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Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   



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[Texte] Boîte
Bonsoir !

Quand le dernier article à l'accueil des blogs date de dix jours, c'est intéressant de ressortir un texte inachevé de ses dossiers pour le bâc- finir et le poster. Ça parle de deux personnages qui habitent la Rue de la Quarantaine décrite plus tôt dans le blog, que j'avais dû déjà introduire il y a plus ou moins longtemps, mais comme je ne sais plus en quels termes, je ne donne pas plus d'informations (logique évidemment). Ce texte date donc d'il y a un mois à peine, ses phrases sont trop longues, et il saura rappeler quelque chose à mes visiteurs aguerris. Je crois que c'est un bon résumé.

S'il y a des gens qui lisent, bonne lecture !



Quatorze heures dix.

La pièce est évidemment plongée dans l’ombre.

« Élise. »

Une ombre chaude et enveloppante s’efface devant deux sources lumineuses : une fente dans le volet déverse timidement son propre éclat doré, tandis qu’une bougie souligne, sur un bureau, les contours de petites étagères. L’obscurité flotte dans l’air confiné en compagnie d’un quasi-silence et d’une indélogeable odeur de caféine. La déambulation de ces trois visiteurs est limitée par cinq murs rapprochés et quelques meubles, notamment un lit, un bureau croulant de rangements en désordre, un énorme oiseau bête en peluche et une commode de bois peint. On n’en distingue pas grand-chose. Il fait bon, d’un air qui suggère que la fenêtre a été ouverte plus tôt dans la journée.

« Élise, j’ai une idée. »

Au-dessus de la bougie et d’une main suspendue fermée sur un stylo, le visage de Lucia s’est tourné vers l’arrière. Sous cette faible lueur, ses traits pointus se découpent plus doucement, ses yeux noirs déjà grands lui mangent toute la figure, brillants, tout au fond, du reflet de la flamme. Allongée sur le matelas, l’interpellée papillonne sans bouger plus que les paupières, s’accoutume aux ombres puis se redresse :

« Vas-y ?
— Alors oui en fait (la chaise de la jeune femme passe sur deux, puis un seul pied, puis entame une rotation maîtrisée sur elle-même alors que les doigts de sa propriétaire se cramponnent au bord du bureau). Comme d’habitude, je ne sais pas trop si ça marcherait. Je pensais à une boîte, en carton ou peut-être en bois, tiens, avec une fente, comme une boîte aux lettres, mais des lettres qui seraient adressées à personne par tout le monde. Attends, je m’explique. En fait, les gens mettraient là-dedans des anecdotes sur eux. Enfin, des trucs. Par exemple si quelqu’un a tendance à faire craquer ses doigts très souvent alors que ça agace ses connaissances, il l’écrit et il le met. Si quelqu’un aime observer les gens. Si quelqu’un, je sais pas, si quelqu’un aime la sauce tomate. Ou les chiens. Enfin pour dire que ça pourrait être n’importe quoi. Des trucs sur eux en fait, oui. »

Elle s’arrête pour faire tourner son stylo sur la table en y portant son regard. Élise écoute attentivement tout en faisant de son mieux pour s’adosser au mur.

« Et on récolte nous-même les messages, ou ?
— Ou on laisse les gens en laisser et en prendre, je ne sais pas trop. Dans le premier cas, il faudrait un système de cadenas peut-être, ou juste une fente si on fait confiance aux passants pour ne pas se barrer avec la boîte ou piquer des papiers. Il faudra aussi trouve une boîte d’ailleurs. Dans le second cas, ce serait plutôt un bac sans couvercle. Ou un fil avec des pinces à linge. Ou. Je ne sais pas. »

Elle se tait. Élise se redresse entièrement.

« OK. Oui. Complètement. »

Son expression est devinable à son seul ton : des yeux un peu écarquillés, les sourcils hauts et l’ensemble agité d’un léger hochement de tête convulsif.

Cela signifie qu’elle est particulièrement enthousiaste parce qu’elle trouve l’idée particulièrement bizarre, brillante et stupide. Elle se lève donc et quitte la pièce :

« Je vais voir ce qu’on a comme boîtes !
— Y’en a dans le jardin et le placard du milieu du couloir ! » répond Lucia plus fort en entendant déjà les pas rapides de sa comparse dans l’escalier de bois.

Restée seule dans le noir dilué par l’ouverture de la porte, elle reste un instant pensive, puis repose la pointe de son stylo sur un bloc de post-its bleus sauvagement effeuillé en permanence. Ce n’est que la seconde idée de la semaine.
Article ajouté le Vendredi 01 Février 2019 à 20h55 | |

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