Smirnoff de Domino

« D'innocent j'entrevoyais le chemin qui mène aux ombres… Et pourtant, l'amour comble…»
-La quatrième épreuve aurait dû être une épreuve sportive. Cependant, il s'avère que nous avons un impondérable. Comme certains le savent, une série de rapports et de contrôles continus n'ont pu être achevés à cause d'un problème technique, lors de la deuxième semaine. Afin d'égaliser les chances, les élèves concernés vont rattraper aujourd'hui leur contrôle continu afin que nous puissions fixer les notes définitives. Il y a 38 élèves concernés. Le reste est plus ou moins libre de ses mouvements. La bibliothèque vous est ouverte, ainsi que la médiathèque si vous voulez réviser. Le réfectoire et les amphithéâtres de permanence vous sont accessibles également. Sachez qu'en aucun cas cela ne perturbe l'examen ; L'oral, qui, théoriquement n'est pas noté, le sera demain. Je vous remercie de votre attention.
Les élèves se levèrent. Adam et Jennifer se dirigèrent vers la salle d'Examen. Ils regardèrent vers les profs. Smirnoff s'était levé sur une chaise pour les encourager d'un pouce levé. Ils le saluèrent.
-Et j'ai même pas eu honte ! Ricana Jennifer.
-C'est un miracle… Marmonna Adam.
Etienne sourit et descendit de son perchoir. Il tomba nez à nez avec Linda.
-Salut Etienne !
-Linda… qu'y a-t-il ?
Linda plissa les yeux.
-Bonjour je suis Linda Trautmann ! Enchantée de te rencontrer !
-…
-Qu'y a-t-il ?! Je voudrais passer un peu de temps avec toi, gros bêta ! Tes élèves sont ailleurs…
-Je comptais bourlinguer avec…
-Kenneth est surveillant sur cette épreuve.
-Oh…
-Tu ne vas quand même pas rentrer chez toi…
-Euh… Bah, non… Non…
-Je voulais discuter avec toi par rapport aux évènements de ces trois derniers jours !
-Oui, si tu… Veux.
-Décidément, quinze ou trente ans, tu te comportes toujours pareil…
Smirnoff bougonna.
-Moui… Hmmm…
-Ecoute : Miranda m'a proposée de prendre un café avec l'équipe administrative. Ca te dit ?
-Et tes élèves ?!
Il avait crié ça comme si c'était sa dernière échappatoire ou comme s'il avait trouvé ça après une longue réflexion.
-Nathalie et Richard restent avec les élèves de Sherman. Je les comprends, je suis une vieille pour eux…
-Mais non…
-Alors ? Tu viens ? Tu travailles avec eux, ça m'intéresse de voir ce qu'ils pensent de toi !
-T'es sure que tu veux voir ça ?!
-C'est si terrible ?!

Quelques minutes plus tard, Etienne et Linda sont dans la salle de réunion avec le proviseur Hadley, Miranda, Linus, Jonathan Ludges, le proviseur adjoint et spécialiste du réseau informatique, Eddy, le chef de l'intendance, et Marielle, la secrétaire, une femme avec une coupe au carré blonde/brune, impossible à réellement déterminer. Une teinture ratée, disons. Etienne était assis dans un coin, très visiblement isolé.
-Et là, je répète : « Capitale économique »… Elle avait compris « Hôpital ergonomique »…
Tout le monde éclata de rire. Etienne songea à une ablation des anecdotes des cours d'histoire pour Linda en guise de futur cadeau de mariage.
-Oh mais je parle, je parle… J'imagine que ça doit bien rigoler dans l'administration aussi !
Le proviseur hocha la tête.
-Travailler avec Linus Winchester est d'une drôlerie…
-Mr Hadley, je ne pense pas que…
-Si, laisse-le raconter ! Assura Miranda.
-Par exemple tous les matins, il hurle dans les couloirs que l'équipe pédagogique est constituée de mufles et de malotrus…
-Je tiens à me justifier : Parfois ils vont VRAIMENT trop loin…
-Dans ce cas n'intervenez qu'à ce moment là ! Glapit Miranda qui se tourna vers Linda : C'est typique le genre de fonctionnaire zélé qui y va à fond !
-Un jusqu'au-boutiste…
-Mesdames ! Je suis là !
Elles ricanèrent.
-Vous avez des plans pour l'année prochaine, Linda ? demanda le proviseur.
Linda sembla gênée.
-Oh, eh bien, je… Vais retourner à Mérouville, surement. Je vais assurer mon année, là bas…
-Pourquoi vous ne l'engageriez pas ici ?!
Tout le monde regarda vers Etienne qui s'était réveillé.
-Vous voulez un café, Mr Smirnoff ?
Etienne regarda Eddy qui était devant la cafetière.
-Eddy, non, j'allais faire un speech, là…
-Vous en voulez un ?
-Mais c'est pas possible cette manie d'intervenir de façon impromptue, Eddy ! Tenez-vous, que Diantre !
Linda s'étonna de l'échange.
-Deux sucres ! Signifia Etienne. Merci. Non vous pourriez… L'engager, ici…
Linus secoua la tête.
-Les effectifs sont déjà fixés pour la rentrée.
-Etienne, voyons, je ne veux pas…
-Vous dites toujours qu'il faudrait une classe de plus pour l'histoire… Linda est parfaite ! Elle ne prend pas de place, mange peu, faut juste l'arroser deux fois par…
-Mr Smirnoff, je ne me lancerais pas dans une joute ridicule avec vous, merci. Les effectifs sont fixés.
-Et si on enlève un poste en stratégie ? Il y a deux classes, ça ne sert à rien…
-Vous vous retrouveriez avec 200 élèves sur les bras… S'étonna Miranda.
-C'est pas grave ! J'ai un amphi, non ?
Le proviseur pencha la tête sur le côté.
-Ce serait possible… d'un certain point de vue…
-Proviseur Hadley, non ! J'ai passé trois jours à tout régler !
-En fait je pense surtout à ce département pédagogique que je compte créer… Vous voyez Linda…

En sortant, Linda frappa Etienne qui la regarda, surpris.
-Eh ben…
-Je comptais passer un BON moment ! Miranda est très impliquée avec moi dans des actions caritatives, on est copines depuis au moins deux ans, et TOI tu transformes ça en un entretien d'embauche improvisé dont je n'ai absolument pas envie !!
-Excuse-moi, je…
-Tu quoi ?
-… Ca me gêne que tu aies à retourner à Mérouville l'année prochaine.
-Etienne, je suis depuis… 10 ans à la faculté de Mérouville. Je refuse de venir emménager ici pour tout reprendre à zéro !
-Je comprends, oui.
-Pourquoi toi tu ne reviendrais pas à Mérouville ?
-Parce que je déteste tout ce qui s'y trouve.
Linda s'étonna.
-Alors c'est à moi de tout recommencer ? Pour toi ?
-…
-Etienne, enfin, comprends-moi, je ne peux pas…
-Je sais… Excuse-moi c'était…
-Non, non… J'apprécie ton intention… Tu… tu tenais réellement à ce que je me rapproche de toi… Mais tu n'as pas à décider pour moi !
-Je suis… Désolé.
Linda regarda Etienne qui tournait les talons.
-E… Etienne, mais…
-Quoi ?
-Reste là enfin ! Je veux toujours qu'on passe la journée ensemble !
Etienne regarda par terre.
-Tu es sure que tu veux… Passer du temps avec moi ?
Linda pencha sa tête sur le côté.
-Mais bien sur Etienne, voyons…
-Moi je… Je sais pas trop.
Il tourna les talons, cette fois sans qu'elle ne l'arrête.

