Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   



Si vous trouvez un contenu choquant, vous pouvez contacter la modération via le formulaire de contact en PRECISANT le pseudo de l'auteur du blog et le lien vers le blog !

» Retour au blog

Intégration volcanique #13
Chapitre précédent

Partie écrite par Malak, Grand Seigneur des Fanfictions, qui me fait l'honneur de gratifier mon modeste blog plébéien de ses éclairés écrits. Ce texte lui appartient donc !


Auguste tentait d’ignorer les cris de protestation de ses articulations usées par le temps tandis qu’il tâchait de mettre un peu d’ordre dans l’évacuation qui se préparait ; si tant est qu’un peu d’ordre soit réellement possible dans ce chaos généralisé. Le rugissement du volcan, les cendres grises qui irritaient les gorges, la fumée toxique qui recouvrait le ciel, les morceaux de roches brûlantes qui parfois s’écrasaient sur la ville telles des météorites, la chaleur sèche des multiples incendies, et avec ça la coulée de lave qui se rapprochait… C’était l’apocalypse. La fin du monde. Comment vouliez-vous que la population évacue dans le calme ? Ils couraient pour leurs vies comme des déments, et Auguste ne pouvait pas vraiment leur en vouloir.

Premier des dresseurs Pokémon de l’île, il avait tenté de fédérer autour de lui le plus grand nombre d’utilisateurs de Pokémon et de les répartir selon leurs types et leurs capacités à diverses tâches. Ainsi, les Pokémon Sol et Roche tentaient de retenir la coulée de lave. Les Pokémon Eau ne savaient plus où donner de la tête pour contenir les multiples foyers d’incendies ci et là, en espérant sauver des personnes prises au piège des flammes. Les Pokémon Vol faisaient ce qu’ils pouvaient pour repousser autant que possible les émanations toxiques du volcan avec leurs bourrasques. Et tout le reste aidait les habitants à évacuer. Mais un nouveau problème se présenta très vite, et pas des moindres.

- Quatre heures ?! Ils se fichent de nous ?

Voilà ce qu’Auguste s’était exclamé quand le capitaine du petit ferry qui faisait la liaison entre l’île et le continent lui avait annoncé la réponse des autorités de Kanto à leur demande immédiate d’aide.

- Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas faire plus vite, étant donné les moyens qui seront nécessaires pour l’évacuation de l’ensemble des…

- Mais, sacré nom d’Arceus, on ne leur demande pas d’attendre de réunir la foutue armée pour commencer à se mettre en route ! Un dresseur utilisant Surf sur son Pokémon ne mettrait que trois quarts d’heure à arriver en partant de Parmanie ! Qu’ils envoient tous les Pokémon et les hélicos qu’ils peuvent, pour que l’évacuation commence au plus vite ! Mieux vaut qu’elle se déroule petit à petit plutôt que d’un coup mais trop tard !

- Les autorités ne veulent pas demander aux dresseurs, fit piteusement le capitaine. Ils ne veulent pas prendre la responsabilité si l’un d’entre eux venait à mourir sur place…

Auguste jura dans sa barbe contre les abrutis de fonctionnaires du continent.

- Et la responsabilité d’avoir laissé cramer plus de quatre mille habitants, ils la prendront ? Laissez-moi utiliser votre radio. Je vais contacter directement Samuel Chen, de Bourg-Palette.

Auguste était bon ami avec le vénérable professeur de Kanto. Jadis un dresseur d’élite, Chen avait toujours conservé un large réseau de dresseurs Pokémon, et il savait que sur sa demande, des centaines arriveront à Cramois’île dans l’heure pour venir aider. Mais avant qu’il n’ait pu se frayer un chemin à travers les habitants terrifiés qui se tassaient sur le ferry, impatients de prendre le large, la terre trembla une nouvelle fois, manquant de renverser le navire tant les flots s’en retrouvèrent déchaînés. Et la pluie de blocs de magma recommença de plus belle. Auguste jura une nouvelle fois, puis secoua la tête.

