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Calendrier de l'Avent 2017 de Corpus09



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» Auteur : Corpus09 - Voir le profil
» Créé le 19/12/2017 à 12:53
» Dernière mise à jour le 19/12/2017 à 12:53

» Mots-clés :   Fanfic collective   Song-fic

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Jour 19 : Une lettre au Père Noël, par Mentalira
Il faisait très froid dehors. Les flocons tombaient lourdement sur le tapis déjà épais qui recouvrait le sol. Cela faisait des jours qu’il neigeait sans discontinuer. Le paysage était brumeux, le ciel était laiteux et le tout baignait dans une éclatante lumière blanche. De derrière sa fenêtre, le vieil homme avait beau lever les yeux, il ne distinguait pas le soleil derrière son voile ininterrompu de nuages. Quand il regardait en l’air, il avait l’impression que les flocons tournaient sur eux-mêmes, comme s’ils voulaient remonter vers le ciel. Il adorait cela, mais cela lui donnait le vertige à chaque fois qu’il basculait sa tête en arrière pour observer ce curieux manège.

-Oh, oh ! rit-il en se détournant de la vitre glacée. Si j’avais eu soixante-dix ans de moins, je serais sorti faire un Blizzi de neige. Et un Mammochon aussi.

-Frrrou, l’appuya le Pokémon qui était étendu sur une couverture près de la cheminée flamboyante.

-Et tu serais venu aussi, Rudy, bien entendu, sourit son dresseur.

L’homme s’approcha de son large fauteuil et s’aida des accoudoirs pour s’y asseoir en tremblant.

-Ouille, grimaça-t-il. Nos genoux ne sont plus ce qu’ils étaient, mon vieil ami. Estime-toi heureux d’avoir des petits-enfants capables de m’accompagner dans ma tournée, ça t’évite de longues heures dans le froid. Ça ne fait pas du bien aux articulations, crois-moi.

Le Cerfrousse tourna la tête vers l’humain d’un air compatissant. Celui-ci se saisit de sa tasse fumante de chocolat et en but une toute petite gorgée afin de ne pas se brûler. De la mousse de lait resta posée dans sa moustache blanche. Il l’en délogea d’un coup de langue habile.

-Cette fois c’est sûr, c’est ma dernière tournée.

-Tu dis ça toutes les années depuis quinze ans ! s’exclama une voix venue du couloir.

La femme qui avait dit cela entra dans la pièce la seconde d’après. Elle avait une cinquantaine d’années et portait une robe bleue passée de mode depuis bien longtemps. Elle avait enfilé par-dessus un gros pull en laine rouge avec une tête de Castorno représentée sur le devant.

-Mais cette fois-ci, c’est vrai, Charlotte, la contredit-il. Ton frère doit être impatient de prendre le relais. C’est à lui que la charge familiale incombera dès l’année prochaine. Quand il aura comme moi quarante ou cinquante noëls dans les jambes et les articulations douloureuses, il passera le relais à son fils, qui souffrira des genoux à son tour. Tel est notre lourd fardeau.

Charlotte se pencha vers le Cerfrousse aux poils éclaircis par l’âge pour le gratouiller sous le menton.

-C’est vrai que tu es à plaindre, Papa. Tu travailles, quoi ? une nuit par an ? Allez un mois et demi si on prend en compte la lecture des lettres et le choix des jouets, puis leur fabrication. Pardon, j’avais oublié que tu ne t’occupais pas personnellement de cette partie-là.

-C’est ça, moque-toi de ton vieux père, bougonna l’homme. C’est facile quand on n’a pas les articulations fragiles.

Son interlocutrice fit mine de l’ignorer. Elle embrassa Rudy entre les deux yeux puis se laissa tomber dans l’autre fauteuil qui faisait face à la cheminée.

-As-tu décidé quel Pokémon conduira le traîneau cette année ? l’interrogea-t-il soudain.

Charlotte s’occupait des Cerfrousses du Père Noël. Elle les nourrissait, les brossait et les entraînait afin qu’ils soient fin prêts le jour J pour tirer dans les airs le traîneau, son occupant barbu et tout son contenu. Petite, elle rêvait de devenir infirmière Pokémons et son père ne l’avait pas découragée. En faisant ses études, elle avait fini par comprendre que le métier d’infirmière ne lui convenait pas autant que celui de dresseuse de Cerfrousses volants et était rentrée chez ses parents. Elle apprenait aux Pokémons à utiliser leurs facultés psychiques pour s’envoler. Elle adorait voir les plus petits décoller pour la première fois, ils avaient toujours l’air surpris. Pour rien au monde elle n’aurait changé de travail.