Il resta à la cafétéria à lire quelques revues de stratégie tout en écoutant de la musique. Quelqu'un s'assit face à lui. Etienne leva les yeux et sursauta de frayeur. Il enleva ses écouteurs.
-Cumberdale, nom d'un Noarfang…
-Comment ça va, Etienne ?
-… Tu es sobre ?!
-J'ai l'air bourré ?
-Tu es face à moi et tu me demandes comment ça va…
-Ouais. Ecoute, déjà pour dissiper tout malentendu : J'ai arrêté de boire depuis au moins trois ans.
Etienne regarda Sherman.
-C'vrai, c'mensonge ?
-Ouais.
-… Qu'est-ce que tu veux ?
-Avant-hier…
-Jouez hautbois, résonnez musettes…
-Avant-hier, tu t'es absenté. On s'est relayés pour… Aider ton élève.
-Kenny m'en a parlé.
-Ou étais-tu ?
-…Une… Une femelle Caninos m'a obligé à venir aider sa maîtresse aveugle, coincée sur un passage piéton.
Sherman hocha la tête.
-C'est un motif très noble pour s'absenter… Pourquoi ne pas l'avoir dit à tes élèves ?
-Tu me crois ?
Sherman hocha de nouveau la tête.
-Kenneth m'a tout raconté quand je lui ai demandé.
-Tu es ami avec Kenneth ?
-Tu vois, Etienne, certaines personnes dissocient conversation amicale et conversation professionnelle. C'en était une.
Etienne hocha la tête.
-Je ne l'ai pas dit à mes élèves parce que… Je considère que je n'ai pas à me justifier quand je commets une erreur. Dans un sens comme dans l'autre.
-En bien comme en mal.
-Voilà. J'ai fait quelque chose de bien, mais ça ne justifie pas que j'aie délaissé mes élèves.
-Tu te punis toi-même.
-Voilà. C'est facile de contrôler les ficelles en fait. Tu t'arranges pour que la situation s'aggrave juste comme il faut. Si ça s'aggrave trop, tu as le bouton stop, pour tout faire cesser.
-Ce genre de situations t'arrange…
-Ouais. Parce que… Finalement je… Dans ce monde… Dans cette société ou je me sens si… Rejeté… J'ai un des leviers de contrôles. Je peux… Diriger les choses… Et je vois même pas pourquoi je parle de ça avec toi ! Je te déteste.
-Moi aussi je te déteste. Et tu détestais Heine à cause de son témoignage.
-Ouais…
-Et de toute façon, vu la manière dont nos vies se sont entremêlées, impossible qu'on reste en froid éternellement.
-Les gens qu'on déteste sont toujours ceux dont on devient le plus facilement amis…
-Pas vraiment. On peut continuer à se haïr si ça t'amuse toujours après 17 ans.
-Tu m'as fait de sacrées crasses…
-On était gamins… Les gamins sont cruels.
-Pourquoi tu veux te faire pardonner tout d'un coup ?!
-Tes élèves et les miens sont amis.
-Cool. Sors ta bague, à genoux et fais-moi ta déclaration. C'est parti pour 15 ans de vie commune.
-En fait je m'étais dit que ce serait une… façon de mettre fin à notre querelle personnelle.
-Pourquoi, ça t'embête qu'on soit ennemis ? Tu as honte de moi en tant qu'antagoniste ? Je suis pas assez bien pour toi ?!
Silence interrogateur entre les deux. Ils éclatèrent de rire tous les deux en même temps.
-Arceus me foudroie, je plaisante avec Sherman !
-Arceus me foudroie d'abord ! Je ris à tes bêtises !
-Comment vont… Mes parents depuis mon départ ?
Sherman s'étonna.
-Depuis cinq ans tu n'es pas retourné les voir ?!
-Sherman, paradoxalement tu es la seule personne à pouvoir me donner des informations valables sur mes parents vu que tu vis toujours à côté…
Sherman hocha la tête.
-Eh bien, ta mère va bien. Ta sœur va très bien également. Et ton oncle aussi.
-Bien…
-Quant à ton beau-père…
-…Et sinon, tu es toujours à l'université de Mérouville ?
Sherman hocha la tête.
-Oui. Tu ne veux pas savoir pour ton beau-…
-Non.
-C'est toujours tendu…
Etienne regarda Sherman, surpris.
-Tu le savais…
Il hocha la tête.
-Vous ne le cachiez pas vraiment, que vous vous détestiez…
-Ce sera jamais mon père… Ca me fait bizarre… De… Parler franchement avec toi.
-Nous sommes ennemis, tu te rappelles ? Tu n'as pas à ménager mes sentiments, ni à me contenter, ni à prendre des gants. Moi aussi. Donc on va se parler plus franchement qu'à n'importe qui d'autre.
-C'est vrai…
-Je te laisse ?
-Attends…
Sherman resta.
-Puisque tu vas me répondre très franchement… Que penses-tu de ma relation avec Linda ?
Sherman inspira.
-Tu es sur que…
-Oui. J'ai besoin d'un avis… Tranché. Neutre.
Sherman hocha la tête.
-Imagine que… Dans Blanche-Neige, l'un des sept nains ait l'occasion de se taper Blanche-Neige.
-………Continue, tu m'intéresses………
-Tu es exactement dans ce type de situation.
Etienne sembla intrigué.
-Au départ, tu étais un ado solitaire, pas foncièrement moche, ni foncièrement beau, mais seul, et pas cool, pas cool du tout, presque moins cool que moi. Tout juste si tu ne trainais pas avec les nazes qui jouent à Pokémon sur console Game Boy…
-Tu veux dire ce jeu débile ou le légendaire Sulfura est à 10 mètres d'une dresseuse à la Route Victoire et elle fait genre elle le capte pas, et ou toutes les villes ont à peine 3 maisons en vrac ?
-Exactement.
-Tu me fais descendre bien bas…
-Et… Et là, la plus belle fille du bahut, la fille avec qui tous les sportifs rêvent de sortir, avec qui les éleveurs pros rêveraient de finir leur vie, avec qui toutes les autres filles rêveraient d'être amie… Toi, par je ne sais quel miracle de sorcier tu arrives à la séduire, à faire qu'elle trouve chez toi quelque chose qu'en aucun autre elle ne trouvera. Franchement, quand on la voit te parler, on se dit : « Mince… Qui la paye ? »
Smirnoff ricana.
-Et en fait… Quand on voit son regard quand tu lui réponds… On comprend que c'est de l'amour pur qu'il y a entre vous. Un sentiment… Indéfinissable. Généralement, tout le monde le sait. Sauf vous deux. Eh bah là c'est le cas. La preuve : Tu es en train de demander à ton ennemi juré, Sherman Cumberdale, de te conseiller et de te dire ce qu'il pense de toi et d'elle. Tu l'aimes ? Dis-le-lui. Maintenant tu m'excuseras, j'ai une réputation à tenir…
Sherman se leva et annonça à toute la cafétéria :
-Mesdames et messieurs… Ce gars là, assis ici…
Il montra Smirnoff que tout le monde regarda.
-Il a trente ans, et il est toujours puceau !
Etienne se fit tout petit. Sherman sortit en saluant Smirnoff qui voulait mourir. Les quelques rires lui firent pousser un terrible soupir.
-Et crotte… Bien joué Etienne…

Comme un éclat de rire
Vient consoler tristesse

Etienne vit Linda qui se trouvait à la bibliothèque.

Comme un souffle avenir
Vient raviver les braises

Elle le vit de loin, mais ne se leva pas.

Comme un parfum de souffre
Qui fait naître la flamme
Jeunesse lève-toi

Il repartit, se demandant ce qu'il était venu faire au départ.

Contre la vie qui va qui vient
Puis qui s'éteint

Linda sortit de la bibliothèque. Etienne était déjà parti. Elle soupira et y retourna.

Contre l'amour qu'on prend qu'on tient
Mais qui tient pas,

Etienne se posa sur un banc dans les jardins de la faculté.

