Ça doit faire quelques semaines que je n'écris plus ; en oubliant le petit sursaut de fausse motivation il y a peu, presque trois mois. Hier soir, rentrée d'un trajet éreintant sur les autoroutes brûlantes, je me suis affalée sur mon lit et ai pensé que c'était foutu pour me considérer comme une auteure (dans le sens léger de "quelqu'un qui écrit") et que je me contenterai bien d'être lectrice de fanfics désordonnée et professionnelle (oublions mes chapitres en retard, pardon aux concernés ; j'ai des demi-commentaires qui moisissent sur mon bureau).
Je me demande depuis longtemps si j'aime vraiment écrire, et après réflexion oui (si ce n'est pas le oui du pauvre, qui essaie de garder un petit lambeau de conviction avec lui), mais pas sous la contrainte que je m'impose : c'est-à-dire avoir tellement parlé de mes fics en cours avoir été tellement sûre que ce serait super bien que j'ai le sentiment de devoir aller jusqu'au bout à présent ; avec un peu de recul, toutes mes séances d'écritures ont commencé par un "bon allez je m'y mets" un peu comme si c'était une corvée. Donc ça, c'est fortement stupide et décourageant ; si je peux rendre cet article utile à quelque chose : messieurs-dames les écrivains, ne prenez jamais l'écriture sous cet angle ! (si je ne suis pas la seule à être tombée si bas)
Du coup, dans un sursaut de positivisme, je me suis dit que j'allais abandonner mes fics (ou au moins faire semblant dans le but de m'en convaincre) pour partir sur de nouveaux trucs au fil des idées que je pourrais avoir. Donc je ne vais même pas dire "mais ne vous inquiétez pas je reprendrai un jour" parce que ça va toujours me donner envie de forcer, considérons plutôt que c'est bel et bien foutu et tant mieux si un jour on voit apparaître un chapitre 1 à l'accueil.
(Trop drôle parce que j'écris sous correcteur automatique qui remplace "fics" par "fils" : je n'abandonnerai jamais mes fils, en considérant que ce sont mon tigre en peluche et Photogona la figurine de lézard rouge collée à ma lampe de bureau)
Alors hier soir, macérant dans une humeur introspective un peu noire, j'ai eu une petite discussion avec une certaine Vocalume ; après avoir discrètement mentionné mon désœuvrement le plus total, elle m'a suggéré d'écrire. J'ai d'abord répondu quelque chose qui s'apparentait à "haha xptdrrrrr lol mdr lol", puis me suis souvenue d'une vague idée qui m'avait traversée devant un texte de Gestalt (tiens !) et j'ai tenté un truc.
Tout cela pour dire que même si on ne dirait pas vu le ton général, je vais bien ou en tous cas je vais essayer de faire en sorte :')
L'idée de cette idée, c'est une série de textes ; après pour les mêmes raisons que ci-dessus, je ne vais pas promettre qu'il y aura toute une série, pour ne pas avoir à me forcer et perdre toute motivation à nouveau x)
- Il y aurait des carrés aux bords griffonnés fermement, tremblotant droitement, fermés, où seraient enfermées des couleurs éclatantes ; on imagine des taches doucement mélangées, de peinturlures posées l'une à côté de l'autre, qui se seraient coulées, doucement, l'une dans l'autre. Au gré des chemins creux dans un papier à grain. La peinture à l'eau coule, mouille, vogue, s'étale. Certains mots assemblés savent très bien susciter une couleur ou deux dans la tête du lecteur, et ça but ressembler à ces creux de peinture ; la teinte et la texture. Ambiance !
Le thé vert sur la table, entre deux fauteuils lourds, répand son odeur douce dans toute la petite pièce. La fenêtre au-dessus a suspendu ses vitres plus haut, laisse passer un peu d'air et de chants de grenouilles, des ombres végétales qui flottent à l'intérieur, et des rayons vert d'or réfractés par les feuilles. Ces rayons frappent les murs de bois sombre, y glissent doucement en laissant derrière eux des traînées lumineuses et disparaissent en fondu au brun... l'odeur de ce bois-ci se mêle à celle du thé à travers les poussières de l'air ; des paillettes minuscules virevoltent dans tous les chemins nets qu'empruntent la lumière. Bruits des tasses que l'on pose dans une courbure de dos. Le fauteuil grince, des jambes se croisent, la nature croasse dehors ; il fait un peu chaud, mais ce n'est pas désagréable.
On lève une tasse : santhé !Le maître-mot est donc de "susciter une couleur" à travers un petit bout de texte (
ce que Gestat fait très bien), et limite tant pis si ça ne veut rien dire (le premier sert d'intro ; moi je visualise parfaitement mon carré de peinture, mais pas sûre que ce soit le cas de tout le monde, alors j'essaierai de dessiner ça). Donc je veux bien savoir : est-ce que ça a marché ?
Je flingue ainsi l'effet de surprise pour les prochains textes, puisque du coup tout le monde va chercher la couleur dès les première lignes et la trouver très facilement, mais au moins pour celui-ci, j'aimerais savoir si elle vous est venue naturellement, si vous vous êtes figurés la scène baignée dans cette couleur.
Et maintenant, je m'en vais espérer que oui en errant frénétiquement sur le site. Soyez honnêtes cependant !
...ça fait un moment qu'il n'y a pas eu d'article si long ici (on pourrait même dire article tout court, le précédent sort du lot : il est beaucoup trop beau pour se mêler aux autres
, comme son auteure !). Bonne soirée !
Article ajouté le Lundi 02 Juillet 2018 à 18h46 |
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