Héritage sanglant [OS] de pellage d'encre

Ô, sombre héritage.
Comment tourner la page.
Père violent.
Enfant innocent.
Flammes de l'enfer.
Prison de verre.
Douleur intense.
Voici la sentence.
Cruel et sanglant,
Sera cet enfant.
Vile et violent,
Pour le reste des temps.

Malosse marche dans la forêt, à la l'affut d'une proie.
C'est le grand jour, le jour de l'épreuve.
Malgré ses pattes ankylosées par le froid mordant de l'aube apparaissant, Malosse rôde, à la recherche d'une victime, mais pas n'importe quel gibier, un humain.
Son corps est couvert de plais, de morsures et de griffures sanguinolentes, mais il ne s'en formalise pas.
Il hume l'air frais de la pinède, la bouche entrouverte, laissant apparaitre de terribles crocs blancs, éclatants.
Sa truffe collée contre le sol poussiéreux, il avance de sa démarche pataude, propre au bébé pokémon.
Plus rien en lui ne rappelle l'enfant qu'il fut. Ses grand yeux autrefois si chaleureux, brille d'une lueur glaciale, il ne pense qu'à tuer, comme le lui a appris son père.

Actes d'enfant,
Faute des parents.
Elevé dans le tourment,
Il ne rejoindra pas le firmament.
Ne pas poser de question,
Tuer sous la toison.
Combler les espoirs,
Quand d'autres meures dans le noir.


« Saute ! Hurle le père.
-Mais c'est trop loin ! Répond le bébé, évaluant la distance entre lui, et l'autre coté du précipice.
-Lâche, regarde ! »
Démolosse s'élance, et franchit d'un bond magistral le gouffre.
Malosse gémit et se recroqueville.
Le père est furieux. Il revient auprès de son fils et le saisit par la peau du coup.
« Voila ce qui arrive quand les enfants s'amusent. Dorénavant, je t'interdis de t'amuser, c'est comprit ! »
Le chiot se ratatine un peu plus et acquiesce.
Il a appris à tuer sans pitié pour ses victimes. Il a soif du sang et des cris d'agonie des ses martyrs.
Il ne se pose pas de question, il n'en pas le droit, il tue sans retenue.


Il l'observe. Du haut de la falaise, il le voit. Son fils, son enfant, la chair de sa chair, traquant sans relâche le gibier que lui-même à sacré.
Il suit, haletant, les mouvements maladroits de son fils.
Lui, le grand Démolosse, le faucheur, le tueur.
Soudain, un filet de bave apparait le long des babine. Une lueur de folie s'immisce dans ses yeux sombres.
Il le sent, le fumet de l'humain. Il sent sa peur, son désespoir, sa solitude.
Alors il lance un hurlement terrible.

Malosse sent aussi, il entend le hurlement. Il s'élance sur la piste de sa proie, ses pattes fatigué soudain dégourdies.
L'odeur de la viande, de la chair humaine, l'attire, l'excite.
Le bruit de ses pas retentit dans les oreilles attentives du chasseur. Il se rapproche.
Il est là, derrière cette rangé d'arbres feuillus, presque collé l'un à l'autre.
Il se plaque au sol, ramène son poids sur ses pattes arrière, et bondit…

Démolosse voit son fils s'aplatir au sol. Il grogne.
La position n'est pas parfaite, loin de là…
Puis le bébé disparait sous le couvert d'arbre de la forêt de chênes, quittant la pinède.
Le père ne le voit plus.
Il tend l'oreille, attendant le cri d'agonie…

Malosse traverse le feuillage, et tombe sur sa victime.
Elle ne crie pas. Elle se laisse tomber, sous le faible poids du pokémon.
Lui plonge son regard dans le sien.
C'est une petite fille. Elle le regarde, de ses yeux bleu-gris, sa tête auréolée par ses cheveux blonds.
Le pokémon grogne. Il aime que son martyr lui implore sa pitié.
L'enfant n'en fait rien.
Et lorsqu'il approche son museau de son cou, pour l'achever d'un coup de dent, elle lui murmure à l'oreille :
« Je t'attendais… »
Alors Malosse recule.
L'enfant se relève et lui lance un regard suppliant.
Mais une force l'empêche de la tuer.
Il recule à nouveau, l'enfant s'avance, une main tendu vers lui. Il tend le cou, la renifle.
Elle sent le sapin, la rose et le chocolat chaud.
Le bébé Malosse savoure l'odeur, s'enhardit, s'avance, frotte sa joue contre la paume tendu.
La fillette sourit. Son visage rayonne.