Contre la trace qui s'efface
Au derrière de soi,
Jeunesse lève-toi.

Elle vint s'asseoir à ses côtés.

Moi contre ton épaule
Je repars à la lutte

Il ferma les yeux, et il sentit toute la chaleur humaine qu'elle dégageait.

Contre les gravités qui nous mènent à la chute
Pour faire du bruit encore
A réveiller les morts,

Elle le regarda, alors qu'il semblait en pleine communion avec l'air autour.

Pour redonner éclat
A l'émeraude en toi…

Lorsqu'il rouvrit les yeux, elle n'était plus là…

12 heures 30.

-Ca fait chier !
Adam soupira.
-Calme-toi…
-Non ! Ca fait chier ! Pourquoi 38 pigeons se tapent un contrôle alors que tous les autres peuvent réviser leur oral du lendemain ? C'est pas juste !!
Kenneth sortit de la salle à son tour.
-Un… Problème, Mademoiselle Scoresby ?!
-J'ai la rage !
-J'avais compris…
-Pourquoi on doit rattraper ce contrôle continu ?!
-Ce ne sont que six heures d'écrits…
-J'en ai marre de faire six heures, huit heures, dix heures… de quoi que ce soit !
Kenneth hocha la tête.
-Tu as les nerfs qui lâchent…
-Je… Je…
-Adam, emmène-la au calme.
-Bien, Monsieur…
Adam lui prit la main. Etonnement de Kenneth.
-Allez, viens…
Elle serra sa main dans la sienne.
« Oh mon Dieu… »
Il vit le regard d'Adam quand il lui demandait si elle allait bien. Il vit l'absence d'agressivité de Jennifer.
-… Je dois 200 Pokédollars à Etienne…
Adam et Jennifer tournèrent dans un couloir et tombèrent nez à nez avec Linda.
-Les enfants… Je peux vous parler ?!

-Et à chaque fois, il me sort le coup de… Tu ne serais pas heureuse… Il n'y en aurait que pour mes Pokémon, tu passerais au second plan…
-On a été chez lui hier…
Linda regarda Adam, étonné.
-La moitié de l'espace de son appartement est consacrée à… Eux. A leur bien-être, quoi. Vous ne… Passeriez pas seulement au second plan, vous n'auriez carrément pas d'espace vital.
Linda hocha la tête en se mordillant les lèvres.
-Pourquoi vous nous demandez à nous…
Linda regarda Jennifer qui s'interrogeait.
-Et pas à… Mr Heine, ou Mr Cumberdale ?
-Le premier va me répéter ce qu'il nous répète depuis presque 22 ans…
-C'est-à-dire ?
-« Mariez-vous et arrêter de me faire chier »
-Oh…
-Le second va faire pareil : « Buuuurp »
-….Ouais…
-Donc vous demandez à des adolescents en pleins examens de vous aider à résoudre votre petit drame conjugal ?
Linda semblait indécise.
-Je sais que c'est stupide…
-Si vous savez et qu'en prime c'est stupide, pourquoi demander ?
-Vous êtes ses amis les plus proches après Kenneth et moi…
-Nous sommes ses élèves. Notre jugement est partial et guidé par trois mois passés avec lui, au plus près de lui.
-On l'a vu en caleçon des dizaines de fois… Marmonna Jennifer.
-Oh… En quoi ça rend votre jugement partial ?
-….
-…. Les odeurs ?! Tenta Adam
-Ecoutez. J'aime Etienne. Du plus profond de mon être.
-Allez le lui dire !
-Si je lui dis il va me prendre pour acquise et me traiter comme… Un bibelot.
Jennifer soupira, énervée.
-Ca va, Jennifer ?!
-NON, CA VA PAS ! Je dois rattraper un foutu contrôle parce que l'école ou on l'a fait a été inondée ! J'en ai assez d'être ici depuis 4 jours maintenant, et d'être obligée de dire que le meilleur moment que j'ai passé ici, c'est quand Mr Smirnoff nous a emmené chez lui ! Et là, une femme superbe, irréprochable, gentille et courageuse, parce qu'enseigner à Nathalie c'est comme grimper sur un Galopa en furie et embrasser un Arbok avec la langue, pour moi c'est le même vélo, nous demande de la conseiller sur sa relation avec un type qui, s'il se rasait, serait casé depuis 10 ans au moins ! Vous voulez un avis, très bien ! La vie m'a appris que je serais toujours heureuse en faisant les rencontres que je voudrais faire. Au bout d'un moment, cette rencontre s'avère être une erreur, mais la beauté des bons moments passés ensemble effacera la présente rupture douloureuse. Si vous pensez qu'avec Smirnoff il y aura au moins UNE MINUTE, je dis bien au moins UNE MINUTE de bonheur pur, véritable et intense… Allez-y ! Foncez, et savourez cette minute. Autrement, embêter votre monde avec votre histoire est une idée stupide qui montre au moins une chose : Vous êtes des gamins !
Linda hocha la tête, sonnée.
-Excusez-moi d'avoir été brut de décoffrage. Tradition familiale !
-Elle est tout le temps comme ça ! Assura Adam.
-Non… Maintenant je sais… ou j'en suis. Merci les enfants.
Elle se leva et repartit à la recherche d'Etienne. Jennifer soupira et se leva pour aller manger, suivie par un Adam dubitatif quand à la santé mentale de sa coéquipière.

Etienne aimait bien le poisson mal cuit de la cafétéria de Doublonville. Un vrai délice à la fois brûlant et gelé.
Linda arriva, déterminée. Il la regarda, surpris.
-Je veux aller chez toi !
Etienne était en train de manger et fort heureusement il ne s'étouffa pas. Il regarda Linda de nouveau.
-Pour…. ?
-Eh bien… Ce soir je dors chez toi !
Etienne sentit des frissons lui parcourir la colonne vertébrale.
-Tu finis de manger et on va chez toi. Compris ?
-M… Mais et les élèves ?!!
-Aujourd'hui ils n'en ont rien à faire de nous ! Alors c'est bon !
Etienne blêmit à cette simple idée. « Une femme chez moi… »

14 heures.

