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Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   



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Un nouveau ptit texte ~
Le dernier que j'ai posté, c'était celui sur la patate, et je me rappelle que quelqu'un m'avait dit qu'il espérait que je posterai d'autres petits textes comme ça, je crois que c'était Eliii.
Ce dont je me rappelle aussi, et c'est marrant, c'est que ce texte de la patate, je l'avais posté en même temps qu'un preview de FC et ce texte-là je le poste deux jours après une preview pour ma prochaine fic, c'était pas fait exprès :')
Ce truc-là, je l'ai écrit hier soir, sur trois feuilles dans le noir d'une salle de spectacle, j'ai juste écrit ce que j'ai vu en fait. Mais c'est dur à expliquer, je vous laisse regarder par vous-même ~






3/12/16

Il y a un mec assis à côté de moi ; enfin à côté, il y a deux sièges, vides, entre nous. Il a les jambes croisées, il a gardé sa capuche même si on est à l’intérieur de la salle, même s’il fait chaud ; je crève de chaud.

La salle, c’est la salle des fêtes d’un petit village des Alpes dont j’ai déjà oublié le nom. On est à une soirée poésie-chanson française, parce que la partie chanson c’est Papa qui la fait. Là, c’est la partie poésie.

Le mec à côté mais pas trop à côté de moi regarde à peine, il lève juste la tête de temps à autre, je sais pas si il écoute, en fait. Moi non plus j’écoute pas trop à vrai dire, parce que j’écris. Lui, il écrit pas, il est juste là, la tête baissée, il regarde le sol, qui est moche parce que sol de salle des fêtes d’un village un peu paumé.

Pourtant, c’est assez sympa ces poésies. C’est pas vraiment de la poésie traditionnelle, enfin je sais pas comment définir la « poésie traditionnelle », mais c’est pas ça. Ça, parfois c’est drôle, parfois les gens rient, parfois moi aussi même si j’entends qu’à moitié parce que j’écris. Lui, il ne rit pas, il frotte ses mains contre ses jambes comme s’il avait froid ; mais il fait pas froid.

« Quand j’étais ptit, dit le mec qui est en train de lire ses poèmes pas traditionnels, j’pensais que « paradoxalement », c’était une sorte de supplice chinois. » C’est pas mal, ça, les gens rient. Pas lui, pas moi non plus. Les gens rient parce qu’ils écoutent, je ris pas parce que j’écoute pas, donc j’imagine que pour lui c’est pareil. Pourtant, maintenant il regarde (même si en réalité y’a pas grand-chose à regarder), mais il regarde un peu comme quand dans le bus on regarde son reflet dans la vitre au lieu de regarder le paysage. Il voit mais il ne regarde pas, c’est un des trucs dont j’ai déjà essayer d’expliquer à mes potes la différence entre les deux et qu’elles ont pas compris.

Les gens applaudissent à la fin de chaque poème, heureusement qu’ils sont un peu longs parce que sinon ça serait vraiment chiant. Lui n’applaudit pas beaucoup, tout juste il tape dans ses mains deux-trois fois, mollement, avant de croiser les bras et de fixer de nouveau son regard sur le sol moche. J’applaudis pas trop non plus, parce que pour ça je dois poser mon stylo et j’ai la flemme. C’est un peu con. Ou alors c’est que j’ai pas envie, c’est plus probable et c’est moins con.

Les poèmes continuent, ils sont trois à les réciter en fait, ils font plusieurs passages en alternance. Y’en a un c’est bien, les deux autres c’est moins bien, mais bon. Lui, je sais même pas s’il se rend compte que ça change parfois de personne qui parle.

La partie poésie est finie, là, je crois qu’ils vont faire une sorte d’entracte avec du vin chaud. Il n’attend pas la fin des applaudissements, il se lève, il se dirige vers la porte (il occupait la place qui en est le plus proche). C’est une porte de salle des fêtes, vitrée, avec une barre au milieu qu’il faut appuyer dessus pour ouvrir. Il lève la jambe et il appuie avec le genou, avec violence ; étrangement, ça ne me surprend pas, ça colle au personnage, j’ai envie de dire. Il sort.

Maman me dit d’enlever mon manteau, il paraît que je suis toute rouge. C’est vrai qu’il fait chaud dans cette salle des fêtes. Les gens commencent à se lever ; je passe vers la porte par laquelle il est sorti, comme elle est vitrée, je le vois. Il fume une cigarette en faisant les cent pas devant la salle.
Si j’avais dessiné ce moment-là, je me serais fait au-dessus de la tête un bulle avec trois petits points de suspension. Il m’intrigue, je crois que je suis triste pour lui mais je sais pas pourquoi. J’ai peut-être un peu pitié aussi, mais ça me gêne de l’écrire parce que je ne crois pas qu’il existe des gens qui aiment inspirer la pitié. Je crois qu’il me fait penser à Gladio dans Pokémon Soleil et Lune.

Entracte. Je sais pas combien de temps c’est censé durer, mais c’est l’occase pour écrire. Je vais me mettre dans le coin près de la porte, avec mon livre comme support ; c’est très chiant d’écrire avec un livre comme support, mais j’ai rien de mieux, je pensais pas que j’allais écrire.

J’aime bien l’ambiance des entractes, avec tous ces gens qui discutent, sauf que là ça pue le vin chaud et je sais pas s’il y a une odeur que je supporte moins bien à part celle de la cigarette. Surtout que je suis juste à côté de la table où ils en servent, du vin chaud, mais je ne veux pas m ‘éloigner de la porte, au cas où.

J’écris une dizaine de minutes, pour rattraper le retard ; parce qu’on dirait que j’écris au présent exactement comme je vis au temps réel, mais je ne suis pas aussi rapide, j’ai un temps de décalage.