Malosse est heureux. Il ne veut plus tuer.
Les Hommes ne sont pas comme son père les avait décrits. L'enfant est une fleur, une douceur.
Malosse ignore ce qu'est la douceur, mais il aime ça.
La petite fille rit, Malosse rit aussi. Il a désobéit.

Son gloussement sonore parvient aux oreilles de son père.
Il hurle à nouveau, et s'élance dans la pente de la falaise.
Il rejoint son fils en quelques foulées.
Il le découvre sur les genoux d'une enfant, riant niaisement des ses caresses.
Lorsqu'il voit son père, Malosse bondit.
Démolosse bondit sur son fils, écument de rage.
Malosse esquive de justesse, puis il se met à courir.
Il coure le plus vite possible.
La terre tremble sous les foulés de son père.
Il bouscule un groupe de Pikachu, que sont père déchiquète à son passage.
Malosse a beau courir vite, son père a de grandes pattes.
Il le rattrape.

Les arbres deviennent plus épars et le bébé pokémon débouche sur la bande de terre qui sépare la forêt du précipice.
Il hésite, tout en continuant de courir.
Mourir, tué par son père, sans aucune chance de s'en sortir, ou tenter de sauter, avec l'espoir de réussir…
Le calcule fut vite fait.
Il accélère. Le vide se rapproche, il est là, devant ses pattes.
Il se propulse avec ses pattes arrière, et bondit.
Pendant un instant, il semble suspendu dans les airs, avant de retomber gauchement de l'autre coté.
Il avait réussi !
Le bébé se retourne pour voir la réaction de son paternel.
Le premier effet de surprise passé, celui-ci prit son élan, et saute à son tour.
Mais il sembla avoir mal calculé la distance, car, si ses pattes avant atteignirent le bord de la falaise, le reste de son corps demeura pendu au dessus du vide.
Le faucheur plante ses griffes dans le sol meuble, et pédale dans le vide pour se hisser au sommet.

Malosse n'hésite pas, il court vers son père, et tente de l'attraper par la peau du coup.
Mais celui-ci fait calquer ses crocs, ratant de peu son fils.
Le petit réessaya, mais la terre sous les pattes du père se détacha du reste de la falaise, sous son poids.
Malosse sauta à temps pour évité d'être emporté dans la chute.
Démolosse hurle, puis un bruit sourd retentit lorsqu'il atterrit au fond du gouffre.
Le petit risque un coup d'œil dans le vide, pour voir une tâche sombre, étendue au fond.
Son père était mort…

Malosse a soif, Malosse a faim, Malosse a mal.
Le chiot s'est coupé la patte contre un silex, et la plaie saigne abondement.
Il boite donc, sans savoir où il va.
La tête lui tourne. Il voit la toison s'étendre dans ses yeux, puis le petit visage de l'enfant, la fillette blonde, image si chère à son cœur.
Tout devient noir, mais la chaleur l'envahit.

Quand il ouvre les yeux, la chaleur est toujours là, et la fillette aussi.
Ce n'était pas un rêve.
Elle le sert dans ses petits bras.
Elle sent le sapin, la rose et le chocolat chaud.

Le Pokémon lui redonna sa joie de vivre, celle qu'elle avait perdue à cause de la mort de sa mère.
Malosse l'incita à vivre, à aider son père, et non à lui ajouter un chagrin de plus sur ses large épaules.
C'était-elle, Solana, l'enfant du soleil, dit Malosse beaucoup plus tard à ses propres petits enfants.
Solana l'éleva. Plus tard, lorsqu'elle devint dresseuse, il fut son premier pokémon, et Malosse put oublier son passé, et le lourd héritage que lui a laissé son père.
Dès lors, plus jamais il ne tua, ni blessa personne, pour ne pas perpétuer le culte de son père.

Le destin n'est jamais tout tracé…