La porte s'ouvrit. Etienne lâcha ses Pokémon qui gambadèrent à travers le logement. Linda entra avec sa valisette.
-Eh bien… C'est… Modeste.
-Si c'est pour re-décorer, demi-tour…
-C'est la première fois que je viens ici… Laisse-moi apprécier…
Etienne rougit et se dirigea vers la cuisine.
-Tu veux… Quelque chose ? Un thé, un café, un…
-Si tu as de l'eau…
Etienne tressaillit, il n'avait pas d'eau en bouteille. Il regarda le tonnelet à eau potable, réservé aux Pokémon. Il s'empara d'un verre et en servit à Linda.
-Voilà !
-Merci !
-Euh… La télé est là, tu as juste à l'allumer… Tu prendras mon lit ce soir, je dormirais sur le canapé…
Timothy, le Scarhino, regarda Etienne dépité, mais Etienne exprima son impossibilité à faire autrement. Erwan rapporta un plat de chips.
-Oh c'est mignon ! Merci !
En fait il faisait ça pour Etienne d'habitude, mais bon… Etienne alluma la télévision pour décoincer l'atmosphère, mais Linda l'éteignit.
-On peut discuter ?
-….. Oui bien sur…
-J'ai réfléchi… Et je pense que… Je vais accepter le poste si Hadley me l'accorde.
-Bien… Très bien…
-Ma présence t'embête pour le moment ?!
Etienne déglutit bruyamment.
-N… Non, pas du tout…
-Que fais-tu de tes journées quand tu n'es pas en cours ?
-Je lis… Je les sors, je vais les entraîner… Je range l'appartement… Je fais mes cours…
-Ils font tout ici ? C'est assez bien nettoyé…
-Euh… Voilà, oui. La seule chose que je fais tout seul c'est… Me laver.
-Ou est la salle de bains ?
-A côté de la chambre… Viens.
Ils entrèrent dans la chambre et prirent une porte sur le côté. La salle de bains était aussi grande que la cuisine. Linda remarqua le matériel posé sur et dans la baignoire, sur des planchettes suspendues au dessus.
-Je ne prends que des douches. J'ai transformé la baignoire en coin infirmerie, en cas de besoin. Pour les toilettes, le siège est dans l'encoche, là, à côté du lavabo. L'avantage c'est qu'il n'est pas visible dès qu'on rentre…
-Et tes Pokémon…
-Ils font leur toilette eux même et leurs besoins dans la litière.
-Je vois… Ils dorment où ?
-Ca dépend… Quand j'ai envie de compagnie, ils ont tous un coin prévu pour dormir dans ma chambre, mais dans la majorité des cas ils… Dorment dans le salon et la salle à manger. Estelle dort souvent dans la cuisine, elle aime bien le ronronnement du frigo.
Linda sourit.
-J'adore ton appartement.
-Ah ouais ? Enfin j'veux dire… Sérieux ?
-C'est adorable. En plus tout est fait pour le confort de tes petits protégés, je trouve ça… Chou de ta part. Ca te ressemble complètement.
Etienne sourit.
-Ouais… J'ai essayé de rendre ça confortable pour moi et pour eux… Et ça dure depuis cinq ans, bientôt six.
-Franchement, c'est…
-C'est ?
Elle approcha son visage du sien et l'embrassa. Etienne s'éloigna quelques minutes plus tard.
-Euh… Tu veux pas qu'on…
-Ouais… Je crois savoir ce que tu veux qu'on fasse.
-…. Ah ?!
-Ce que tu veux qu'on fasse tous les deux…
-……………Dheu…
-Ce que toi et moi on brûle de faire depuis des mois !
-Lindatum'inquiètesénormément,là…
-Je sais que ça te démange…
-Pas vraiment…
-Et moi aussi ça me démange !
-Mais qu'est-ce qui te…
Elle sortit un rasoir.
-Assieds-toi sur le rebord de cette baignoire. Tout de suite !!
-…. Fiouuuuuuuuuuuuu !!!….

16h00

Jennifer, Adam et les 36 autres élèves furent libérés de leur obligation envers l'Etat concernant ce contrôle continu.
-Enfin…
-Ouais, enfin. On essaie de retrouver Smirnoff ?
Jennifer inspira.
-Il doit avoir des trucs à faire de son côté…
-Avec sa Linda.
-J'aimerais pas être comme ça à trente ans.
Adam hocha la tête.
-Les adultes ont une vie bien moche.
-Ils se comportent comme des gosses ! Même Mr Heine !
Un toussotement les fit tressaillir.
-Salut les enfants…
-On s'est vu six heures aujourd'hui… Marmonna Jennifer.
-Dites… Smirnoff sait pour… Vous deux ?
Adam et Jennifer se regardèrent.
-Quel est votre diagnostic, Docteur Merridew ?
-Hmm… Transfert. L'adulte présente un fort taux de fouille-merde, et se mêle de ce qui ne le regarde pas.
-En effet, j'ajoute un Mêlez-vous de vos oignons, une indiscrétion totale et une sévère infection rectale due au fait d'avoir trente ans et de se poser des questions sur deux ados de quinze ans…
-Surement une mère taxidermiste et un père funambule…
-Oui ou alors quinze ans passés dans une cave avec des loups…
Kenneth regarda les deux élèves.
-Vous êtes… Très très forts. C'est exactement ça.
-Ah ouais ?!
-Pardon ??
-Je rigolais ! Le grand fouille-merde a aussi de l'HUMOUR !!
Il traversa le couloir et rencontra Miranda.
-Je me demande si Mr Heine a été prof…
-Pourquoi ?
-Il a l'air d'être causant avec les gens de notre âge.
Adam soupira.
-Il est CPE, Jenny.
-…Ah oui… Je suis bête, moi… C'est pour ça qu'il est aussi cool.
-Là c'est avec nous. Les élèves en général ça doit être plus relou…
-Adam, Jenny…
Kenneth revint vers eux.
-Euh… Miranda me fait vous dire qu'Etienne n'est plus là, il… Est chez lui, avec… Linda. Il vous prie de l'excuser.
Adam et Jennifer se regardèrent, abasourdis.
-Oui, je… Ferais la même tête si… Je n'étais pas aussi surpris.
-Jenny, tu veux qu'on se fasse du pognon ?
-T'en fais pas, je suis à deux doigts de l'ouvrir, cette agence matrimoniale…

Le soir venu, Smirnoff était sur le sofa, Linda allongée sur lui, en train de regarder la télévision. Smirnoff n'avait plus de barbe.
-Les Pokémon vont faire à manger ?
-Ca arrive, oui. Quand j'ai la flemme.
-Tu vas leur demander ?
-Je sais pas trop. J'ai envie de me lever pour leur servir leur repas. Ils s'occupent de moi, je leur dois bien quelques efforts moi aussi.
-Ca leur arrive de… T'envoyer balader ?
-Parfois, oui. Mais ils semblent savoir que ça pourrait être pire. Je leur demande des choses simples.
-Tu arrives à travailler avec eux autour ?
-Sans problème. Je vais dans le coin des étagères, sur la tablette qui me sert de bureau. Ils ne me dérangent pas, là, et quand bien même c'est rare qu'ils me dérangent, ils font leur vie. Mes documents sont là, dans les placards sous le comptoir. Le reste est sur l'ordi.
-Tu as une vie très vide humainement mais ici…
-Voilà. C'est mon petit empire isolé, ma Cité interdite. Linda-Li est la première ressortissante à pénétrer dans le territoire confiné.
-Y'a eu tes élèves avant…
-Ils n'ont pas vu la salle de bains et n'ont pas posé un pied dans la chambre. Et surtout ils n'ont pas testé l'écran plasma.
-Comment tu t'es payé ça au fait ?!
-Je l'ai acheté d'occase évidemment.
-Tu as eu de la chance…
-J'ai toujours eu un peu de chance. Va savoir pourquoi. Une petite étoile qui veille…
Le soir venu, Etienne s'occupait de nourrir et de coucher les Pokémon pendant que Linda prenait ses aises dans la salle de bains.
-Désolé, mais ce soir les habitudes sont un peu bousculées… Tim, ne grimpe pas sur le canapé, je le prends !
Le Scarhino fronça les sourcils. Etienne s'étonna.
-T… Timmy, comprends-moi, je peux pas… Je peux pas aller dormir avec elle.
Le Scarhino commença à faire son lit comme à son habitude.
-Nan, Tim… S'il te plait… J'ai jamais dormi avec qui que ce soit… Dans le même lit !
Erwan grogna, gêné dans son sommeil.
-Excuse-moi, Erwan… Tim, je t'en supplie prends l'autre lit !
Le Pokémon se coucha sur le canapé.
-Mais qu'est-ce qui vous arrive aujourd'hui ?! C'est parce que j'invite des gens ?!
Erwan se leva, excédé. Il regarda Smirnoff et lui fit signe qu'il était fou.
-Tu… Me trouves stupide ?!
Erwan hocha la tête. Il poussa Etienne jusque dans sa chambre ou Linda venait de se coucher.
-N… Salut Linda.
-Je rêve ou… Tes Pokémon viennent de te virer de ta salle à manger ?!
-… C'est… Le cas…
-C'est ma faute ?!
-Non, non-non ! Ils doivent… Je… Non…. Enfin bref tu me fais une petite place… ?
Linda ouvrit un pan du lit.
-Si ça peut te rassurer j'ai une chemise de nuit !
-… Ca me rassure, en effet.