-Oui, confirma-t-elle en s’adressant à Rudy qui levait un museau intéressé. Ce sera l’un de tes petits-neveux, Alcibiade.

-Tu es sûre ? s’étonna le vieil homme. Mais il brille dans le noir ! Bonjour la discrétion !

-Qui a dit que le traîneau devait être discret ? répliqua-t-elle. Je suis convaincue qu’il faut lui donner sa chance, il a un potentiel exceptionnel, tu sais.

-Ma foi, si tu y tiens, consentit l’aîné.

Charlotte appuya cette déclaration d’un hochement de tête. Rudy quant à lui avait l’air heureux du choix de la fille du Père Noël. Il se tourna de nouveau vers l’âtre brûlant.

Charlotte consulta du regard la grande pendule près de l’entrée du salon. Une heure de l’après-midi.

-Cadoizo ne devrait plus tarder, annonça-t-elle. Nous avons reçu du courrier aujourd’hui, il est allé le chercher dans la boîte-aux-lettres.

Cadoizo était l’un des multiples Cadoizos qui travaillaient pour le Père Noël. Ils s’appelaient tous de la même façon et le vieil homme les confondait, mais pas sa fille qui connaissaient bien chacun d’entre eux. C’étaient eux qui se chargeaient de récolter les lettres que les enfants du monde entier envoyaient dans les deux mois précédant Noël. Ensuite, une fois que le Père Noël les avait lu et avait décidé pour chaque enfant quels seraient les présents qu’ils recevraient, ils les fabriquaient dans la grande usine qui jouxtait la maison du pôle nord. Bien sûr, ils n’étaient pas seuls pour faire cela. Le fils du Père Noël les dirigeait d’une main de maître pour qu’ils ne se trompent pas en utilisant les machines. Sa femme l’aidait parfois, quand elle n’avait pas ses enfants et ses neveux dans les jambes, voulant toucher à tout et jouer à cache-cache parmi les montagnes de paquets cadeaux.

-Cadooo ! s’écria soudain un oiseau rouge en entrant telle une fusée dans la pièce.

Son cri fit sursauter le Père Noël et sa fille mais pas le flegmatique Rudy qui était devenu un peu sourd en vieillissant. Il bâilla à s’en décrocher la mâchoire et étendit son cou sur les moelleux coussins installés par terre juste pour lui.

Le Pokémon facteur tandis à Charlotte un grand panier rempli de courrier. Les enveloppes du dessus avaient été détrempées par les flocons qui tombaient toujours abondamment mais on distinguait sans peine les lettres enfantines qui formaient l’adresse du Père Noël sur chacune d’elle.

Charlotte remercia le Cadoizo et lui proposa d’aller se réchauffer un peu près du feu avant de repartir. Tout content, le Pokémon s’approcha en se dandinant du Cerfrousse et de ses couvertures. Il voulut s’étendre près de lui mais, frileux, Rudy préféra lui abandonner la moitié de la couverture plutôt que d’entrer en contact avec le plumage glacé de l’oiseau.

Charlotte ajusta ses lunettes sur son nez.

-Je suppose que c’est moi qui fais la lecture ?

-S’il te plaît, acquiesça son père, ma vue n’est plus ce qu’elle était. La dernière fois que j’ai lu des lettres moi-même, c’était…

-Hier, compléta sa fille.

-Très juste. Ma vue a beaucoup baissé ces derniers temps, c’est affolant.

Charlotte leva les yeux au ciel et laissa échapper un sourire moqueur.

-Gros fainéant, va !

Elle saisit au hasard l’une des enveloppes dans la pile. Elle était rose et avait été fermée par un autocollant en forme de bonhomme de neige. Elle le détacha précautionneusement afin de ne pas le déchirer et sortit la mince feuille de son étui. Elle consulta immédiatement la signature.

-Celle-ci est de la petite Aurore, de Quarellis, commença-t-elle.

