendu de te voir sortir ton chéquier de la banque centrale allemande et tout le fatras…
-J'ai eu un tel sentiment de puissance ! J'avais l'impression d'être…
-Un abruti avenant avec du fric ?
-Nan, j'avais vraiment… L'impression d'être un mec, quoi ! Si on était passé devant une belle blondasse à moitié nue…
-Oh, toi t'as vraiment besoin de films érotiques sur la chaîne rose !
-C'était bieeeeen ! Pourquoi j'ai pas fait ça avant ?!
-Parce que tu as toujours voulu vivre une vie normale…
-Mais la vie normale, c'est nul !
-Le fait que Miranda t'aie quitté ne rend pas ta vie normale nulle !
-Eh bah tu vas pas me croire mais si.
Etienne soupira et laissa Kenneth passer devant lui.
-Etienne, tu as créé un monstre…

Le lendemain, le groupe était reparti dès six heures du matin. Tout le monde avait plutôt la tête dans le gaz, surtout Kenneth qui s'était couché à pas d'heure. Tous avaient revêtu leurs tenues de deuil.
-J'espère que vous pourrez entrer à votre enterrement, Norbert… marmonna Linus tout en conduisant.
-Arrêtez j'ai de plus en plus mal au ventre… soupira le doyen qui avait pris son Hippopotas sur ses genoux.
-Comment s'est passé votre nuit avec Miss Trautmann ? demanda Linus, taquin.
Linda soupira.
-Le pauvre, j'ai pas arrêté de le réveiller avec mes allers-retours aux toilettes…
-C'était néanmoins très agréable ! sourit Norbert.
Etienne se retourna vers Norbert, méfiant. Lequel sourit.
-Je sais que vous vous en moquez !
-Vous êtes coiffé comme un bourgeois, Norbert !
-Je ne comptais pas vraiment aller à l'enterrement de maman avec une crête rose !
-Dommage !
Norbert ricana alors qu'Etienne se retourna.
-Ne dérangez pas ce pauvre Norbert, Etienne.
-Il ne me dérangeait pas, assura le doyen. Il essayait de me détendre.
Linus soupira.
-Nous entrons à Féli-Cité… Quel nom débile…
-Linus… soupira Linda.
-Excusez-moi, mademoiselle, mais aucune ville à Johto ne s'appelle Opa-Cité !
-Ca pourrait, ce serait drôle !
-Hmph…
-Mettez un peu de musique, Linus ! somma Kenneth.
-Qui veut mettre un CD ?!
-Moi ! sourit Linda en sortant un disque de son sac.
Le groupe se farcit donc un opéra en italien pendant une heure et demie…