Tout n'est que commencement
Depuis que le monde est monde
Avec toi je veux tout reprendre
A zéro depuis le début
Avec toi réapprendre
Partir sur des bases nouvelles
Au diable, le bien et le mal
Et les sermons artificiels
Avec toi je suis vraiment moi
Absolument moi

Le lendemain.

Le réveil sonna à 6h00 sur un air de musique classique. Etienne se réveilla dans les bras de Linda. Un peu embarrassé, il se demanda comment sortir d'une telle situation.
Linda s'éveilla doucement. Son regard croisa celui d'Etienne.
-Bien dormi ?
-Très bien…
Un premier baiser matinal tendre vint raviver un sourire chez Etienne. Il se releva. La porte s'ouvrit. Erwan ramena un plateau avec le petit déjeuner.
-Mais c'est trop mignon ça ! Il l'a fait tout seul ?!
-Erwan est un peu mon roi des fourneaux… Méfie-toi du bacon cependant… Il a la mauvaise habitude de le citronner.
Linda et Etienne commencèrent à prendre leur petit déjeuner.

Depuis la première seconde
C'est la magie absolue
Je n'attendais vraiment plus personne
J'étais tout seul, j'étais perdu
L'amour que tu me portes
Est incroyablement bon
Je me sens mieux, je me sens fort
Je n'ai même plus peur de la mort
Avec moi tu es vraiment toi
Absolument toi

8h20, arrivée d'Etienne et Linda à la faculté de Doublonville.
-Ca fait bizarre… D'arriver avec toi.
-Eh oui, Etienne, les choses changent… La vie continue !
Etienne hocha la tête. Il repéra Sherman à l'accueil.
-Tiens, v'la les amoureux. Belle soirée ?
-Oui et toi, encore tout seul au point de devoir venir me parler ? Lança Etienne.
-Etienne, voyons…
-Boh… J'suis sur que vous avez regardé la télé et fait un scrabble… Et apparemment une séance rasage en règle… Avec les pieds devant un miroir ?
-Et en quoi ça te regarde ?! Soupira Linda.
Elle repartit avec Etienne au bras.
-Simplet a réussi à s'envoyer Blanche Neige…
Linda resta interloquée mais Etienne se retourna vivement.
-PARDON ?!
-C'était un compliment…
Etienne sortit une Pokéball.
-Toi et moi, ici, maintenant !
-Quoi, d'abord les femmes et après les hommes ? T'es un rapide en plus…
Etienne sortit Erwan. Sherman regarda le singe.
-Pas les plans à trois, voyons…
-Sherman, je trouve ton comportement très déplacé ! Rétorqua Linda.
-C'est un euphémisme pour dire qu'il a été nul ?!
Etienne regarda Sherman, fixement.
-Mais… Mais qu'est-ce qui te prend ?! Hier tu viens me parler et là…
-Bah quoi ? Je suis ta Némésis, nan ? On est nés pour se détester…
Il se plaça face à Etienne.
-D'accord. J'accepte que tu laves l'honneur de ta dulcinée, comme tout bon Roméo de bas étage.
Kenneth arriva et passa entre les deux adversaires. Il vit aussi Linda derrière, exaspérée.
-Ooooh… Madeleines de Proust ! Pourquoi revenez-vous me torturer de la sorte !
-Ecarte-toi, Kenny !
-Bien obligé, le proviseur arrive…
Sherman sortit Yanmega.
-Encore ce même vieux combat…
-Erwan ! Coup Double !
Le Pokémon sauta, s'appuya sur une patte et tournoya à l'envers dans les airs, jusqu'à frapper l'insecte.
-Yanmega, Vent Argenté, et Demi-tour !
Yanmega fonça sur Capidextre, toutes ailes déployées, laissant trainer derrière lui la poudre argentée et frappant Erwan dans son aller et retour dévastateur.
-Mitra-poing !
Le coup de Capidextre atteignit Yanmega dans sa course, en pleine tête.
-Et maintenant, Façade !!
Capidextre repoussa Yanmega, fit tourner ses queues et en fouetta la libellule qui fut éjectée.
-Sonicboom !
Capidextre fut frappé par les lames soniques envoyées par la libellule.
-Queue de Fer !
Capidextre se protégea avec ses queues. Etienne s'en voulait d'avoir repris cette technique à une élève mais bon…
-Pouvoir Antique et Bourdon !
Yanmega créa un amas rocheux qu'il lança sur Capidextre. Le Bourdon accrut la vitesse et la puissance.
-Rebond !
Erwan sauta dans les airs, s'appuya sur le plafond et sauta vers Yanmega.
-Mitra-poing !
-Sonicboom !
-Blizzard…
Les deux Pokémon se retrouvèrent gelés. Etienne et Sherman virent le proviseur Hadley accompagné de son Marcacrin, Praline, suivi par Linus et Miranda.
-Messieurs, les combats entre professeurs sont interdits en dehors des cours liés à la technique de combat.
-Je suis prof de stratégie ! Assura Etienne.
-Et moi d'apprentissage de techniques ! Rétorqua Sherman.
-Vous êtes dans le hall d'Accueil de la faculté… Ce genre de combat est interdit sans mon autorisation, et je ne la donne jamais. En plus tout le monde vous regarde ! Séparez-vous, je vous en prie.
Etienne rappela son Capidextre tandis que Sherman rappela Yanmega.
-Ce n'est que partie remise, Smirnoff.
-J'y compte bien, Cumberdale !
Etienne se tourna vers Linda qui était toujours là.
-Dheu… Désolé… J'ai réagi comme un gamin…
Linda sourit.
-Je retiendrais juste le fait que… Tu aies réagi. A plus tard !
Elle s'éclipsa. Adam et Jennifer arrivèrent avec la masse d'autres élèves.
-Bonjour M'sieur !
-Ouaaaaah ! Ca vous va bien !
Elle lui frotta son visage nu, ce qui provoqua un mouvement de recul chez lui.
-Bien dormi ? demanda Jennifer, malicieuse.
Etienne hocha la tête.
-Et toi, toujours raide dingue de ton colocataire ?
-Mon colo…
Elle regarda Adam, surprise. Etienne partit en ricanant.
-Ils croient tous qu'on est ensemble, c'est du délire…
-On n'est pas ensemble ?! S'étonna Adam.
Elle le regarda, surprise.
-Je plaisante, oh…
Elle le frappa gentiment.

Le proviseur Hadley s'assit pour la cinquième et dernière fois derrière le pupitre.
-Bien… Avant tout je tiens à féliciter tous les élèves pour les examens précédents qui se sont déroulés sans accroc majeur, ainsi que les professeurs pour avoir joué un rôle d'encadrement prolixe et important dans le cadre de cet évènement majeur…
« Ca dépend des cas… » Songea Adam.
-La dernière épreuve et non des moindres, va consister en une épreuve orale, de 40 minutes. Au cours de ce laps de temps vous serez interrogés sur trois sujets distincts : Ce que vous avez appris durant ces trois mois, le mémoire que vous avez écrit en 4e et 5e année, et enfin une question sur votre avenir.
Jennifer soupira.
« Ca va être barbant… »
-Pendant ce temps, les professeurs vont avoir droit à une réunion de clôture des examens qui va aussi leur permettre de connaître la note du contrôle continu de leurs élèves.
« A-t-il dit Réunion de Torture ou de Clôture ?! » se demanda Smirnoff
-…Ainsi que l'instauration de Mr Winchester au titre de proviseur, car… Votre serviteur prend sa retraite dès ce soir.
Le proviseur fut applaudi par les professeurs sauf par Smirnoff.
-Minus en proviseur ?!! Oh noooooon………

