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Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   



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[Texte] Rue de la Quarantaine
Je me suis brutalement souvenue de ce petit truc, écrit avec quelques autres durant mes terribles vacances. Je réfléchissais à ce moment à un projet dont je n'ai plus parlé depuis longtemps, pour l'excellente raison que je l'avais complètement oublié : le nom de code en était "Chaussette", et j'ai réalisé il y a peu que les bases que j'en avais pouvaient et s'inscrire dans le début d'univers que je construis, et représenter une histoire qu'il me plairait d'écrire. Je garde ça dans un coin de ma tête en espérant glisser de temps en temps un texte dans le dossier éponyme.

Beaucoup disent aimer mes descriptions, et ce sont effectivement des passages que j'adore écrire et dont je suis assez contente en général. Cependant, ces derniers temps, j'ai souvent l'impression qu'elles sont trop complètes pour être agréables, trop précises pour laisser au lecteur la liberté de s'imaginer librement les choses, trop cadrées pour, finalement, aider à une représentation instinctive d'un lieu donné. J'espère que celle-ci n'est pas trop dans ce cas, mais je vais essayer de travailler ça.
Je trouve aussi cette description-là un peu monocorde au niveau du rythme...



Plus qu’une rue, c’est un escalier coincé entre deux murs en pente.

Du bas, cette rue débouche sur une artère plus grande en un passage assez sombre à première vue, un passage dont on ne voit que des marches grises escarpées et parsemées de plaques d’égout pour peu de ne pas lever la tête. On le remarque à peine.

Du haut, on soupçonne déjà mieux la couronne de lilas qui s’affaisse sur la venelle, le soleil qui y filtre pour glisser sur le sol en taches orangées, et la lumière que ça dégage. En plus de cela, les marches qui descendent engagent davantage le passant à s’y risquer.

Lilas ou non, de toute façon, une petite rue dans la montée, ça s’emprunte bien mieux en descente. Cela tombe bien : surplomber cette rue dès l’entrée laisse le loisir de l’apprécier.

Elle se sépare en deux moitiés : à droite, les marches occupent la plus grande part de largeur. En béton gris usé, elles ploient un peu en leur milieu, et sont proportionnées de manière à faire pester l’arpenteur (un peu trop longues, pas assez hautes), mais sans doute pour l’esthétique.

À côté, à gauche, s’étend une large bande plate un peu en contrebas, une gouttière marbrée de rayures régulières, transformée en torrent par temps de fortes pluies. Sèche pour le plus souvent, elle est trop abrupte pour être pratiquée — à moins d’enfants aventureux — et collectionne ainsi les paquets de feuilles mortes, ou de bonbons, ou de ficelles de provenances mystérieuses. Au-dessus, quelques passerelles au mieux de béton fissuré, au pire de planches bancales, relient les escaliers à des portes déglinguées sur le mur opposé.

Le mur de gauche change souvent de couleur et de revêtement, tantôt brun, tantôt crème ou blanc cassé, voire seulement en mauvais état. Les portes semblent donner sur des jardins pour la plupart, ce qui ouvre le ciel du passage, bouché malgré tout par quelques immeubles hauts en contre-plongée — qui, pourtant, ne dépassent pas les trois étages.

Le mur de droite ne s’arrête que plus loin vers le ciel, uniformément gris, et sans porte : il semble protéger une grande propriété, se dira le premier venu, mais les grandes propriétés sont rares dans ce coin de la ville. Le mystère plane donc… comme les effluves de feuilles qui émanent de derrière ce mur.

Cet ensemble est passablement sale. La présence de végétaux au-dessus d’une grande longueur de rue y est pour quelque chose : les feuilles et brindilles s’amoncellent dans tous les coins pour pourrir tranquillement, du lierre, en sale état, lézarde tous les murs. Ce n’est qu’une contribution aux saletés habituelles d’un coin de rue un peu sombre, dans une ville pas spécialement propre. Mouchoirs, sacs plastiques et trucs pas très identifiables se battent en duel dans les recoins avec leurs camarades d’infortune biodégradables.

Au bas d’un mur néanmoins, quelqu’un a eu le goût, pour contrebalancer, de peindre une grande fleur colorée près d’une touffe d’herbe qui dépasse.

La voûte de verdure agrémente donc l’espace d’une fraîcheur et d’une odeur agréables, le lilas est joli même par ses seuls pétales tombés au sol, et parfois, les logements proches gratifient le passage de gammes de piano appliquées ou d’airs des années 70.

Ainsi, il est sympathique d’y passer à moins d’une crue de gouttière, et sympathique d’y vivre pour peu d’aimer les fleurs.
Article ajouté le Samedi 12 Janvier 2019 à 18h58 | |

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