Arrêt à Charbourg pour essence. Etienne, Kenneth, Norbert, Linus, Jonathan et Eddy sortent de la voiture illico.
-Mes oreilles !!! geignit Etienne.
-J'ai des acouphènes !! Je vous jure !! cria Kenneth.
-Par le saint Groudon !! soupira Norbert.
-J'ai un CD des Cranberries, Linus ! signala Eddy.
-De la pop Irlandaise ? Oh et puis zut pour la Reine, elle me pardonnera cet écart !
Linda sortit à son tour.
-Bah quoi ?
Norbert reçut un appel.
-Tante Molly… Allô ? Oui… Je suis à Charbourg ! Hm… Ah… Tu… Ok… D'accord… Je, euh… j'espère aussi… Merci…
Tout le monde regarda Norbert.
-Mon père est là-bas, et il est au courant de ma venue…
Tout le monde sembla indécis.
-Ca va aller ? demanda Linda.
-Oui oui… Si tant est que je me présente là haut marié avec Madame Trautmann-Finsbury avec cinq enfants, presque aussi ou plus vieux que moi…
-Ne vous lancez pas dans le mensonge, Norbert, ça ne sert à rien ! assura Kenneth.
-On aurait pu essayer ça aurait été marrant… marmonna Etienne.
-Ouais… Je crois qu'il va falloir que je prenne mon courage à deux mains…
Jonathan regarda Norbert, intrigué. Il soupira.
-Moi aussi ça a toujours été mal avec mes parents.
Tout le monde regarda Jonathan, surpris qu'il prenne la parole.
-Ils me cachaient des tas de choses – La pire ça a été la mort de ma grand-mère – et ils me maltraitaient… Je compte pas les fois ou j'ai dormi dans un placard, privé de dessert ou même isolé quand des gens étaient invités. Tout le monde a des parents terribles. Ca ne m'empêche pas de les aimer quand même. Et je vous trouve très courageux d'aller à l'enterrement de quelqu'un qui vous a rejeté à l'âge de seize ans. Vous avez des couilles, Norbert.
Norbert s'étonna. Linus donna un coup de coude au proviseur adjoint.
-Tu aurais pu te passer de la dernière phrase !
-C'est c'que j'pense !
-Il a raison, toutes les familles ont leurs problèmes, mais je suis sur que votre père vous comprendra ! résuma Linda.
-Ouais… quand ma mère est allée en prison, j'avais qu'une envie, c'était partir, mais je suis resté quand même pour soutenir mon père ! expliqua Kenneth. Pourtant moi et mes parents ça n'a jamais été rose…
-C'est pareil, j'ai pas revu les miens depuis bien 9 ans… j'ignore s'ils m'aiment ou me détestent, mais j'espère au moins qu'ils se souviennent de moi ! ajouta Eddy.
-Moi je vous ai raconté, acquiesça Linus.
-Et… moi, mon beau-père était un sale con ! confirma Smirnoff.
Norbert hocha la tête.
-Merci…
Il souffla en regardant Floper qui se frottait contre la jambe de son maître.
-Bon, on a fini de s'aérer, ou…
-NAN MON DIEU J'AI ENVIE D'ALLER AUX TOILETTES !!! hurla Linda en fonçant vers la supérette de la station essence.
-…
-…
-… C'est bien votre dulcinée, Smirnoff, aucun doute là-dessus ! soupira Linus.

Arriva le moment fatidique : L'entrée du groupe à Unionpolis. Le groupe se présenta au départ du cortège. Norbert sortit tout devant.
-Euh… Laissez-moi aller me présenter, vous présenter…
-Bien sur, Norbert, allez-y !
-Pas de problème !
Le blond se dirigea vers l'attroupement. Certains portaient des lunettes de soleil. Une jeune femme se dirigea vers Norbert, criant. Elle sauta à son cou. D'autres approchèrent.
-Quelle smala ! s'étonna Jonathan.
-Avec Norbert s'arrête toute une dynastie… marmonna Etienne, de facto frappé par Linda.
Norbert fit signe aux autres de venir. Tous sortirent de la voiture, que Linus ferma.
-Euh… voici ma cousine Lydia, du côté de mon père, ma tante Molly, à l'origine de ma venue, mon oncle Stanley, le père de Lydia…
Etienne s'y perdait « Faites que j'aie à appeler personne par son prénom !! »
-Voilà… Euh… Est-ce que les autres s'attendent à…
Stanley empoigna Norbert, cordialement.
-Ton père ne veut pas te parler, ni te voir. Il ne t'adressera aucun regard. Il a dit qu'il te considèrerait comme un étranger venu présenter ses condoléances.
Norbert se décomposa.
-C'est pas… Je veux lui parler !
-Surtout pas ! geignit Lydia. Il a dit qu'il n'hésiterait pas à faire un esclandre !
-C'est de la folie ! soupira Norbert.
Floper regardait tout ça d'un air ahuri.
-Reste, mais surtout ne le rencontre pas !
-Bon, très bien… soupira Norbert. Tout ce que je veux c'est rendre hommage à maman…
-Je sais ! s'écria Molly, mais ton père n'a toujours pas digéré ton départ de la caserne française !
Norbert s'étonna.
-Quoi, juste ça ?!!
-Il a dit que tu l'avais ridiculisé aux yeux de ses supérieurs et qu'il ne te le pardonnerait jamais !
-C'est ridicule…
-Oh ! Mais c'est mon filleul préféréééé !
-Parrain… Oh nooon…
Un gros bonhomme arriva et serra Norbert contre lui.
-Tu as grandiiii !
-Merci, Parrain Gilbert…
-Katherine, viens voir le fils d'Isaline comme il est chou !
-Ooooh on dirait qu'il a toujours 17 ans !
-Mais non, voyons…