-Mr Hadley, vous ne pouvez pas faire ça !
-Etienne, je vous salue également…
-Enfin… Vous étiez un chic type quand je vous ai connu à Clémenti ville, j'espérais retravailler pour vous…
-Désolé, Etienne… J'ai 71 ans… Il est temps que je parte.
-Vous ne pouvez pas mettre Min… Mr Winchester à ce poste ! C'est le doyen le plus peau de vache que j'ai jamais vu ! Il me déteste !
Hieronymus essaya de se souvenir.
-Oui il me semble que vous n'avez jamais eu de très bons rapports…
-Vous voyez !
-Ecoutez, Etienne : Faites passer une loi qui exauce tous vos désirs et je virerais Linus.
-Vraiment ?! Vous me donnez un délai ?
-Non ! C'était une plaisanterie !
Il partit en soupirant. Etienne se mit à faire la tête.
-J'aurais au moins pu essayer avec un délai…

-Tu étais au COURANT ?
-Tes bonjours ont le goût de tacos desséché, Etienne…
Kenneth s'assit dans son bureau.
-Enfin, Kenny, tu… Tu savais que le vieux Hadley partait et tu ne m'as rien dit ?!
-C'était bien avec Linda ?
Smirnoff fixa Kenneth.
-En quoi ça te…
-Bah il paraît – Enfin j'ai lu dans la Dépêche du Doublon de ce matin – Qu'on était amis, et j'ai été voir sur Wikipédia…
-Tes vannes sont longues et chiantes… Souffla Smirnoff.
-Et sur Wikipédia à Ami il y a marqué… Personnage de Sailor Moon ?!
-Tu as encore réglé Wikipédia sur Hentai-Mode ? Ou alors tu cherches encore des poupées gonflables sur EBay…
-Jonathan du service Informatique va encore me tuer… Sinon, alors, raconte ! Ca s'est bien passé ?
-Qu'est-ce qui s'est bien passé ?!
-Bah elle, chez toi… Si tu fais avec tes Pokémon ce que tu faisais déjà dans ta chambre chez tes parents à Mérouville, elle a dû s'amuser… Pauvre Erwan, obligé de te ramener de quoi grignoter en permanence…
-Elle trouve mon appartement sympathique… Et qu'il me ressemble.
-Et que ton manteau sent bon le lin, et que tes yeux sont magnifiques et que tu cuisines bien les burritos… En tout cas ça fait du bien de te voir sans barbe !
-Throoo… Je la soupçonne d'avoir commandité ça avec toi… Terroristes capillaires va !! Grogna le prof.
-Tu es heureux ?
Etienne regarda Kenneth, surpris.
-C'était une question, Etienne…
-Je sais… Je cherche… Hier j'étais heureux. Elle… Elle semblait toute contente, et ça m'a fait plaisir… Enormément…
-Donc tu as été heureux !
-Alors pourquoi maintenant ce n'est plus le cas ?
-Pardon ?
-Je croyais que le bonheur c'était un truc super, qui durait tout le temps…
-Tu veux que je sorte la notice d'usage ? Alors… Bonheur…. Ne pas approcher d'un jerrican d'essence… Ne pas agiter devant un enfant de moins de 36 mois…
-Je croyais que d'un coup je comprendrais ce que disent les chansons d'amour insipides qui passent à la radio…
-Eviter de conduire après l'avoir expérimenté… Malheur sur la famille si c'est trempé dans la moutarde…
-Et en fait là je ne me sens pas différent du tout ! Je me sens comme avant, pas heureux !
-Ah, VOILA Le passage qui nous intéresse…
-Tu feuillettes un traité de gynécologie… Féminin… Concernant les Kangourex… Atteints de problèmes de fécondité ?! C'est quoi la métaphore ?!
Kenneth prit ses lunettes de lecture et son air le plus obséquieux :
-Le bonheur se CULTIVE. Telles les tomates, le maïs et les petits-pois, un entretien régulier et nécessaire du bonheur aide à sa durée, sa vigueur et à sa bonne forme. Voir aussi : Frolic, Canigou, Toutou-Miam.
Kenneth referma le livre.
-Donc tu me conseilles d'acheter des croquettes ? Conclut l'ex-barbu
-Je te dis simplement qu'un shoot ne suffit pas. Il faut garder le sachet à côté.
-Pourquoi une métaphore sur la drogue fonctionne mal avec toi… Que je réfléchisse… Marmonna Smirnoff
-Linda n'est pas un sachet de dope, ce que je veux dire c'est que, tu ne dois pas t'attendre à ce qu'un après-midi et une soirée suffisent à te combler…
-Nuit, nuit…
Kenneth se leva.
-Vous avez passé la NUIT ensemble ??? Carrément ?!
-Bah évidemment !
-Dans le même lit ?
-Non, j'étais au plafond ! Ironisa le prof
-Mon petit Etienne est devenu un homme ! Mazeltov !
-T'es pas juif…
-Toi non plus alors tais-toi ! Etienne ! C'est génial, enfin tu sais ce que c'est que…
-Non ! Non, je t'arrête TOUT DE SUITE ! Pas ça ! Rien de tout ça !
-…..
-Quoi ? C'est quoi ce regard ?!
-Rien, je commence à me demander si tu n'es pas.... Idiot…
-Toi t'as téléphoné à mon Capidextre cette nuit… C'est la femme que j'aime, on ne va pas faire ça bêtement un soir avant de se séparer !
-C'est une jolie manière de faire… Très romantique !
-Pourquoi c'est aussi important ?! De le faire, je veux dire ?
-T'es sur d'être un homme, toi ?
-Kenny, je te signale que tu es logé presque à la même enseigne, je dis presque parce que je ne veux rien savoir de ce qui se passe avec Super Morue…
-Super morue ?!
-Il paraît qu'elle a un nom, j'ai lu ça sur Wikipédia en mode Poissonnerie / Sujets relatifs à Bob l'Eponge
-Tu parles de Miranda en ces termes ?!
-Je l'aime pas ! C'est pas une fille pour toi, Kenny !
-Si tu ne l'aimes pas c'est pas une fille pour moi… Conclusion : Je dois épouser Linda alors… Ou Jennifer… Tu aimes bien Nathalie, j'me souviens plus ?
-Tu mérites une femme aimante, qui te fera des petits gâteaux, qui sera aux petits soins pour toi, qui saura répondre à tes attentes, qui saura te réconforter…
-C'est terriblement chiant…
-Qui te plaise…
-Elle me plait !
-Ou alors tu mérites un homme…
Kenneth s'agenouilla.
-J'ai toujours attendu ce moment, Etienne chéri !
-…. Relève-toi, t'es ridicule !
-Pas plus que toi ! Pourquoi tu ne l'aimes pas ?!
-Elle est agressive, véhémente, belle, acerbe, lunatique…
-J'ai vérifié son casier judiciaire, aucun enfant à sa charge n'a disparu dans la période 1997-1998… Ce n'est donc pas ton clone maléfique venu du futur ! Soulagé ?
-Et surtout elle t'accapare !
Kenneth écarquilla les yeux.
-Mais enfin Etienne, j'ai une vie ! Je… J'ai le droit d'avoir une vie ? En dehors de la tienne ? Tu sais ce que ça me coûte d'être ton ami avec ton caractère de cochon ?!
-Rien du tout, des clopinettes…
-Les gens parlent sur moi, me dévisagent, m'évitent…
-Tu t'en fiches…
-Ils s'arrêtent de parler quand j'arrive…
-Tes collègues ici te respectent…
-Linus va passer proviseur, et depuis qu'il sait qu'on est amis, il m'a houspillé dessus à trois reprises pour que je vide mes poubelles !
-Je croyais que ça te passais au dessus…
-Avec Miranda, j'ai… J'ai enfin un équilibre. L'équilibre que je cherche depuis… Dix ans, au moins.
-… Tu n'as rien perdu, toi, il y a dix ans. Et je t'ai déjà dit que…
-… Il y a dix ans…
Kenneth prit un air grave. Il se rassit à son bureau.
-Oh non…
-Il y a dix ans, Etienne, j'ai témoigné devant la cour administrative qui passait ton jugement.
-Kenny, non, je…
-J'ai réfléchi toute la nuit à ce que j'allais dire. J'ai pleuré, j'ai failli m'évanouir, j'ai pris des notes… J'ai bu tellement de café que j'ai demandé à ma secrétaire d'appeler les urgences si elle me voyait tomber. Chaque seconde paraissait des heures…
-…
-Le lendemain, je suis arrivé, grave, les yeux gonflés par la nuit blanche et peu serein au tribunal administratif… Et j'ai raconté des trucs horribles sur mon meilleur ami. La personne envers qui j'avais le plus d'estime au monde. J'en ai été malade au point que… J'ai été vomir après, parce que ce que j'ai dit là-bas… C'était… Des mensonges ignobles, mais je voulais qu'ils me croient ! Qu'ils me croient quand je leur disais que je te détestais ! Que tu étais un enfoiré de première catégorie !
Etienne regarda Kenneth qui laissa les larmes l'envahir.
-Tout ça… Pour que je puisse grimper des échelons. Me faire « poser un CV en or » comme tu l'as si bien dit…
-Kenny…
-De cette façon, je savais… Je savais que tu serais dans la merde… Que tu allais souffrir… Souffrir à en crever, et que tu m'en voudrais à mort… J'ai passé cinq ans à être malheureux pour toi, à m'inquiéter pour ta santé mentale… En 99 je me suis fait déclarer en dépression à l'hôpital du Sacré-Cœur de Mérouville… Je suis sous anxiolytiques depuis bientôt dix ans... Je voulais te le dire, je voulais te dire que j'avais témoigné contre toi pour me mettre en position de te protéger ensuite, mais si jamais tu avais su, tu aurais essayé de tout résoudre par toi-même et tu aurais été disgracié, tout mon plan serait tombé à l'eau… Je voulais que tu remontes la pente… Mais au bout de cinq ans, j'ai réussi le tour de force de t'obtenir une mutation à Doublonville, j'avais pris tous les arrangements, au péril de ma propre carrière, mais j'ai réussi… Et quand j'ai commencé à apprendre, un an après que tu avais été quelque peu content d'habiter et de travailler ici… Si tu savais comme ça m'a fait chaud au cœur…
Etienne était en train de pleurer, immobile. Il secoua la tête.
-T…T…
Il se reprit.
-Tu es complètement fou ! Pourquoi ?!
-Mais parce que tu es mon ami ! Mon meilleur ami ! Je savais que si tu perdais ton travail de professeur tu ne l'aurais jamais supporté, tu te serais… Foutu en l'air, j'en suis sur !
-Tu aurais du me le dire… Je t'en ai tellement voulu… Alors que tu as juste… Voulu m'aider…
-Je sais… Mais… L'important c'est que peu à peu tu aies recollé les morceaux… Bientôt tout ira bien pour toi. Tu verras.
Ils pleurèrent l'un en face de l'autre. Etienne saisit la main de Kenneth qui était écroulé sur le bureau, en larmes.
-Merci, Kenny. Pour tout…
-Sniff ! Regarde-moi ça ! Deux trentenaires en larmes dans un bureau !
-On appelle une strip-teaseuse ?
Ils ricanèrent et échangèrent des regards de gratitude, de complicité, et d'amitié que seuls deux amis véritables et sincères pouvaient se donner.

