Les récrés du Ptiravi de dragibus57

J' suis super content… Zig zig boum pan pan !...
Parce que demain… Tralala tsoin-tsoin !…
Je vais à l'école… Dorémi-fa-sol !
Et qu'on va chanter ! Sol-la-si-do-ré !
Dans un grand concert ! Tralala-lalère !
Ce sera super chouette ! Tradéri pouêt-pouêt !

L'autre jour (enfin y a longtemps, mais je me rappelle plus quand exactement), la maîtresse nous a dit de nous calmer et de l'écouter, parce qu'elle avait quelque chose de très important à nous annoncer.
Alors là, on a tout de suite arrêté de faire du bruit et des bêtises, vu qu'on sait que quand elle nous parle de cette façon-là, c'est qu'elle va nous dire un truc super important qui va nous plaire.
Genre tournoi de Pokérugby, rencontre de Pokéathlon, qu'elle va être absente ou bien malade…

« Mes enfants, j'ai une grande nouvelle pour vous… Je vous ai inscrits à un projet de classe musicale. Pendant plusieurs mois, nous allons apprendre des chants : une samba, de la variété contemporaine, des chants traditionnels de Johto et plusieurs Gospel ; et en fin d'année, nous donnerons un grand concert public, accompagnés de musiciens professionnels… »

Y a eu d'abord un grand silence dans la classe… On s'est tous regardés avec des yeux de Rondoudou.
Et puis tout le monde s'est mis à parler en même temps !

Manzaï, le chouchou de la maîtresse, a demandé si son papa et sa maman pourraient avoir des bonnes places au concert, parce qu'il aimerait bien que son papa et sa maman puissent bien le voir et entendre comme il chante meeeerveilleusement bien.
Parecool a voulu savoir si c'était gratuit pour les parents, parce que ce serait pas normal que lui, il bosse, et que ses parents soient encore obligés de payer pour le voir travailler !
Lippouti a trouvé que c'était une idée géniale, que ce serait une excellente préparation pour son audition de la PokéStarAc', mais qu'il fallait qu'on règle rapidement le problème du costume, qu'elle aimerait bien qu'on ait tous un pantalon moulant rose fluo avec des paillettes sur le côté, parce que ça met sa chevelure en valeur, et qu'elle refuserait de monter sur scène si on nous obligeait à porter une tenue ridicule !
Goinfrex a demandé si y aurait un entracte avec à boire et à manger.
Ramoloss a juste dit : « Pourquoi plusieurs gosses pèlent ? »

Madame Gardevoir a ensuite donné des tas d'explications à tout le monde.
Que les élèves de M. Alakazam participaient aussi au projet, qu'on allait répéter un petit peu tous les jours, qu'on devrait faire un effort pour apprendre les paroles par cœur, qu'on aurait aussi une répétition générale avec les musiciens, que le concert serait retransmis en simultané sur la station Musique Pokémon, que ça coûtait très cher à la mairie d'organiser ce spectacle et qu'on devait donc se montrer particulièrement à la hauteur, mais qu'elle avait confiance en nous et qu'elle savait qu'on y arriverait.
Ça nous a pas rassurés du tout.

Et on s'est tout de suite mis au travail…
On a commencé par un échauffement, comme en sport. Parce que le chant, faut pas croire, c'est physique !
Après, on a appris la samba.

La maîtresse nous chantait une phrase et nous, on devait la répéter.
La première fois, c'était pas beau du tout !
« Écoutez bien la mélodie. Je la répète…
Non, pas vous ! Écoutez-moi d'abord, j'ai dit ! Je vous ferai signe… A vous…
Les garçons, vous êtes trop dans le grave : chantez en voix de tête. Avec une voix de fille pour ceux qui n'auraient pas compris. Allez, on recommence…
Ne hurlez pas comme ça ! Vous n'êtes pas dans un stade de Pokéfoot ! On reprend…
Goinfrex ! Comment peux-tu chanter la bouche pleine ! Allez, le refrain…
Articulez davantage, on ne comprend pas la moitié ! Encore une fois…
Pour les « Oh oh oh », formez un beau rond avec la bouche… »