-Oui, je me souviens d’elle, reprit son père. L’année dernière, elle avait demandé des accessoires pour s’occuper du petit Couafarel de sa maman, Démocrate, ou Démocrite, je ne sais plus. On lui avait donné une brosse et un manteau rouge à capuche. Je ne sais pas si le Pokémon a apprécié.

La remarque fit sourire Charlotte. Sous ses airs de vieux râleur bourru, son père adorait son travail et avait une mémoire extraordinaire. Il se souvenait de tous les enfants qui lui envoyaient du courrier. Charlotte éloigna la lettre de son visage pour mieux voir.

-Cher Père Noël, lut-elle, je te remercie pour tes cadeaux de l’année dernière. Le manteau a beaucoup servi à Démocrate, mais pas la brosse. Je n’y ai pas utilisé parce qu’il a les poils trop bouclés et que c’est impossible d’y défaire. Mais cette année, j’ai envie de faire des combats de Pokémon. Ne crois-tu pas qu’il est temps que j’ai mon Pokémon à moi ? Alors s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, j’aimerais avoir un Evoli chromatique. Comme ça, je le ferai évoluer en Mentali et il sera vert, parce que le vert est ma couleur préférée ! Merci beaucoup d’avance ! Je te souhaite un joyeux Noël !

Charlotte se tourna vers son père dès qu’elle eut achevé sa lecture. Le vieil homme plissait les yeux, signe qu’il réfléchissait. Elle ne le pressa pas. Il comptait sur ses doigts.

-Presque sept ans et demi, dit-il enfin. Non, elle est beaucoup trop jeune pour avoir son premier Pokémon. Qu’elle continue à s’occuper du Couafarel de sa maman pendant quelques années.

-Alors que fait-on ? le questionna Charlotte.

-Envoyons-lui une peluche de Mentali, décida-t-il. Verte, puisqu’elle y tient tant. Mais quelle idée, les Mentalis sont beaucoup plus mignons dans leur couleur d’origine !

Sa fille se contenta de sourire. Elle écrivit au crayon de papier le nom du cadeau choisi par le Père Noël pour Aurore puis posa la lettre sur le côté. Elle en prit une autre dans la corbeille.

-Celle-là est épaisse, annonça Charlotte en soupesant l’enveloppe. Nous avons affaire à un écrivain en herbe !

-Ou bien à une longue énumération de cadeaux, tempéra le vieil homme. Le record de cette année est de cent vingt-quatre, peut-être va-t-il faire mieux.

Charlotte jeta un œil aux feuilles qui composaient la lettre. Elle secoua la tête.

-A en juger par la longueur des paragraphes, je maintiens la thèse de l’écrivain. Ça vient du jeune Arsen, d’Ekaeka.

-Arsen ? s’étonna le Père Noël. N’est-il pas un peu grand pour m’écrire ? Il a quinze ans, je crois.

Sa fille haussa les épaules. Elle étendit les bras et commença à lire :

-Cher Père Noël, je ne sais pas par où commencer. Je ne t’ai pas écrit depuis des années. En fait, depuis la fois où j’ai accompagné ma mère dans les magasins pour acheter des cadeaux à ma sœur et à mon frère, j’ai compris que tu n’existais pas et j’ai arrêté d’écrire.

-Quel petit impertinent ! s’exclama le vieil homme. S’il compte m’insulter tout le long, ce n’est pas la peine de lire la suite !

-Papa, je t’en prie, le tempéra Charlotte. Ce ne sont pas des insultes, laisse-moi continuer.

Le Père Noël bougonna dans sa barbe mais la laissa reprendre.

-Mais je suis confronté à un problème qui me paraît insoluble. J’ai tout essayé sauf t’envoyer une lettre alors je me dis que je n’ai rien à perdre à le faire. J’ai capturé cette année un Pokémon mais il est malheureux. J’ai d’abord pensé qu’il regrettait son ancienne liberté et j’ai envisagé de le rendre à l’état sauvage. Seulement, ses frères ne veulent pas me quitter et je ne peux pas le relâcher tout seul. Je te parle de mon Noeunoeuf. Enfin, seulement de l’un des œufs qui le compose.

« J’ai tout de suite remarqué que quelque chose n’allait pas. Il tourne toujours la tête au reste du groupe et reste seul dans son coin. Les seules fois où il se joint à ses frères, c’est lorsqu’ils passent à l’attaque pendant un combat, et puis il retombe dans son mutisme. Il fronce toujours les sourcils d’un air mécontent.