-Eh ben, Norbert, moi qui croyait que vous seriez pourchassé par des mégères en furie ! s'étonna Etienne
Ils suivaient le cortège jusqu'au cimetière au pied de la Tour perdue.
-C'est de la famille lointaine, que je n'ai pas revue depuis longtemps… Ca m'a fait chaud au cœur de les revoir !
-Nous avons vu ça… marmonna Linus. Cela nous ramène à une autre question : Pourquoi nous avoir emmenés avec vous ?!
Norbert sembla hésitant.
-Euh… Bah…
Etienne, Linda, Kenneth, Jonathan et Eddy étaient pendus aux lèvres de Norbert.
-Disons que… Je pensais qu'on me rejetterait de l'enterrement d'office…
-Mais ça n'est pas le cas… Du moins sauf par votre père.
Norbert hocha la tête.
-Je n'avais pas conscience que mes proches m'aimaient autant…
Linda regarda Norbert.
-Vous ne savez pas à quel point vous aiment les propres membres de votre famille ?
-Disons… que la famille n'a jamais été très expressive.
Linda soupira.
-Il y a des gens qui mettent du temps à vous montrer à quel point ils vous aiment…
Etienne regarda Linda, intrigué.

Arrivés là bas, Norbert aperçut son père en descendant de l'Espace de Linus. L'homme avait plutôt bien vieilli, ni tassé ni voûté. Les regards des deux hommes se croisèrent. Norbert esquissa un salut de la main. Le père ignora royalement son fils. Tout le monde sortit de l'Espace.
-Bon, ça va aller, Norbert ?
-Je sais pas trop… maintenant.
Le service funéraire arriva avec le corbillard qui se plaça juste devant Norbert. Ils sortirent le cercueil.
-Oh mon…
Il se retourna vers Linda qui le serra dans ses bras.
-Oh mon dieu !!!
Il fondit en sanglots. Linda le soutint comme elle put. Linus, Etienne et Eddy s'efforçaient de faire de même.
La famille, les amis et les anonymes qui venaient poser leurs condoléances (Suivez mon regard) suivirent le cercueil qui partait jusqu'au caveau familial, au milieu d'une pelouse, sous un arbre. Le cortège s'arrêta au milieu de la route. Les pompiers funèbres se tournèrent vers l'assemblée.
-Bien, nous allons procéder au respect des dernières volontés d'Isaline Finsbury, née Ederwald.
Norbert regarda Floper qui voulait grimper dans les bras de son maître. Norbert le porta, quelque peu calmé.
-Parmi celles-ci, il y a notamment la lecture d'une lettre qu'elle a tenu à faire lire ici devant tous, mais qui n'est pas d'elle.
Norbert et les autres membres de la famille s'étonnèrent.
-En voici le contenu :

« Chère maman… »

Norbert s'étonna d'autant plus, sans voir le regard de Lothaire Finsbury fuser en tous sens pour trouver la seule personne pouvant appeler sa femme ainsi.

« Nous sommes bien arrivés en colonie de vacances. La forêt Vestigion est magnifique, et le lac près duquel nous campons est superbe. Les peupliers le bordent, les saules y plongent leurs larmes végétales et ce matin nous avons vu un essaim de Papilord le survoler. Le paysage est si calme que l'on jurerait que le Seigneur a posé sa patte au beau milieu de cet endroit pour y laisser dormir son empreinte… »

Norbert sentit les larmes lui venir. Il savait ce qu'était cette lettre.

« J'aimerais que toi et papa soyez là pour voir pareil spectacle. C'est intensément beau. Et j'écris ces mots devant un magnifique coucher de soleil, s'étendant sur les montagnes au nord, donnant au ciel une couleur semblable à un thé au miel, du plus bel effet, comme une robe de soie fine étendue dans les cieux. Même la fumée des forges Fuego, au loin, est incapable d'entacher ce bel instant. Quand bien même, la fumée noire dans le ciel orangé semble s'empourprer, laissant place à un tapis duveteux semblable à un matelas. »

Norbert commença à pleurer, les larmes arrivant jusqu'à Floper, gêné par le liquide salé qui lui coulait dessus.