Là, je dois dire qu'on avait l'air un peu nul, avec nos bouches en cul-de-Poussifeu !
Et puis quand on chantait, on entendait en même temps un drôle de bruit. Comme un bourdonnement…
Madame Gardevoir aussi l'a entendu. Elle a froncé les sourcils et a repéré que ça venait du côté d'Elekid. Elle l'a fait chanter tout seul… On était morts de rire ! On aurait dit qu'un troupeau d'Apitrini ou de Dardagnan avait envahi la classe !
« Euh… Elekid… Essaie de chanter de façon plus aigüe, avec une voix de fille…
- Nan.
- … ? Et Pourquoi donc ?
- Suis un garçon, moi ! J'ai pas envie qu'on me prenne pour un pé…
- C'est bon, c'est bon… J'ai compris… Alors chante moins fort et fais du play-back quand les notes sont trop hautes pour toi. D'accord ? Mais tu viendras me voir après la classe, je t'expliquerai certaines choses au sujet des préjugés…»

Au bout de quelques jours, on a réussi à chanter à peu près juste, à peu près ensemble, avec à peu près les bonnes paroles.
Y en avait bien qui démarrait encore avant, qui s'arrêtait encore après les autres ou qui faisait encore du yaourt, mais au moins on reconnaissait la musique.
La maîtresse a même trouvé que j'avais une très jolie voix et m'a demandé si je voulais bien chanter un couplet en solo. J'étais très fier !

Là où ça s'est compliqué, c'est quand on a appris le Gospel.
Parce qu'on devait faire des gestes en même temps…

Madame Gardevoir nous dirigeait :
« On commence à se balancer vers la droite : pied droit, pied gauche. Attention, un, deux…
J'ai dit vers la droite ! On recommence…
Ramoloss, la droite c'est du côté de la fenêtre ! On reprend… Pied droit, pied gauche…
N'ac-cé-lé-rez-pas, vous n'êtes plus dans le tempo ! Encore une fois… Pied droit, pied gauche…
Parecool, tu rates une pulsation sur deux ! Mets-y un peu plus d'énergie s'il te plaît ! Pied droit, pied gauche…
Lippouti, inutile de te déhancher comme ça ! Pied droit, pied gauche… »

Ensuite, on a ajouté les mains…
« Respectez le rythme : un-deux, un-deux-trois…
Magby, pour frapper efficacement dans les mains, il vaudrait mieux que tu les sortes de tes poches !
Maintenant, pieds et mains ensemble : un-deux, un-deux-trois… Pied droit, pied gauche…
Ramoloss, tu es à contretemps ! On recommence… Un-deux, un-deux-trois… Pied droit, pied gauche… »

Au bout d'un moment, notre maîtresse s'est laissé tomber sur une chaise. Elle était en nage ! Elle avait les cheveux dans tous les sens et son maquillage avait fondu autour des yeux. Comme un Zigzaton.
« Pour une première fois, c'est encourageant, qu'elle a dit. On reprendra demain… »
Je sais pas pourquoi, mais elle m'a pas convaincu quand elle a dit ça…

Moi, de mon côté, j'ai appris par cœur le couplet que je devais faire en solo.
Je me suis exercé tous les soirs devant ma glace, en chantant dans la brosse à cheveux de ma maman comme dans un micro. Et en faisant tout bien les gestes que la maîtresse m'avait conseillés.
Même que, à la fin, papa il partait de la maison, parce que soi-disant il en pouvait plus de m'entendre répéter tout le temps la même chose. Mais maman, elle lui a dit que c'était rien qu'un prétexte pour aller boire un coup avec ses copains.

Au bout de plusieurs semaines de travail, même qu'on en avait un peu marre, Madame Gardevoir a dit qu'il était temps de faire la grande répétition générale avec les musiciens, vu que le concert allait avoir lieu le lendemain.
Alors on est tous allés dans la salle des fêtes, avec les élèves de Monsieur Alakazam le directeur.