Petite musique d’ambiance…


« Au fond, je pense qu’il a simplement besoin qu’on l’aime, mais personne ne comprend ce qu’il espère et ce qu’il attend. J’ai essayé de lui faire comprendre qui il était, qu’il était important pour le reste du Noeunoeuf et qu’il ne pouvait pas rester seul de son côté. Ses frères ne m’aident pas beaucoup. Quand je m’approche de lui, ils s’éloignent et le dévisagent. Je pense qu’ils le trouvent différent. Et j’ai bien peur que toute sa vie il soit incompris. Je voudrais l’aider à se sentir un peu moins mal aimé, car il l’est, sans aucun doute.

« J’ai lu quelque part que les œufs d’un Noeunoeuf dialoguaient par télépathie. Je les ai beaucoup observés et parfois, ils s’agitent en tous sens mais restent groupés, tous ensemble. Je pense que c’est dans ces moments-là qu’ils communiquent. Le petit œuf en question se joint à eux quelques fois et alors il se comporte tout à fait comme les autres. Si je leur offre à manger, il va sauter de joie de la même manière que ses frères mais il reprend son air grave dès que le repas est terminé. Je crois que les autres le connaissent tel qu’il veut se montrer mais sans chercher à savoir d’où lui viennent ses joies. Et surtout, pourquoi ce désespoir est caché au fond de lui.

« Je reconnais que les apparences sont quelques fois contre lui. Il a l’air d’être un casse-cou, c’est évident. Lorsque je les ai attrapés, lui et ses frères, il lui manquait le haut de sa coquille. On voit tout son jaune, c’est assez curieux. Je pense qu’il a dû y avoir un accident quand ils étaient à l’état sauvage, et que c’est pour ça qu’il s’est cassé. Peut-être qu’il prenait trop de risque au combat. Je sens qu’il aime affronter d’autres Pokémons, même s’il tente de ne pas le montrer. Il a une attitude finalement assez mesurée. Ses frères, qui le connaissent depuis toujours, savent qu’il devait avoir tendance à être imprudent. Mais il n’est plus ce qu’ils croient. Je pense qu’il aspire maintenant à une vie plus paisible, et moins aventureuse. Quand il aura trouvé sa place, ça ira mieux. Mais en attendant, il est là, comme avant, mal aimé.

« Je ne suis pas certain que tu puisses faire quoi que ce soit pour lui, si tant est que tu reçoives cette lettre. Mais sait-on jamais, tu pourras peut-être m’aider à rendre cet œuf un peu moins malheureux. Je n’ai pas réussi à trouver de solution, j’espère que tu auras une piste à me donner. Je te souhaite de bonnes fêtes de fin d’années. »

Charlotte posa la lettre sur ses genoux et, d’un air pensif, retira ses lunettes. Le Cadoizo avait finalement réussi à s’étendre contre Rudy qui, après avoir bruyamment protesté, s’était laissé faire, et les deux Pokémons respiraient lentement sur le même rythme.

-C’est une lettre touchante, murmura-t-elle. Mais je ne vois pas très bien ce qu’on peut faire pour lui.

Le Père Noël sourit à travers sa barbe. Ses yeux pétillaient.

-Oh si, la contredit-il, je sais exactement ce qu’il lui faut.


***


-Il y en a encore un, là ! s’exclama la petite fille.

Le soleil n’était pas encore levé mais toute la famille, Pokémons compris, était déjà réunie dans le salon, près du sapin de Noël. Les enfants avaient ouvert leurs cadeaux, les deux plus jeunes faisant preuve de beaucoup d’entrain et s’émerveillant chaque fois qu’ils découvraient le contenu d’un emballage multicolore. Cela amusait beaucoup Arsen. A présent, petits et grands étaient assis autour de la table et dégustaient des chocolats et des sablés de Noël en guise de petit-déjeuner. Sauf la petite sœur qui tournait autour du sapin pour vérifier qu’aucun cadeau encore emballé ne se cachait sous les monticules de papiers déchirés. Et, à la surprise générale, elle en avait trouvé un.

Elle posa la petite boîte sur la table et pencha la tête sur le côté pour mieux déchiffrer le nom inscrit sur l’étiquette.