« Ce serait bien de venir là, pour les prochaines vacances. Je vois bien papa ramenant une tente de la caserne, toi protestant gentiment de cette initiative, lui souriant en disant qu'il fait ce qu'il juge le mieux, moi souriant de vous voir ainsi, unis à jamais dans ce paysage de perfection. Je sais ce que tu dirais en voyant tout ça : « C'est comme le jardin d'Eden ». Eh bien je te rejoins en pensée, maman, oui, c'est bien le jardin d'Eden ou je suis « basé » (J'ai toujours rêvé de dire ça, ça fait très « papa » comme formulation…). Quoi qu'il en soit, soyez surs, toi et papa de mon affection et de ma considération éternelle. Embrasse-le pour moi.

Ton Norbert.

PS : Quand je serais rentré, je t'aiderais à faire une tarte. L'on m'a bien appris, et je semble avoir assez d'expertise pour espérer aider un cordon bleu tel que toi. »


Lequel était tout simplement en larmes, épaulé par Linus.
-On l'a jamais faite…
-Pardon, Norbert ? s'enquit Linus.
-La tarte… On l'a jamais faite ensemble !
Linus pressa affectueusement Norbert contre lui. Toute l'assemblée ou presque était très émue, voire aux larmes.
-Bien, à présent, si les membres de la famille proche veulent bien porter le cercueil…
Norbert voulut s'avancer mais son père prit la place arrière, regardant avec méfiance derrière lui. Les regards se croisèrent de nouveau, mais Norbert était si ému qu'il ne pouvait pas voir l'expression de son père.
-Avancez, Norbert.
-Bhoui…
-C'était une bien jolie missive…
-J'avais treize ans… Comment a-t-elle pu la garder si longtemps…
-Vous aviez beau être homosexuel, vous étiez quand même son fils, je pense qu'elle ne l'a jamais oublié, au fond.
-Elle est partie, elle n'a jamais cherché à me retrouver…
-Vous avez voyagé dans le monde avec votre père, elle n'avait pas votre adresse…
Norbert soupira, comprenant. Son père avait eu vent des tentatives de sa femme, mais il avait détourné les courriers par ses nombreux voyages. « Si j'avais su… » Et surtout par la suite son déménagement chez Lionel, puis à Ecorcia…
Le doyen avait une mine abattue, pensant qu'il aurait pu retrouver sa mère vivante plus tôt que mise en bière.
Lorsque la famille entoura le cercueil, Norbert se sentit comme pousser des ailes. Il passa à travers le cortège et se plaça droit devant la sépulture. Aux côtés de son père, furieux. Norbert soutint son regard, et regarda le cercueil qui s'enfonçait dans les limbes du caveau familial. Il entendit un chuchotement.
-Ta place à toi, ce sera la fosse commune.
Norbert frissonna. Il ferma les yeux et rétorqua sur le même ton :
-Tout sauf à côté de toi.
Les deux hommes se tenaient côté à côte tandis que le prêtre prononçait les bénédicités.