- Non, finalement, partez immédiatement, n’attendez pas. Contactez Chen vous-même quand vous serez assez loin pour ne pas vous recevoir un morceau du volcan à la figure. Les îles Écumes sont plus proches que Bourg-Palette. Allez mettre tous ces gens à l’abri là-bas, et revenez au plus vite.

- Venez avec nous, Auguste, le supplia le capitaine. Vous serez plus à même de convaincre les autorités de Kanto, et vous êtes quelqu’un d’important…

- Foutaises. Je ne suis qu’un vieux avec un pied dans la tombe, et je ne quitterai mon île que quand tout le monde sera en sécurité.

- Mais…

En dépit de son âge avancé, le vieil homme prit le capitaine par les épaules pour le secouer.

- Il y a deux cents personnes sur votre bateau ! Vous avez la responsabilité de leurs vies ! Alors fichez le camp, foutre et double foutre !

Il n’attendit pas la réponse du capitaine pour quitter le bateau et remettre pied à terre. Les personnes qui étaient encore à quai hurlaient et faisaient des coudes et des poings pour tenter d’embarquer à tous prix. Auguste prit sa voix la plus forte pour déclarer :

- Personne ne peut plus embarquer sans risquer que le bateau ne se retourne ou ne coule ! Je sais que c’est dur, mais avec un peu de chance, des secours arriveront sous peu du continent. Restez près de la mer. Les Pokémon autour de nous nous protègeront des chutes de roches. S’il y a encore parmi vous des personnes avec un ou des Pokémon pouvant utiliser Surf, n’hésitez pas. Mais pas plus d’une personne sur un Pokémon, à moins que ce ne soit un Lokhlass. Et si jamais quelqu’un possède un foutu Wailord, sachez que je l’épouserai sur-le-champ !

Malgré la situation, il y eut quelques sourires à la remarque d’Auguste ; un Wailord leur aurait été sacrément utile en effet. Ce Pokémon, qui était tout simplement le plus grand connu à ce jour, aurait facilement pu prendre sur son dos une bonne partie des habitants de l’île.

La présence d’Auguste parmi eux, qui menait les opérations avec énergie et sagacité, sembla calmer quelque peu la population. Le champion d’arène tentait de faire bonne figure pour rassurer tous ces malheureux, mais lui-même était préoccupé. Dwight et son Arcanin étaient partis en plein cœur de la ville pour secourir cette fameuse Rose, et Auguste n’avait aucun moyen de savoir s’ils s’en sortaient. Il ne pouvait que croire à l’instinct de survie et à l’ingéniosité immensément supérieurs des Pokémon sur ce coup-là.

En parlant de Pokémon… Auguste, en tant qu’expert des Pokémon Feu, était familier avec une légende qui disait qu’à chaque fois qu’un volcan rentrait en éruption, c’était que le légendaire Entei, quelque part, avait poussé un rugissement. Auguste ignorait si cette légendaire était véridique ou non, mais il se promit que s’il s’en sortait, il ferait en sorte de trouver ce Pokémon et de lui enfiler une muselière de force, à titre de prévention.

***
Dwight fut le premier à se reprendre, et reprit Rose dans ses bras avant qu’elle n’ait pu protester ou tenter de poser des questions qui ne manqueraient sans doute pas d’arriver. Tant pis si elle le détestait. Tant pis si elle le trouvait repoussant ou effrayant. Tant pis si elle lui crachait à la figure qu’il l’avait trompée, qu’il s’était joué d’elle. Tant qu’elle survivait à cela, Zoroark accepterait stoïquement son mépris.