-Arsen, articula-t-elle en lisant. Arsen, c’est pour toi !

Elle tendit le paquet à son frère qui prit le temps de terminer son morceau de chocolat avant d’articuler :

-Cool. Qu’est-ce que c’est ?

Il avait posé cette question en se tournant vers sa mère.

-Ne me regarde pas comme ça, je n’y suis pour rien, se défendit celle-ci en levant légèrement ses mains au-dessus de sa tasse en signe de négation.

L’adolescent haussa un sourcil intrigué et secoua la boîte. Elle émit du bruit.

-Attention, tu vas le casser ! s’écria le petit frère d’Arsen.

-Et c’est toi qui dis ça ? fit mine de s’étonner sa sœur.

Arsen ne les écoutait que d’une oreille. Il était intrigué par ce cadeau mystère et il avait envie de croire qu’il lui avait été envoyé par le Père Noël. Il y pensait depuis qu’il avait envoyé sa lettre. Il jeta un bref coup d’œil par terre, près de son Noeunoeuf. Cinq œufs étaient à ses pieds mais le sixième à la coquille cassée restait en retrait, derrière l’arbre décoré.

Délicatement, il détacha l’adhésif sur l’un des côtés du paquet et sortit la boîte de son emballage sans le défaire entièrement. Toute la famille le regardait faire avec curiosité. Arsen souleva le couvercle et se saisit de la petite carte qui était posée juste là.

-Un par tête, lut-il à voix haute. Avec mes compliments.

-C’est tout ce qu’il y a d’écrit ? demanda la mère.

Arsen fit un signe affirmatif de la tête. Son frère et sa sœur s’impatientaient alors, pour abréger le suspens, il renversa le contenu de la boîte sur la table. Six friandises dans un papier brillant de couleur bleue.

-Des super bonbons ! s’exclama le petit frère. Trop bien ! Tu vas en faire quoi ?

Arsen sourit. Il s’accroupit par terre près de son Pokémon à multiple tête.

-Venez par-là, vous tous, leur dit-il.

Cinq œufs étaient déjà juste devant lui mais il voulait attendre que le sixième s’approche. De bonne grâce, celui-ci rejoignit ses frères. Il avait presque l’air de bonne humeur. Arsen se doutait qu’il faisait semblant de l’être ou que, si ça joie était réelle, elle n’était que temporaire. Comme la petite carte le précisait, le garçon donna un bonbon à chacun des œufs. Tous avalèrent leur part goulûment.

Pendant un instant, il ne se passa rien. Arsen fit une moue perplexe. Puis soudain, une lumière aveuglante illumina le Noeunoeuf. Puis il se mit à grandir, à grandir… Prudent, Arsen se redressa et recula de quelques pas.

-Mais quelle idée de le faire évoluer à l’intérieur ! murmura la mère tandis que le Pokémon bousculait sur son passage la lampe qui pendait du plafond.

La masse lumineuse se cogna à ce dernier et y laissa une belle trace d’impact. N’ayant plus de place en hauteur pour s’étendre, elle dû se courber et poursuivit sa poussée sur quelques mètres encore. Les deux plus jeunes enfants poussaient des cris à mi-chemin entre la stupeur et le rire.

-Par-là ! ordonna Arsen au Pokémon.

L’adolescent venait d’ouvrir une fenêtre. Le Noadkoko évoluant y dirigea son cou et put continuer sa croissance à l’air libre. Au bout de quelques secondes, la lumière blanche disparut et le Pokémon reprit des couleurs normales.

Le salon ne ressemblait plus à grand-chose. Le sapin avait été renversé dans la tentative du Noadkoko pour se tourner vers la fenêtre et gisait contre le mur, ayant perdu des aiguilles dans la bataille. Perplexe, toute la famille regardait attentivement le Pokémon sans songer à le faire rentrer dans sa Poké Ball. Arsen le contourna lentement pour s’approcher de la queue, où s’agitait une petite boule jaune surmontée de deux feuilles vertes. Le dresseur y reconnut les yeux de la coquille cassée.

-C’est toi, mon grand ? demanda-t-il à la petite tête.

-Koko ! répondit celle-ci, tout sourire.

Arsen sourit à son tour. Le sixième œuf avait l’air d’avoir trouvé une place qui lui convenait.



D’après Le Mal Aimé, de Claude François.