Lorsque tout le monde se déplaça pour se rendre à la réception, le père de Norbert arrêta ce dernier.
-Oh non. Non content d'avoir gâché la veillée funèbre, tu n'iras pas à la réception !
-Papa, bonjour…
Les autres observaient de loin.
-Ils se disent quoi à votre avis ?! demanda Linda.
-La liste des courses ! marmonna Etienne.
Linda sembla interloquée.
-Si tu veux mon avis, si ça se bastonne, ça sera à peine étonnant.
Lothaire soupira.
-Tu te rends compte du déshonneur que tu causes à la dépouille de ta mère ?
-Et toi, pourquoi tu l'as empêchée de me retrouver ?
Lothaire plissa les yeux.
-Ta stupide tante a été te raconter quoi ?
-Je l'ai déduit quand un homme que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam s'est permis de lire une lettre que j'avais envoyée il y a de cela bien… vingt-cinq ans, en guise de dernière volonté de ma pauvre mère !
-Elle a cherché à te retrouver trois ans après notre départ d'Unionpolis. Mais le destin à fait…
-C'est TOI !!! Tu… Tu m'as éloigné d'elle, mais pourquoi ???
-Pffff…. Tu ne comprends décidément rien. Ta mère pensait que tu changerais avec le temps. Elle voulait te revoir pour te laisser une chance de te racheter, d'être un brave petit hétérosexuel…
-Non, ça ce sont des mensonges !! C'est ta façon de penser !
-J'ai appelé la police. S'ils te voient à la réception, tu seras inculpé pour trouble à l'ordre public et tu seras interdit de séjour à Sinnoh.
Norbert soupira.
-Qu'importe ta petite fiesta pour danser sur les restes de maman !
-Pardon ?!
-Je m'en FOUS ! Je me moque de ta réception ! Tout ça pour te faire passer pour un mari aimant et un bon père ! Moi je sais que Lothaire Finsbury n'était qu'un mari lâche et un père maladroit et stupide !
Floper était derrière Norbert, estomaqué par les propos que tenait son maître. Lothaire gifla son fils avec force, lequel manqua de tomber.
-Ooohhh !!! s'offusqua Linda.
-Putain… soupira Jonathan.
-Ouah… s'étonna Kenneth.
-Seigneur… se lamenta Linus.
-Ouuuh… s'effraya Eddy.
Etienne se contenta d'une mine peu envieuse. Floper avait détourné les yeux, pas très fana de ce genre de scène.
Norbert regarda son père qui tourna les talons.
-Une claque…
Lothaire se retourna. Son fils avait mal, mais il souriait.
-Une claque, comme une gonzesse. Même pas un vrai coup de poing, comme un homme. Maman a eu raison de partir.
Lothaire bouillit de colère.
-Tu n'es plus mon fils. Tu n'es même plus de cette famille.
Et il partit. Norbert prit Floper dans ses bras et le serra contre lui, immobile au milieu de la prairie de tombes. Le groupe vint à sa rencontre.
-Ca va ?
Norbert hocha la tête.
-Nous ne sommes pas désirés à la réception… Alors je vais faire ce qu'on a dit maintenant.
Linus hocha la tête.
Le groupe se dirigea vers la tombe d'Isaline Ederwald, et Etienne donna son dictaphone à Norbert.
-Vous appuyez sur Lecture, j'ai fait la cassette hier.
-Merci…
Le groupe se tint autour de la tombe. Norbert posa le dictaphone près du marbre. L'objet entonna alors l'Ave Maria de Schubert.
« Ave Maria Gratia plena
Maria… Gratia plena
Maria, Gratia plena »

-Là, c'était ton passage préféré… Marmonna le fils.
« Ave, ave dominus
Dominus tecum
Benedicta tu in mulieribus
Et benedictus
Et benedictus fructus ventris…
Ventris tui Jesus…
Ave Maria »

Norbert laissa la cassette aller vers sa fin, dans une longue prière silencieuse. Ils partirent au bout d'une dizaine de minutes.
-Euh… vu qu'on part tôt, on pourrait faire un détour ?
Linus s'étonna et regarda Etienne.
-Un détour ?
Kenneth et Linda s'étonnèrent.
-Je… voudrais aller visiter une tombe aussi… si personne n'y voit d'inconvénient.
-J'aurais préféré un bal du printemps, mais ça ne m'embête pas ! acquiesça Norbert.
-Au point ou on en est… marmonna Jonathan.
Eddy haussa les épaules. Kenneth balbutia.
-Etienne…
-Il faut que je le fasse. Il est surement à Nénucrique, nan ?
-Il est… Oui, très probablement.
Linda comprit aussi.
-Etienne, non !!
-Si… Il faut que j'aille sur sa tombe.
Linus s'étonna.
-La tombe de votre collègue mort pendant la prise d'otages ?! Etienne, c'est…
-C'est brutal et soudain, mais je dois le faire.
Norbert hocha la tête.
-Entièrement d'accord. C'est important.
Etienne hocha la tête.
-Pas autant que cette brave Isaline… C'était une lettre magnifique. Elle vous aimait beaucoup, Norbert.
Il hocha la tête.
-Je sais. Je l'aimais terriblement aussi.
-Bon, en route. Nénucrique est à quelques deux heures de route par la nationale souterraine ! informa Linus.

