Les récrés du Ptiravi de dragibus57

Aujourd'hui, c'était le premier jour de la rentrée. Moi ce que j'aime à l'école, c'est le premier jour et le dernier . Entre les deux...Bof.

Ma maman m'a levé plus tôt, pour être sûre que je serai pas en retard. Moi je trouve que c'était pas la peine. Les autres jours, je me réveille plus tard et j'arrive quand même à l'heure. Mais les mamans, elles ont des drôles d'idées parfois.

Du coup, j'étais très en avance et c'est Maman qui était en retard. Elle a changé trois fois de vêtements. «Je n'ai plus rien à me mettre, qu'elle a dit, je ne peux quand même pas me présenter à l'école avec une tenue de l'année dernière ! Qu'est-ce que ta maîtresse va penser !»
Personnellement, je crois que la maîtresse se fiche complètement de la tenue des parents. Mais bon...

Ma maman, elle a aussi voulu que je sois très beau pour le premier jour de la rentrée. «Tu comprends, il faut toujours faire bonne impression lors de la première rencontre.»
Alors hier soir, j'ai dû prendre un bain. J'ai pas trop aimé ça. Ma maman, elle m'a frotté très fort tout partout et j'avais du savon dans les yeux et ça piquait. J'ai même pas pu jouer longtemps dans le bain. Je me suis fait gronder parce que j'avais mis de l'eau partout.

Ce matin, c'était le même cirque. Elle m'a débarbouillé le museau, parce que soi-disant j'avais de la confiture de baies jusqu'aux oreilles. Après elle m'a coiffé et j'aime pas ça non plus. Elle m'a tiré très fort les cheveux en arrière. «Arrête de gigoter, qu'elle disait, c'est plein de nœuds, il faut bien les démêler !» Ensuite, elle me les a noués très haut sur ma tête avec un nouveau chouchou.
Elle a aussi voulu que je mette un nouveau pantalon, qu'on a acheté exprès pour le premier jour de la rentrée. Mais il me gratte.

Avant de partir, Maman a voulu vérifier une dernière fois (même si elle l'avait déjà fait hier) que j'avais bien mis toutes mes affaires dans mon nouveau cartable à roulettes qui fait plein de bruit. Et quand elle a vu mes nouveaux crayons de couleur incassables qui ont coûté très cher et que je dois pas abîmer, elle a poussé des cris de Piafabec :
«Mais comment se fait-il qu'ils soient déjà si petits ? Il n'en reste presque plus rien !
- Ben m'man, il fallait bien que j'essaye mon nouveau taille-crayons !»

Après, on est partis à l'école. J'avais jamais vu autant de monde dans la cour ! Tous les parents étaient là, pour une fois. Moi j'ai demandé à maman qu'elle me laisse y entrer tout seul, parce que je suis grand maintenant, mais elle a pas voulu. Elle a dit qu'elle voulait voir la tête de ma nouvelle maîtresse, pour avoir une idée.

Quand ça a sonné, on est tous montés en classe et madame Gardevoir, notre maîtresse, nous a demandé de sortir notre matériel. Moi j'étais tout content de mes nouveaux stylos et de ma nouvelle gomme et de mon nouveau taille-crayons et de ma nouvelle trousse Harry Potter et de ma nouvelle règle incassable. J'ai pas arrêté de la tordre dans tous les sens pour vérifier si elle était vraiment incassable. Jusqu'au moment où, je sais pas comment, elle a sauté toute seule aux pieds de la maîtresse.
Elle était pas vraiment contente, Madame Gardevoir. Je l'ai vu parce qu'elle a froncé les sourcils et qu'elle m'a regardé d'un drôle d'air. J'ai pas trop compris pourquoi : j'avais presque rien fait !

A la récré de dix heures, je me suis battu avec Phanpy parce qu'il trichait aux billes. Il a gagné et il a ramassé mon plus gros boulet alors que j'avais dit au début que c'était une partie pour de faux. Lui, il a prétendu qu'il avait pas entendu et moi j'ai répondu que c'était pas possible, vu la taille de ses oreilles. Et Phanpy, il aime pas qu'on lui parle de ses oreilles. Ça le met très en colère.
Alors on s'est battus, j'ai pleuré très fort et j'ai été le dire à Madame Kangourex, la maîtresse des petits :
«Maîtresse, Phanpy, et ben il m'a donné un coup de trompe dans les pesticules !
- Dans les quoi...?
- Dans les pes-ti-cu-les !»
Et là, Madame Kangourex a eu une réaction bizarre : elle s'est mise à rigoler, très fort, de sa grosse voix qu'on entend jusqu'au bout du couloir même quand la porte de sa classe est fermée.
On voit bien qu'elle en a jamais eu, elle, de coup dans les pesticules !
La prochaine fois, j'irai plutôt voir Monsieur Alakazam, le directeur.

A la fin de la matinée, on était tous couverts de poussière, de terre, de traces de feutres, de taches de confiture de baies, ce qui a fait dire à madame Kangourex : «Il y a deux jours dans l'année où les élèves sont beaux et propres : le jour de la rentrée et le jour de la photo de classe. Entre les deux...Bof.»