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Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   



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[Texte] Intégration volcanique #15
Chapitre précédent


Il avait dit à Arcanin d'aller retrouver Auguste, auprès de qui il serait plus utile à l'île. Lui devait sauver Rose, il pouvait la porter et filer.

Que les Limagma restent dans l’institruc le plus longtemps possible... Dwight courait de toutes ses jambes ou pattes, ce n’était plus très important à présent. Il n’était ni humain ni Pokémon, en fin de compte, une pâle copie de chaque, un mauvais croisement ; plus tout à fait complètement l’un ni tout à fait entièrement l’autre, il n’était légitime nulle part. Toute considération sur son avenir vite envolée, il se contentait de courir. La sauver était primordial, qu’importe qui s’en chargeait, et si c’était un imposteur.

Et puis, il fallait qu’il lui explique.

La course était éperdue. Sa jambe blessée boitait en dehors de sa volonté, et exagérément ; le sol accidenté se balançait au gré des convulsions de l’île, imprévisibles et saccadées, Dwight ballottait son corps dans un monde de mouvements violents dangereux. Au plus vite. Rien n’était net, rien n’était stable. Les grondements sourds emplissaient l’air de fumée, irrespirable, d’un gris nocif. La chaleur lui brûlait les joues, lui brûlait les membres, faisait fondre des muscles tendus à en claquer. Il ne respirait plus, ou ne s’en rendait plus compte. L’air était saturé de poussière et poisseux. Le seul point de repère était Rose, qu'il serrait contre lui à toutes pattes... griffes ?

Sa tête pendante au bout d’un cou sans volonté lui fit peine à voir. Il la recala un peu, trébucha et continua.

Il ne savait pas trop où le portaient ses pattes. Loin. Il connaissait bien l’île, quant à la reconnaître… mieux valait longer la mer pour retrouver Auguste, mais où était la mer ? Il tomberait bien dessus. Dedans, même, il espérait. La chaleur était trop forte, captée par sa fourrure.

Le mot ‘’drame’’ lui tapait dans la tête comme une mauvaise migraine. Il ne se souvenait déjà plus de l’exacte définition, mais ça lui paraissait bien pour désigner la situation. Peut-être que quelqu’un le filmait en ce moment pour qu’on suive son aventure sur un écran blanc dans une salle noire, qu’il se disait dans un instant de naïveté. Ça rendrait peut-être les spectateurs empathiques. Ce serait plutôt bien.

Les pierres roulaient tout autour, mais la fumée se faisait un peu moins âcre, un tout petit peu. Il ralentit en faisant signe au Pokémon Feu, s’arrêta un instant, et reprit. Il ne sentait plus ses muscles, peut-être avaient-ils bel et bien fondu. Il procédait à présent en regardant le sol, devant lui, il se donnait toutes les quelques foulées un point de repère à atteindre : il pourrait ne plus rien sentir, être à deux griffes ou moins de s’écraser au sol, mais il atteindrait ce caillou-là. Puis cette touffe d’herbe. Puis ce bout de tôle qui traînait plus loin. Il progressait ainsi. Toujours aussi vite, malgré le poids, le sol…

***
…Le sol n’était pas droit. Rose le voyait prendre des formes bizarres, tout en bougeant, ou était-ce la chaleur montante qui le faussait ? Tout était flou de toute façon. Elle ne devait pas avoir ses lunettes. Ce serait une raison. Elle aurait dû aider Dwight. Il était toujours là, bien sûr. Elle ne le voyait pas car tout était en branle. Mais elle pensait qu’il était là car on la serrait au poignet et elle se déplaçait. Il courait avec elle on dirait ?

Elle devrait avoir des forces pour se mettre debout et le faire seule. Elle ne voudrait pas être un poids pour Dwight. C’était Dwight ? C’était un Pokémon. Mais aussi Dwight, c’était un peu étrange. Oui alors, il faudrait qu’elle coure seule, mais elle ne pensait pas avoir la force nécessaire pour cela. Elle les ralentirait. Peut-être ? Peut-être pas. Quelle était la meilleure solution ? Elle devait l’aider. Mais elle risquait de le gêner davantage.

Alors elle sombra sans y prendre garde.

***
Dwight pensait au voyage que Rose lui avait promis. Il n’aurait sans doute pas lieu. Il ne savait pas ce qui aurait lieu et espérait juste qu’il allait la sauver.

Il avait passé trop de temps assis sur une chaise blanche.

Assis, il n’avait rien pu faire de plus, c’était la seule chose. Il avait regardé Terrence, il avait beaucoup pensé, il l’avait beaucoup regardé. Terrence s’était dépêché de lui apprendre la langue des humains, en réalité ; il n’avait pas compris pourquoi son idée était si soudaine, pourquoi il avait tout de suite tout fait pour la mettre en œuvre, pourquoi il avait tant tenté en si peu de temps. En réalité, Terrence se dépêchait car il était malade.

Dwight ne connaissait pas vraiment l’idée de maladie dangereuse. Elle était finalement tombée d’un coup, et à partir de là, il n’avait rien pu faire d’autre qu’être assis et regarder. Terrence était resté endormi très longtemps, il frémissait rarement, reprenait conscience pour lui parler encore moins souvent, et à peine plus longtemps. Il avait maigri, dépéri sous ses yeux, Dwight n’avait pas pu l’empêcher de tomber, n’avait pas pu retenir la couleur blonde de ses cheveux, ou le dernier éclat de ses prunelles.

Rose ne dépendait que de lui, il la sauverait. Il pouvait.

L’air se faisait moins gris, il leva donc les yeux : le port ! Bientôt le port apparaîtrait, il reconnaissait la rue, pas trop défigurée. On était plus loin du volcan. Ce serait l’endroit parfait pour le rassemblement, pour l’évacuation ! Il prêta une oreille bourdonnante à d’éventuels bruits humains : des voix montaient de là-bas. Plutôt des cris. Mais ils étaient là, avec Auguste sans doute, on l’aiderait, on le tiendrait debout, on porterait secours à Rose. Il accéléra encore le pas.

Maintenant, tout serait plus facile.

Pour une fois, la foule représentait son espoir. Il eut la rapide pensée de se retransformer, de retrouver sa forme humaine pour se fondre dans la masse, tout faux qu’il puisse être. Cela resta une pensée.

« Mais..! »

Le port était encore un peu loin, la voix venait de derrière lui. Pétrifié, son cœur s’arrêta ; puis son museau pointu, ses yeux effilés se tournèrent lentement vers l’interpellation.

Guido avait perdu son visage neutre. Entre la suie, on ne lisait que terreur, stupéfaction et hargne…


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Article ajouté le Mercredi 03 Octobre 2018 à 13h21 | |

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