Ils cherchèrent la tombe dans le cimetière, tous les trois comme des gosses. Norbert, Eddy, Jonathan et Linus avaient tenu à laisser les trois dans l'intimité de leur région, ce que Linus justifia ainsi :
-Rouler jusqu'à Hoenn, passe encore. Y poser le pied, c'est à négocier en milliers de Pokédollars.
Etienne scrutait les tombes.
-C'est macabre, Etienne !
-Je sais…
-Tu cherches la tombe d'un type dont tu t'accuses de la mort !
Linda trouva une tombe. Elle regarda derrière elle, Kenneth et Etienne étaient loin. Elle regarda le nom sur la sépulture et soupira. Elle s'accroupit.
-Bonjour, Mr Smirnoff.
Sur la tombe : « Erwan Joseph Aimé Smirnoff, 13/05/1949 – 09/09/1986 – Père respectable, héros national, policier, frère et ami de la nation »
-Je… Je ne dirais pas à votre fils que je suis venue vous voir… Mais… Je voulais juste vous dire que je comptais donner votre prénom au moins en guise de second prénom à notre enfant, que ce soit un garçon ou une fille. Et surtout, j'espère que de là-haut… vous êtes toujours fier de lui. J'aurais aimé mieux vous connaître.
Elle se leva, émue. Elle s'aperçut qu'elle avait perdu les deux autres de vue.
-Han ! Me voilà bonne pour rentrer à la voiture comme une idiote…
Elle s'en retourna, mais elle aperçut une silhouette qui lui rappela quelqu'un…
Etienne et Kenneth trouvèrent la tombe de Sherman et s'étaient accroupis devant.
-Tu veux dire quelque chose ? demanda Etienne.
-… Merci d'avoir essayé de sauver mon meilleur pote.
Etienne soupira.
-Eh, c'est toi qui voulais lui rendre hommage ! grommela Kenneth.
-Ok, ok… Sherman… D'abord je voulais te remercier d'avoir été mon ennemi. C'est important d'avoir un ennemi dans sa vie, sans ennemi, la vie n'est rien, mais avec un ennemi, la vie devient une épopée dont on fait des romans en plusieurs volumes. Grâce à toi, j'ai fait autre chose que me morfondre, j'ai appris à avancer. Et maintenant, je voulais te demander pardon.
Etienne baissa la tête.
-Pardon pour les injures, pardon pour les humiliations, pardon pour les insultes, pardon pour les méchancetés… On se doute pas du mal qu'on peut faire aux gens rien qu'avec des mots… Et si peu d'actes ! J'aurais voulu être plus cool avec toi… Je pense l'avoir été un peu, sur la fin…
-C'est pas la peine de mentir !
-Oui bon… On a continué à se chicaner comme Mangriff et Seviper, mais ça n'empêche que… T'étais un mec bien. Et je te remercie sincèrement de tout ce que tu as fait ou voulu faire pour moi.
Kenneth tapota l'épaule d'Etienne.
-Et autre chose… Ce portrait sur ta pierre tombale, il est super moche !
Kenneth éclata de rire. Etienne sourit.
-Si t'étais encore là, tu serais de la bande, aujourd'hui. J'en suis persuadé.
Linda, plus loin, s'approcha de l'homme.
-Bonjour !
-Oh… Tiens. Je n'espérais pas vous revoir… La femme sans nom…
-Moi non plus je n'espérais pas vous revoir… Alors ce sont vos enfants ?
Edmund hocha la tête devant les tombes de ses enfants, Ryan et Marcus.
-Mes deux uniques fils. Il y a eu un enterrement officiel pour la victime, mais rien pour eux. J'ai été obligé de débourser de ma poche pour qu'on ne les jette pas à la fosse commune.
Linda hocha la tête.
-Ils ont fait du mal.
-Je sais.
-Ils ont blessé l'homme que j'aime. Ils ont tué quelqu'un que je connaissais depuis longtemps. C'était horrible. J'en refais des cauchemars.
Edmund Price baissa la tête.
-Je suis désolé.
-Vous n'avez pas à l'être pour eux… De plus, Ryan a été ignoble, mais Marcus a été très brave, digne et n'a pas cherché à faire de mal à qui que ce soit.
Edmund hocha la tête.
-Ryan, je l'aimais moins que Marcus. C'était un fait. Mais ça restait mon fils. Ils étaient demi-frères, tous les deux, Ryan est le fils d'une femme que je hais, et Marcus celui de ma deuxième femme, mais bien sur ils n'en ont jamais rien su... Ils s'aimaient pourtant, mais se détestaient aussi. J'ai été un mauvais père. Trafiquant, voleur, commanditaire de meurtres… Je comprends les raisons de leur geste.
-Ils voulaient juste que leur père soit fier d'eux… marmonna Linda.
Edmund soupira.
-Je vais me rendre à la police. En sortant du cimetière, là. Ca fait presque six mois. Six mois sans eux. Ils me manquent tant !
Linda regarda Edmund, inexpressive.
-Ca ne ramènera personne, ça n'effacera pas les souvenirs.
-Ca apaisera au moins ma peine, de me savoir puni pour moi, mais aussi un peu pour eux. Je veux me punir pour leur prouver que leur sacrifice n'était pas vain.
Linda hocha la tête.
-Au revoir, monsieur Price. Je crois que… vous n'avez pas besoin que je vous haïsse.
-S'il vous plait…
-Je ne vous déteste pas. Je déteste ce que vous avez engendré. C'est tout.
Elle allait partir, mais il l'interpella.
-Vous… Leur pardonnerez un jour ?
Elle se retourna, secoua la tête et chuchota :
-Jamais.
Et elle tourna les talons.