Mais sa jambe gauche, blessée suite à un jet de vapeur brûlant, ne semblait plus capable d’à la fois soulever son poids et celui de l’humaine. Pitoyable… Le Pokémon n’avait jamais aimé les combats et encore moins y prendre part, mais peut-être aurait-il dû un peu plus s’entraîner, pour ne pas en être réduit à s’écrouler à la moindre blessure. Il y avait que peu d’humains qui avaient compté pour lui, et Rose en faisait partie. Hors de question de la laisser mourir. Pas après avoir laissé mourir Terrence. Pas une nouvelle fois…

Serrant les dents, il la souleva jusque sur le dos d’Arcanin, et visiblement, Rose était encore trop sonnée par la situation et les évènements pour pouvoir émettre le moindre son. Alors qu’une partie du plafond menaçait de leur tomber dessus, et que la chaleur commençait à faire exploser tout ce qu’il y avait en verre aux alentours, Zoroark sentit soudain une présence qui lui hérissa les poils. Non, pas une : plusieurs, qui se dirigeaient vers eux. Arcanin avait relevé la tête et commençait à grogner, son instinct de Pokémon l’ayant lui aussi prévenu.

Plusieurs taches rouges et orangées sortirent des multiples fissures du sol, leur corps en ébullition. Il s’agissait d’une vingtaine de Limagma, ces Pokémon Feu semblables à des limaces de lave. Bien qu’ils soient rares à Unys, Dwight en avait vu suffisamment dans l’arène d’Auguste pour les reconnaître. Mais ceux-là, à l’inverse de ceux qu’utilisaient les dresseurs qui protégeaient l’arène, n’étaient nullement dressés, et devaient même n’avoir jamais vu d’humains ou de Pokémon non-feu de leur vie. Ils devaient vivre dans les entrailles de Cramois’île, et l’éruption du volcan les avait fait sortir au grand jour. Dwight ne sentait aucune malveillance particulière qui se dégageait de ces Pokémon volcaniques, mais il était clair que les Limagma les tueraient sans chercher à le vouloir, juste en sortant en masse en dessous d’eux. Leur température corporelle était peu ou prou celle de la lave, et Dwight savait que s’il marchait par mégarde sur l’un d’entre eux, il aurait assez vu sa patte…

« Dégagez ! » grogna l’Arcanin d’Auguste dans sa langue.

Si les Limagma l’avaient compris, ils n’en montrèrent aucun signe, continuant de sortir du sol et de se mouvoir lentement, laissant une traînée de flammes et de matériaux fondus derrière eux. Dwight ne laissa pas Arcanin épuiser ses attaques sur eux ; de toute façon, le feu n’aurait pas fait grand-chose à leur corps en ébullition. Le Zoroark poussa un rugissement sauvage, et une onde rougeâtre sortit de son corps, frappant tous les Limagma à la ronde. Explonuit était pour ainsi dire sa plus puissante attaque. Il la possédait naturellement, mais n’avais jamais vraiment eu à s’en servir. Il avait même douté en être capable. Et s’il n’y avait eu que lui face au Limagma, il n’y serait certainement pas parvenu. Mais pour protéger Rose, il se sentait capable de faire n’importe quoi.

Cependant, l’attaque Ténèbres n’eut pas l’effet escompté. Certes, les Limagma se retrouvèrent un temps sonnés, mais de nouveaux commencèrent à apparaître, et ceux que Dwight avait touchés reprirent bien vite leur reptation, comme si de rien n’était. Ils étaient trop nombreux. Dwight pourrait sans doute venir à bout d’un certain nombre d’entre eux, mais les deux Pokémon et l’humaine allaient immanquablement se retrouver ensevelis sous cette masse. Si Dwight avait pensé qu’Arcanin aurait pu s’en tirer avec Rose, il lui aurait dit de fuir au plus vite. Mais avec l’humaine à moitié consciente sur le dos, il ne pourrait pas sauter bien haut, et un mouvement trop brusque ferait tomber Rose.

