Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Bienvenue à Lavanville de Xabab



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 05/12/2013 à 13:08
» Dernière mise à jour le 05/12/2013 à 22:40

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 9 : Ange gardien
Le gérant de l'hôtel ne prononça pas un seul mot durant le chemin qu'il parcourut avec son fils du hall de son établissement jusqu'à la suite dans laquelle ils vivaient. L'accident de l'école lui faisait peur et il devait mettre les choses au clair avec le petit.
Une fois arrivé il lui demanda de s'asseoir dans la cuisine et de l'attendre deux minutes. Cela fait il se dirigea vers la cafetière et se prépara une tasse de la seule chose capable de l'apaiser à chacune de ses réapparitions.

Car il n'y avait pas le moindre doute pour Peter Hude, descendant de la famille la plus riche de cette ville et homme le plus respecté de Lavanville ; elle était de retour. Une fois de plus son passage s'était fait dans le sang et une fois de plus elle avait mêlé son fils à tout cela.
Son café prêt il le posa sur la table en face de son fils et se prépara pour l'entretien qu'ils devaient avoir ensemble. Ce dernier baissait les yeux et grattait machinalement le bois de la table, désireux d'éviter une conversation qu'il avait déjà eu à de multiples reprises avec son père et qui l'ennuyait au plus haut point. De plus l'enfant n'avait pas les réponses à toutes ses questions et il le savait parfaitement.

Pourtant il ne pouvait pas échapper à cet interrogatoire et il devrait comme à chaque fois tenter de lui en dire un minimum.
« C'était-elle ? commença son père après avoir bu une gorgée qui semblait l'avoir détendu. Elle l'a tué ? »
Le petit hocha la tête mais ne répondit pas. Son père ne sembla pas s'y attarder et poursuivit.
« Pourquoi elle a assassiné ce gosse ? Méritait-il de mourir de cette façon. »

Tony ne répondit pas et garda les yeux baissé.
Ce qui était ennuyant avec son père, c'était que ce dernier représentait l'homme le plus influent de la ville et qu'une souris ne pouvait pas se déplacer au plafond d'une vieille maison sans qu'il ne soit au courant dans les trois minutes. Si un accident avait lieu on appelait d'abord la police et ensuite Peter Hude. Quand on avait voulu annuler le cross de l'école pour cause de neige, le directeur avait d'abord demandé l'assentiment du gérant de l'hôtel, quand Tony se foulait un orteil, tout le monde se retrouvait aux petits soins pour lui en espérant rentrer dans le cercle très fermé des amis de son père.
Son fils ne supportait pas tout cela, c'était une vie qui le dégoûtait presque autant que l'homme qui la lui avait donnée.

Face au silence de son fils Peter insista : « Répond-moi : pourquoi avoir tué ce gamin ?
– Je ne sais pas. »
Son père reprit une gorgée de café afin d'éviter l'énervement. Tony savait parfaitement la raison de la mort de son camarade, le seul problème était qu'il la préférait à lui et qu'il l'écoutait peut-être en ce moment-même ; tout cela n'était plus un secret pour lui.

« Ne te moques pas de moi, s'il te plaît, poursuivit le gérant de l'hôtel. Je peux comprendre que tu sois touché par la mort d'Axel mais ce n'est pas une raison pour me mentir et...
– Je me moque de sa mort. C'est bien fait pour lui, pour ce pauvre con. »

Cette fois l'enfant dépassait les limites et son père ne put s'empêcher de lever la main et de l'abattre en un bruit sourd sur la table de la cuisine. Cela fait il pointa son fils du doigt et se prépara à lui faire un sermon.
« Tony Hude ! cria-t-il, ce qui ne servit même pas à lui faire relever la tête. Me mentir est une chose mais les insultes sous mon toit jamais ! Est-ce que c'est clair ? »
Il ne répondit pas, une fois de plus.

Malgré le fait qu'il soit absolument contre la violence, son père ne put se retenir plus longtemps et adressa à son fils une claque qui aurait fait pleurer plus d'un enfant de son âge ; pas Tony. Ce dernier se contenta simplement de lever le regard vers son père et de le foudroyer.
« C'est ce que tu lui a fait, pas vrai ? demanda l'enfant d'un air lugubre. Et tu l'insultais aussi avant que tout cela arrive, j'ai raison ? »

Il s'était levé et avancé vers lui, gardant les yeux fixé dans les siens.
De son côté Peter n'en croyait pas ses oreilles et ne put soutenir le poids des paroles de son fils. Il se plongea dans sa tasse de café et évita son regard.
« Fuis, continua le gosse, c'est ce que tu fais le mieux en tant qu'homme le plus influent de la ville. C'est peut-être même tout ce que tu sais faire. »

Le père se leva en voyant son fils approcher et recula d'un pas. Les yeux de l'enfant était devenu blanc et sa peau d'une pâleur effrayante. Elle était là, avec lui ; Peter perçut cette idée comme étant une évidence. Seule la personne qu'il avait connu pendant des années pouvait s'exprimer de cette manière, Tony en était incapable et il le savait parfaitement.

« Pourquoi lui faire ça ? demanda-t-il à celle qui se trouvait à l'intérieur de son fils. Pourquoi le torturer lui ?
– Peut-être car c'est le seul moyen d'atteindre un cœur de pierre comme le tien, répondit la voix lugubre de la bouche de Tony.
– Je n'ai pas toujours eu un cœur de pierre. La source de ce défaut ne vient pas de moi je te le rappelle. »
Elle ne répondit rien et Tony s'arrêta à quelques centimètres de lui.

« Est-ce qu'il sait ? demanda Peter.
– Pas encore.
– Ne lui dit rien. Ce serait le tuer et je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Protège-le comme c'était le cas avant.
– Laisse le passé où il est si tu veux ; je ne laisserais pas tomber. »

La voix devient un murmure et finit par s'éteindre une fois la dernière phrase prononcée. Tony retrouva immédiatement des couleurs et ses yeux regagnèrent leur teinte habituelle. Il sembla un instant se demander où il se trouvait mais son père ne lui en laissa pas le temps.
« Va dans ta chambre. Je te dirais quand nous dînerons. »
Le petit acquiesça et se dirigea vers la porte de la cuisine. Mais alors qu'il se saisissait de la poignée ce dernier se retourna et s'adressa à son père.

« Tu as parlé à maman ? »
Peter hocha la tête et lui ordonna de quitter la pièce d'un geste. Une fois Tony dans sa chambre, il plaqua sa main sur ses yeux et les essuya pour que personne ne parvienne à découvrir sa faiblesse, son plus terrible secret.