Dans la voiture, tout le monde semblait heureux.
Linda était entre Etienne et Kenneth qui étaient tous deux serrés contre elle, l'un avec amour et l'autre avec affection.
Jonathan était endormi sur le siège avant, les jambes repliées, la tête tenue contre la fenêtre par un gilet, à la manière des types qui dorment dans un train.
Linus conduisait, la mine lasse, tout en écoutant le CD de Coldplay d'Etienne.
Norbert et Eddy étaient endormis l'un contre l'autre, les mains enlacées.
Linus décida de s'arrêter à un hôtel à la prochaine ville.
Ce fut Bourg Geon.
Ils repassèrent devant le centre culturel. Seul Etienne regarda l'endroit. Rien n'avait l'air d'avoir changé. C'était impressionnant, comme si le temps avait cessé de s'écouler à cet endroit précis. Il pouvait presque sentir la fumée, entendre les balles siffler, les gens crier…
Une vieille douleur se réveilla en lui, à l'épaule.

Le motel de Bourg Geon était presque vide – Normal dans une si petite bourgade et à une telle période. Kenneth se prit une chambre seul. Jonathan et Linus décidèrent d'en partager une, histoire de passer la soirée à faire une partie de cartes. Etienne et Linda prirent une chambre, prêts à passer une nuit des plus romantiques. Norbert regarda Eddy au moment ou ils durent choisir leur chambre.
-Eddy…
-Hmm… Euh… On… prend une chambre à deux !
-Oui, d'accord.
Ils hochèrent la tête.

Sur mon cou sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu'une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s'émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.


Devant la chambre, Norbert regarda Eddy.
-Eddy, il va falloir… Me dire ce que… tu attends.
Eddy rougit, embarrassé.
-Euh… Avant, j'étais… sous l'emprise d'une femme érotomane, folle, qui pensait que je lui appartenais… j'étais malheureux, amer, fragile. Mr Smirnoff était mon seul ami.
Norbert hocha la tête.
-Je ne veux pas… me faire passer pour celui que je ne suis pas… alors je vais juste te dire ce que je pense de toi… Quand tu es arrivé dans le service, j'ai compris… que je pouvais être libre, moi-même, simple et serein… Je voulais tenter quelque chose avec toi, mais tu avais l'air tout le temps occupé, et je ne voulais pas avoir l'air d'abuser de quelque situation… Encore que là…
Norbert sourit. Eddy continua.
-Je… je t'apprécie vraiment beaucoup.
-Beaucoup ?
-Enormément.
-En tant que personne ?
-Oui, évidemment tu m'es sympathique.
-En tant qu'homme ?
Eddy hocha la tête.
-Je veux juste… être et rester auprès de toi.
Les regards s'échangèrent, énamourés.

Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d'Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d'ici battre notre campagne.


Norbert attendit qu'Eddy se soit tût pour lui adresser un baiser chaleureux. Un de ceux qui brûlent, un de ceux qui blessent.
Les deux amants se serrèrent l'un contre l'autre et s'empressèrent d'entrer dans la chambre. Ils s'allongèrent avec précipitation sur le grand lit, sourire aux lèvres, regard plein d'espérance et d'appréhension mêlée.