Ils devaient s’ouvrir un chemin, mais Dwight n’en discernait pas le moyen. La puissance brute n’aurait servi à rien dans cette situation. Il devait alors renoncer à ses pouvoirs ou à sa force physique pour faire fonctionner sa tête. Terrence le lui avait souvent dit. Dwight se souvint justement d’une de ses phrases, qu’il avait prononcée après avoir proposé au Zoroark un casse-tête humain d’apparence insoluble.

« On dit souvent que la fin justifie les moyens. Mais je n’aime pas trop cette phrase. Moi, je dirai plutôt que les moyens justifient la fin. Il peut y avoir plusieurs solutions à un problème donné, mais il y a toujours qu’un seul moyen de parvenir à ces solutions : faire travailler sa matière grise. C’est un cheminement de pensées qui nous amène à un résultat. Les solutions les plus simples sont souvent celles qui fonctionnent le mieux, mais encore faut-il les trouver. J’ai pour habitude de toujours revenir aux choses basiques, qu’on a souvent tendance à oublier. Quand tu es en difficulté, souviens-toi d’abord de qui tu es, de ce que tu es. »

Ce qu’il était… Oui, c’était pourtant évident. Il était Zoroark, le Maître des Illusions ! Il pouvait être tout ce qu’il désirait, ou du moins, il pouvait le faire croire à ceux qui l’entouraient. Dwight imprima donc dans son esprit l’image d’un Crapustule, un Pokémon Eau et Sol à l’allure peu distinguée qu’on pouvait croiser à Unys. Il imagina le Crapustule, baignant dans une eau boueuse, son corps défiguré par de multiples boutons énormes. Et du fait de ses pouvoirs d’illusion, l’image prit vie dans l’esprit de toutes les personnes alentours. Arcanin fut un moment surpris, et les yeux de Rose s’écarquillèrent un peu plus.

Mais ce n’était pas eux que Dwight voulait toucher. Il avait pris cette apparence pour une seule raison : décourager les Limagma d’approcher. En tant que Pokémon Feu, ils craignaient doublement un Pokémon Eau et Sol comme Crapustule. Le souci, c’est que ces Limagma n’avaient jamais dû en voir un vrai de leur vie. Toutefois, ils avaient une intelligence suffisante pour reconnaître un Pokémon dangereux pour eux, rien qu’en voyant l’eau illusoire autour de lui. Les limaces de lave s’arrêtèrent un moment, puis firent demi-tour, libérant peu à peu un passage pour Rose et ses deux protecteurs.

Dwight, toujours sous son illusion de Crapustule, avança aux côtés d’Arcanin pour maintenir les Limagma à distance, et quand enfin ils les eurent semés, il laissa tomber son illusion et se mit à courir aussi vite que ses pattes de renard le lui permettaient. Dwight n’osa pas tourner son regard vers Rose une seule fois. Il ne voulait pas lire le dégoût dans ses yeux, qu’elle devait probablement ressentir en ayant vu son ami humain se transformer en carnivore crépusculaire puis en crapaud géant hideux.

Dwight compris toute la puérilité d’avoir voulu vivre parmi les humains en se faisant passer pour l’un d’eux. Il leur avait menti à eux, mais aussi à lui-même. Il avait fui ce qu’il était réellement, par lâcheté. Se comporter comme un humain et réussir plus ou moins à parler comme eux ne faisait pas de lui un humain pour autant. Ce n’était qu’un simulacre d’existence, une plaisanterie. S’il était assez stupide pour se l’infliger à lui-même, il n’avait aucun droit de l’infliger à Rose et à Auguste. S’il parvenait à quitter l’île entier, il ferait ses adieux aux deux humains pour redevenir ce qu’il avait toujours été, ce qu’il devait toujours être : un Pokémon solitaire qui fuyait tout contact en se protégeant avec ses illusions. Tel était son destin.


Chapitre suivant
Article ajouté le Dimanche 30 Septembre 2018 à 23h43 | |

Commentaires

Chargement...