Puis le concert commence. Papa m’a demandé de filmer pour faire un teaser sur son spectacle solo, donc j’allume la caméra antique et je vais la mettre sur le côté de la scène où ça fait un bon angle, un peu plus loin de la porte. J’y jette tout de même des coups d’œil réguliers, parce qu’il est toujours dehors. Ça se trouve il est parti...

Non, il finit par rentrer, il traverse la salle, il va s ‘asseoir par terre, dans le coin du fond de la salle qui est de l’autre côté de la porte. Je suis contente qu’il soit revenu, je sais pas pourquoi.

La caméra se décharge hyper vite. Je filme deux-trois chansons en essayant d’écrire dans le noir, j’essaie de changer de temps en temps de position (je parle pour la caméra). Finalement, en dix minutes plus d ‘énergie, ces vieilles batteries c’est vraiment de la merde, je vais me brancher à la régie comme Papa m’a montré tout à l’heure. Du coup je pourrais plus changer d’angle de prise de vue, dommage. En même temps moi ça m’arrange, je vais pouvoir retourner écrire dans le coin de l’entracte.

« Y’a des choses que je regarde comme ça et je me dis que je m’en fous pas, parce que ça ressemble à la vie... » fait la chanson.
Je le regarde, ou plutôt je regarde le coin sombre où il est assis. Cette chanson-là je l’aime pas trop, mais là je l’aime bien parce que c’est vrai.

J’aimerais être capable, comme dans les livres, les films et la fiction en général, d’aller m’asseoir par terre à côté de lui, juste ça, puis dire quelque chose ou rien du tout, peut-être lui demander si ça va même si c’est con comme question. Je crois que ça ne va pas, c’est pour ça que j’aimerais faire quelque chose, mais non je reste dans mon coin à écrire ce truc que je ne sais pas qui le lira, quoique j’ai bien une petite idée mais je crois que ça ne changera rien de toutes façons. Ça changera rien pour ces gens comme lui, ces gens qui ne vont sans doute aux soirées chanson-poésie que pour s’abriter un peu au chaud, pour s’isoler de toutes les emmerdes qui leur tombent dessus, pour se divertir peut-être, penser à autre chose ; à autre chose que quoi ? À autre chose que ce qu’ils vivent, s’ils vivent quelque chose, ce que les autres gens dans la salle des fêtes ne peuvent sans doute pas imaginer, que je ne peux pas imaginer non plus, et donc que je n’écris pas même si j’en crève d’envie, que je crève d’envie de faire connaître ce que vivent ces fantômes-là, comme lui. Je m’exprime mal, là, ça m’emmerde beaucoup parce que s’exprimer mal pour parler d’un truc comme ça, c’est vraiment pas terrible.

Putain, putain. Il est là, juste à côté de moi, juste devant la porte, il me cache la lumière du lampadaire à l’extérieur qui me sert à écrire, c’est comme ça que je le remarque. Il fait vraiment chaud, dans cette salle. Il regarde la scène avec un semblant d’intérêt, les mains dans les poches de son blouson en cuir, appuyé à moitié contre la porte, à moitié contre le mur à côté de la porte, ses cheveux blond sale tombent un peu devant son visage, c’est vraiment Gladio en fait.

Le concert continue comme si de rien n’était, ça paraît presque étrange alors que c’est normal, parce que ce mec est un fantôme que personne ne voit. Je continue à écrire pour effacer la lâcheté de ne rien faire d’autre et de ne rien dire. Alors qu’il vaut sans doute mieux que je ne dise rien parce que vu ma virtuosité en termes d’expression orale, je ne ferais qu’aggraver les choses, ces choses que je peux pas imaginer mais qui ont l’air de faire mal.

Puis il s’en va, comme ça, le concert n’est pas fini, mais il pousse la barre de la porte, avec la main cette fois, et il sort ; comme ça. Mais il ne se contente pas de sortir une cigarette comme tout à l’heure, non, il s’éloigne dans la rue froide comme une nuit de décembre dans un petit village des Alpes, sous des décorations de Noël connes, niaises, colorées alors que j’ai l’impression qu’il faut pas parce que je le vois marcher à côté et que ça colle pas. Je suis triste de le voir partir, triste est un mot faible mais j’en trouve pas d’autre, là. J’aimerais qu’il reste, même si c’est con parce que ça changerait rien. C’est égoïste, mais j’ai envie de connaître les choses qu’on ne peut pas imaginer, mais je pourrais pas puisqu’il est en train de partir et que j’ai pas eu le courage de lui parler, j’ai envie mais je suis sûre que cette envie sera oubliée dans un mois à peine, et ça ça me fait chier. Ce fantôme, je l’oublierai ; mais au moins j’ai écrit, et c’est peut-être pour ça d’ailleurs, peut-être que comme ça je n’oublierai pas, peut-être que c’est pour ça que j’écris depuis le début de cette soirée, je sais pas.

Il disparaît au détour de la rue, je soupire, déçue, et triste même si le mot est faible, et je retourne écrire parce que je suis décalée par rapport au temps réel.
J’ai froid.





Voilà. Ce type m'a beaucoup marquée, j'ai pas cessée d'y penser depuis, en fait. Je sais pas pourquoi.
Sur le texte, j'ai l'impression que c'est pas mal, mais je sais pas trop, j'ai du mal à me juger moi-même en fait, j'ai peur que ce texte paraisse niais. J'ai que quatorze ans, je pense pas tout savoir de la vie. Donc je veux bien des avis ^^
J'espère que ça vous a plu, en tous cas. Le bonjoir à vous :')
Article ajouté le Dimanche 04 Décembre 2016 à 19h16 | |

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