Le ciel peut s'éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l'herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.


Une chemise partit en l'air. Suivie d'une autre. Les peaux se frôlèrent, les lèvres ne se décollaient plus les unes des autres.
Pour l'un, il s'agissait d'oublier à tout prix la journée pénible et d'envisager une relation avec celui qui l'avait choisi pour être son prince.
Pour l'autre, c'était l'éveil après des années à se cacher d'une femme obsessionnelle, maintenant il voulait juste profiter du moment présent en compagnie de celui de ses rêves.

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.


Assis l'un contre l'autre, ils s'embrassaient, se caressaient. Bientôt, ils décrétèrent l'abscondité des pantalons et de toute honte l'un envers l'autre. Ils étaient grands, après tout. Les baisers devinrent plus mutins, plus chaleureux, plus intimiste voire insidieux à en provoquer des frissons et des mouvements involontaires. Apprendre à se goûter, à s'apprivoiser. Et tant pis pour le reste.

Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour.
Nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu'il fait pâlir le jour.


Peu après, allongés sur le lit en pleine étreinte, les regards se croisaient. Un mouvement unique les animait. Une effluve d'air seule les faisait respirer encore, effluve qu'ils s'échangeaient et se partageaient au gré des frôlements de lèvres. Leurs corps étaient recouverts de sueur, leurs yeux embués de larmes. Leurs bouches entrouvertes dans des centaines de cris morts. Les bras enserraient taille et cou. Non, ils n'avaient pas fini de se parler d'amour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l'escalier plus souple qu'un berger,
Plus soutenu par l'air qu'un vol de feuilles mortes.


-Eddy, je…
-N… tu peux…
La tête blonde vint contre la tête brune. Unis dans l'amour pêché, le plus vieux immiscé au cœur du plus jeune, embrassant le cou offert tout en inondant d'amour l'autre dans un cri de félicité éperdue.
Au milieu des liqueurs, ils moururent un instant et ressuscitèrent l'un contre l'autre.

Ô traverse les murs ; s'il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant la mort...


Ils restèrent là, à moitié assoupis, l'un sur l'autre. Quelques baisers retentirent dans la pièce à présent silencieuse.
-Tu viens chez moi ?
Eddy se serra contre Norbert.
-J'ai un tout petit studio, et toi ?
-Un appartement de presque cent mètres carrés. Je serais heureux de le partager avec toi.
Les deux corps nus recommencèrent à s'embrasser avec bonheur.
Chambre d'à côté, Etienne était tout contre Linda, se reposant du même effort.
Chambre d'encore à côté, Linus et Jonathan qui s'efforçaient de jouer aux cartes avec tout ce boucan.
En effet, chambre d'à côté, Kenneth regardait la chaîne musicale, souriant de son petit bonheur solitaire.

Le dernier voyage consista à ramener tout le monde chez soi. Norbert descendit à Ecorcia après avoir chaleureusement remercié tout le monde. Mais pas seul, Eddy l'accompagnait, à la surprise de tous.
-Sérieux ? Vous êtes surpris ?! s'étonna Etienne.
-Quand même… s'étonna Linda.
-Purée leur bureau est à deux pas du mien… soupira Kenneth.
-Quelle horreur ça va être en rentrant… soupira Linus.
-De quoi tu te mêles ? s'étonna Jonathan.
-Mais enfin, on a cette idiote de directrice imposée par le rectorat, sous peu ! Je sens qu'elle va nous faire chier…
-Mouarf… M'en fous moi…
-Toi oui, moi non !
Jonathan fut déposé devant chez lui. Il serra la main à tout le monde et repartit, seul, vers son appartement, avec néanmoins un sourire aux lèvres, heureux de ce week-end mouvementé en si bonne compagnie.
Kenneth rentra à son appartement, seul mais content et rassuré par rapport à l'avenir.
Etienne et Linda rentrèrent à l'appartement après avoir remercié Linus pour l'agréable voyage.
En rentrant chez lui, Linus serra sa femme, ses filles et son fils contre lui, tout aussi ragaillardi par le voyage.