…

-Bien. Nous avons parlé de votre mémoire sur la médecine d'urgence…
Adam était face à l'examinateur.
-Dernière question : Comment envisagez-vous l'avenir ?
Adam hocha la tête.
-L'avenir, je le vois… Pavé de bonnes intentions, mais très pervers. Quand je pense à l'avenir, je vois des chemins faciles et des chemins compliqués. Je pourrais être un grand dresseur, ou travailler comme charpentier comme mon père, ou infirmier comme ma mère… Et moi je voudrais juste être un des maîtres Pokémon, riches et solitaires qui parcourent le monde à la recherche d'adversaires puissants et de trésors rares… Et puis récemment j'ai réalisé que personne ne décidait réellement de son avenir. On peut être beau, belle, intelligent, intelligente, on reste un enfant qui ne sait toujours pas ce qu'il va faire ne serait-ce que dans une minute, une seconde… Alors, pour bien vous répondre, j'envisage l'avenir sereinement, mais pas surement. Disons que j'ai ma petite idée, mais… Comme les vœux devant les bougies d'anniversaire, si j'en parle, ça ne se réalisera pas.
L'examinateur hocha la tête et prit des notes.

-…Le temps de cuisson reste un atout majeur et personnellement l'ajout de lait est une idée plaisante tant au goût qu'à l'odeur.
L'examinatrice de Jennifer, une très vielle dame, acquiesça.
-Très intéressant… Les mémoires sur la cuisine sont très nombreux, pour ne rien te cacher, et celui-là est particulièrement intéressant.
-J'ai trouvé que Cuisine c'était trop faible, alors j'ai chois « Cuisine et comportement des Pokémon ».
-C'était fort intéressant…
Jennifer savait que malgré ces phrases rassurantes, elle risquait le 5 ou le 8 à tout moment.
-Bien, Mademoiselle Scoresby, comment envisagez-vous l'avenir ?
Jennifer réfléchit.
-J'évite de l'envisager. Quand je pense au futur, j'ai comme un… nœud glacé qui se forme dans mon estomac. Et j'ai mal à la tête aussi, et je sens le désespoir m'envahir… Parce que je n'arrive pas à l'envisager. Pour moi, l'avenir ça peut s'arrêter demain, là en sortant de cet oral, ou tout de suite si le plafond s'écroule. Je ne dis pas que je suis en permanence sur le qui vive, mais… Je n'arrive pas à me projeter dans le futur. Tout peut être si différent… Si injuste… Parce qu'on peut avoir un avenir qu'on ne mérite pas, être… Sali, être avec quelqu'un qui ne vous aime pas, ou devenir junkie, SDF… Ca peut devenir très moche. Alors je me raccroche au jour d'avant et au jour d'après, comme un enfant qui traverse une échelle horizontale à bout de bras. Et je ne dis pas tout ça pour faire une jolie réponse, ou pour mal me faire noter, mais parce que je le pense, et que la vérité entre les gens, c'est important… Même si en sortant je vais oublier votre visage.
L'examinatrice resta sciée par le ton de la jeune fille.

-Monsieur Pentwell, nous avons fini de parler de votre mémoire sur l'entrainement musculaire des Pokémon… Sujet qui m'intéresse assez peu je vous l'avoue…
Daniel leva les yeux au ciel.
-Bien, passons à la dernière question : Comment envisagez-vous l'avenir ?!
-Bruyant, loin, terrible, effrayant et sale.
Il s'arrêta. L'examinateur s'étonna.
-C'est tout ?
-Je comprends pas le but de cette question.
-C'est juste à titre informatif…
-D'accord… Pour votre information, à mon âge, un bel avenir c'est comme la paix dans le monde : On la voudrait mais quand à se bouger vraiment pour l'avoir, c'est une autre paire de manches. Je voudrais un bel avenir, mais je ne sais pas si je suis prêt à m'y investir à fond. Mais ce sera bruyant, très loin dans le temps, difficile à atteindre, pas très engageant et forcément les mains seront tâchées de sang. Le sang de qui, je ne sais pas. Le mien, peut-être.
L'examinateur resta interloqué.