Y avait déjà tout un tas de Crikzik et de Melocrik du Conservatoire de musique.
Ils faisaient grincer leurs instruments et ça faisaient mal aux oreilles !
Lippouti a dit qu'elle refusait de chanter avec des musiciens qui jouaient faux comme ça, que ça allait compromettre sa carrière, qu'aucun producteur ne remarquerait sa voix dans une cacophonie pareille !

Madame Gardevoir nous a placés sur trois rangs, les grands derrière et les petits devant, Elekid et sa grosse voix derrière, moi et ma jolie voix devant.
Lippouti était vexée de pas être au premier rang, elle a fait tout un sketch pour faire le solo à ma place, mais la maîtresse a pas cédé. Alors elle a commencé à bouder et a dit qu'elle ouvrirait plus la bouche de la journée. Posipi lui, il était tout content. Il lui a demandé de bouder plus souvent.

Les élèves de Monsieur Alakazam nous ont rejoints et on a commencé à chanter tous ensemble, accompagnés par les musiciens.
C'était vraiment chouette !
Tout le monde se balançait en même temps et tapait dans les mains au bon moment. Par contre, les musiciens soi-disant professionnels, ils assuraient pas trop ! Il a fallu tout reprendre plusieurs fois à cause d'eux ! Soit y allaient trop vite, soit y allaient trop lentement par rapport à nous.

On a quand même eu un problème avec Psykokwak de chez Monsieur Alakazam.
Il chantait tellement faux qu'il donnait la migraine à tout le monde.
Et ça a failli tourner en bagarre quand Negapi a commencé à le chambrer en chantonnant «Psykokwak fait des couacs, Psykokwak–couac-couac…»
Psykokwak, il a pas aimé ça du tout et il nous a envoyé une grande giclée de pistolet à O. J'étais tout mouillé, et Manzaï aussi. Il a commencé à pleurer des larmes de Crocrodil et la maîtresse a dû intervenir.

Mais on voyait bien qu'elle savait pas trop quoi faire…
C'est Goinfrex qui a trouvé la solution. Il a donné une baie Wiki à Psykokwak et il est devenu tout confus, avec tout plein de mignons zoiseaux qui faisaient cui-cui autour de lui. Madame Gardevoir a trouvé l'idée excellente : « c'est du plus joli effet » qu'elle a dit.
Et elle a chargé Goinfrex d'approvisionner Psykokwak en baies Wiki durant tout le concert. Discrètement bien sûr.

Le soir, j'ai eu du mal à m'endormir. J'avais chaud, j'étais tout énervé.
Maman a dit que c'était le trac, que c'était normal, tous les grands artistes connaissaient ça.
N'empêche que je me suis tourné et retourné toute la nuit dans mon lit, sans pouvoir fermer l'œil.

Et le matin… J'avais une fièvre de Galopa ! Et c'était pas du chiqué cette fois-ci !
J'étais brûlant et j'avais mal partout, à la tête, dans le dos, dans les bras, partout partout. Je pouvais presque plus avaler tellement j'avais mal à la gorge. J'avais l'impression que j'allais mourir !
Maman a appelé le docteur Leveinard. Mais il a dit qu'il pourrait passer qu'en fin d'après-midi, qu'il avait beaucoup de patients à voir à cause d'une épidémie de gastro en terre cuite.

Maman a dit que j'avais sûrement pris froid quand j'avais reçu la giclée de pistolet à O.
J'ai pleuré tout plein, ce qui m'a enroué encore plus et a encore fait monter la fièvre.
Elle m'a consolé en me préparant une bonne tisane de Baies et un remontant au jus de Noigrumes.
Et puis elle est venue s'assoir sur mon lit et on a tous les deux écouté le concert à la radio.
On a entendu Madame Gardevoir qui annonçait que Ptiravi, le merveilleux soliste du chœur était malade et que toute la chorale l'embrassait très fort et lui souhaitait un prompt rétablissement.
J'ai encore pleuré, mais de fierté cette fois-ci…