-Et c'est aussi pour ça que les vêtements doivent être assortis à la couleur de votre Pokémon !
L'examinateur l'arrêta.
-Stop… Merci bien. Votre mémoire sur le stylisme fait… 162 pages… sans compter les annexes et les deux pages de bibliographies…
-Je suis très expansive ! C'est mon gros, gros défaut !
Clarissa était enthousiaste à l'idée d'avoir parlé de sa passion.
-Une dernière question… Et pas des moindres… Et vous avez cinq minutes…
Clarissa ricana.
-Comment envisagez-vous l'avenir ?
Clarissa baissa la tête.
-Je vis avec des mauvais pressentiments en permanence. Je suis quelque peu… Pessimiste, quand je ne parle pas de ce qui me passionne. Quand à savoir ce que je pense du reste, je ne vois pas de bonne fin à tout ça. Je fais des robes pour mes poupées, je fais des stages dans des ateliers de couture… Je ne vois pas ce qu'il y a autour, et je peine à voir une échappée, une éclaircie vers de meilleures choses dans ce qui n'est pas ce qui m'intéresse. Alors l'avenir… Que ça reste pareil que maintenant, et tout sera très bien.

-De la même façon, « X » Puissance (Maturité de la charge + Impulsion magnétique basse fréquence) est la donnée majeure qui entre en compte lorsque l'agent combustible froid qui provoque l'attaque électrique se range en inconnue systémique, multipliée par la gravité et la force du vent, avec une hygrométrie faible.
L'examinatrice se frotta le visage, fatiguée et larguée.
-D'où… D'où vous est venue l'idée de faire un mémoire sur la physique quantique des attaques spéciales ?!
-C'est le seul sujet qui m'intéressait, marmonna Richard.
Elle regarda le mémoire qui contenait 32 pages de texte en blocs sans images et pria pour le salut du correcteur de ce truc.
-Co…
Elle se frotta le front pour retrouver ses esprits après vingt minutes de baratin physique.
-Comment… Envisagez-vous l'avenir.
Richard hésita.
-Hmm… Cool ?
-… C'est tout ?! Vous êtes intarissable sur un sujet qui relève de la dernière année de faculté et vous… n'arrivez pas à exprimer un avis sur l'avenir ?
-Franchement, qui a un avis sur l'avenir ?
-….Vous… Avez des projets ?
-Non.
-Un but ?
-Non plus.
-Que… Comptez-vous faire après cet examen ?!
-Attendre les résultats.
-A plus long terme ?!
-… Retourner en cours.
-… Et après ?! Votre métier plus tard ?!
-… Vous saviez, quand vous aviez mon âge, que vous feriez examinatrice d'oraux à des examens de Sixième année d'académie préparatoire ?
-………Vous…. Vous pouvez sortir… Merci.

-Mademoiselle Kane, votre mémoire sur… Les traditions funéraires des humains et des Pokémon est… Plutôt bon…
-Oui, j'étais jeune et innocente…
-Les illustrations sont…
L'examinateur tourna rapidement les pages, dégoûté.
-Jolies…
-J'ai bon goût, paraît-il.
-Euh… Je suis censé vous poser la dernière question… Comment envisagez-vous l'avenir ?
-Génial. Je sens que dès demain, j'aimerais l'odeur des fleurs, le coucher du soleil, les aurores boréales, les chansons d'amour, le temps des cerises, les films romantiques, les romans à l'eau de rose, les musiques zen, le sport à la télé, les séries, le sexe, le gazouillis des oiseaux, le souffle du vent chaud sur mon visage, la nudité, les beaux garçons, les habits d'été et d'hiver, les amis et les copines qui dinent avec vous sur une terrasse en plein été, les champs de coquelicots qui luisent au soleil, le goût des fraises…
Elle regarda l'examinateur, médusé.
-Je plaisante, évidemment.

Linus vint voir les examinateurs qui se reposaient en salle de réunion. Il prit son inhalateur et se tira une bouffée.
-Ca va ?! Les élèves ont réussi ?!
Les examinateurs soupirèrent.
-Si l'examen était encadré médicalement, on aurait pu faire un bon nombre de prescriptions de prozac…
-Comment ça ?

…

-Et c'est ainsi que nous conclurons cette conférence de clôture de l'examen. Les résultats seront rendus publics le 15 décembre 2008 dans le centre culturel du Bourg Geon ou seront également remis les diplômes, à partir de 14 heures ce jour là. Mesdames et messieurs, je vous souhaite donc…
-Attendez !
Kenneth, Eddy, Miranda, Hieronymus, Marielle, Linus et Jonathan observèrent Etienne qui s'était levé.
-Désolé tout le monde, j'adore me lever de manière impromptue en pleine conférence, ça me botte…
Kenneth secoua la tête en souriant.
-Euh… Monsieur Hadley… Au terme de cette conférence, vous allez… Partir en retraite, et je tenais à dire, même si tout le monde ici n'a pas eu la chance de faire partie de cet établissement, que… Vous nous manquerez, et je crois que tout le monde sera d'accord pour dire que vous avez très bien géré cet examen d'un bout à l'autre.
Applaudissements pour le proviseur. Etienne se rassit, évitant une syncope à Linda qui était à côté de lui.
-A chaque fois que tu te lèves j'ai l'impression que tu vas dire une bêtise…
-J'ai plus de barbe, je peux plus balancer mes super vannes, tu m'as coupé le moteur !
-Bah voyons…
-Merci… Merci beaucoup, professeur Smirnoff, c'est un hommage très… Etonnant de votre part…
-J'ai oublié ma sarbacane ! Se justifia le prof de stratégie.
-Sur ce… Rendez-vous le 15 décembre pour la remise des diplômes.

Etienne et Linda se regardèrent, devant la porte de la faculté.
-Eh bien voilà… Je vais aller rendre ma clé à l'hôtel et repartir à Hoenn. On se reverra le 15 décembre…
-J'y compte bien. Et l'année prochaine, de toute façon.
Linda sourit.
-Tu as l'air tellement… Heureux !
Etienne hocha la tête.
-Oui je le suis… Un peu plus qu'avant.
Elle sourit de nouveau.
-A plus tard, Etienne. J'espère que le quinze, nous aurons tous les deux de quoi faire la fête… Concernant les résultats de nos élèves.
Elle partit sous le regard couvreur d'Etienne.
-Tu la reverras.
Il se retourna vers Kenneth.
-Tu la revois toujours.
Il était avec Jennifer et Adam qui se serrèrent contre lui.
-Mince, Kenneth, des jumeaux… Trouvons-leur vite des prénoms !
-Pourquoi pas Patsy et Edina ?
-Vous nous manquerez, m'sieur ! Soupira Adam.
-Vous trouverez un autre vieux monsieur grincheux à rendre bon et gentil… Ou un ours… C'est pareil !
Jennifer le regarda en secouant la tête.
-Vous êtes un vieux fou, pas un vieux grincheux !
-Rentrez chez vous et n'ayez crainte pour les exams.
-Vous avez nos notes aux contrôles continus ?! Demanda Adam.
-Oui… 16,72 pour Jenny et 14,44 pour toi.
-Ca va…
-Tu t'en sors toujours mieux !
-Eh oui qu'est-ce que tu crois… Je suis une fille !
-Bon on y va sinon on va rater le bus !
Etienne regarda en souriant les élèves partir.
-Au revoir, M'sieur !
-A plus tard !
-Salut les enfants !
Etienne et Kenneth soupirèrent.
-Bon. Tu viens chez moi et on s'amuse à jeter des miettes de pain du haut de mon balcon sur les gens qui passent ?
-Ou alors on peut regarder la saison 12 de Urgences…
-Oh non… Kenny tu regardes toujours ça !
-C'est marrant !
-Franchement ? Depuis qu'il n'y a plus le staff de départ c'est pourri !
Ils partirent joyeusement à travers les rues de Doublonville, insouciants et fêtant leur amitié retrouvée.
-Et toi, comment tu l'envisages, l'avenir, Etienne ?!
Il sourit.
-Sans nuages.
-Il parait que les ¾ des élèves ont un profil de psychotique…
-Non ? Ils ont deviné ça avec les oraux ? Suffisait de voir la tête des profs le jour où on est arrivés ici !
-Oh toi alors !